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lundi 7 mars 2011

1631, Wallenstein rebuilds the Imperial army




In 1631, following the disaster of Breitenfeld, Wallenstein gives up the Imperial Army. Count Galeazzo Gualdo Priorato, who served both in the Imperial ans Swedish armies, relates this episode : "He said how ha wanted to be obeyed, and ordered each to his duties. Among other ordinances, he settled that the army would now wear red scarves, and forbade any other color under pain of death. (...) He forbade, under pain of incurring his displeasure, the cavalry, from the private to colonel, of ever being without boots or spurs, to infantry officers to wear boots."

En 1631, suite à la catastrophe de breitenfeld, Wallenstein remet sur pied l’armée Impériale. Voici comment le comte Galeazzo Gualdo Priorato, qui a servi aussi bien dans l'armée impériale que suédoise, raconte cet épisode:
"Comme Walstein était un homme difficile & singulier, il déclara de quelle manière il voulait être obéi, & prescrivit à un chacun ses devoirs. Entre autres ordonnances il régla que l’armée dorénavant porterait des écharpes rouges, & défendit toute autre couleur sous peine de la vie. (…) Il défendit, sous peine d’encourir sa disgrâce, à la cavalerie depuis le soldat jusqu’au colonel d’être jamais sans bottes ni éperons, aux officiers d’infanterie d’en porter (…). Isolani fut en Croatie & dans la Hongrie lever de la cavalerie, & pour ce service il fut fait à son retour général de toutes les troupes légères. Les capitaines chargés de recruter se partagèrent : les uns furent en Moravie, d’autres en Silésie, dans l’Autriche, la Styrie, la Carinthie, enfin partout où ils comptaient de trouver des hommes désœuvrés & enclins au métier des armes; En sorte que de quelque côté qu’on portât ses pas, on n’entendait que tambours & trompettes, on ne voyait que gens de bonne volonté courir en foule s’enrôler sous les drapeaux de l’empereur. La plupart venaient tout équipés se rendre aux enrôleurs, perçant la foule du petit peuple qui les entourait & dont les cris de joie passaient alors pour le présage assuré de la ruine des Suédois. Une grande partie de la cavalerie était sans cuirasses & les avait perdues dans les déroutes passées, & surtout à la journée meurtrières de Lepzig. Walstein en tira quantité de Lombardie. Les marquis Jules-Rangoni & Corneille-Bentivoglio & quelques autres seigneurs italiens qui avaient du crédit en ce pays-là furent chargés de la commission. Des colonels envoyèrent même pour leur compte des gens en Italie faire emplettes d’armes, ne regardant point à la dépense, pourvu qu’ils eussent rempli les vues du général. Le plan de Walstein était d’entrer en campagne muni d’un grand nom & pourvu de tout ce qui est nécessaire dans l’armée. Il traita avec Sigismond pour un corps de troupes polonaises. Tersica ou Terzky, beaufrère du général & un des plus riches seigneurs de la Bohême fut chargé de la négociation. Il n’eut pas de peine à trouver de l’argent, & rassembla 3 000 chevaux & 4 000 recrues de différentes nations. Wallenstein fit généraux de l’artillerie impériale les comtes de Galas, Mansfeld, Aldringer & Montecuccoli ; & en leur conférant cet emploi honorable, il leur recommanda fortement de rétablir leurs vieux régiments & de les augmenter de quelques compagnies. Messieurs de Schaumbourg, Holck, Officutz, Haraucour, Merode, Cronenberg, Deffurt & Sparr furent faits sergents-majors de bataille, titre qui donne le droit en Allemagne de commander aux colonels & dont la fonction est de ranger l’armée dans un jour d’action. Ils reurent tous des commissions de Walstein qui les autorisaient à faire autant de recrues qu’ils pourraient. Cherchant tous à se conserver les bonnes grâces du général, aucun d’eux ne regarda à la difficulté de trouver des hommes propres à porter les armes, dans des pays dépeuplés & où il en coûtait souvent plus de 25 écus d’Allemagne pour l’engagement d’un simple fantassin. Walstein donna des patentes d’enrôleur à qui en voulut, fit même de riches avances aux officiers, & nomma les villes qui devaient servir d’entrepôt. “Un prince, disait-il, qui veut faire des conquêtes, avoir des alliés sûrs & ne rien craindre de ses ennemis, doit pouvoir faire en quelques mois ce qui demanderait des années, & pour cela il faut de grandes armées.” Il ne regardait pas à la taille de ceux qui venaient s’offrir. Son but était d’amasser des hommes. S’il ne trouvait pas assez d’officiers intelligents pour commander ces nouvelles troupes, les vieux capitaines devaient prendre les surnuméraires sous leurs enseignes, & avant d’ouvrir la campagne il comptait renvoyer tout ce qui ne serait pas propre au service. Son sentiment avait toujours été que si l’empereur ne levait que 30 000 hommes, l’électeur de Saxe ou un autre prince avec l’assistance de ses amis en lèverait autant, & qu’aussi longtemps qu’on bataillerait à forces égales ce serait vouloir toujours dépendre de la fortune ; (…) Cent mille hommes, disait-il, suffisent à peine à l’empereur s’il veut assurer la couronne sur sa tête.

