. . . medio pietatis
fonte nitet mireque simul novat atque novatur. La suite du texte, par l'allusion à l'évêque qui gemina . . . gerit Ulk munera Christi, . . . socians pia sacramenta lavacro, montre qu'il y a un baptistère lié au lieu de la synaxe:
siepariter templum novat hostia, gratia fontem,
fonsque novus renovans hominem . . . On peut remonter encore quelque peu dans le temps puisque'un hymne de Prudence a comme titre: »Sur un endroit de Calahorra où des martyrs ont souffert et où, maintenant est un baptistère« 59. Le poème établit un lien entre le martyr dans le sang et le baptême par l'eau:
Electus Christo locus ubi corda probata
provehat ad caelum sanguine, purget aqua. Par l'archéologie, nous connaissons un édifice sensiblement contemporain des précédents : la basilique surburbaine de Tebessa, peut-être dédiée à la martyre Crispine et à ses compagnons60. Lorsque l'on est dans l'atrium de la basilique, un seuil fait passer, du portique méridional, à une pièce rectangulaire ménagée entre le portique et une annexe de la salle tréflée. Là, dans un espace irrégulier et réduit a été placé le baptistère.
Plus tardif est l'aménagement signalé par Grégoire de Tours, près de la basilique où était inhumé saint Martin. L'évêque Perpetuus (461-491) y avait institué des vigiles, et l'une d'elles avait lieu, pour le saint Jean, ad basilicam in baptisterio^. Grégoire lui-même a construit un autre baptistère, à la fin du Vie siècle. Détail très intéressant pour nous, il précise qu'il a consacré ce nouvel édifice avec des reliques de Jean Baptiste et de saint Serge62: baptisterium adipsam basilicam aedificare praecepi; in quo sancii Johan- nis cum Sergii martyris reliquias posui. Par ailleurs, dans l'ancien baptistère, in Mo priore baptisterio, il plaça des reliques de saint Bénigne. A cet exemple, on peut ajouter celui du baptistère de Saint-Germain d'Auxerre attesté par une mention du martyrologe hiéronymien; au 1 4 avril, apparaît la formule : in Auti- siodero Galliae dedicatio baptisterii qui est iuxta basilicam sancii Germani episcopi et confessoris, et certains manuscrits ajoutent ubi sunt condite reliquie sancii Johannis evangelistae63. Ces exemples justifient l'interprétation que j'ai proposée de l'existence d'un baptistère hors des murs de Clermont-Ferrand, près de la tombe de saint Alyre. Le passage de Grégoire de Tours 64 fait état d'une procession de l'évêque et du clergé qui va pour la Pentecôte au monastère hors les murs. Mais cela ne force pas à croire que la cathédrale primitive était extra-urbaine, ni qu'il n'y avait pas de baptistère intra-urbain à la même époque. La tombe de l'évêque Alyre, celles des martyrs Cassius et Victorinus font des alentours du baptistère signalé par Grégoire de Tours quelque chose qui rappelle les nécropoles suburbaines et les sanctuaires martyrologiques - ou dédiés à des confesseurs.
Ces baptistères installés dans des édifices très fréquentés parce que liés à une dévotion qui envahit le champ de la conscience chrétienne avec le IVe et surtout les Ve et Vie siècles, ces reliques placées dans les baptistères comme dans les basiliques - ou aussi dans les maisons, comme en témoigne Grégoire de Tours -, ces formes d'expression d'une religiosité doit-on les relier à justification symbolique? Peut-être, mais à condition de voir que la forme a suscité le symbole, et non l'inverse, que le besoin a créé l'interprétation ou qu'à la limite il n'y a que relation dialectique. Les vers, si souvent avancés, d' Ambroise de Milan sur l'octogone du baptistère65 ont pour seule justification originelle une tradition architecturale. Il n'y a
59 Prudentius, Peristephanon VIII (Lavarenne IV 108).
60 J. Christern, Das frühchristliche Pilgerheiligtum von Tebessa (1976) 51-52.
61 Grégorius de Tours, Hist. Franc. X 31, 5 (MGH Script RerMerovI2530).
62 Id., Hist. Franc. X 31, 19 (MGH ScriptRerMerov I2 535). Sur ce sanctuaire, plutôt que de se reporter à M. Vieillard- Troiekourof , Les monuments religieux de la Gaule d'après les uvres de Grégoire de Tours (1976) 309, v. L. Pietri, Bâtiments et sanctuaires annexes de la basilique Saint- Martin de Tours à la fin de Vie siècle. Rev. d'hist. de
l'Église de France 62, 1976, 232-234 et à la notice sur Tours dans : La topographie chrétienne des cités de la Gaule, exemplaire dactylographié et diffusé par l'Univ. de Nan- terre (1974) 100-101.
63 Acta SS Novembris II 2 (1931) 191.
64 Hist. Franc. V 11 (MGH ScriptRerMerov I2 205-206). - P.-A. Fournier, Clermont-Ferrand au Vie siècle. Recherches sur la topographie de la ville, dans : BECh 128 (1971) 291-293.
65 ILChVno. 1841.
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