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pèle mèle

Source, de Christian Laîné

Publié le 23/10/2019 à 17:36 par sebastienvidal Tags : sur vie course france monde roman homme fond mode société travail histoire cadre livre voyage livres
Source, de Christian Laîné

Source

 

De Christian Laîné

Editions « les Monédières »

 

« Le bonheur, qui arrive toujours à l’improviste, dure un bref instant, mais enflamme l’esprit très longtemps. »

 

Nous sommes vers les années 2025. Quentin est un jeune homme qui vit sa vie à cent à l’heure en région parisienne. Agent immobilier dans une « boîte » qui tourne à fond, il court chaque mois après ses objectifs. Très amoureux de Melissa, avec laquelle il vit, il se sent bien dans sa peau. Mais un jour, il reçoit une missive d’un notaire de Brive-la-Gaillarde en Corrèze. Celui-ci demande qu’il se rende dans son étude pour régler une affaire. Quentin est intrigué, il n’a pas de famille dans ce coin-là. Le voyage qu’il va entreprendre dans le Limousin lui réserve de grandes surprises et il ne se doute pas de tout ce qui se cache derrière les vertes collines de Corrèze, de ce qui l’attend au détour d’un virage, de ce qui se bâtit dans les forêts corréziennes. Le choc qu’il va recevoir va fendre son armure de citoyen lambda et lui ouvrir les yeux sur un monde qu’il ne soupçonnait pas.

 

Christian Laîné est un ami qui m’est cher, c’est un pléonasme me direz-vous, j’en conviens. Je l’ai rencontré pour la première fois lors de la foire du livre de Brive en 2011. À l’époque il y présentait son premier roman et je faisais de même. Christian Laîné est un auteur imprévisible. Son premier roman était un petit livre autobiographique maigrichon et très attachant. Son second avait pour cadre l’univers romanesque de la deuxième guerre mondiale et le monde souterrain de la Résistance. Le suivant racontait l’histoire lumineuse d’un homme qui recouvrait sa liberté en s’éloignant du monde de consommation qui est le nôtre. J’ai aimé son petit dernier, et le fait qu’il soit mon ami n’a pas influé sur mon plaisir et mon jugement.

 

Avec Source, il frappe encore une fois là où on ne s’y attendait pas, dans le roman d’anticipation. Avec subtilité, sans brandir de manière ostentatoire aucun drapeau ni aucune idéologie, il décrit un pays partagé en deux, une nation à deux vitesses, un système libéral en roue libre qui fonce dans le mur en épuisant la planète et en se gavant de sucre et de gras. Par petites touches discrètes, à l’instar du Petit Poucet qui balise son chemin, il sème des détails et des informations sur la société qui préside au destin des personnages de son histoire. Ainsi, à la manière d’un peintre penché sur son ouvrage, il fait apparaître, avec de discrets coups de pinceaux, une société et un État qui aujourd’hui, deviennent terriblement crédibles et possibles. Il nous démontre au travers d’un récit très original, que le bonheur et la joie sont possible dans un autre cadre, en faisant un pas de côté, en s’installant « en bordure des fous ». Quentin vit à cent à l’heure, il gagne sa vie à la perdre, il a le nez dans le guidon, tout absorbé qu’il est à tenir ses objectifs de vente, des objectifs toujours plus improbables. C’est que dans la France de ce futur très proche, encore pire qu’aujourd’hui, ne pas performer c’est perdre son travail, et perdre son travail c’est devenir un marginal, une personne dont on a honte, quelqu’un qui se retrouve satellisé dans la marge et qui devient invisible. Mais sa chérie, Mélissa, fait que tout cela est vivable, ils éprouvent même l’illusion du bonheur.

 

Quand on est à ce point engagé dans la course moderne, on n’a pas le temps de lever la tête pour regarder ce qui se trouve autour, pour se poser des questions fondamentales sur sa vie qui file, sur le sens de tout cela. Pour Quentin, la vie, le destin, le hasard, appelez cela comme vous le souhaitez, vont se charger de cette besogne. Quentin va découvrir un pays fragmenté. Un pays où les métropoles ne manquent de rien, où l’État est présent partout et dicte sa volonté. En revanche, en zone rurale, c’est une autre histoire. Les réformes territoriales successives ont dépouillé les territoires de leurs institutions et de leurs oripeaux, ils sont littéralement abandonnés, n’étant pas assez productifs et ne consommant pas assez parce que trop peu peuplés. C’est dans une de ces niches que Quentin va découvrir un monde bien planqué à l’intérieur du monde officiel, un monde plein de couleurs et d’espoir, de senteurs et de liberté, de projets originaux, peuplé de personnes rêvant d’autre chose que d’avoir la dernière console de jeu ou la dernière paire de chaussures à la mode.

 

C’est difficile d’en dire plus sans abimer ce beau livre qui regorge de trouvailles et d’humour. Parce que l’auteur est comme ça, drôle et piquant, parfois caustique, jamais méchant. Les méchants justement, parce qu’il y en a dans ce roman, on les déteste aisément et on se prend à leur souhaiter le pire. Avec sa plume alerte, l’auteur nous propose tout une galerie d’individus très différents, bien sentis, bien nés, bien écrits. Sans manichéisme, il esquive les pièges du roman de genre et trace un chemin imprévisible et très prenant. À partir de la fin de la première moitié, je n’ai pas pu lâcher l’ouvrage, je me faisais du souci pour les personnages auxquels je m’étais attaché, je lançais des fatwas sur ceux que je honnissais, je tremblais pour la communauté de Dana, qui, disons-le, n’a rien à voir avec la tribu éponyme. Quoi que…

 

S’il faut relever une performance dans ce bouquin, c’est celle de l’imagination. Mais où Christian Laîné est-il allé chercher tout cela ? Peut-être dans les forêts de Haute-Vienne qu’il parcourt, où bien dans son verger corrézien qui fleure bon le naturel. Je crois surtout qu’il a simplement écouté son cœur et sa tête, lui qui fourmille d’idées et de bons mots.

 

Ce roman est spécial. Il n’est pas trépidant, il n’y a pas de grandes envolées lyriques (bien qu’on y trouve de très beaux passages), il n’y a pas d’action et de rebondissements toutes les cinq pages et pourtant, une fois à mi-chemin, on éprouve une sorte d’addiction pour le récit et on désire aller au bout le plus vite possible, parce qu’on s’inquiète, on veut savoir comment tout ça va finir.

Il y a autre chose qui est très bien fichu. C’est le rythme. J’ignore si c’est volontaire, mais les passages urbains sont un peu étouffants et enlevés alors que ceux qui se déroulent à la campagne sont apaisés, calmes comme une rivière endormie, étale entre les collines. Comme une allégorie de deux mondes, deux facettes d’une même pièce.

 

Dans la cohue des nouveautés de la rentrée littéraire, dans cette file uniforme de livres aux profils si semblables, si vous cherchez un ovni, un truc qui respire, une tête qui regarde le ciel alors que toutes les autres sont baissées, vous serez bien inspirés de saisir ce roman dépaysant et rafraîchissant.

Faites vous une injection de pensée subversive…