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pèle mèle

En douce de Marin Ledun

Publié le 12/11/2016 à 22:21 par sebastienvidal Tags : moi monde roman homme chez france amis femme belle société histoire musique nuit cadeau voyage voiture chiens
En douce  de Marin Ledun

                                        En douce

                 De Marin Ledun Editions Ombres noires

 

Pays basque, dans la ville de Begaarts. Emilie était un sacré beau brin de femme, elle s’était fabriquée une belle existence. Un début de carrière dans le secteur de la santé, un joli petit appartement, des copines sympas, des projets. Et puis une soirée trop arrosée, un retour halluciné chez elle poursuivie par de vieux démons cachés dans les replis de son enfance. Tout bascule sur cette route caressée par le souffle de l’aube. Un accident de la circulation, du bruit de tôles froissées, de carcasses déformées. Emilie est sauve, mais elle laisse une jambe sur la table d’opération, et la totalité de ses espoirs.

 

Plus de 4 ans après, Emilie n’en finit plus de tomber plus bas. Maintenant elle récure le sol d’un élevage canin et vit dans une caravane sordide. Son quotidien c’est la merde de clébard et les croquettes. Le grillage de l’enceinte comme horizon et les aboiements des chiens comme musique.

 

Et puis quelque chose qui se réveille en Elle, une douleur bien plus forte que celle qui sourde de son moignon, un besoin d’agir, une soif de réparation, une urgence de vengeance. Une horloge s’est activée en elle, elle s’est relevée et aujourd’hui, en cette mi-juillet, elle se trouve face à un homme qu’elle a attiré dans sa caravane. Cet homme est maintenant son prisonnier. Il va devoir payer la note, et les intérêts avec, sans rien oublier. L’homme peut bien hurler, vociférer, sa geôle est loin de tout, retirée du monde, et Emilie l’unijambiste est une bannie de la société. Il y a beaucoup de colère, trop de colère, il y a énormément d’injustice, beaucoup trop. Il y a la rancœur comme un feu intérieur, un océan de rancœur. Il y a des questions qui exigent des réponses, il y a derrière les questions d’autres questions, qui appellent des réponses qui effrayent Emilie.

 

Comme un coup de semonce, comme un ultime avertissement, elle a tiré une balle dans la cuisse de son prisonnier. Il va falloir qu’ils discutent, qu’ils mettent les choses au point et jouent cartes sur table. Mais les gendarmes ont entamé des recherches, la disparition du jeune homme a été signalée. Combien de temps avant qu’ils viennent fouiner jusqu’au chenil nauséabond, combien de temps avant l’éclatement de la vérité ? Mais des choses doivent se passer, les mécanismes des existences doivent de nouveau s’imbriquer à la perfection pour permettre le surgissement du bonheur et de l’apaisement. Mais c’est une longue route, un chemin difficile qui commande que l’on se regarde en face, pour de bon.

 

Avec ce roman noir et sec comme un coup de trique, Marin Ledun nous offre une sacrée histoire. Une histoire tordue comme ses personnages abimés et en souffrance. Il nous ouvre les portes d’une France parallèle, une France des déclassés, cette société presque souterraine à force de descendre. Des vies rétrogradées en pleine crise, qui sont appelées par le côté obscur, et qui conserve un œil vers la lumière, une lumière qui faiblie.

 

L’écriture est comme les mouvements d’un militaire entraîné, minutieuse et resserrée, comme le prouve la page 148 : Roulements de tambours : le rugissement de l’océan, terrible, les vagues s’abattant en rafales invisibles en contrebas. La nuit était noire, les phares de la voiture, derrière, ne parvenaient pas à percer le mur d’embruns et de sable qui lui fouettaient le visage. L’ombre d’Emilie flottait sur quelques mètres, fantomatique et instable, comme si une bourrasque un peu plus violente que les autres allait l’emporter. Des larmes de sel et de sable coulaient sur ses joues.

 

Les considérations ne sont pas en reste, page 193 : On est le peuple et le peuple n’est jamais médiocre. Il n’est simplement jamais semblable à ce qu’il a été. Il change. Il mute. Il encaisse. Il évolue, en mal ou en bien. Comme toi et moi.

 

C’est un roman très nerveux, presque un huis-clos, un face à face écrasé par la chaleur d’une canicule arrivée comme une justice divine. L’auteur nous envoie en cadeau des personnages très fouillés, élaborés dans les moindres recoins de leurs défauts et de leurs qualités, ils tirent un passé très encombrant et tendent vers un futur plus facile.

 

Quelle tension mes amis, on tourne les pages avec les muscles contractés, la situation entre les deux protagonistes frôle l’explosion et on le ressent, comme une vibration dans chaque page, chaque paragraphe. On finit avec des courbatures à trop côtoyer les blessures.

 

Voici une histoire terriblement humaine, faite de failles et d’erreurs, de renoncements et de révoltes, de colère inondée d’amertume, d’espoirs déchus et de vies sur un fil, plus fin que l’horizon, mais aussi beau. Ce roman est un cri, un cri à l’intérieur duquel rugissent des personnages.

 

Glissez-vous en douce entre ces lignes, préparez-vous car ce n’est pas un voyage aisé et calme, c’est tout le contraire, mais c’est délicieux de noirceur et de lumière.