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vendredi 28 février 2014

Brazil (3) Beija flôr


Petit prince du jardin,
«Beija flôr»
nous observe sur sa branche.



Il se laisse approcher,
il est chez lui et nous,
nous sommes de passage.

Soudain, comme une flèche,
il file au-dessus de nos têtes.
Je crois avoir entendu son appel :
un coup de sifflet, court et roulé.



Amoureux des fleurs du parterre,
Beija flôr leur fait la cour
et les embrasse toutes :

les orange, les roses et les bleues.

monic

dimanche 2 février 2014

Brazil (2) Sécurité



A mon passage il a aboyé. Travail de gardien de propriété.

Les chiens errants se déplacent en meute dans le village.
Tôt le matin, leur rencontre peut être inquiétante.


Murs hauts et bardés de tessons de verre ou terminés par une clôture électrifiée,
portails cadenassés, lieux sous surveillance policière.

Des coups de feu ont retenti au loin dans la nuit.


Messire chat est en sécurité à l'intérieur.
Son maître l'adore et lui tient de longs discours.



A l'abri dans le jardin paisible et reposant,
le bruit reconnaissable d'un pic interrompt ma sieste.

L'affût est idéal: je le vois et il ne m'aperçoit pas (enfin, je crois...).

monic

samedi 25 janvier 2014

Brazil outubro 2013

Un banc sous la tonnelle
Qui attend l'aventurière
De passage un soir d'automne

( ... l'automne, c'est de l'autre côté de l'océan...)

De passage un soir de transition saisonnière
Était-ce le printemps ou déjà l'été?


La fraîcheur des fleurs roses
- qui ne sont pas des roses -

Ralentit le pas de la promeneuse
Dans le bruit strident de la cigale indigène


Le couple devant la pousada ne craint
ni la photographe patiente
ni le chien errant
ni la voiture préhistorique.

Les deux "João de barro” se relaient assidûment.




monic


jeudi 31 mai 2012

Pas de petites pies ...


(6)


... mais...


... des poussins merles !

J’ai attendu, observé, pris des précautions afin de ne pas apeurer le couple de pies : rien en vue ! Les pies ont bien nettoyé la pelouse des gastéropodes qui traînaient par-ci par-là, mais de leur nid ne provenait aucun piaillement, hélas.

Le jardin s’est recouvert de pissenlits, puis de cardamines et maintenant le plantain est le roi de notre “prairie”, nom que je donne à toute cette végétation qui entoure la maison et qui depuis quelques années ne ressemble plus, heureusement, au traditionnel gazon typique du quartier.

Alors que je taillais quelque arbuste qui avait souffert du gel de cet hiver, j’observais de temps en temps, l’air de rien pour lui faire croire que je ne l’avais pas remarquée, une merlette qui trottinait dans l’herbe le bec chargé de bons vers de terre. Une quantité de vers qui ne devait pas constituer son repas personnel. C’est alors que j’aperçus sous les branches les plus basses du thuya, une boule de plumes et un bec grand ouvert. Ni une ni deux, la merlette, après avoir nourri l’affamé repartit à la chasse aux petites bêtes alors que son rejeton impatient la suivait en criaillant.



Le lendemain matin, le mâle s’était attelé à la corvée du nourrissage car deux autres frérots (ou soeurettes ?) se cachaient dans les feuilles mortes de la charmille. Ils étaient plus discrets que le premier poussin mais aussi plus petits, peut-être moins bien nourris...




Depuis nous sommes partis en vacances découvrir une autre flore, plus sauvage encore.

À notre retour, plus de poussin, mais des merles bruns et un noir : ont-ils grandi si vite en dix jours qu’il devient difficile de les distinguer de leur mère ?
La guerre entre merles et pies connaît aujourd’hui une plus grande intensité et le territoire devient petit avec toute cette avifaune qui nous remplit de joie.
Trois familles voltigent d’arbre en arbre : les mésanges noires, les mésanges bleues et les rouges-queues. Leur trajet est toujours le même : les passereaux quittent le grand pin-refuge et s’arrêtent sur le cognassier pour encore traverser lentement la glycine sous laquelle poussent quelques tournesols, graines rescapées de l’hiver. Ils font une pause sur les pommiers : à ce passage, ou ils retournent sur le pin ou ils poursuivent jusqu’au prunier mais ne s’attardent plus sous le bouleau, royaume du couple de pies.       



