Alain Fonteneau, Alain Gubian

La relance de 1981-1982 a eu des effets macroéconomiques plus durables (respectivement + 0,3 % en 1981, + 0,9 % en 1982 et + 0,5 % en 1983 sur le taux de croissance du PIB en volume) du fait de son caractère structurel.

En comparant la période 1981-1982 aux années 1975-1976, comme il est fait dans les graphiques de l'annexe, on constate que l'effet des exportations en 1982 a été l'inverse de celui de 1976. Par contre le mouvement de stocks est très similaire, l'année 1981 connaissant un fort déstockage, mouvement qui s'inverse en 1982 (7) (contribution à la croissance négative de 1,8 point en 1981 et positive de 1,6 point en 1982).

Relance et contrainte extérieure

La politique économique de 1974 a joué un rôle plutôt procyclique. La politique restrictive a accompagné la récession mondiale. Les mesures de soutien ont été prises tardivement, et les aides fiscales à l'investissement ont agi avec retard. La mise en œuvre du plan de développement de l'économie française a correspondu au redémarrage du commerce mondial. Celui-ci a été favorisé par les politiques expansionnistes de l'ensemble de nos partenaires. Grâce à quoi la contrainte extérieure, sur laquelle bute toute politique de relance en France, a été allégée.

C'est l'inverse qui est advenu en 1981-1982. La dégradation du solde extérieur, dont les variations ont été de même sens qu'en 1976, a été amplifiée. La politique économique de la France s'est heurtée cette fois à celle de ses partenaires. Par contre en 1979 et 1980 la France avait bénéficié de la politique de relance de la RFA.

A l'heure actuelle une politique restrictive est en œuvre, afin de résorber le différentiel de croissance observé entre la France et ses partenaires en 1981-1982. Les politiques économiques suivies dans les autres pays d'Europe sont, pour des raisons diverses, également déflationnistes, du moins sur le plan budgétaire. Comme le note un autre article de cette revue (voir [5]), ce jeu non coopératif renforce l'aspect dépressif des politiques restrictives menées dans chaque pays.

A partir du moment où les Etats-Unis auront cessé de tirer la croissance européenne, seule une politique concertée des pays européens tant budgétaire que monétaire, pourrait être en mesure d'arrêter la croissance du chômage, mais ceci est une autre histoire.

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