dimanche 26 décembre 2010

Wallentein LeibGarde (Gardes du corps) 1627-30


Ottavio Piccolomini fut nommé, vers 1627-28, commandant de la Garde du corps de Wallenstein.
L'établissements des Gardes du corps à cheval est alors de 4 compagnies : une de lanciers cuirassés, une d'arquebusiers à cheval, une de dragons et une de Croates. Chaque compagnie comptait 100 à 150 chevaux. Une lettre de Wallenstein à Piccolomini, datant du 20 février 1628 parle d’une compagnie d’arquebusiers à cheval forte de 150 chevaux (à transformer en 2 compagnies de 100 chevaux), d’une compagnie de 150 dragons (à transformer en 2 compagnies de 100 chevaux).
Selon un règlement de Piccolomini, datant du 28 octobre 1628, les lanciers portaient une casaque en tissu de Pannonie à revers noirs et garnitures de soie rouge, et de gros boutons filés (übersponnenen) de soie. Ils portaient l’armure complète et la lance à pointe de fer avec étendard en soie légère de couleur or, et une houppe au bout de la lance. Les casaques des 14 sous-officiers sont ornées de garnitures en or et de boutons ouvragés (verziert) ; les parements des manches sont rouge carmin. Les quatre trompettes portaient des lacets de soie rouge de Turquie (Verschnürung auß roter türkischer Seide).
Les arquebusiers avaient un uniforme similaire. Ils ne portaient ni l’armure ni la lance, mais seulement un casque de fer (Kassette), une carabine, un poulverin, un sac à balles et une bandoulière rouge. Cette compagnie avait aussi 14 officiers et quatre trompettes.
Les dragons portaient le mousquet et étaient équipés pour le reste comme les arquebusiers.
Les Croates portaient des casaques à gros boutons ronds et avec franges (fransen) et passementeries (passamenten), un chapeau de fourrure rouge, une bandoulière rouge. Ils étaient armés de carabines.
L’équipement de ces quatre compagnies avait coûté 22 710 thalers, les plus coûteux étant les lanciers, les moins coûteux les dragons.
Il existe quelques informations sur les étendards de ces quatre compagnies de Leibgarde. Ils avaient à l'origine tous un motif et une devise différente :
- Le premier étendard portait un soleil éclairant de ses rayons un croissant de lune, avec la devise : Mutuando splendorem, stellis splendidior.
- Le second devait représenter un lion attaquant des anmaux qui s’échappent, avec la devise : “omnia vincit” ou “omnia cedant”.
- Le troisième étendard devait représenter un lion pointant sa patte vers une roue ou une boule, symbole du bonheur; avec la devise : “mea haud luditur unguis”.
- Le quatrième étendard représente Énée (Äneas) qui délivre son père Anchise des ruines fumantes de Troie avec la devise : “per tela per ignes”.
- Il existait un cinquième étendard représentant un navire pourvu de soldats, qui s'approche d'une étoile au-dessus d'une montagne. Cette image doit représenter Piccolomini et sa compagnie, se fiant à son général (l’étoile), rejoindre le port où il trouvera honneur et distinction.
Sur ces étendards étaient aussi écrites ces signatures AFD ou VDF (Albertus Friedlandie Dux ou Alberto Vallestein Duca di Fridlandt), et FS (Ferdinand II).



Source : Die Piccolomini-Regimenter Wahrend Des 30jahrigen Krieges (Le régiment Piccolomini lors de la guerre de Trente ans), d’Otto Elster

lundi 11 janvier 2010

Wallenstein lifeguards

Pour Carl, voilà la tenue, et la casaque, des gardes de Wallenstein, duc de Friedland...
For Carl, and others, here is the uniform of Wallenstein lifeguards....
(Aquarelle de/by K.A Wilke)

jeudi 12 novembre 2009

Lützen, 16 novembre 1632 (Imperial OoB)
















(The battle of Lützen, according to Peter Snayers.)

