Nouvelles techniques, nouvelles images dans une ville de province en 1900
Jean-Bernard VAULTIER chargé de cours en histoire des sciences à l’UFR-FLASH de l’université de La Rochelle, chercheur accueilli au centre François-Viète de Nantes
Florent VAULTIER doctorant ingénieur LCPP-CNRS / ESCPE Lyon
La Rochelle est, à l’aube du XX e siècle, une petite préfecture de province dans un département très agricole : la Charente-Inférieure. Cette ville, longtemps coincée entre ses fortifications (fig. 1), se développe grâce à la création du port de commerce de La Pallice en 1890.
Figure 1 – La Rochelle en 1906, carte postale, collection particulière.
C’est un port en eau profonde, face à l’île de Ré, qui accueille les compagnies maritimes des grands armateurs rochelais comme d’Orbigny et Delmas, permettant surtout l’installation d’industries nouvelles de produits chimiques ou de transformation des marchandises importées : engrais et nitrates d’Amérique du Sud, pâtes à papier scandinaves, charbon et une raffinerie de pétrole à partir de 1900. La Rochelle n’est plus seulement une cité bourgeoise comme les stations balnéaires charentaises de Chatelaillon ou Royan, sa population ouvrière grandit et les luttes syndicales provoquent de dures grèves comme celles des dockers en 1901 et 1905. Le pouvoir municipal est disputé entre les radicaux proches d’Émile Combes, les républicains de gauche ou conservateurs. L’affaire Dreyfus a amené la création d’une importante section de la Ligue des droits de l’homme. Mais la séparation des Églises et de l’État a provoqué peu d’incidents dans une ville habituée depuis longtemps à une coexistence pacifique entre bourgeoisie catholique et protestante. À cette époque, La Rochelle compte de 31 356 habitants, mais Rochefort demeure la première ville du département. Son arsenal et son port de guerre en font la