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lundi 2 avril 2018

2 avril 1974 : 21h58, Claude Villers au micro de "Pas de panique"…

En ce qui me concerne depuis ce 2 avril-là je suis plus sensible au deux qu'au premier. Voilà l'affaire. Comme il le fait depuis septembre 1973, Claude Villers anime chaque soir "Pas de panique" une émission de deux heures sur France Inter, (20h/22h) du lundi au vendredi. Au mois d'août 73 alors qu'il prend ses vacances en Normandie, la bouchère du village au cours de sa tournée itinérante l'informe qu'il doit rappeler de toute urgence son directeur, Pierre Wiehn, à la Maison de la radio. Pour de vraies vacances Villers vit sans téléphone. Villers file à la Poste et appelle Wiehn. Ce dernier l'informe qu'il compte sur lui pour illico rentrer à Paris et préparer pour la rentrée une quotidienne avec comme comparse Patrice Blanc-Francard. Adieu veaux, vaches, cochons, couvées -Villers aime la bonne chair - et repos mérité (1).



Ce mardi 2 avril 1974, l'émission a tenu ses promesses et le feuilleton "Le petit peintre viennois" (2) toujours aussi désopilant a continué à tenir en haleine les auditeurs fidèles à un Villers qui a créé un style à la radio et dont la voix sera une des images de marque de la chaîne… au temps de sa splendeur. En ce qui me concerne, ce soir-là, malgré ma fidélité à Claude Villers j'avais mieux à faire…

En studio, Villers rassemble ses notes, et en pleine désannonce on vient lui apporter une dépêche AFP "Le Président de la République, Georges Pompidou est mort…" Panique en studio, Villers sait que dans quelques secondes après sa désannonce va être diffusé un message de "La ligue contre le cancer" (3). Il n'a pas d'autre solution que de faire des signes précis à sa réalisatrice Monique Desbarbat qui, peut-être juste à ce moment-là, la tête tournée quelques secondes, laissera filer l'annonce (4). Le journal de 22h va alors, pour évoquer Georges Pompidou, enfiler les perles…

"Enfiler les perles" ? En ces temps héroïques, le soir à la Maison de la radio administrée comme… une administration, appelée méchamment "la radio d'État", (sise à Paris, XVIème) de nombreuses portes sont fermées. Pierre Lattes, l'animateur qui fait suite à Villers dans les programmes avec "Boogie" une émission de musique, court à grandes enjambées chez lui pour chercher des disques de musique classique pour remplacer sa programmation pop ! 

Mais les journalistes sont mal, les éléments de bio et ou de nécro de Pompidou sont dans le coffre du rédac'chef et le coffre est fermé à clef. On appelle Pierre Wiehn le directeur de la chaîne chez lui, pas joignable. On appelle le directeur de la radio au sein de l'ORTF, Jacques sallebert, pas joignable. Pas plus que le rédac'chef. Les journalistes s'impatientent et veulent s'en prendre au coffre. Un vigile s'interpose. L'ambiance est très tendue. Pendant ce temps Europe n°1 et RTL font le job.

Le rédac'chef finira par rentrer chez lui et rappliquer aussitôt à Inter. La nuit est bien avancée. Les journalistes vont pouvoir travailler le sujet. Il semble qu'après ce ratage il y ait eu une "jurisprudence" Pompidou. Dès lors (jusqu'avant l'arrivée du numérique), il y a toujours en régie une valise avec des disques classiques au cas où… (5)

Merci aux apprentis journalistes, journalistes et autres blogueurs qui relateraient cet épisode mémorable de bien vouloir citer leur source !

Olivier Nanteau, Claude Villers, Monique Desbarbat,
Au temps de "Pas de panique" 1975, @Radio France























(1) Blanc-Francard me confiera que la saison même pas commencée ils avaient tellement bossé pour la première émission qu'ils étaient épuisés…
(2) Un certain Adolf H.
(3) Le Président vient de mourrir d'un cancer qui le ronge depuis trois ans…

(4) De la main droite et de l'index il simule en un geste circulaire la rotation d'une bande magnétique auquel il ajoute toujours de l'index le signe "non". Ah ! ah ! vous vous dîtes "trop fort le Fañch il devait y être pour être si précis…" ben non Claude Villers m'a raconté cet "événement" mais j'avais oublié de lui demander pourquoi il n'avait pu utiliser le "micro d'ordre" (présent en studio qui permet de communiquer avec la régie, avec aussi en régie un micro d'ordre pour communiquer avec celui ou celle au micro) qui lui aurait permis d'interrompre le lancement du message. Grâce à mes petits camarades (Guy Senaux et Gilles Davidas) j'ai donc obtenu la bonne réponse à mon interrogation… absolument existentielle à ma connaissance de la radio et de sa fabrique…

(5) Quant à la discothèque rien n'aura changé à la mort de Claude François (11 mars 1978, un samedi) et pour celle d'Elvis (16 août 1977, un mardi). Pour ce dernier ce sont quelques auditeurs qui, à l'appel de Macha Béranger à l'antenne ("Allo Macha") sont venus apporter leurs 33 tours, permettant ainsi à Frantz Priollet (animateur) et Gilles Davidas (réalisateur) d'illustrer leur émission de nuitEn l'état actuel de mes sources je ne peux préciser le nom de leur émission d'été mais je porterai l'information… sourcée début juillet !

mardi 18 avril 2017

Au fil d'une belle histoire : Pither, Villers, Lebrun… et + si affinités

Pour ce lundi, férié/ferré, Léo,… j'avais prévu de vous écrire un truc qui risquait de plomber l'ambiance et de casser les œufs. Genre les images de com' de la radio. Remis à plus tard. Samedi dernier, après avoir publié la rencontre Lebrun/Le Gall, j'ai tiré sur le fil de l'archive "Marche ou rêve". J'ai causé avec Carole (Pither). J'ai fouillé ma mémoire. J'ai réécouté un épisode entier de l'émission. Et ce qui devait arriver, arriva !

