Couverture fascicule

Élisabeth Sirot, Allumer le feu. Cheminée et poêle dans la maison noble et au château du XIIe au XVIe siècle, 2011

[compte-rendu]

Année 2013 171-1 pp. 76-77
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Bibliographie

76 soigné des parements et des sculptures qui ornent les ouvertures de la façade sont autant d’éléments appartenant à la rhétorique des demeures patriciennes. L’observation minutieuse des maçonneries a permis à l’archéologue de restituer l’ensemble de l’édifice avec peu d’incertitudes. Il comprend un niveau de cave et, au rez-de-chaussée, une partie réservée aux activités d’échanges ouvrant au nord sur la rue des Farges. Au sud et en contrebas, un autre espace sans aménagements donnant sur le jardin, semble correspondre à un lieu de stockage ou d’abri réservé aux animaux. Dans son état initial, la salle du premier étage était divisée par des cloisons en différentes pièces desservies de l’extérieur par une galerie accrochée aux façades arrière. Celleci fut détruite vers le milieu du xIIIe siècle, ainsi que les cloisons de la grande salle nouvellement aménagée et décorée de peintures. Les caractéristiques de la construction et du décor sculpté permettent de proposer une datation «tardive » pour l’édification de cet édifice roman : vers la fin du xIIe ou le début du xIIIe siècle. Il faut louer ce gros travail, exemplaire par sa rigueur méthodologique et la minutie de l’observation. Il apporte de nombreuses informations sur la construction civile médiévale à Périgueux, il constitue aussi un guide précieux pour le restaurateur soucieux de ne pas détruire ces témoins fragiles de l’histoire de la ville et, malgré la nécessité d’affiner l’étude du décor peint, un exemple de réhabilitation à suivre. Soulignons enfin l’idée remarquable d’avoir créé une collection où cette belle étude monographique trouve une place bien méritée. Anne-Laure Napoléone

Élisabeth SIrot, Allumer le feu. Cheminée et poêle dans la maison noble et au château du XIIe au XVIe siècle, Paris, Picard, 2011, 24 cm, 184 p., 122 fig. n. et bl., XXI pl. en coul dans 15 pl. h. t., plans, coupes, schémas, index des lieux. -ISBn : 7084-0907-1, 43 €.

Au colloque de Tours (mai 1979) sur l’escalier dans l’architecture de la Renaissance 1,

André Chastel remarquait que «les deux éléments qui ont dépéri avec la civilisation et ses techniques sont la cheminée et l’escalier » . Ce «membre privilégié de l’architecture » a constamment retenu l’attention des historiens de l’art, mais on ne disposait pas d’un travail de synthèse d’ampleur nationale. L’ouvrage d’é. Sirot, destiné à démontrer l’importance de la cheminée comme révélateur du confort et du mode de vie (p. 33), tente donc de combler cette lacune historiographique. S’appuyant sur un corpus de cheminées issues de cent quatre-vingts résidences seigneuriales, grands châteaux et maisons de la petite noblesse – mais qui laisse de côté les demeures urbaines – l’ouvrage se divise en trois parties d’inégales longueurs. La première et la plus importante, intitulée «Cheminée, architecture et décor » , s’intéresse aux modes de construction, au fonctionnement et à l’emplacement de cet organe de chauffage ; la deuxième, dénommée «Côté cuisine » , s’inscrit dans le mouvement de recherches s’intéressant aux préoccupations culinaires de la noblesse ; la troisième enfin, «Foyers et intimités » , porte sur les moyens de chauffage mobiles, tels les poêles, chaufferettes et autres braseros, ainsi qu’aux cheminées présentes dans de petits espaces. Signalons au passage la présence de cinq dossiers, répartis dans l’ouvrage et signés par différents auteurs invités, sur «L’émergence de la cheminée en Limousin et Périgord aux

