LA TROISIÈME CAMPAGNE DE FOUILLES SOUS LE CHOEUR DE LA CATHÉDRALE DE MEAUX
par Jean-Michel DESHORDES
La troisième campagne de fouilles sous le chœur de la cathédrale de Meaux a enrichi l'archéologie meldoise de nouveaux et précieux documents. On peut désormais ébaucher le plan de la partie d'édifice mise au jour (fig. 1, 2) et proposer une série d'hypothèses sur sa chronologie.
La partie d'édifice dégagée au-dessous d'un niveau gothique entamé par une suite de sépultures (1) a été bâtie sur plan carré approximatif (distances moyennes des entre-colonnements calculées depuis les axes des fûts : 2,065 m.). Le désaxe- ment vers le sud par rapport à l'est vrai, direction suivie par le mur des fondations gothiques, est très sensible (fig. 1 et 2). Ont été mis au jour : en premier lieu un mur qui termine l'édifice à l'ouest ; ce mur est directement fondé sur un remblai gallo- romain (2) et flanqué à l'est d'une banquette de blocage enduite de plâtre (fig. 6) ; il a été percé au moins d'une baie ouverte au-dessus d'une aire en terre battue de même niveau, ou presque, que le sol intérieur à l'édifice, rencontré à la profondeur de 4,75 m. au-dessous du dallage établi par le cardinal de Bissy en 1723. Le sol de l'édifice, la banquette et le mur ont été tranchés à l'approche d'un massif en bel appareil de pierres de taille (R), fondé vers 5 mètres de profondeur, implanté dans l'angle sud-ouest de la fouille, et dont on ne pourra préciser la fonction comme la datation avant de poursuivre les travaux au delà vers le sud (fig. 1 et 2).
Notons simplement que le tracé de la face orientale de ce massif, appareillé jusqu'à 5 mètres de profondeur, est de même orientation que le mur de notre édifice, comme lui dévié vers le sud, tandis que les deux autres faces du massif (faces occidentale et septentrionale) sont alignées sur le nord et sur l'est
(1) Cf. rapports de fouille des années 1966 et 1967. La campagne de 1968 n'a restitué que des ossements épars et des éléments de sépultures bouleversées. Les résultats de la première et de la deuxième campagne ont été publiés par J.-M. Desbordes, Découverte d'une crypte sous la cathédrale de Meaux, dans Bulletin monumental, t. CXXV, 1967, p. 395-414.
(2) Un sondage pratiqué immédiatement au pied de l'empattement des fondations et poursuivi jusqu'à 1 mètre en contre-bas a entamé un remblai gallo-romain tassé, parsemé de grosses pierres, incluant les éléments traditionnels : ossements d'animaux de boucherie, surtout sanglier et gallinacés ; fragments de tegulae et d'imbrices ; lambeaux d'enduits peints ; parcelles de bois carbonisé ; écailles d'huîtres ; poteries communes (dont un fragment de goulot d'amphore augustéenne) et sigillées (divers fragments d'assiettes, écuelles et bols des ateliers de la Graufesenque ; l'un était estampillé OF. SEVERI, potier en activité sous les règnes de Néron et de Vespasien).
B. Madelénat del. FIG. 1. PLAN AU SOL DE LA FOUILLE