L'équipe de "Marche ou rêve" au Parc de Saint-Cloud, sans Monique Desbarbat, réalisatrice
Bernard Gilet, Jean-Louis Millet, Henri Gougaud, Isabelle Roy, Claude Villers, Carole Pither, 
Bernard Lenoir, Jean Morzadec, Daniel Bru.
© Roger Picart/RadioFrance


























Là, j'srai assez tenté d'insérer ce que j'entends en même temps que j'écris. "Hard To Believe, Aaron Neville".

Après deux ans de "Pas de panique" (1), Claude Villers produira "Marche ou rêve" de septembre 1975 à l'été 77. Deux ans de balades (et de ballades musicales avec un certain PBF, Patrice Blanc-Francard, dans la deuxième partie de l'émission). Villers est en studio, "ses" reporters courent la campagne, à pied, (à cheval), ou en voiture. Ils fouinent, ils observent, ils écoutent. Ils enregistrent. Rentrent à Paris. "Pour La Peine, Céline Ollivier, avec Alex Baupin"

Villers diffuse les reportages et s'entretient en studio avec celle ou celui "heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage". "Doona, Les Amazones d'Afrique". Pendant deux ans, la "bande à Villers" aura scruté la France métro et, quelques Dom-Tom, aussi bien qu'un Depardon ou qu'un "Pays d'ici". Au micro, Villers est décontracte, joueur, drôle, cool man (2) et pro. On s'évade. On se sent partir. On ira, c'est sûr, dans cet hôtel à l'accueil si sympathique. "Marche ou rêve" est sollicitée pour, là ou là, accueillir les reporters à qui l'on racontera des histoires, fera découvrir un lieu magique ou une coutume ancestrale. "Back For Me, Electric Guest"

Alors, c'est vrai, y'avait pas besoin des culs de bus, des kakemonos géants en façade de la Maison de la radio pour, qu'à vingt heures venues, on s'installe en bonne compagnie. Villers était sur la route. Nous y étions en rêve, sans forcément avoir lu Kerouac. Contraints d'aller chaque jour au turbin. Le sas c'était Villers et la musique. France Inter collait à son époque et, son directeur Pierre Wiehn, savait pouvoir compter sur ce rêveur, ex-catcheur, éternel conteur-voyageur et vice-versa. "Funny Guy, Kognitif Remix, Feat. Fred Wesley, Smokey Joe And The Kid"

Carole, infatigable curieuse de l'humanité, a semé beaucoup de petits cailloux au fil de ses rencontres. L"incise" de Lebrun m'aura permis de vous raconter une "belle histoire de radio" et de raviver avec Carole Pither quelques souvenirs mémorables. Merci à elle d'avoir légendé la photo ci-dessus.

Merci à Fip, ce dimanche 16 avril, de m'avoir accompagné avec sa programmation tip-top.

(1) 1973-1975, France Inter, 20h-22h,
(2) J'imagine sa tête quand il lira ce billet ;-) 

lundi 20 février 2012

Pas de panique… sur France Inter

Claude Villers, photo illustrant l'article de l'Unité












"Un sondage révèle que RTL et Europe 1 sont plus écoutés que France Inter… sauf à l'heure de " Pas de panique". Le succès  d'une émission qui fait la nique au idées reçues face à l'intox et à la débilité, c'est bien réconfortant." (1) En voilà des propos qui ne font pas dans la dentelle et qui prennent position pour défendre la radio de création et une émission qui dépoussiérait l'antenne d'Inter, passée 20h au début des années 70. "En plein mois d'août 1973, Patrice Blanc-Francard et Claude Villers ont été tirés de leurs retraites de vacances par le directeur de France Inter, Pierre Wiehn : "Vous ne pourriez pas essayer de mettre sur pied une émission entre "Charlie Hebdo" et "Pilote" pour la tranche 20h-22h de la station ?" (2)

Je reviens sur ce bon souvenir de radio pour deux raisons :
• alors qu'il semble que certaines émissions de France Inter aient du mal à trouver leur public, il est intéressant de voir qu'en créant ex nihilo "Pas de panique" Wiehn et Villers ont parfaitement réussi leur coup,
• l'occasion d'un coup de chapeau à deux hommes de radio, l'un Villers profite aujourd'hui de la vie dans le Sud-Ouest, l'autre Blanc-Francard fait profiter de son expérience la petite compagnie du Mouv'. 

Et j'aurai pu en ajouter une troisième, le plaisir de lire une critique radio, approfondie, solide et argumentée. Vous pourriez me dire une critique de parti… pris. Peut-être mais je suis bien placé pour dire qu'à cette époque la télé était absolument plan-plan et qu'avec Pas de panique nous avions chaque soir l'impression de refaire (un peu) le monde. "À travers le succès de "Pas de panique" perce l'éveil d'un peuple qui a de plus en plus de goût pour les pieds-de-nez. Ce qui sous-entend une certaine tendance à la liberté" (1). Rien moins. Oreilles formées à cette "école" vous comprendrez mieux pourquoi j'ai du mal à avaler les couleuvres affranchies (sic) qu'on voudrait me/nous faire avaler sur France Inter au prétexte d'écouter la différence.

