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dimanche 2 janvier 2011

A petits pas... l'an nouveau




En préparant le billet “2011”, j’ai pensé à une comptine que l’on entendait parfois dans les cours d’école lorsque les IPod n’étaient pas encore nés.

«Grand-mère aimes-tu ?»

Si les participants trouvaient les gourmandises préférées de l’enfant qui jouait la grand-mère, ils pouvaient avancer de quelques pas dans sa direction.
En général, le choix des aliments était vite fait, car la plupart des joueurs avaient une prédilection pour les menus savoureux “frites-hamburgers-pizzas”. En revanche, celui qui se permettait de nommer un légume devait essuyer les foudres de la soi-disant grand-mère.
Ainsi, à chaque fois qu’un participant posait la question rituelle  «Grand-mère aimes-tu ... (par exemple) les bonbons au chocolat?», celle-ci lui permettait d’avancer de (par exemple) trois pas

de géant si elle adorait
de tortue si elle aimait beaucoup
de souris si elle aimait un peu.

Par contre, si la grand-mère détestait les bonbons au chocolat (par exemple!), elle imposait au joueur de rester sur place ou de reculer de quelques pas, le nombre choisi dépendant du degré de son aversion.

{Vous me suivez ?
Tiens, tiens, mes explications ressemblent de plus en plus à celles de Perceval dans Kaamelott lorsqu’il propose un jeu pratiqué dans son pays... }


Le but de la partie de “Grand-mère aimes-tu ?” était de parvenir à lui prendre sa place, paradigme social vieux comme la civilisation...

Cependant, gare à celui qui oubliait de dire “MERCI Grand-mère !” Il avait déjà perdu la partie, mère-grand lui intimant l’ordre de retourner sur la ligne de départ.







La métaphore du jeu de “Grand-mère aimes-tu ?” correspond bien à une certaine idée que je me fais de la vie ici-bas : n’est-elle pas constituée de multiples pas acquis grâce à nos expériences, nos rencontres, nos réussites et nos échecs aussi : les petits ou les grands pas nous font à coup sûr grandir, avec conscience ou non.
Et si, dans la Vie, oublier de remercier nous empêchait d’aller de l’avant ?


Merci à vous tous qui êtes de passage, à vous tous qui suivez fidèlement mes billets, l’intérêt que je porte à la rédaction de mon blog dépendant directement de vos visites.

mercredi 27 octobre 2010

Ballenberg: dernières cartes postales




«Au Ballenberg, il était une fois la Suisse. Plus de 100 maisons originales, vieilles de plusieurs siècles, provenant de toutes les régions du pays, deux cent cinquante animaux de ferme de races indigènes, des jardins et des champs entretenus comme autrefois, des démonstrations d’artisanat traditionnel et de nombreuses manifestations thématiques vous permettront de revivre le passé «comme si vous y étiez»!

Page d'accueil “Bienvenue” du site
www.ballenberg.ch Musée suisse de l'habitat rural


La saison touristique prend fin dans quelques jours au domaine de Ballenberg. Les portes des maisons, des étables et des ateliers  resteront closes durant tout l’hiver. Avec leurs volets fermés et leurs cheminées glacées, les belles demeures retrouveront le silence éternel d’autrefois.
Le Passé tire sa révérence durant cinq mois.



Cette année encore, j’ai succombé à la tentation de visiter ces lieux désuets. Leur rusticité ainsi que leur charme me permet d’effectuer un travail de mémoire. Même si je n’ai pas connu les conditions de vie décrites dans ces différentes demeures, j’ai eu l’occasion d’écouter les récits des anciens : grands-parents, oncles et tantes ont su nous raconter les gestes et les objets qui ont habité leur quotidien.



Rustique, disais-je. Lorsque je revois la citerne devant la maison jurassienne, à côté de son jardin potager, je réalise une fois de plus que la notion de Temps a changé. Quelle différence entre le simple geste d’ouvrir le robinet de la cuisine et toutes les activités pour prélever l’eau de la citerne: prendre une jarre, se rendre au puits, faire coulisser la chaîne, remonter le seau plein...



Charmant, disais-je. Tout ce qui est ancien, souvent obsolète, comme le jeu de plots aux faces recouvertes d’images ou la dînette en fer, tout ce qui appartient au temps du musée a du charme car les objets devenus ici inutiles sont restés beaux. Je m’interdis de comparer ces meubles ou ces ustensiles  anciens à ce qui fait l’efficacité de ma cuisine moderne, sinon le charme se rompt : les vieux objets révèlent leurs défauts au lieu de conserver leur valeur d’œuvre d’art ... d’une époque lointaine.



La déambulation dans les couloirs, les chambres et les caves se fait sans crainte : ni seuil fendu ni escalier tronqué. Le travail de reconstitution  a été réalisé avec soin et précision. D’ailleurs, je n’ai ressenti aucune présence de fantômes ou d’hôtes revenants. Les maisons, provenant des quatre coins du pays, ont été démontées poutre après poutre. Les pierres des murs descellées et numérotées ont probablement découragé les esprits à accompagner la demeure sur un autre sol !



D’ici peu de temps, la neige recouvrira les toits, mais les cheminées ne fumeront pas : c’est le sort de tout habitat appartenant à un musée, à un passé définitif.