I will deal today (in french again) with the second difficulty provide by the battle : the formations adopted by the Imperial Infantry. In conclusion, the old Tercios was no long in use, unlike what several engravings tries to show. But there were at least 7 imperial battalia, 4 fighting Gustave-Adolphe and 3 in front of Bernard of Saxe-Weimar. They were, at the beginning of the battle, in 2 lines (5 in the first and 2 in the second, according to Heinrich Holk) but were soon engage in a single line.

La deuxième difficulté pour comprendre la bataille de Lützen vient de la formation adoptée par l'infanterie Impériale.
Les "reporters" du Theatrum Europaeum ont reproduit sur leur gravure 5 grands Tercios : 1 en première ligne, 2 en seconde ligne plus un 3èeme sur la droite derrière les moulins et un 5eme en 3e ligne. On retrouve cette même disposition dans la gravure (datant de 1633) de Friedrich van Hulsen dans Inventarium Sueciae qui est à priori antérieure à celle du Theatrum Europaeum (cf. Brzezinski).
Par contre, les représentations contenues dans le Swedish Intelligencer anglais (1633) ou derrière le portrait de Gustave Adolphe par Giovanni Paolo Bianchi (cf. encore une fois Brzezinski) présentent des bataillons carrés mais plus petits, et non pas en forme de Tercios.
Enfin, la version de Pieter Snayers, plus tardive (peinte une dizaine d'année après) présente les bataillons formés en losange mais pas en Tercios (voir reproductions ci-dessus et ci-dessous).

Heureusement, nous avons une source qui contredit ces formations, qui auraient alors dû réunir plusieurs régiments, ce qui n'était pas l'usage.
Tout d'abord la relation Heinrich Holk, que je ne possède pas mais qui est rapportée par Brzezinski : "5000 hommes de pied en cinq brigades ; le milieu en deux brigades de 1000 et six compagnies de chevaux mixées deux à deux ; et enfin se tenaient cinq compagnies commandées de 500 hommes de pied, et deux escadrons de 12 compagnies de chevaux." Cette relation indique clairement 7 bataillons de 1000 hommes et 5 compagnies de mousquetaires commandées qui faisaient à priori 100 hommes chacune (ou 500 chacune ?).
Incidemment, la relation de Gualdo conforte ce point de vue puisqu'il s'écarte ensuite de cette description de gros bataillons réunissant plusieurs régiments : ainsi, sur l'aile gauche impériale, "L’affaire devint bientôt générale. L’infanterie suédoise était déjà au bord du fossé. Le roi ordonna aux régiments des gardes de le franchir, et se mit en devoir de les soutenir avec quatre escadrons de l’aile droite. Les bataillons suédois s’ouvrirent aussitôt pour donner passage au feu des pièces chargées à cartouche qu’ils avaient avec eux, et suivent le coup pour s’élancer à l’autre bord. Mais Walstein leur avait opposé quatre bataillons soutenus de cavalerie que toute l’impétuosité suédoise ne put ébranler." Alors que sur l'aile droite, du côté des moulins, face à Bernard de Saxe-Weimar : "Tandis qu’on se battait avec cette fureur du côté du roi, le combat s’était engagé à l’aile gauche ou commandait de duc Bernard de Weimar. Les régiments de Loewenstein, Steinbach et Brandstein étaient aux mains avec ceux de Fugger, Holck, Grana et Prainer (Breuner), Galas à leur tête. On s’y battait avec le même acharnement qu’à l’aile droite." Le point de vue de Gualdo est inversé en terme d'aile - il se positionne côté suédois, mais on se retrouve là avec 4 bataillons à l'aile gauche et 3 l'aile droite (le 4e, Holk étant plus probablement un régiment de Cuirassier, d'après le traducteur de Gualdo mais aussi Guthrie et Brzezinski). Bref on retrouve ici les 7 bataillons des deux premières lignes au lieu des 4-5 grosses formations évoquées par les gravures et reprises par Gualdo, qui tente désespérément de faire coincider toutes ses sources !
D'autres auteurs contemporains aux évènements confirment ce point de vue, telle que la version du comte de Kevenhuller, évoquant au moins 3 bataillons sur l'aile gauche : "L’infanterie suédoise fondit tout d’un coup sur les mousquetaires, qui étaient dans les fossés du grand chemin, et les chasse de leur poste, prit sept pièces de canon plantés près des fossés, et les fit jouer avec tant de vivacité sur l’infanterie impériale, que la première, la seconde et la troisième brigade en furent ébranlées, et commençaient à lâcher pied, lorsque le duc de Friedland arriva, les rétablit, et les ramena au combat avec tant de succès, que les Suédois plièrent à leur tour, furent poussés jusqu’au delà des fossés, et sept canons furent pris." Ou encore la version du Soldat Suédois / Mercure françois qui évoque pour sa part 3 régiments impériaux sur l'aile droite : "Le duc (Bernard) ayant ce poste, et étant maître de la campagne entre deux et trois heures, crût qu’il ne restait qu’un poste à forcer vers un moulin à vent gardé par trois régiments impériaux, et se mit en devoir de l’enfoncer, découplant cependant divers escadrons à la queue des fuyards."