Pas de panique, une émission très travaillée, très contestée par le pouvoir politique, soutenue par Pierre Wiehn, dont les très bons sondages ont permis qu'elle dure et à Claude Villers de devenir une voix de France Inter. L'époque plombée par la fin de règne de Georges Pompidou n'empêchait à la radio ni l'impertinence ni une certaine liberté. Claude Villers : "Nous ne voulions donner ni dans le parisianisme, ni dans le style d'émissions construites par les attachées de presse, nous ne voulions pas non plus faire un magazine, c'est une mode commode. Nous ne voulions pas faire une émission pour jeunes ce genre de ségrégations est démagogue. La télévision ne nous intéresse pas… alors nous avons décidé de faire la radio que nous aimerions entendre. Ce qui supposait que nous ne limitions aucun propos sur aucun sujet. C'est resté la seule règle véritable de notre émission : parler de ce qui nous intéresse, de ce dont personne ne parle ailleurs" (1) C.Q.F.D.

(1) L'unité (hebdomadaire du parti socialiste) n°158, du 16 mai 1975.
(2) Wiehn est directeur d'Inter. Quand, lui et Claude, ont présenté à Jacques Sallebert patron de la radio à l'Ortf, l'émission et son titre  "Panique", Sallebert s'est écrié "Ah non, pas de "Panique". Et c'est ce titre qui a été gardé !

Et puis Julien Baldacchino, le 19 juillet 2013, sur France Inter, fait revenir Claude Villers à nos oreilles…

mercredi 9 octobre 2013

Et vogue la mémoire…








De l'association d'idées en général au paquebot France en particulier. Écoutant la Fabrique hier matin, je rêvais sur les quais du port du Havre devant l'immensité du bâtiment... Et, bien que très concentré sur l'écoute, incorrigible parmi les incorrigibles, je divaguais jusqu'à me propulser quelques années en arrière... À l'été 1967 très exactement, où il me semblait bien que José Artur (1) avait fait une fois la croisière Le Havre/New-York, aller et retour, avec une émission quotidienne sur Inter.... Bigre, allez-vous vous dire, comment fait-il pour aller chercher tout ça et pourquoi ? Je ne fais rien, c'est instantané, immédiat, ça me traverse les méninges et je mets en route ma petite mécanique suisse qui répond au quart de tour. Pourquoi ? Parce que j'aime imaginer qu'un jour, tout à chacun, sollicité par différentes sources d'information, aura comme moi, par association d'idées, envie de réécouter tout ce que contient la caverne d'Ali Baba de l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), qui aura bien fini par exister sous forme de "Radio Archives".

Étape n°1 : vérifier que je n'ai pas rêvé
Je consulte ma bible : "Les années radio" (2). Rien. Je fais ma recherche Ina. Si elle existe, l'émission n'a pas encore été numérisée. J'appelle ensuite un de mes correspondants de cette vénérable maison. Magie, "Les eaux s'ouvrent devant moi". L'Artur a bien fait un beau voyage à l'été 67 dans une quotidienne sur Inter (3). J'ai dû en entendre un extrait dans l'émission d'été de Jean-François Remonté "Radio Mémoire" il y a lurette sur Inter. Car sinon il n'y a aucune raison que je m'en souvienne, car l'été en 67, je n'écoutais pas la radio le soir (4). Bon, il me manquait une info de taille : comment étaient transmises les ondes radio ? Et l'émission avait-elle lieu en direct ?

Étape n°2 : l'émission, comment ?
J'appelle Guy Senaux, grand timonier du son, sous réserve de l'avis du spécialiste, Guy me confirme que la transmission devait se faire par les ondes radio habituelles de transmission maritime. Mais je dois aussi vérifier autrement, qu'Artur a laissé des traces tangibles de sa traversée. Pour moi le grand spécialiste du France (que j'ai la chance de connaître) est Christian Clères (5), moultes fois évoqué sur ce blog à propos entres autres, de son travail d'écriture radiophonique pour Claude Villers, et son feuilleton "Le Titanic" pour les Ateliers de création. Je l'appelle. On cause. Non seulement il me confirme que l'émission a bien existé, mais qu'en studio à Paris c'est… Claude Villers qui veillait au grain au cas où les ondes auraient pris la poudre d'escampette. Bigre, Claude Villers ! Toutefois Clères me conseille de vérifier auprès de l'intéressé. 

Étape n°3 : prendre sur soi et oser déranger le "marchand d'histoires"
"Bonjour, voilà, Christian Clères m'a conseillé de vous appeler…". Très gentiment et à brûle pourpoint (sic), Claude Villers accepte d'éclairer ma lanterne. C'est la deuxième fois que nous nous parlons, il s'en souvient. Il me confirme qu'il était bien en studio pour toutes les émissions "À bord du paquebot France". Lui demandant si c'était sa "première fois" à l'antenne, il me rappelle (ce dont j'aurais dû me souvenir) qu'il est entré à l'ORTF (Office de Radiodiffusion et Télévision Française) en 1965 et que ses débuts radiophoniques ont été modestes. Qu'il a animé deux étés consécutifs (66 et 67) les "Radio Vacances" à Cannes (6). Nous convenons de nous voir pour en parler plus avant.

