Il est toujours tiré sur les presses de l’imprimerie Chaix et la maquette ne change pas : 4 pages en couleurs et 4 pages en noir et blanc. Le bandeau–titre est stable depuis 1949.

En dernière page on retrouve depuis plusieurs années déjà le même trio de noms de l’équipe dirigeante : Jean Pihan, Gaston Courtois et Cyrille Rivière qui sont cités respectivement comme directeur délégué aux publications, président du conseil d’administration et membre du comité de direction.

Les numéros à 12 pages de l’année antérieure auront été finalement une expérience de courte durée. Tous les numéros de 1953 ont 8 pages à l’exception de ceux de Pâques et de Noël, comme c’était déjà le cas avant 1951. Cette “régression” n’est ni mentionnée ni expliquée. En compensation, les numéros repassent à 20 F (25 F pour les numéros de 12 pages). Pour autant, les rubriques « Réservé aux grandes » et « Au carrefour des grands » sont conservées à un rythme mensuel mais leur taille et leur contenu sont rapetissés. La publicité perd aussi un peu d’espace.

L’entrée progressive des lecteurs dans la société de consommation se poursuit. On peut en prendre la mesure par quelques détails qui peuvent paraître anodins mais sont réellement significatifs. La rubrique ménagère de Tante Camille, par exemple, qui jusqu’ici présentait des astuces et des savoir-faire propose maintenant plus volontiers l’acquisition d’outils disponibles dans le commerce et vus au salon des Arts ménagers. La rubrique s’intitule désormais « La ménagère moderne ». Le vent de la modernité souffle en effet sur le journal et pas seulement dans le domaine ménager. Titré « Au siècle de la vitesse », un article du numéro 18 présente une voiture (la Vedette 53 de Renault), un avion (le Comet à réaction) et du matériel agricole (la trayeuse électrique) tous trois à la pointe de la modernité.

La revue elle-même recherche des moyens modernes pour se développer et s’inscrire dans le sens du progrès. En 1953, elle le fait de plusieurs façons originales. Tout d’abord, une courte bande dessinée de Roger Rochelle raconte en 12 cases dans le numéro 14 la naissance d’un numéro du journal, depuis les réunions de la rédaction jusqu’à l’expédition du journal aux 160.000 abonnés revendiqués, en passant par l’impression sur les rotatives de l’imprimerie Chaix. Le numéro 20 annonce en couleurs la parution du premier album Fleurette, cette collection au format à l’italienne entièrement consacrée aux aventures de Sylvain et Sylvette qui aura la vie longue. À partir du numéro 22 une série de 8 strips assure la promotion des autres albums Fleurus. Erik crée spécialement pour l’occasion le personnage du commissaire Picablo dans une première aventure intitulée « Les Chasses du Commissaire Picablo ». Le numéro 38 fait part de la naissance de Sylvain sous la forme d’une poupée. Celle de Sylvette existait déjà depuis l’année précédente. C’est maintenant deux poupées que le lecteur est invité à commander. Un reportage dans le numéro 49 dévoile les dessous de leur fabrication et les numéros suivants consacrent souvent leurs idées de couture et tricot à habiller les deux mascottes. Enfin, un « grand référendum » est lancé auprès des lecteurs dans le numéro 40, duquel il ressort dans le numéro 43 que les lecteurs veulent à 97 % ressembler aux Indégonflables de Chantovent.

Les rubriques rédactionnelles évoluent peu. « Ohé les grands et grandes » opère parfois la synthèse de « Réservé aux grandes » et « Au carrefour des grands », même si ces rubriques subsistent. Seulement Ellen est devenue Hélène. La rubrique philatélique de Jean Legeais (aka Oncle Phil) souvent intitulée « Dans le sac aux timbres » devient « Le Coin du collectionneur » puis « Jeunes collectionneurs » et passe dans les mains d’A. Mathelin. La rubrique « Que s’est-il passé ? » qui, en page 2 depuis 1950, évoquait très régulièrement – en quelques lignes et un tout petit dessin – un évènement survenu le jour et mois de la parution du journal, fait sa dernière apparition dans le numéro 25.

Côté auteurs et plus précisément dessinateurs, on peut déplorer la disparition de signatures de qualité émanant de Calvo, de Gervy, ou de Robert Rigot. Aucun d’eux n’était de toute façon un auteur attitré du journal. On peut se réjouir par contre, dans le registre réaliste, de la présence confirmée de Manon Iessel comme de celle d’Yvan Marié, tous deux apparus dans le journal l’année précédente. Dans le registre comique, l’arrivée de Robert Moreau est bienvenue. D’entrée, il propose dans son style très reconnaissable plusieurs strips, gags et courtes bandes dessinées tout en illustrant contes, nouvelles et articles documentaires.