En conclusion, même si il est difficile de déterminer le nombre exact de bataillons d'infanterie impériaux à Lützen, il apparait que la ligne impériale soutint le combat avec principalement 7 bataillons et non pas 5 gros Tercios qui, si ils étaient disposés en 2 lignes au début de la bataille, combattirent rapidement sur une ligne : 4 à gauche face à Gustave Adolphe et 3 à droite face à Bernard de Saxe-Weimar.

mercredi 11 novembre 2009

Lützen, 16 novembre 1632 (Imperial OoB)

Sorry for this (long) post only in french. I will deal with the strength of the imperial army at Lützen and conclude that the proposition of Brzezinski (Lützen 1632) and Guthrie (Battles of the Thirty Years War), with 14 or 17,000 men for Wallenstein, are more credible than the 28-32,000 men announced by contemporary authors.












Il y a trois difficultés pour reconstituer l’armée impériale,
- la taille de l’armée (effectifs),
- les formations adoptées par les impériaux,
- les régiments présents.

Concernant les effectifs. Aucun contemporain ne donne les effectifs le jour de la bataille. Les chiffres ci-dessous s’appliquent en général au mois précédant la bataille de Lützen.
Galeazzo Gualdo donne 36,000 hommes à Wallenstein lorsqu’il est près de Nuremberg dont 10,000 pour Holck et Galas, 5,500 pour Grana et 14,000 pour lui-même, y compris les troupes bavaroises d’Aldringer. Mais le total ne donne que 31,500 hommes. Si on y ajoute les 9,000 hommes de Pappenheim lorsqu’il rejoint Wallenstein, le total monte à 41,500 hommes.
Le Theatrum Europaeum donne 40,000 hommes aux impériaux, dont 18,000 hommes pour Galas et Holck et 12,000 pour Pappenheim. Soit 10,000 hommes pour le corps qui restait à Wallenstein à Nuremberg. Wallenstein aurait donc eu de 28 à 32,000 hommes un peu avant Lützen, sans Pappenheim.
Le Soldat Suédois donne 20,000 hommes à Wallenstein, 12,000 à Pappenheim et 16,000 à Galas et Holck pour un total de 48,000 hommes (en octobre). Les pertes des impériaux étant de 10 à 12,000 morts. Le total serait ici de 36,000 hommes avant l’arrivée de Pappenheim.
Le Mercure François reprend mot pour mot le récit du Soldat Suédois.
Le comte de Kevenhuller donne 10,000 hommes à Gallas, 6,000 à Holck, 12,000 à Wallenstein, soit 28,000 hommes.

En fonction des observateurs contemporains, on a donc un effectif hors Pappenheim allant de 28 à 32,000 hommes plus 9 à 12,000 pour Pappenheim. Mais il faudrait défalquer de ces chiffres les pertes endurées lors des combats qui précèdent et l’attrition.

Pour compliquer le tableau, les auteurs récents (Brzezinski, Guthrie) revoient ces chiffres fortement à la baisse.
Brzezinski nous dit “Face à eux il y avait l’armée de Wallenstein que la rumeur donnait à 30,000 hommes, mais en réalité un peu plus de 12,000.
Guthrie nous donne 35,000 hommes, y compris Pappenheim, le 14 octobre. Le 14 novembre, il compte 15 à 18,000 hommes à Wallenstein et Holk, 5,000 hommes à Pappenheim et 6 à 7,000 hommes à Galas. Pour un total de l’ordre de 28,000 hommes dont 5,000 pour Pappenheim.
Les deux auteurs font ensuite une estimation de cet effectif en se servant de la Krieglisten de 1632 (à laquelle je n’ai pas accès), qui recense les régiments et le nombre de compagnies. L’effectif est ensuite obtenu en estimant un nombre d’hommes moyen par compagnie.
Guthrie décompte ainsi, pour Wallenstein, 16,770 hommes soit 9,870 fantassins (avec des effectifs de compagnie compris entre 50 et 150 hommes) et 6,900 cavaliers (avec des effectifs de 20 à 70 chevaux par compagnie). Le corps de Pappenheim compterait 5,000 hommes (2,700 fantassins et 2,300 cavaliers).
De son côté, Brzezinski estime ces chiffres à 13,750 pour Wallenstein (8,550 fantassins et 5,200 cavaliers) et 5,650 hommes pour Pappenheim (3,000 fantassins et 2,650).