J'espère qu'Anaïs Kien, productrice à "La Fabrique de l'histoire", me pardonnera d'avoir perdu, pendant le direct, le fil de son documentaire (que j'ai déjà réécouté). Grâce au Havre j'ai pu passer un bon moment avec l'Ina, Christian Clères et Claude Villers. J'ai pris du grain à moudre. J'ai continué à tisser la toile (ma toile) de la radio. À vous raconter des histoires comme celles que j'aime qu'Artur, Villers ou Clères racontent.
(à suivre)

(1) Producteur légendaire du Pop Club sur France Inter,
(2) Voir biblio ici,
(3) Juillet et août 67, vers 20h40, pour environ 30' d'émission, 
(4) J'étais encore sous le choc d'avoir été pris en photo, début juillet sur la plage de Saint-Malo, tenu par l'épaule par… Madame Inter,
(5) Claude Villers et Christian Clères, "À bord du France" (Glénat, 2011),
(6) Quand Jean Garretto (et Pierre Codou ?) animaient celle au Pays Basque et que d'autres avaient lieu en Corse et en Bretagne (que voilà de bons terrains de recherche pour l'hiver), 

 Le son à partir de la 3ème minute…

 

dimanche 16 octobre 2011

Marche ou rêve… Claude Villers

 







Les humeurs des directrices/directeurs de programme font et défont des voix de radio. Ce fut le cas de Claude Villers qui sortant de France Inter, après déjà de nombreuses années de service, crée Pacific FM (1). Je n’ai entendu cette radio que quelques fois (fréquences très limitées sur le territoire national). Les programmes de la journée étaient découpés en quatre saisons et explosaient les conventions habituelles de la radio autour de l’heure statique. Cette expérience de radio de voyage et du rêve a tourné en eau de boudin et Claude Villers est revenu à la radio… France.

Dès 1973, en créant “Pas de Panique” (2) il est dans la ligne de Campus (Michel Lancelot, Europe 1) et décoiffe le ronron des soirées plan-plan (sic). Très vite il prendra comme chroniqueur-géotrouvetout… Nicolas Hulot qui tente en radio toutes les expériences de l’insolite. Et Henri Gougaud qui ne se lasse de conter. Quand on n’a pas la télé et qu’on n’en veut pas, Pas de Panique vaut mieux que toutes les soirées plateaux. On rêve, on voyage, on découvre ! Et avec subtilité, cachées derrière de bons mots, les piques au pouvoir en place (3). Claude Villers a la voix qui captive et transporte l’auditeur. Cette voix et son humour lui font créer un feuilleton désopilant « Le petit peintre viennois » ou les aventures d’Adolf. À la radio, dès le début des années 60, il avait été à bonne école avec Jean Yanne et Jacques Martin.
   
Claude Villers est un conteur. Un merveilleux conteur et, bien avant Ruquier, un animateur de bande comme dans le Tribunal des Flagrants Délires. J’ai arrêté d'écouter ses émissions quand j’ai plongé dans France Culture. Sa voix et ses découvertes avaient perdu un peu de leur magie. J’aimerai toutefois entendre sa dernière émission en 2004 avec Jean Ferrat ! (4) Salut Claude, Marche ou Rêve… encore longtemps ! (5)
    
(1) 1986
(2) De 20h à 22h sur Inter. Avec Patrice Blanc-Francard sur une demande de Pierre Wiehn, directeur d'Inter, qui voulait une émission entre Charlie Hebdo et Pilote. Avant le démarrage de l’émission, en août 1973, la tranche horaire de 20 – 22 heures sur France-Inter avait 190 000 auditeurs, avec « Pas de Panique », elle en a plus de deux millions. (Source L’unité, 16 mai 1975)
Indicatif : Je
ssica des Allmans Brothers
(3) Valait mieux être subtil si on voulait pas être viré ! Le 2 avril 1974 après sa désannonce d'émission, quelques secondes avant 22h, il annonce que le Président Pompidou est mort… et c’est alors la panique à France Inter !
(4) "Mes chers auditeurs" si vous possédez cette enregistrement, je suis preneur…
(5) Autre émission de Claude Villers en soirée sur France-Inter, années 70, 

samedi 15 avril 2017

Jean Lebrun, Laurent Le Gall : quand un historien rencontre…

Pâques beau. Ce billet j'ai eu envie de l'écrire après avoir écouté Laurent Le Gall, hier chez Jean Lebrun, à France Inter. Laurent Le Gall qui, quand il n'enseigne pas l'histoire à l' Université de Bretagne Occidentale (UBO, Brest), se pique de radio et fait vivre, avec salariés et bénévoles, le Festival Longueur d'Ondes dont il est président. Écrire aussi, parce que quelques anecdotes - radiophoniques - ont émaillé la conversation des deux historiens.



"Pour que nos auditeurs sentent que vous êtes un historien patenté, même si aujourd'hui vous allez être un électeur impudique…" La petite ritournelle du manège Lebrun est lancée. Le producteur a tiré son "chapeau", à l'invité de savoir tirer son épingle du jeu. Et Lebrun, après avoir fait dire à Le Gall le titre d'une précédente publication, laisse tomber "C'est dire si cette émission va être sérieuse". Les dés sont jetés. Roulent petits bolides.