 
        

mardi 10 avril 2012

Histoire de pies


(5) 



Le nid –en haut du bouleau– a reçu quelques visites de locataires intéressés par la vue à 360° qu’offrait ce magnifique “home sweet home”. Les pies et corneilles, à tour de rôle ou ensemble, en ont fait le tour, parfois en bon voisinage, parfois à grands cris conquérants.


Un matin de grand vent, les deux pies ont gagné !




La prudente corneille a peut-être jugé que le balancement des troncs élancés suffirait à donner le tournis à sa future progéniture. À moins que le nid trop haut placé ne présente pas un abri suffisant sous les averses et giboulées d’avril.


Ainsi, depuis bientôt trois semaines, les pies ont renforcé leur espace de nidification en tentant souvent avec succès de casser les branches qui dépassaient de la haie de charmille. Très souples et encore dénuées de feuilles, ces brindilles se plient facilement alors que les branches du bouleau tombées durant l’hiver sont très cassantes.


Durant ce travail de rénovation, les pies étaient farouches : elles s’envolaient dès qu’elles voyaient une ombre qui s’approchait de la fenêtre pour les observer.


Maintenant le nid est prêt : on ne distingue plus le ciel à travers la cloison. On a bien vu un ou deux milans noirs planer au-dessus, même un faucon (crécerelle ?). Est-ce une forme de repérage pour un futur pillage d’œufs ?

Les pies occupent de temps en temps le nid, mais elles se perchent le plus souvent sur les arbres environnants : le grand tuya ou le pin au sud, le cerisier des voisins ou un pin parasol au nord, un noyer de l’autre côté de la route à l’ouest. Passant d’un de ces points d’observation à un autre, elles font à chaque fois un arrêt sur le bouleau auprès de leur nid.

Un jour, nous avons observé trois pies autour du nid : deux avaient une queue plus courte (femelles) que la troisième. Ménage à trois ?



Leurs cris sont différents : elles ne jacassent plus comme d’habitude. Perchée sur le faîte du tuya, la femelle chuinte ou gazouille et le mâle se rapproche en imitant le même cri. C’est la période amoureuse des pies. Si l’entente est parfaite, la femelle devrait bientôt pondre (entre mi-avril et mi-mai). La couvaison dure 17 à 19 jours. Ainsi dans une quarantaine de jours ou plus, nous devrions entendre de nouveaux cris tout en haut du bouleau.

En espérant que la corneille, le milan ou l’écureuil n’aient pas la mauvaise idée de rendre visite aux oeufs !!  

lundi 4 octobre 2010

Vendémiaire rouge






Dernière image d’une parcelle d’été
Sur le sable encore chaud
les uns achèvent leur château

Tandis que les flamants passent et repassent
Roses et blancs dans l’eau frissonnante




Est-ce de la feuille ou de la graine
que jaillit son plus grand orgueil ?

A l’aube de la saison embrumée
l'inconnue achève sa course au soleil




jeudi 8 juillet 2010

Petit poème




Quand l’hirondelle s’en ira
au sud où il ne fait pas froid
je la regarderai sur le ciel gris bleu
du moiré de son aile me dire adieu

Je n’aime pas cette chaleur de plomb
je secouerais cette Terre à fond
un autre chemin j’inventerais alors
où le sud deviendrait enfin le nord

Si un jour l’hirondelle de son exil prend la route inverse
que son roulis au-dessus des océans doucement me berce


A bientôt

jeudi 27 mai 2010

Faire la cane ou se soumettre?


Mardi 25 mai. Deuxième journée (presque) estivale. Je pars en repérage sur le Sentier des rives du lac à la recherche de couples de cygnes couvant ou maternant.
Deux œufs par-ci, deux œufs par-là, trois oisillons plus loin, une famille de six en apprentissage de toilettage sur la rampe de la batellerie. Les adultes sont tellement préoccupés par leur travail qu’ils en sont devenus moins sauvages et se laissent contempler dans leur nid.

Tout est calme : le lac est un miroir, les morillons et les nettes sont absents, envolés vers d’autres rivages pour mieux achever le rite de la reproduction ?