Ballenberg, Musée suisse de l’habitat rural
Clôture 31 octobre 2010
Ouverture 15 avril 2011

vendredi 4 décembre 2009

Le 6 décembre, fête de Saint-Nicolas: un mythe? une légende? une TRADITION!








Eux aussi, ils attendent Saint-Nicolas!














La tradition dont je vais parler a pour cadre la ville de Fribourg, en Suisse.
Saint-Nicolas en est le patron  et la cathédrale porte son nom.

Le premier samedi de décembre a lieu le célèbre cortège de la Saint-Nicolas. Le saint est vêtu de blanc et porte la mitre, symboles épiscopaux. Il parcourt les rues de la ville juché sur un âne. Une foule immense, évaluée à 20 000 personnes  certaines années, attend son passage pour recevoir pains d’épices, noix et oranges. Ceux qui sont le plus près du cortège tentent de caresser l’âne.
Jusqu’en 1764, le rôle du saint était tenu par un écolier. En 1906, la tradition fut rétablie par le Collège Saint Michel : dès lors un gymnasien emmène le cortège jusqu’au parvis de la cathédrale. À ce moment, il prononce un discours contenant les faits marquants de la ville, événements traités avec esprit et humour. La fête se poursuit avec un feu d’artifice et une énorme bataille de confettis. 


Les ouvrages qui traitent de sa “biographie” signalent que Nicolas fut évêque de Myre (en Asie mineure) vers 312.
«Le 6 décembre, date supposée de sa mort, ne devint fête officielle de l’Eglise qu’au Xème siècle. Les nombreux miracles qui eurent lieu sur sa sépulture donnèrent naissance à une foule de légendes, comme celle des trois écoliers assassinés que le saint ressuscita, celle de la tempête qu’il aurait apaisée lors d’une traversée vers l’Egypte ou encore celle des trois jeunes filles qu’il aurait dotées d’or pour leur permettre de se marier et d’échapper à la prostitution. C’est ainsi que le bon évêque devint le protecteur des écoliers, des marins et des jeunes filles.»
(Sources : Coutumes et fêtes suisses, Editions Mondo)

Le 6 décembre, Saint-Nicolas ou Père Noël ?? Confusion !

N’avez-vous jamais connu cette interrogation lorsque vous aviez l’occasion de rencontrer, le 6 décembre, un bonhomme habillé de rouge, bonnet y compris, avec une longue barbe blanche et une hotte dans le dos ?
Avec mon esprit encore enfantin, je m’interroge toujours : celui qui parfois descend de son hélicoptère, est-ce Saint-Nicolas ou ... déjà Père Noël ? Ce jour-là (cette année, le samedi 5 décembre), en ville, c’est une véritable armada de Saint-Nicolas ou ... de Père Noël que l’on croise sur les marchés ou à l’entrée des centres commerciaux. Mais point d’âne, ou si peu. Toute la population “ânesque” ne suffirait pas pour accompagner tous ces bonshommes qui jouent à Saint-Nicolas ou ... au Père Noël.
Alors, pour résoudre ce problème (personnel), je décide que, dorénavant, le 6 décembre (ou le 5), le bonhomme à barbe blanche qui porte une MITRE sur la tête, c’est le VRAI Saint-Nicolas ! Les autres sont des Pères Noël qui se sont trompés de date !

Le jour où je n’ai plus cru au Père Noël ... ou à Saint-Nicolas

J’ai vécu les huit premières années de mon enfance à Zurich, dans un quartier périphérique (à l’époque) et assez populaire.
Ce canton a encore de nombreuses traditions qui perdurent telle que Räbechilbi, soit la nuit des lampions de raves sculptées, Sechseläuten où l’on met le feu au bonhomme Hiver.
Lorsque j’y habitais, la Saint-Nicolas n’échappait pas à la tradition tout en étant moins festive que les autres fêtes. Le soir, nous les enfants, nous avions la permission de sortir autour de la maison, dans l’espoir de rencontrer le Saint-Nicolas qui nous distribuerait pains d’épices et chocolat. Bien sûr, il faisait nuit et cela nous angoissait, d’autant plus que les plus grands s’amusaient à nous faire peur en se cachant derrière les arbres ou en surgissant des locaux à vélos en hurlant. Nous attendions le passage du saint avec patience. On entendait parfois un petit carillon de clochettes, celles de l’âne. Alors, nous étions sûrs qu’il n’allait pas tarder.
Cependant, nous devions affronter la méchanceté du Père Fouettard qui précédait l’arrivée de Saint-Nicolas. J’ai appris plus tard —lorsque j’ai réellement perdu la foi en Saint-Nicolas— que nos concierges prenaient plaisir à se déguiser ce soir-là pour nous effrayer ou pour se venger des bêtises que l’on avait faites durant l’année sur leurs pelouses.
Une année, nous avons vu Saint-Nicolas. Il avançait lentement avec son petit âne sous le halo des lampadaires. Pris d’une réelle dévotion. nous nous sommes avancés dans sa direction. L’un d’entre nous, le plus courageux, s’est approché, lui a parlé et il est revenu vers nous, un peu déconfit. Saint-Nicolas ne pouvait rien nous donner. Il avait été “commandé” par une famille qui devait le payer.

Ce jour-là, j’ai perdu la foi en Saint-Nicolas : un Saint-Nicolas qui ne donnait qu’aux riches ne pouvait être qu’un faux.


(Autre source : Ethnologie de Noël, Une fête paradoxale, Martyne Perrot, Grasset, 2000)