Pour répondre à Lebrun, qui lui demande si d'avoir voté la première fois ne lui a pas donné le sentiment de "s'être agrégé à la communauté nationale ?", Le Gall, connaissant bien son interlocuteur ne peut se contenter de répondre par oui ou par non. Et l'historien d'envoyer du "démophilie" (1), du "démopédie" (2) et de nous inciter à foncer dans le dico. Lebrun nous avait prévenu cette émission va être sérieuse. J'aime les mots. Je me régale. Mais Le Gall en profite pour dire que "non, la plupart du temps les gens ne se souviennent pas de leur "première fois… électorale" et qu'il n'y a pas ce rituel d'agrégation à une communauté, tel qu'on nous l'a enseigné dans les manuels de la IIIème République".

Lebrun est prévenu, le jeune historien a l'art de la rhétorique, ce qui bien sûr n'est pas pour lui déplaire. Lebrun va pouvoir jouer au chat ET à la souris, alterner les choses savantes et les illustrations sonores. Après Rohmer et un extrait de "L'arbre, le maire et la médiathèque", on entend une ambiance de foule, confuse. Le Gall reconnaît dans le reportage de Carole Pither (3) une mayade/maillade (4). Si je connais cette tradition je connais encore mieux Claude Villers et Carole Pither qui, à eux deux ont fait quelques beaux soirs de la radio publique dans les années 70.

Les deux historiens aiment la radio. Ça s'entend, ça se sait et "ça se voit". Je ne manquerai pas de dire à Claude Villers, dans quelques jours, qu'il existe (encore) des producteurs qui ont le sens des archives sonores et savent dénicher le son qui fait tilt ! Villers avait le sens du voyage, de l'ethnologie, de l'histoire et surtout le sens de la transmission. Ici les trois feraient la paire, quand Le Gall raconte comment la tradition populaire de la chanson s'imprègne et traduit les événements politiques "Qu'est ce que tu dis François du gouvernement, le commerce va mal pour le paysan" (5).

Avant le 23 avril… empressez-vous de lire "A voté" !

(1) Un démophile est quelqu'un qui aime le peuple, la foule,
(2) Relatif à l'éducation des populations,

(3) "Marche ou rêve", Claude Villers, France Inter, 1975-1977, 20h-22h, ici en Haute-Vienne, le 20 avril 1977. Villers en phase avec la vogue "régionaliste" on entend en début d'émission Gilles Servat, "Madame la colline", avant la parution du nouveau 33t du chanteur breton. On voit ici que les maisons de disques savaient sur quelles fréquences "les jeunes" étaient à l'écoute, et l'audience même dont elles bénéficiaient. Mais surtout je me rends compte que Villers faisait le "Pays d'ici" avant le "Pays d'ici", celui de France Culture,

(4) Élévation d'un pin décoré appelé "may" pour l'élection d'un maire ou d'un conseiller municipal, 
(5) Toute ressemblance avec l'actualité serait absolument fortuite !

"A voté", une histoire de l'élection, Laurent Le Gall, Éditions anamosa, 2017,

dimanche 17 mars 2013

France Inter… le nouveau souffle

 









Hervé Hist m'a envoyé une image. Bon, là elle est un peu rognée (on devrait arranger ça) mais elle parle. Elle parle comme à la radio. Sans autre souvenir que ma mémoire, (Hervé n'ayant pas daté la chose), je la situe à la rentrée de 1980. Particulièrement parce que la première version du "Tribunal des flagrants délires" de Claude Villers ne durait qu'une heure (11h-12h). Petite revue de détail. Précisons que le directeur d'Inter à l'époque était Pierre Wiehn, celui-là même qui demanda à Villers et Blanc-Francard, à l'été 73, d'inventer une émission à la façon du journal "Pilote" (créé par René Goscinny). Ce qui donna "Pas de panique" à la rentrée suivante.

Eve Ruggieri 
L'égérie de la musique et des histoires ("Eve raconte"), après avoir été l'assistante de Chancel (Radioscopie) fera quelques belles heures de la radio publique, si l'on veut bien oublier l'épisode désastreux qui l'a vu "remplacer" Philippe Caloni (anchorman de la matinale d'Inter)… trois jours. Ça ne s'invente pas ce métier-là ! Pas beaucoup mieux sa période de directrice des programmes (de la rentrée 88 à…)

Gérard Klein
Le joyeux drille qui écuma toutes les radios des ondes longues, depuis le milieu des années 60 (France Inter, Europe 1, RTL, Radio Monte Carlo), est "casé" là, après Claude (Villers) et avant Lucien (Jeunesse). Aucun souvenir de son émission, alors que j'ai beaucoup écouté Klein sur la chaîne publique.

Claude Villers
Passe de la nuit ("Pas de Panique", "Marche ou rêve", …) au jour. Villers en inventant "Le tribunal des flagrants délires" reprend "une très ancienne formule de radio, celle du tribunal. Dès avant la guerre, le tribunal d'impéritie, puis le fameux tribunal de Picq et Ferrary… ont démontré les vertus d'une telle mise en scène."(1)

Kriss
Bon, que n'ai-je pas écrit sur Kriss que vous ne sachiez déjà ? Kriss n'a peur de rien ! Ce "creux" de l'après-midi lui va comme un gant. Sa présence peut tout transformer. Elle transforme le quotidien banal en aventure, le minuscule en grandiose, un détail en conte. Elle nous fait pleurer de rire, et rire à pleurer. Elle installe sa légende, sa proximité avec ses auditeurs, sa sensibilité. Kriss la vie, for ever.

C'est dimanche alors vous reprendrez bien un peu de sa voix, juste pour sa voix.

 
(1) in "Les années radio", Jean-François Remonté, L'arpenteur, 1989,


lundi 18 décembre 2023

Claude Villers… un merveilleux raconteur d'histoires !