Disparue l’excitation d’il y a quinze jours : les canes ont retrouvé un semblant de paix, l’instinct chasseur des mâles s’étant apaisé. J’imagine que la période printanière est particulièrement stressante pour les femelles appelées à choisir ou à retrouver leur partenaire. Les jeunes en âge de procréer sont hardis et conquérants. La cane n’a parfois pour unique solution que le plongeon.
Le comportement d’un groupe de morillons dans la baie de Montreux m’a impressionnée : seule parmi sept mâles, la cane a effectué en volant une dizaine d’allers-retours sur deux cents mètres, poursuivie par ses courtisans. À chaque fois qu’elle se posait sur l’eau un morillon se précipitait sur elle. Et à chaque fois elle plongeait. Etait-ce un rite ou une fuite ?



Faire la cane est une expression qui signifie s’esquiver devant le danger
(Dictionnaire des expressions idiomatiques, M. Ashraf et D. Miannay, Le Livre de Poche).

Claude Duneton précise que cette vieille expression fait allusion au «plongeon à l’approche du danger» et qu’elle (...) a donné le verbe caner qui veut dire «reculer, fuir».
(La Puce à l’oreille, C. Duneton, Stock)



Et nous, humains, nous arrive-t-il de faire la cane, de fuir devant le danger ?
Selon l’éducation que nous avons reçue ou selon notre tempérament, nous avons appris plus ou moins à nous battre devant l’adversité. Certains ont même reçu l’adjonction de se défendre face au danger. Or, la définition du mot “danger” contient bien la notion de “menace qui compromet l’existence de quelqu’un”.
Ainsi, cette vieille expression nous inciterait-elle à reculer au lieu de combattre une situation où notre vie est menacée. Cependant, je ne vous conseille pas de l’utiliser légèrement car il semble que faire la cane relatait plutôt l’attitude d’un homme lâche  et, de ce fait, avait une connotation humiliante.

Addendum
La préparation de cet article m’a été inspirée par une expérience professionnelle vécue qui, sans doute, trouvera un écho parmi d’autres personnes. La remémoration d’une impossibilité de réaction face à une situation frustrante et stressante a trouvé un lien avec la théorie d’Henri Laborit —L’inhibition de l’action— dont je vous cite un extrait écrit du film d’Alain Resnais “Mon Oncle d’Amérique” (1979). 

«On peut donc distinguer quatre types principaux de comportement :
le premier est le comportement de CONSOMMATION, qui assouvit les besoins fondamentaux,
le deuxième est un comportement de GRATIFICATION, quand on a l’expérience d’une action qui aboutit au plaisir, on essaie de la renouveler,
le troisième est un comportement qui répond à la PUNITION, soit par la FUITE qui l’évite, soit par la LUTTE qui détruit le sujet de l’agression,
Le dernier est un comportement d’INHIBITION, on ne bouge plus, on attend en tension et on débouche sur l’angoisse. Et l’angoisse c’est l’impossibilité de dominer une situation.»

(Sources : http://lionel.mesnard.free.fr + Avantitude)

mercredi 30 décembre 2009

Bonne année et soyons «gais comme des pinsons»!

L’article de Lucie (pardon, de Miss Parus caeruleus) consacré au pinson des arbres m’a soufflé l’idée d’une expression utilisée dans tout le monde francophone. En effet, le chant du pinson, dès le mois de février, retentit dans nos jardins et dans les forêts. Il a ceci de particulier qu’il a une forme mélodique plaisante, dynamique et dominatrice qui ne peut nous laisser indifférents.

Pourquoi dit-on : «Je suis gai comme un pinson» ?

Je ne résiste pas au plaisir de citer un écrivain oiselier du XIX ème siècle, nommé Eugène Rambert (1830-1886), professeur de littérature aux universités de Lausanne et de Zurich.

«Voyez-vous cet oiseau dont la gorge rosée brille entre les bourgeons verts prêts à s’épanouir en corolles? C’est le pinson — notre pinson — fils du printemps, hôte assidu des cerisiers, des poiriers, des pommiers et de tous les arbres à fruits qui peuplent la prairie. Il n’est point muet sur son rameau. De moment en moment il jette dans l’air une roulade qui retentit. Sa chanson n’est pas longue : mais la note en est vibrante, et il n’a pas moins de plaisir à la répéter cent fois que n’en ont les maîtres de l’art à varier leurs savantes mélodies. Dans tous les pays du monde, le pinson est le symbole de la joie. «Gai comme un pinson !» dit le proverbe, et vraiment il est difficile de se figurer une existence plus heureuse que celle de cet oiseau brillant, quand, au souffle de la brise printanière, il chante et voltige parmi les arbres fleurissants.»