Difficile de réconcilier ces chiffres. Les travaux récents divisent par deux les chiffres des auteurs contemporains à l'événement. Il est donc utile de regarder le nombre de compagnies présentes à Lützen.
Brzezinski compte 89 compagnies d’infanterie (plus 45 pour Pappenheim) et 84 compagnies de cavalerie, 25 de croates et 5 de dragons (39, 23 et 9 pour Pappenheim).
Guthrie compte 95 compagnies d’infanterie (plus 43 pour Pappenheim) et 96 compagnies de cavalerie, 25 de croates et 5 de dragons (35, 20 et 7 pour Pappenheim).
A l'époque, Gualdo comptait (pour Wallenstein uniquement) 95 compagnies d’infanterie, 59 escadrons de cuirassiers, 53 escadrons de croates et dragons (de l’ordre de 5 pour ces derniers).
Pour 32,000 hommes dont 40% de cavalerie (18,000 fantassins et 12,000 cavaliers), la compagnie d’infanterie compterait en moyenne 190 hommes et “l’escadron” (Gualdo évoque plus probablement la compagnie) 107 chevaux.

Les ordres de grandeurs sont donc équivalent (89/95/95 compagnies d’infanterie et 114/126/112 de cavalerie). La question se pose donc de la manière de calculer des uns comme des autres.
Au début de la guerre de trente ans, les régiments d’infanterie impériaux étaient à 10 compagnies de 300 hommes soit 3000 hommes. Mais il était possible de lever des régiments de 2000 hommes (compagnies de 200), ce qui se faisait couramment, et certains régiments pouvaient compter que 5 compagnies. Dans les faits, une fois la campagne avancée, peu de régiments dépassaient 1200 hommes, pouvant même tomber à 500 hommes (50 hommes par compagnie). L’effectif moyen calculé à partir des chiffres de Gualdo quelques temps avant la bataille, parait donc surévalué (190 hommes par compagnie est trop proche de l’effectif théorique). Guthrie (104 fantassins par compagnie) et Brzezinski (96 hommes par compagnie) proposent des chiffres plus crédibles.
Le régiment de cavalerie impérial comptait théoriquement 10 compagnies de 100 chevaux soit 1,000 cavaliers, mais en 1632, le régiment comptait en moyenne 500 à 800 chevaux (selon Guthrie).
Guthrie estime un effectif moyen de 55 chevaux par compagnie à Lutzen, chiffre crédible, et Brzezinski donne une compagnie à 46 chevaux. On est dans les deux cas à la moitié de ce que pourrait donner le chiffre de Gualdo.

En résumé, aucun auteur contemporain aux événements ne donne les effectifs réels des impériaux le jour de Lützen. Les fréquents détachements puis regroupements en différents corps (Aldringer, Holk, Galas, Pappenheim) leur compliquent d’ailleurs la tâche. Ceux que l’on trouve sont contradictoires, comme c’est souvent le cas (en fonction du “parti” qui relate l’évènement) et sont antérieurs à la bataille de plusieurs semaines. Il parait donc prudent de suivre Guthrie (Battles of the Thirty Years War) et Brzezinski (Lützen 1632) dans leurs raisonnements.

Prochain sujet : les formations impériales à Lützen.

lundi 9 novembre 2009

Lützen, 16 novembre 1632 (Imperial OoB)








L'OoB impérial est peut-être la partie la plus délicate de l'analyse de la bataille. Il fera donc l'objet de plusieurs messages. Pour cette première étape, je me contenterais de présenter la vision de Gualdo. Je ne sais pas si celui-ci était présent lors de la bataille. Est-il reparti en Italie pour la mort de son père avant la bataille ? je le pense. Ou alors, la vision qu'il avait du champs de bataille, de l'endroit où il se trouvait, n'était pas suffisante ...
L'ordre de bataille présenté par Gualdo semble inspiré de la carte du Theatrum Europaeum (cf. ci-dessus). Or celle-ci présente les impériaux alignés - à tort - en 5 gros Tercios. Et il a dû tenter d'adapter son récit à ce plan - qu'il a nécessairement eut rapidement entre les mains - alors qu'il ne correspondait pas aux faits réels. On s'en aperçoit dans la suite de son récit, qui n'évoque plus que des bataillons de la taille de régiments. Mais avant de continuer sur l'analyse, place au récit...

The imperial OoB is almost the difficultiest part of the battle analysis. But before dealing with this point, let's see the description of Gualdo (who don't seems to be present at the battle but seems to have try to match the account and the -false - Theatrum Europaeum map).

