468 LA MORTALITÉ DES MAROCAINS EN FRANCE
Conclusion
Pour mesurer les différences de mortalité par cause entre immigrés marocains et France, nous avons d'abord essayé d'évaluer la complétude des décès des immigrés, et de les redresser à l'aide d'une méthode indirecte. Évidemment, sous l'hypothèse de retours au pays de malades en phase terminale, ce sont les décès de maladies de longue durée qui sont le plus sujets au biais, alors que les morts violentes ne devraient pas l'être du tout. Mais un redressement variable suivant la cause était en pratique très difficile à mettre en œuvre. Soulignons, pour renforcer notre position, que les deux séries de résultats, celle basée sur les effectifs non redressés, et celle basée sur les effectifs redressés, sont présentées : dans aucun cas le redressement ne change la direction des différences entre Marocains et France entière, ni sa significativité.
La proportion plus élevée de décès de cause indéterminée chez les immigrés a conduit à redistribuer ceux-ci entre les groupes de causes bien définies. De plus, la prise en compte d'une période longue (13 années) a permis de disposer d'effectifs suffisants pour mener à bien une analyse détaillée des causes de décès. En dernier lieu, la modélisation log-linéaire des taux de mortalité a fourni un bon résumé des différences, sous forme d'estimations de rapports de mortalité, ajustés pour l'âge et la période, et a facilité le test de la signification statistique des différences.
Ainsi les sources potentielles de biais ont été neutralisées, mais les facteurs de confusion les plus évidents ne l'ont pas été : en effet, les immigrés marocains en France sont concentrés dans certaines zones géographiques, en particulier en proche banlieue parisienne'67', et la plupart d'entre eux sont des ouvriers, notamment dans le secteur de la construction automo- bile(68). Toutefois il n'était pas possible d'incorporer un indicateur socio- économique dans l'analyse, la catégorie socio-professionnelle n'étant pas spécifiée sur le bulletin de décès après l'âge de la retraite, aux âges où ont lieu la majorité des décès. En outre, la position sociale des Marocains aurait dû exposer ceux-ci à une surmortalité'69' ; c'est l'inverse qui est observé, pour les hommes du moins. Une comparaison à milieu socio-professionnel équivalent aurait par conséquent amplifié l'étendue de la sous-mortalité.
En dehors des causes extérieures de traumatismes et empoisonnements, les hommes ne présentent de surmortalité que pour les anomalies congénitales et la tuberculose, et bénéficient d'une sous-mortalité pour la majorité