Dans le petit monde de la radio on a l'habitude, entre nous, de s'informer des nouvelles graves ou importantes qui bouleversent ce média avec lequel on a passé une bonne partie de sa vie. Hier c'est Maryse Friboulet, ex- réalisatrice à France Inter qui m'a appelé pour m'informer du décès de Claude Villers. Je peux vraiment dire qu'on reste sans voix. Comme si hommes et femmes de radio étaient immortels. Un jour, Kriss dit à un ami physicien «Les gens de radio sont comme des éphémères qui ne volent qu’un jour et disparaissent.» «C’est faux, lui a-t-il répondu. Tout ce qui existe est détruit par le temps. Les monuments les plus beaux, les livres, la planète elle-même disparaîtra. Mais vous, les voix de radio, vous êtes éternelles. Vos paroles emportées par les ondes hertziennes voyageront dans l’univers aussi longtemps qu’il existera.» (1)


Claude Villers, photo illustrant un article de l'Unité



Il en ira ainsi de Claude Villers qui d'abord par sa voix et sa présence au micro nous aura transporté À plus d'un titre (2) …du plus lointain de nos rêves (3). Et puis vint "Pas de panique"(rentrée 1973) où avec Patrice Blanc-Francard (et la bénédiction du directeur de la chaîne, Pierre Wiehn) ils vont dégoupiller l'antenne de 20h à 22h, avec à la réalisation Olivier Nanteau. 

Pour Longueur d'Ondes (2016) j'ai eu la chance de pouvoir recevoir Villers, Wiehn et Blanc-Francard pour les interroger sur l'âge d'or d'Inter. Et de revoir Claude deux fois en Gironde. Il racontait aussi bien les histoires qu'à la radio. J'aimais qu'il détaille son passage au festival de Woodstock où installé sous la scène il faisait tourner son Nagra et… s'abritait de la pluie !

Inventeur d'émissions originales, sans jamais les tenir plus de deux ans, pour toujours se renouveler et faire partager ses passions des trains, des transatlantiques et des voyages. Hier soir tous ceux qui l'ont côtoyé et qui, ils et elles, ont passé tant d'heures au micro ont du voir défiler une belle part de leur vie radiophonique. Comme ses auditrices et auditeurs qui, eux aussi, viennent de perdre un être cher.

(1) La sagesse d'une femme de radio, Kriss, Jean-Claude Béhar éditeur, 2005,
(2) Sa première émission sur Inter, 1971-1973,
(3) Je vous écris du plus lointain de mes rêves, France Inter, 1997,

samedi 20 mai 2017

Rafavelo… sur le ring !

Le globe-trotter nous avait habitué aux campagnes électorales… à vélo, à jouer au Captain teacher en Afghanistan, à franchir des lignes de crête, à faire des ronds dans l'eau sur le Charles de Gaulle mais, "monter" sur le ring, jamais. Le métier de reporter free-lance a beau être un combat permanent on n'imagine pas le freluquet face au Bourreau de Béthune ou à l'Ange blanc. Krafft (Raphaël) s'est plongé dans le catch sans prendre un seul mauvais coup. Il raconte…


Claude Villers, ex-catcheur…
avant d'être longtemps producteur sur le ring de France Inter
© R. Krafft, 19 avril 2017, en Gironde


















Son reportage s'ouvre sur la voix légendaire de Roger Couderc. Le journaliste sportif de la TV en noir & blanc, l'homme à l'accent du Lot, à la faconde extraordinaire, à la gouaille du rugby. Un homme charmant et vibrant. Un homme de cœur pour une télévision familiale et populaire. De Roger, on passe sur le ring à… Vladimir (Cagnolari), producteur de "Si loin, si proche" sur RFI (Radio France International) qui accueille "Le bourreau du vélo" (1). Sa voix nous rappelle les belles heures de "L'Afrique enchantée" sur France Inter. Voyez, le reportage de Krafft n'est même pas commencé et déjà les voix me troublent tant elles font appel à ma mémoire.

Et bam, c'est parti pour la planchette japonaise. Au studio Jenny à Nanterre, le temple du catch en France, le gala "Apocalypse". Gala, voilà bien un mot "démodé" mais qui va si bien au catch qui semble retrouver une nouvelle jeunesse avec Fausto Costantino, une belle gueule pour le beau geste. Celui de la lutte, discipline sportive. Comme celui du catch. D'autres gestes, d'autres jeux, d'autres spectacles. Puisque c'est bien de ça dont il s'agit. Les très belles images de Raphaël Krafft donnent envie d'aller y voir de plus près. Enfin pas trop. Depuis les tribunes ça ira.


Fausto Costantino © R. Krafft
















Catch. Et "on" se fait attraper par l'histoire. Au-delà du ring, l'autour de Nanterre. Du Nanterre d'avant, des maraîchers, des jardins ouvriers… Fausto incarnerait une survivance comme le catch lui-même. Une voix placide un peu enrouée. Fausto paisible. Vieille mode. La passion du ring chevillée au studio Jenny. Petit îlot de joies simples dans un monde clinquant d'effets spéciaux. Un lieu de mariage, de catch, et de boxe. De lutte. Un lieu à lui seul qui résume toute la vie.

Et puis heureusement il y a des bouts d'archive (avec du Léon Zitrone dedans). Avec le ton de l'époque. Le son de l'époque. Les affiches de l'époque (1970). "Le tigre d'Odessa". "C'est du spectacle, ça fait rêver" dit simplement Fausto. "Le catch t'arrives à faire des prouesses athlétiques" hors la mécanique implacable du show TV ou du show Arena. Le grandiose est sur le ring et dans les yeux des spectateurs.