Dès que Walstein sut que le roi avançait sur lui il ne douta pas que ce fut pour l’attaquer. mais le généralissime qui ne manquait pas d’activité, avait pris ses précautions de bonne heure. Pappenheim avertit revenait à grand pas. Walstein avait supputé le temps qu’il fallait pour sa marche et trouvé qu’il viendrait à propos pour le seconder. Cependant il était encore indécis s’il engagerait une action avec les Suédois ou s’il n’aurait pas plus d’avantage à se mettre sous le canon de Leipzig et à laisser l’ennemi se consumer par la faim. Mais le plus grand nombre fit la réflexion qu’en se retirant l’armée aurait l’ennemi à ses trousses dès la pointe du jour, et cet avis l’emporta. l’armée était déjà en bataille, lorsque l’avant-garde des Suédois s’avança avec l’artillerie de campagne à la hauteur du premier poste des Impériaux qui était au-dessus de Lutzen vers le sud près des moulins dont j’ai parlé en décrivant le terrain.
Isolani à l’aile gauche commandais un gros de 28 escadrons de croates et de hongrois, tous montés sur de petits chevaux très-vite à la course. Derrière ceux-ci étaient 3 escadrons de cuirassiers de Cronenberg, Goetz, Deffurt, Tersica et Bredau.
Le corps de bataille était sur trois lignes. La première formée d’un gros bataillon de 25 compagnies d’infanterie des régiments de Bertaut-Walstein, Chiesa, Colloredo et duc Savelli, ayant sept pièces de canon en front. La seconde ligne était de 32 compagnies d’infanterie partagées en deux bataillons des régiments de Galas, Grana, Holck, Gueis ou Geysa, Prainer ou Breuner et d’autres. A leur droite étaient 24 escadrons de cuirassiers du comte Octave Piccolomini, du marquis Gonzague, de Strozzi et Coronino, les colonels à leur tête. Ils avaient entre eux plusieurs pelotons (maniche) de mousquetaires. Près de ceux-ci deux autres gros escadrons de Geronimo Colloredo, Reichemberg, Sparr, Schaumbourg et Officutz barraient le chemin de Lutzen au-dessus des moulins. À leur droite était un gros bataillon de 16 compagnies des nouvelles levées de Dohna, Montecucculi et Tersica, que soutenaient 15 escadrons de croates et de dragons de Forgatz.
L’arrière-garde ou troisième ligne ayant également la forme d’un gros bataillon était de 22 compagnies d’infanterie des régiments de Maximilien Walstein neveu du général, Contrès, Fugger et Henri-Saxe de Lauenbourg. A sa gauche étaient 30 escadrons de cuirassiers conduits par les colonels Maracini et Haraucour, flanqués de 10 escadrons de croates et de hongrois.
L’artillerie soutenue par de bonne infanterie défendait le fossé, et 17 pièces étaient plantées sur la hauteur près des moulins.
Galas menait l’arrière-garde de la droite, dont Cronenberg et Deffurt sergents-majors conduisaient la gauche. Officutz était à la tête de toute l’infanterie, et Walstein au centre accompagné des princes de Toscane, frère du grand-duc, de renaud et Borso d’Este, du comte de Michna commissaire général de l’armée, et de tous les gentilshommes et officiers de sa suite. Schaumbourg commandait l’aile gauche du corps de bataille, et Rinoch, Haraucour et Deodau quartier-maître général menaient l’arrière-garde.
Dès que l’armée fut rangée, Walstein fit approcher de son carrosse les généraux à qui il donna les derniers ordres. Il voulut qu’on dit la messe dans le camp avant d’attaquer. le généralissime se fit ensuite mener le long des lignes, parlant aux troupes avec dignité et exhortant le soldat au mépris de la mort par l’espoir des récompenses, des honneurs et des emplois. Aussitôt que l’ennemi parut, il monta à cheval et attendit fièrement l’attaque des Suédois.

samedi 7 novembre 2009

Lützen 1632 (before the battle)


Voilà les évènements qui ont précédé la bataille d'après Gualdo.

Here are the events before the battle according to Gualdo.





