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pèle mèle

Serre-moi fort de Claire Favan

Publié le 16/11/2016 à 19:55 par sebastienvidal Tags : chien vie merci moi monde roman homme amis femme photos histoire sourire livre voiture douceur collection
Serre-moi fort  de Claire Favan

 

 

                                        Serre-moi fort

                                       Claire Favan 

              Editions Robert Laffont, collection La bête noire

 

Claire Favan, elle vous attrape et elle vous secoue violemment comme un vulgaire chiffon pulvérulent … elle a inventé le syndrome du lecteur secoué.

C’est à ma demande que mon ami Anthony Signol, qui la côtoyait au dernier salon du livre de Limoges (lire à Limoges 2016) lui a demandé une dédicace pour ce livre que j’avais repéré et qui me faisait envie. Merci Anthony pour ton coup de main et merci à Claire Favan pour la dédicace très sympathique.

 

Ce thriller ce n’est pas un coup de cœur, c’est un coup de foudre. Si vous saviez comme j’ai aimé ce roman. J’ai été immédiatement happé par la puissance de la narration, effet accentué par le début qui se fait à la première personne du singulier.

 

Août 1994. Etats-Unis, du côté de l’Alabama. Nous faisons la connaissance de Nick Hoffmann, adolescent doué d’une grande acuité de la vie mais qui est écrasé par l’aura de sa sœur aînée Lana. Ses parents n’ont d’yeux que pour elle, ils lui vouent une colossale admiration et l’ont déjà sanctifiée, en oubliant qu’ils avaient un fils. Relégué au rang d’ectoplasme toléré au sein de la famille, Nick souffre de l’indifférence de ses parents. Il bosse dur à l’école, se montre irréprochable, mais dans l’esprit floué de ses géniteurs il n’atteindra jamais la cheville de sa frangine. Et puis un jour Lana disparaît sans laisser de traces. Nick se trouve dans sa chambre lorsque sa mère l’appelle au téléphone, sa voix est différente de d’habitude, son grain suinte l’inquiétude.

 

Le sixième sens de sa mère s’avère exact. Lana a disparu et elle ne refera pas surface. Très vite, le lieutenant Hishikawa est chargé de l’enquête. Assez rapidement il s’oriente vers « l’Origamiste », un tueur en série qui sévit dans la région. Il envoie des origamis à ses futures victimes, toutes des étudiantes sexy. Le problème est que tout le monde ignore sa manière d’opérer, les dossiers sont désespérément vides. Les semaines passent comme les nuages filent au-dessus de nos têtes, les parents de Nick sombrent. Sa mère, jadis si forte, s’effondre et se gave d’anxiolytiques et de tranquillisants. Elle ne quitte plus sa chambre, se laisse aller. Pour le père ce n’est guère mieux, il choisit de noyer sa peine dans l’alcool, pas très original mais terriblement efficace. On leur a enlevé leur étoile, leur soleil ! Tout est gris et froid désormais.

 

Amères, ils apprennent, une flèche plantée en plein cœur, que l’on peut tomber dans les abimes de la dépression à la saison du grand soleil, quand la vie ne demande qu’à chanter, bronzer et que le monde se révèle sous une grande beauté. Nick lui, accuse le coup. Même s’il sait que Lana n’était pas la sainte-nitouche touchée par la perfection que vénèrent ses vieux, il se retrouve soudain dans un grand vide et avec de nouvelles responsabilités. A la suite de la défection de ses parents (circulez, y a rien à voir ! Veuillez patienter un parent va vous répondre …bip bip biiip …) il doit gérer ses géniteurs et se charger de tout, les finances (ils ont fini par perdre leur emploi) et toutes les contingences du quotidien (ménage, repas, affaires courantes) et bien sûr, il doit bosser ses cours. Bref, c’est la merde.

Malgré toutes ces réunions qui saoulent Nick, malgré ses études auxquelles rien ne le ferait renoncer car elles demeurent son meilleur passeport pour se tirer de ce guêpier qu’est devenu sa famille, ou plutôt ce qu'il en reste, malgré la peine et la douleur de ne pas savoir, le jeune homme tient la baraque, comme un adulte qu’il n’est pas encore. Un embryon d’adulte en grande souffrance car la disparition de sa sœur l’a plongé encore plus loin dans l’anonymat, ses parents sont entièrement tournés vers celle qui n’est plus là, ils scrutent le néant, visitent le noir de la terreur éclairés à la bougie de l’espoir. Ils esquissent avec leur cœur les contours de celle qu’ils ont tant aimé, celle dont ils étaient si fiers et qui n’est plus qu’un visage déjà fané sur des photos qui leur déchirent les entrailles.

 

Désespérés, les Hoffmann se mettent en relation avec une fondation qui regroupe des parents de jeunes disparus, des cas identiques à celui de Lana. Cette fondation, aux relents religieux, va phagocyter peu à peu tout le temps de libre de la famille Hoffmann et au travers de leurs multiples réunions, devenir une obsession.