xIIIe-xIVe siècles » par Christian Rémy (4 p.), «Le décor des cheminées d’Anjou » par Christine Leduc-Gueye (6 p.), «Quand on faisait de la fumée sans feu » par Alain Kersuzan (4 p.), «La céramique de poêle en Lorraine au Moyen Age et au début de l’époque moderne » par Guillaume Huot-Marchand (5 p.) et «Le château des comtes d’Albon (Drôme) : cheminée de camera ou de aula ? » par Jean-Michel Poisson (3 p.). Grâce à un travail de terrain, essentiellement en Savoie, couplé à des recherches en archives, l’auteur retrace les grandes lignes de l’évolution de la cheminée, de son décor, en s’attachant à certains modèles, comme celui de la cheminée à consoles (p. 87-96), tout en ponctuant son discours d’informations tirées de récentes découvertes, mentionnant par exemple l’existence de plaques foyères installées directement à l’intérieur de baies à niches, dispositif mis en évidence par l’étude archéologique du bâti du donjon de Sainte-Suzanne en Mayenne (p. 50). On sait également gré à é. Sirot d’avoir attiré l’attention sur les souches de cheminée, plus difficiles à observer et souvent fort restaurées. Grâce à des documents iconographiques, mais aussi à des mentions toponymiques – comme la tour de la Cigogne (commune de la Côte-Saint-André, Isère) – l’auteur évoque l’existence de logements à oiseaux au sommet des souches, pratique qui n’est pas sans nous rappeler l’intégration de nichoirs dans les élévations des maisons médiévales. Dans la partie consacrée à la nourriture, les fastes de la cour de Savoie sont à l’honneur et l’expression «faire ripaille » retrouve ainsi tout son sens. Par ailleurs, é. Sirot s’attache à localiser précisément la cuisine au sein de la demeure, sans omettre de signaler l’existence de cuisines placées parfois à l’extérieur du logis, pour éviter les risques d’incendie. Elle insiste d’ailleurs sur les précautions qui entourent la construction de cet espace, avec notamment la prise en compte du sens du vent dominant, même si l’on apprend grâce aux mentions de comptes que bien souvent la cuisine annexe est une construction en pan de bois, dont la cheminée possède un manteau seulement enduit de plâtre (p. 124). De même, l’auteur passe en revue les nombreux systèmes mis en place pour récupérer la chaleur – avec l’exemple des meules réfractaires –, pour amener l’eau, essentielle à la cuisine… ; elle mentionne également les passe-plats, placards chauffants et autres potagers, ainsi que les fours et paneteries ! Enfin, les dernières pages consacrées au poêle soulignent son importance dans l’évolution du confort domestique. Mode de chauffage onéreux, il témoigne de la fortune de son propriétaire, qui n’hésite pas à mettre en valeur son lignage en y appliquant ses armoiries. Ainsi, l’ouvrage d’é. Sirot, abondamment illustré, éclaire-t-il le lecteur sur la cheminée au Moyen Âge. Néanmoins, ce livre suscite plusieurs remarques. En premier lieu, le corpus sur lequel s’appuie cette étude, et qui selon l’aveu même de l’auteur est arbitraire et témoigne d’opportunités géographiques, comporte une majorité d’exemples sis en Savoie on l’a dit. Ainsi l’ouvrage ne dresse pas un état de la question sur l’ensemble du territoire national (reproche que l’on pouvait également adresser au précédent ouvrage d’é. Sirot, Noble et forte maison. L’habitat seigneurial dans les campagnes médiévales, du milieu du XIIe au début du XVIe

siècle, Paris, Picard, 2007) : les encarts consacrés aux cheminées limousines et périgourdines ou la mention de rares exemples pris en Belgique ou aux Pays-Bas, alors que des comparaisons auraient pu être facilement dressées avec des sites français, ne donnent pas le change. Partant, la précision géographique «Cheminée de Savoie » ajoutée en sous-titre de l’ouvrage aurait eu le mérite de ne pas flouer le lecteur. En outre, les châteaux ou manoirs n’appartenant pas à la région Rhône-Alpes sont cités souvent de manière approximative : le château de Bois-Sir-Amé n’est pas sur la commune de Vourly-sur-Cher (p. 31), mais sur celle de Vorly, le manoir des Ligneries (p. 98) se trouve non pas à Chantilly mais à Charentilly, en Indre-et-Loire, tout comme le manoir de Bridoré qui n’est pas en Anjou (p. 168) pas plus que la maison du Petit-Pressigny en Berry (p. 65), etc. Enfin, toujours à propos de la constitution du corpus, pourquoi, en écartant les cheminées de maisons de ville, l’auteur se prive-t-il sciemment d’exemples mis en valeur par les nombreuses études récentes témoignant du renouveau des études sur l’architecture civile ? Seules les maisons de Cluny, là encore certainement de manière arbitraire, retiennent son attention. Par ailleurs, nous regrettons que les légendes des photographies ne comportent pas

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