So Kono par Salif Keita

Chronique : So Kono - Salif Keita

Après un bon demi-siècle de carrière et de succès, d’abord au Mali puis dans le monde entier, Salif Keita tirait sa révérence discographique en 2018 avec Un Autre Blanc, qu’il annonçait comme son ultime album. Il revient finalement à l’enregistrement avec So Kono, mais en osant ce qu’il n’avait jamais fait avant : un disque sur une base guitare-voix acoustique et intimiste, qui sonne en solo même s’il n’y est jamais complètement seul. Salif Keita a longtemps été un des poids lourds de la world music : une musique d’origine extra-occidentale, mais mondialisée, jouée et commercialisée avec les codes de la pop. Plus qu’un fantasme de retour aux sources ou de projet ethno-musicologique, So Kono est toujours un album de world music, mais dans les coulisses. Le maître chanteur malien a enregistré ces chansons dans sa chambre d’hôtel à Kyoto, alors qu’il participait à un festival au printemps 2023. Longtemps réfractaire à l’idée de faire un album acoustique en guitare-voix, il aurait été inspiré par la zénitude du Japon et de son environnement. Autour de lui, ses musiciens, qui tissent un léger tapis de musique acoustique. Sur lequel s’envolent les mélodies et la voix toujours exceptionnelle de Salif Keita, mélange de vulnérabilité et de puissance, comme un croisement mandingue entre Skip James et James Brown. Sur ce disque qui sonne comme un classique de folk africain, garanti sans surproduction ni arrangement périssables, on entend et redécouvre toute l’intensité et les subtilités du chant et des chansons de Salif Keita, et c’est précieux. © Stéphane Deschamps/Qobuz