Walstein (…) s’arrêta non loin de Nuremberg pour passer en revue son armée qui se trouva réduite à 36,000 hommes. Le comte de Galas qui conduisait l’arrière-garde eut ordre d’allumer tous les villages appartenant à la seigneurie de Nuremberg, et prit ensuite la route de la Misnie pour en déloger l’armée saxonne. Walstein (…) se flattait de rompre cette alliance (Saxo-suédoise) en envoyant en Saxe 10,000 hommes commandés par Holck et Galas qui avaient ordre de ravager ce beau pays (…)
Il donna aussi 4,000 fantassins et 1,500 chevaux au marquis de Grana qui eut ordre de s’établir dans le margraviat de Bayreuth en Franconie. (…)
Mais parce que le maréchal Horn était entré en Bavière avec 8,000 hommes d’infanterie et 4,000 chevaux, et qu’il jetait la consternation dans l’électorat, Maximilien sentit le besoin de voler au secours de son pays. Il y avait 14,000 hommes dans l’armée de Walstein, y compris les troupes d’Aldringer. Il courut assiéger Rain sur le Lech (…)
Walstein était fort affaibli depuis la séparation des Bavarois et avait encore à souffrir de la disette des vivres dans un pays ruiné. C’est ce qui lui fit prendre le parti d’abandonner les environs de Bamberg pour chercher à s’emparer de Cobourg, ville de Franconie aux frontières de la Thuringe avec un bon château. (…) Cobourg devait couvrir le flanc de Walstein lorsqu’il serait temps de se joindre à Holck et Galas et de ravager la Misnie de concert avec eux.
Gustave était avec l’armée à Neustadt sur l’Aisch entre Nuremberg et Bamberg, lorsqu’il apprit la séparation des Bavarois, et le dessin que Walstein avait de s’emparer de Cobourg pour être plus à portée de prêter la main à Holck qui était déjà dans la Misnie, et à Galas qui sans doute y était aussi. Gustave vit la nécessité de sauver la Saxe pour se conserver un allié qui pouvait lui échapper. Il donna des troupes au duc de Weimar qui forma un camp d’observation du côté de Sendelbach près de Nuremberg, avec ordre de ne pas perdre de vue Wallenstein, et d’avertir le roi de l’approche de Pappenheim qui revenait à grandes journées pour tomber aussi sur les malheureux saxons. (…)

Gustave laissa 5,000 hommes d’infanterie et 2,000 chevaux au duc Christian Palatin de Birckenfeld pour garder la frontière de Souabe du côté de la Bavière. Avec le reste de son armée qui était de 7,000 chevaux et de 10,000 fantassins, le monarque retourna devant Nuremberg et vengea cette ville de l’insolence de la garnison de Lauf qu’il remit à la discrétion des Nurembergeois. Il voulut traiter de même Lachtenau (…) Il chargea de ce soin le colonel Sperreuter à qui il laissa 3,000 hommes. (…) Le comte de Gronsfeld resta dans l’évêché d’Hildesheim avec 7,000 hommes pour faire le siège de Neubourg, place forte sur l’Aller, et Pappenheim courut sur Erfurt. (…)
Gustave pour ménager ses troupes les avait partagées en deux corps (…) Le corps sous les ordres du duc Bernard arriva. Gustave fit assembler les généraux et voulut que chacun dit librement sa pensée sur le parti qu’il y avait à prendre. (…)
Il passa son armée en revue qui se trouva forte de 27,000 hommes, 16,000 fantassins et 11,000 chevaux. L’avant-garde aux ordres du duc Bernard de Weimar était de 4,000 cavaliers allemands et finlandais, de 1,000 dragons et de 6,000 fantassins, distribués en 6 gros bataillons. Le corps de bataille que commandait le maréchal de Knyphausen était également de 6,000 hommes d’infanterie en trois corps et de 4,000 chevaux en 8 gros escadrons. Le Roi menait l’arrière-garde composée de 1,000 cuirassiers d’élite, de 1,000 dragons et de 4,000 fantassins partagés en gros bataillons et escadrons comme ceux de l’avant-garde du corps de bataille, et les escadrons de la réserve ayant chacun cinq pièces de campagne qui couvraient le front. (…)
Walstein avait levé le siège du château de Cobourg, pris Leipzig, et occupé tout le terrain depuis cette ville jusqu’à Merfebourg et Weissenfels sur la Saale. Gustave courut s’emparer de Naumbourg sur la même rivière un peu au dessus de Weissenfels et plus près d’Erfurt. Naumbourg le rapprochait des Saxons qui étaient alors aux environs de Torgau sur l’Elbe avec 12,000 fantassins et 4,000 chevaux, occupés à s’opposer aux desseins de Walstein.