Anciennes affiches dans la salle Jenny
© R. Krafft
















Avant de devenir un "baron" de France Inter (2), Villers a donc été catcheur à 15 ans. Dans le catch, il raconte ce qu'est un "baron". Dans une baraque forraine, Villers a fait ses armes. Déguisé pour attirer le chaland et provoquer le catcheur patenté. Genre Chéri-Bibi, le bagnard du ring. Une grande star. Et puis de façon presque inévitable on entendra, en fond, de l'accordéon. Pas du musette. Quelque chose qui va avec le quartier, la salle, l'ambiance (3). 

"Un match de catch doit se baser sur le rythme" dit Helmer "Le bagarreur de Brest". "L'esthétique dans le catch ça compte" ajoute Cagnolari, le producteur de l'émission. Une jeune fille explique qu'il s'agit de raconter une histoire sur le ring. Raconter une histoire ? Conteur, voilà bien le métier de Claude Villers, "l'homme au masque de soie" quand il était catcheur. Mais, comment moi qui aime tant les histoires je n'ai pas "vu" ça ? Comment n'y ai-je vu que du chiqué comme vient de l'écrire Daniel Mermet sur son blog ? Du spectacle lourdingue et beauf ? Il me manquait les clefs. Je les aies. Vous les aurez et, peut être, comme moi, aurez-vous envie de vous rendre à Jenny ? Et de réécouter Frehel "La môme Catch-Catch".





Helmer, l'entraîneur, © R. Krafft




















(1) À l'antenne, aujourd'hui à 14:10 TU (soit 16:10 in France), réalisation Laure Allary,
(2) Avec le système ABC, Artur, Bouteiller, Chancel, Villers était le quatrième mousquetaire…
(3) Galliano et Sylvain Luc, reprise de "Paris" de Piaf. Le morceau qui ouvre la seconde partie c’est aussi Galliano (mais avec Daniel Humair), "L’envers du décor".


© R. Krafft

dimanche 14 juin 2015

À Claude, Patrice, Pierre, Monique et… Yolande

Ce billet dominical est dédié à ceux qui du haut de leurs certitudes sont persuadés que la radio "ça rentre par une oreille et ça sort par l'autre"… et qu'un flux de musique suffirait à tenir l'antenne !


Claude Villers en 1975































Samedi matin, je prends Fip comme d'autres prennent la mer. Il est 7h le monde appartient à ceux qui l'écoutent (1). Si une voix nous éveille… en douceur, Moon Martin égaye aussitôt ses "Bad news" et Bashung son côté "Rebel". Cet enchaînement, marque de fabrique haut de gamme (MFHG) de Fip, mérite un tweet (2). J'ai envie de faire partager à mes auditeurs le plaisir qu'on peut avoir quand les choses sont bien faites. Quand la radio est bien faite.

L'ambiance est créée. On aura beau peindre la girafe, dévaliser le frigo ou tenter un salto arrière la musique reste devant. De la musique avant toute chose disait Verlaine (3). Et voilà qu'Alexis "L'Affranchi" HK passe la porte. Dans sa chanson "Les affranchis" sa rime avec "Joe Pesci" est tellement succulente quand on a en tête l'acteur dans le film de Scorcese "The goodfellas". Cette chanson est une suite d'images… jusqu'à ce qu'une voix sorti du poste vous raconte que dans le clip de cette chanson une kyrielle de vedettes y figurent… jusqu'au parrain (de la chanson) Jean-Louis Foulquier soi-même.

Bigre ! Le piètre YouTubeur que je suis aurait loupé cette jolie parodie ? Et voilà que Fip fait du lien et rapproche un artiste, d'autres artistes et LE pape de la chanson à la radio, Jean-Louis Foulquier. Quand la radio se rappelle que la radio… J'ai donc regardé la vidéo que je vous mets ci-apré (sic). Merci Alexis et Jean-Louis.

Mais à 10h29 le meilleur arrive. Jessica déboule et me chamboule. Hein ? Quoi ? Jessica des Allman's Brothers ? Non ! Jessicaaaaaa ? Flash back. Feedback. Vite un tweet et j'écris "Jessica. Indicatif "Pas de Panique" Claude Villers 1973/1975 à France Inter". Et voilà que dans le poste à la fin du morceau une voix annonce "Alors surtout pas de panique c'est bien Fip que vous écoutez… je vous le promets". Ouaouuuh ! Bingo. L'accord parfait auditeurs/animatrices. Sympa ce duo !
Et Claude Villers, à qui je vais m'empresser de raconter cette anecdote, aurait apprécié qu'une voix féminine dise au moins une fois le joli titre que Jacques Sallebert lui avait inventé.



Voilà comment la radio peut jouer avec la radio. Son histoire. Sa mémoire. Ses voix. Son fil. Son Fip. Et ça ça n'a absolument rien à voir avec un "ruban musical" banal. S'il en était besoin vous conviendrez qu'avec ce petit morceau d'"anthologie" on attrape le supplément d'âme que Fip met chaque jour à travers ses voix qui portent la musique et les "histoires" qu'elles nous racontent.