 

En fait, cette grosse première centaine de pages, c’est une sublime radiographie d’une famille classique prise dans la tourmente, avec ses défauts, ses tares et ses qualités. Une famille qui se délite sous la douleur qui érode plus aisément que les saisons éliment les roches. Et c’est aussi la construction subtile de la suite, avec la mise en place de tous les mécanismes, de tous les rouages délicieux.

 

Et puis page 114, on nous assène une gigantesque baffe. Abasourdi, on relit cette fameuse phrase, celle qui a ouvert une trappe sombre sous nos pieds. Essoufflés, on la relit encore, on ne sait jamais, des fois qu’on aurait mal lu. Ce coup de théâtre c’est au moins aussi balèze que celui de David Vann dans Sukkwan Island, pour ceux qui connaissent. Putain le coup sur la tête !

 

A partir de là l’histoire prend une tournure folle, le récit s’accélère et on voit défiler l’action comme les paysages quand on est assis dans une voiture qui roule trop vite. Ça va vite mais ça ne grille pas les Stop, la psychologie des personnages est extrêmement soignée, elle en devient même passionnante.

 

Nous faisons un bond jusqu’en 2014. Sean, Callum et Darren, des gamins, jouent dans un terrain entre prairie et forêt. Sean, le plus petit, est poursuivi par les deux autres qui s’amusent à lui foutre la trouille. Et Sean va faire une putain de découverte, la découverte qu’on oublie pas.

 

Et BIM ! Encore un uppercut de miss Favan, en pleine poire ! Et puis elle enchaîne avec un gauche et un direct au foie, je lève la tête et je me demande quand va retentir le gong, parce que j’ai mon compte. J’ai ramassé, je suis essoufflé et j’ai mal partout, et il reste un paquet de pages ! Mais la voilà qui revient, elle s’avance avec un sourire sadique, je sais qu’elle va me finir miss Favan …

 

Et ça ne s’arrête pas mes amis, on en prend plein la tronche, des rafales d’émotions, des tonnes de stress, des hectolitres de sueur et de trouille glacées. Jusqu’à la dernière page on tremble et on en revient pas.

Claire Favan va avoir de gros ennuis. Elle va se faire un tas d’ennemis. Des auteurs américains. Parce qu’elle écrit des thrillers à l’américaine mieux que les filles et les gars du coin. Même pas de la contrefaçon, carrément des trucs énormes avec une AOC, mais produits par un petit bout de femme de rien du tout, une frenchie bordel !

 

Et puis pour être certaine de bien les agacer les yankees, elle possède un très beau style, du genre qui vous fait relire des passages et qui vous découpe juste après. Comme page 16 : Je me mets au lit avec la sensation que Lana a laissé un vide immense, un trou noir qui aspire peu à peu tout ce qui faisait de nous une famille.Cette phrase, elle n’a l’air de rien, mais elle travaille en vous, après …

 

Ou alors page 297 : Les visages de ses onze agresseurs défilent derrière ses paupières fermées. Meurtriers, pédophiles, assassins, violeurs …Avec lui, ils ont fait preuve d’un sadisme épuré, d’une douceur écœurante, d’une lenteur savante, d’un empressement malsain, d’une onctuosité désespérante. Chacun a opté pour une façon de l’avilir. Et toutes les tactiques ont porté.Ça a de la gueule hein ?!

 

Mais ce qui est époustouflant ce sont les directions brutales qu’emprunte cette histoire. On ne peut pas se douter de ce qui couve sous les pages, on ne peut pas deviner les effrois et les hauts le cœur qui patientent, tapis dans le noir. Non, on ne peut pas. Lire Serre-moi fort c’est comme prendre de majestueuses montagnes russes et se rendre compte, à pleine vitesse, qu’on ne va pas là où on croyait … Mais on ne peut pas descendre !

 

Et puis en lisant ces lignes, ces chapitres, des petits indices semés par l’auteur m’ont fait penser qu’elle était une admiratrice du Maître, Stephen King, ou alors c’était des clins d’œil qui n’en étaient pas. Mais tout de même, quand Sean et Callum, les gosses qui font la fameuse découverte, surnomment l’amant de leur mère « Dents blanches », c’est assez typique de l’univers du gars de Bangor. Et puis appeler une des victimes « Tabitha », du nom de l’épouse du King, ça ne peut pas être une coïncidence. Si ? Alors forcément mon petit cœur a fait « boum boum ».

Bref, un énorme coup de foudre. J’ai découvert Claire Favan et je ne vais pas m’arrêter là. Je vais me procurer son diptyque culte du « Tueur » et je sais que je ne serai pas déçu, mais surpris, ça c’est certain.

 

Bon sang ! J’ai tellement haleté en lisant cette histoire que j’ai presque fini par croire que j’étais un chien !

Chapeau bas madame.