(Walstein) venait d’être renforcé des 9,000 hommes de Pappenheim, et la jonction de ces deux généraux maîtres des meilleurs postes empêchait les Saxons de se joindre à l’armée du Roi.
Le monarque suédois attendait le moment d’attaquer avec avantage, lorsqu’on vint lui dire que Walstein avait abandonné Weissenfels, et resserrait ses quartiers autour de Lutzen a deux lieues de Leipzig, et que Pappenheim prenait le chemin de Halle sur la Saale afin de couper le passage au duc de Lunebourg qui marchait à grandes journées pour se joindre aux Saxons, et venir renforcer la grande armée. Gustave ne voulut point attendre ce secours qui était encore éloigné, et résolut de profiter de l’absence de Pappenheim et des meilleures troupes pour tomber sur le camp de Walstein. Il se mit en marche et fit prendre les devants à ses braves finlandais.
Walstein qui pénétrait les vues du roi vit qu’il était attaqué. (…) Il convint secrètement avec Pappenheim de ne point attaquer et de laisser le roi courir à son malheur ; mais il fut dit que celui sur qui il avancerait le premier en donnerait avis à l’autre par trois coups de canon. (…)
Le roi, qui ne savait rien de cette convention, hâta sa marche et se trouva bientôt à la vue du camp des impériaux dans la plaine de Lutzen. Walstein donne aussitôt son signal d’avertissement et dépêche des gens de confiance vers Pappenheim pour le rappeler. Mais craignant que le roi ne commençât l’attaque dès le lendemain matin avant que Pappenheim pût arriver, il profita d’un fossé qui traversait la campagne, et employa toute la nuit à le faire déblayer et à l’élargir. Ce fossé qui couvrait le front du camp fut garni de mousqueterie et de canons. Walstein en était plus fort, mais les Suédois le voyant retranché en furent plus hardis à l’attaquer. Il y eut à cette occasion divers chocs de cavalerie. La perte fut assez égale ; mais les Suédois restèrent maîtres du terrain, parce que Walstein ne voulut pas quitter son fossé que Pappenheim ne fût arrivé. (…)

jeudi 5 novembre 2009

Lützen 1632




Lützen. Bataille emblématique de la guerre de 30 ans, aux côtés de La Montagne Blanche, Breitenfeld, Nordlingen ou encore Rocroi. Gustave y trouva la mort et Wallenstein parvint a stopper les suédois, même si c'est lui qui quitta le champs de bataille.

Les cartes ci-dessous, extraites de la gazette allemande du temps (Theatrum Europaeum), même si elles sont contemporaines, sont fausses.
Les impériaux y sont représentés alignés en lourde formation de Tercios, formation que Wallenstein abandonna après Breitenfeld. Les bataillons de Wallenstein étaient en fait de petites unités de 500-1200 hommes sur 10 rangs (et non 50 comme les tercios). Les espagnols eux-même se déployèrent sur 8-10 rangs à Nördlingen en 1634. Sur les 10 rangs, il y en avait, au milieu, 7 de piquiers (plus 3 de mousquetaires sur leur front)... parce que Wallenstein tenait à ce que les couleurs du bataillon soient piles au milieu du bloc de piquiers ! (voir R. Brzezinski ou W.P. Guthrie sur le sujet). D'après Guthrie, un témoin protestant aurait affirmé que "l'armée ennemie était organisée comme la nôtre". Et Wallenstein se serait inspirée des théories de Basta qui suggérait de déployer un régiment de 3,000 hommes en 3 bataillons de 1,000 hommes sur 12 rangs.

Ces dispositions (bataillons "en ligne" et non en tercio) sont confirmées par d'autres peintures et gravures : celle du "Swedish Intelligencer" britannique, daté de 1633 ou encore le tableau de Pieter Snayers, réalisé en 1642.

























Lützen. Iconic battle of the thirty years war, alongside the White Mountain, Breitenfeld, Nordlingen or Rocroi. Gustave was killed and Wallenstein has managed to stop the Swedes, even if he left the battlefield.

The maps below, taken from the German newspaper of the time (Theatrum Europaeum), even if contemporary, are false.
The imperialists are represented aligned in heavy tercio formation, training that Wallenstein abandoned after Breitenfeld. The battalions of Wallenstein were made of small units of 500-1200 men in 10 rows (and not 50 as tercios). The Spaniards themselves are displayed on 8-10 rows at Nördlingen in 1634. Of the 10 rows, there were, in the middle, 7 of pikemen (plus 3 musketeers on their forehead) ... because Wallenstein wants the colors of the battalion to be in the middle of the block of pikemen ! (see R. Brzezinski or WP Guthrie on the subject). According to Guthrie, a Protestant witness reportedly said that "the enemy’s army was organized like ours." And Wallenstein was inspired by theories of Basta , who suggest to deploy a regiment of 3,000 men in 3 battalions of 1,000 men in 12 rows.

These provisions (battalions "in line" and not in tercio) are confirmed by other paintings and engravings : that of "Swedish Intelligencer" British, dated 1633 or even painting by Pieter Snayers, completed in 1642.