NOTES DE LECTURE 1 57

soins, le concept d'« ordre négocié » proposés par Strauss, conduisent à envisager la thérapie, produit médical recherché par le patient lors de sa démarche de recours aux soins, non pas comme la mise en œuvre par le médecin d'un cheminement organisé d'actes, préalablement réfléchi et (plus ou moins) optimalisé, mais comme une action ou, plus précisément, comme une interaction entre le médecin et son patient, ce qui implique qu'à tout moment un jugement doive être porté sur ce qu'il convient de faire au cas par cas et ce, d'autant plus que l'issue est plus incertaine. La réalité sociale du fait médical, du « produit médical » à évaluer, serait ainsi sans cesse construite au cours d'un processus, la consultation médicale, où n'interviennent pas seulement deux individus singuliers mais également un contexte macro-social marqué par l'état des connaissances et des techniques médicales, les contraintes économiques et financières. La perception des rationalités sous-jacentes comme la recherche de procédures d'optimisation de l'efficience s'en trouvent considérablement affectées comme la pertinence et la validité des mesures proposées. Certes l'affirmation de la nécessité d'enrichir l'analyse de la rationalité pour mieux rendre compte des comportements économiques connaît actuellement en économie d'importants développements à la suite des travaux de H. Simon, qui commencent à être appliqués à l'économie de la santé (4), mais ces initiatives restent pour l'instant essentiellement programmatiques. La lecture des travaux d'Anselm Strauss pourrait conduire l'économie de la santé à un retour productif au terrain qu'elle a peut-être trop souvent déserté.

RÉFÉRENCES

Références

Baszanger I., 1986, Les maladies chroniques et leur ordre négocié, Revue française de Sociologie, XXVII, 1, janvier-mars, 3-27.

Baszanger I., 1991, Déchiffrer la douleur chronique. Deux figures de la pratique médicale, Sciences Sociales et Santé, IX, 2, juin, 31-78. Simon H. A. et March, Les organisations, Dunod, Paris, 1977.