Eux aussi, ils attendent
Saint-Nicolas!
La
tradition dont je vais parler a pour cadre la ville de
Fribourg, en Suisse.
Saint-Nicolas en est le patron et la cathédrale porte son nom.
Le premier samedi de décembre a lieu le célèbre cortège de la Saint-Nicolas. Le saint est vêtu de blanc et porte la mitre, symboles épiscopaux. Il parcourt les rues de la ville juché sur un âne. Une foule immense, évaluée à 20 000 personnes certaines années, attend son passage pour recevoir pains d’épices, noix et oranges. Ceux qui sont le plus près du cortège tentent de caresser l’âne.
Jusqu’en 1764, le rôle du saint était tenu par un écolier. En 1906, la tradition fut rétablie par le Collège Saint Michel : dès lors un gymnasien emmène le cortège jusqu’au parvis de la cathédrale. À ce moment, il prononce un discours contenant les faits marquants de la ville, événements traités avec esprit et humour. La fête se poursuit avec un feu d’artifice et une énorme bataille de confettis.
Les ouvrages qui traitent de sa “biographie” signalent que Nicolas fut évêque de Myre (en Asie mineure) vers 312.
«Le 6 décembre, date supposée de sa mort, ne devint fête officielle de l’Eglise qu’au Xème siècle. Les nombreux miracles qui eurent lieu sur sa sépulture donnèrent naissance à une foule de légendes, comme celle des trois écoliers assassinés que le saint ressuscita, celle de la tempête qu’il aurait apaisée lors d’une traversée vers l’Egypte ou encore celle des trois jeunes filles qu’il aurait dotées d’or pour leur permettre de se marier et d’échapper à la prostitution. C’est ainsi que le bon évêque devint le protecteur des écoliers, des marins et des jeunes filles.»
(Sources : Coutumes et fêtes suisses, Editions Mondo)
Le 6 décembre, Saint-Nicolas ou Père Noël ?? Confusion !
N’avez-vous jamais connu cette interrogation lorsque vous aviez l’occasion de rencontrer, le 6 décembre, un bonhomme habillé de rouge, bonnet y compris, avec une longue barbe blanche et une hotte dans le dos ?
Avec mon esprit encore enfantin, je m’interroge toujours : celui qui parfois descend de son hélicoptère, est-ce Saint-Nicolas ou ... déjà Père Noël ? Ce jour-là (cette année, le samedi 5 décembre), en ville, c’est une véritable armada de Saint-Nicolas ou ... de Père Noël que l’on croise sur les marchés ou à l’entrée des centres commerciaux. Mais point d’âne, ou si peu. Toute la population “ânesque” ne suffirait pas pour accompagner tous ces bonshommes qui jouent à Saint-Nicolas ou ... au Père Noël.
Alors, pour résoudre ce problème (personnel), je décide que, dorénavant, le 6 décembre (ou le 5), le bonhomme à barbe blanche qui porte une MITRE sur la tête, c’est le VRAI Saint-Nicolas ! Les autres sont des Pères Noël qui se sont trompés de date !
Le jour où je n’ai plus cru au Père Noël ... ou à Saint-Nicolas
J’ai vécu les huit premières années de mon enfance à Zurich, dans un quartier périphérique (à l’époque) et assez populaire.
Ce canton a encore de nombreuses traditions qui perdurent telle que Räbechilbi, soit la nuit des lampions de raves sculptées, Sechseläuten où l’on met le feu au bonhomme Hiver.
Lorsque j’y habitais, la Saint-Nicolas n’échappait pas à la tradition tout en étant moins festive que les autres fêtes. Le soir, nous les enfants, nous avions la permission de sortir autour de la maison, dans l’espoir de rencontrer le Saint-Nicolas qui nous distribuerait pains d’épices et chocolat. Bien sûr, il faisait nuit et cela nous angoissait, d’autant plus que les plus grands s’amusaient à nous faire peur en se cachant derrière les arbres ou en surgissant des locaux à vélos en hurlant. Nous attendions le passage du saint avec patience. On entendait parfois un petit carillon de clochettes, celles de l’âne. Alors, nous étions sûrs qu’il n’allait pas tarder.
Cependant, nous devions affronter la méchanceté du Père Fouettard qui précédait l’arrivée de Saint-Nicolas. J’ai appris plus tard —lorsque j’ai réellement perdu la foi en Saint-Nicolas— que nos concierges prenaient plaisir à se déguiser ce soir-là pour nous effrayer ou pour se venger des bêtises que l’on avait faites durant l’année sur leurs pelouses.
Une année, nous avons vu Saint-Nicolas. Il avançait lentement avec son petit âne sous le halo des lampadaires. Pris d’une réelle dévotion. nous nous sommes avancés dans sa direction. L’un d’entre nous, le plus courageux, s’est approché, lui a parlé et il est revenu vers nous, un peu déconfit. Saint-Nicolas ne pouvait rien nous donner. Il avait été “commandé” par une famille qui devait le payer.
Ce jour-là, j’ai perdu la foi en Saint-Nicolas : un Saint-Nicolas qui ne donnait qu’aux riches ne pouvait être qu’un faux.
(Autre source : Ethnologie de Noël, Une fête paradoxale, Martyne Perrot, Grasset, 2000)