Renseignements pris la programmation de cette matinée était celle de Patrick Derlon et de René Hardiagon. Dans le titre de ce billet vous aurez reconnu Claude (Villers, producteur), Patrice (Blanc-Francard, producteur), Pierre (Wiehn, directeur d'Inter), Monique (Desbarbat, réalisatrice) et Yolande (Brun, animatrice à Fip Nantes)…

(1) Slogan de France Culture sous l'ère Borzeix (1984-1997),
(2) Via le site Twitter (@radiofanch),
(3) "Art poétique" chanté par Léo Ferré.

mercredi 19 août 2015

à Monique Desbarbat…

© Roger Picard/RF
(merci à Jean Morzadec de me l'avoir signalé)


























Monique Desbarbat est décédée dans la nuit de vendredi à samedi dernier dans le sud de la France où elle résidait. Ce n'est pas par France Inter que je l'aurais appris. Son nom (1) résonne aux annonces et désannonces de toutes les émissions de Claude Villers depuis le milieu des années 70 sur France Inter. Comme me le disait la personne qui vient de m'en informer "un pan de l'histoire de la radio disparaît". Mais comme à chaque fois la radio est muette sauf quand il s'agit des ténors. Pourtant comment faire de la radio sans un réalisateur et qui plus est une réalisatrice ?

Le génie de Villers c'était aussi le génie de Desbarbat. L'un ne va pas sans l'autre. Heureusement que les noms du réal, de l'ingé-son et autres techniciens sont cités dans les annonces car "La fabrique de la radio" ce sont des équipes de réalisation et dans certains cas quelles équipes, quels binômes !

Le cliché ci-dessus montre la facétie des équipes de Villers et de Villers lui-même, ici l'équipe de "Marche ou rêve". Discrète Monique Desbarbat est à sa droite. La deuche est celle d'Henri Gougaud, le conteur qui croise les mains sur son pare-brise. La photo est extraite du livre de Jean François Remonté et Simone Depoux "Les années radio" (2).

Le post de Marie-Christine Thomas, réalisatrice, sur sa page FB.

(1) Entrée à l'Ortf en 1964, elle a exercé à France Inter comme assistante puis réalisatrice et productrice, aux côtés de Pierre Wiehn pour l'émission "Envoyé spécial"… 1970, (découverte de nouveaux jeunes reporters),
(2) L'arpenteur, 1989.

mardi 8 novembre 2011

La radio au tribunal…

Le président : C. Villers

Josiane Balasko donne souvent le meilleur d'elle-même avec légèreté (sic) et bonne humeur. Elle avait toute sa place au Tribunal des Flagrants Délires le 26 octobre 1982 (1), face à un Claude Villers jovial, perfide et… bon enfant, un Desproges au fait de son art du sarcasme et un Luis Rego trublion et facétieux. Dans cette très bonne parodie de justice, chacun joue sa petite partition mais aucun ne vient vendre sa salade. L'émission est fluide, les différentes séquences s'enchaînent comme au… tribunal et le chanteur ou la chanteuse qui vient chanter passe aussi à la moulinette puisqu'il est le témoin à charge ou à décharge de l'accusé(e). Claude Villers prend vraiment du plaisir et son équipe adhère à ce parti-pris qui régalait les fins de matinée d'Inter à l'époque charnière d'un "changement de société"… assez profond. (2)

Pour ce qui va suivre, levons l'équation pénible du "c'était mieux avant" et de "radio nostalgie". Un peu facile de toujours nous renvoyer dans les cordes de ces assertions qui permettraient de ne jamais mettre en regard des émissions passées avec "ce qui se fait aujourd'hui". Marre et plus que marre d'avaler les couleuvres au titre de la "modernité" ou des tendances. Tendances de quoi ? Au relâchement perpétuel et à la chronique… chronique ? Aux apparences (effet TV) ? À la notoriété plus qu'à la qualité ? À l'effet d'annonce permanent et à l'évènement créé seconde après seconde ? "Je me marre" aurait dit Jean Yanne devant autant de bouffonneries ! La radio se dilue et se noie dans le maelstrom médiatique avec les mêmes codes imposés par les communiquants comme s'il s'agissait d'être dans un état permanent de "vendre sa salade" ou d'atteindre vaille que vaille la gloire d'avoir un Solex… à 50 ans ! 

Ce qui est croquignolesque c'est quand ce ne sont pas les journalistes qui font des rapprochements hâtifs et faciles "cela s'inspire du Pop club de José Artur…", ce sont les chaînes elles même qui "vendent" leurs nouvelles émissions sous le parrainage tutélaire des grandes anciennes. On a ainsi pu lire qu'Isabelle Giordano créait sur France Inter "Les Affranchis" dans l'esprit, entre autre, du "Tribunal des flagrants délires". J'ai écouté et me suis pincé. Pour remplacer "Le fou du roi" il fallait du lourd, on a "mis la gomme", forcé le concept et imposé à Giordano de relever le défi. Elle a "inventé" la "promo-de-ceux-qui-viennent-se-"vendre" et l'enfilage de chroniques bien calées tendance-tendance. Une vraie révolution créative ! Il serait temps de passer la radio au tribunal des flagrants délits des très mauvaises imitations ou d'une certaine "peine à se renouveler"…
(à suivre demain)

(1) France Inter, 11h30/12h45 du lundi au vendredi, sept 80/juin 81-sept 82/juin 83,
(2) Ce tribunal avec Josiane Balasko est réécoutable ces jours-ci sur ina, séquence magazine,
Voir aussi la mythologie de poche du Tribunal… par Thomas Baumgartner. 

Dans son émission "Déshabillons Inter", le vendredi 9 août 2013, Julien Baldacchino a interviewé Claude Villers pour évoquer le "Tribunal des flagrants délires"…