(Sources : Chants d’oiseaux, Eugène Rambert, L’Age d’Homme, 1986 ; le texte original date de 1876)

Pour écouter le chant du pinson, suivez le guide ici

(Sources: www.oiseau-libre.net)





Non, pas de commentaire sur le choix de la photo, le chat étant le meilleur “ami” des oiseaux, comme tout le monde le sait.

vendredi 18 décembre 2009

Et c'est reparti! première neige de saison et rhume carabiné!
















Est-ce que

les canards

s'enrhument

aussi ????







Je me suis posé cette question en voyant les colverts se promener allègrement sur la neige fraîchement tombée. Ils soulèvent leurs pattes orange du duvet neigeux en les secouant hardiment (si, si je l’ai observé). Leur démarche est la même que sur terre ferme.  Et pourtant, je m’imagine les pieds nus sur cette masse froide et je grelotte d’avance. Je repose la question car j’ai gardé dans un petit coin mon âme enfantine : est-ce que les canards peuvent attraper un rhume? Certainement que non, je devine les enseignements scientifiques qui vont chuter dans ma boîte à commentaires : les canards sont dépourvus de canaux sanguins à leurs extrémités palmées, leur duvet est recouvert d’une fine pellicule de graisse, mais encore.
Merveille de la nature ! Si Copenhague savait !

Bienheureux colverts qui ne connaîtront jamais ce que signifie un “rhume carabiné”,
celui qui vous épuise en un rien de temps des montagnes de mouchoirs (non, je n’ai pas dit qu’ils étaient en papier, politiquement pas correct !),
celui qui vous donne un langage ... et oui, be banard !
celui qui vous exclut de toute prise de parole lors d’un colloque,
celui, enfin, qui vous assène un monumental mal de crâne, tel que vous vous décidez à avaler la boîte de comprimés antidouleur.

Cela s’appelle un “rhume carabiné”.
J’en sors aujourd’hui, sauve et bien lucide, alors que la neige vient de faire son apparition chez nous.
C’est beau, les arbres ont pris de l’embonpoint. Les branches du pin de Sibérie plient un peu, mais sans gravité, les haies sont couvertes d’un tapis blanc où les merles vont pouvoir sauter demain à pieds joints ou à cloche pied. Ce sont eux qui décident de la règle du jeu. Les chats du voisinage n’y voient que dalle.

Comme on pourrait peut-être le penser, le rhume «carabiné» n’est pourtant pas une invention de futurs médecins.
Les carabins étaient au XVIe siècle des soldats de cavalerie légère. Ils se distinguaient par leur rapidité fulgurante au début d’un combat. Ils avaient changé leur lance en mousqueton court, nommé carabine. Ils surprenaient les premiers rangs des ennemis de telle manière que ceux-ci ne parvenaient pas riposter rapidement.
Ainsi, l’adjectif «carabiné» nous est parvenu par analogie pour indiquer une «violence brusque» que l’on a tendance aujourd’hui à assimiler aux accès de fièvre ou au rhume qui nous «saisit sans crier gare, en toute saison».

(Sources : La puce à l’oreille, Claude Duneton, Stock)

mardi 1 décembre 2009

Dictons et proverbes pour le début du mois de décembre













Décembre prend 
et ne rend pas.







Décembre aux pieds blancs
An de neige et an de bien

Si décembre est sous la neige
La récolte se protège

En décembre, fais du bois
Et endors-toi.

2 décembre : l’Avent
La neige de l’Avent
A de longues dents

Il fait bon semer dans les Avents,
Mais il ne faut pas le dire aux enfants.

Chaque chose en son temps ;
Les navets et les choux pour le mois de l’Avent.

4 décembre : Sainte-Barbe
A la Sainte-Barbe,
Le soleil peu arde

6 décembre : Saint-Nicolas
Neige de Saint-Nicolas
Donne du froid pour trois mois

Saint-Nicolas fait les bons mariages,
Guérit de la fièvre et de la rage.
 

vendredi 3 juillet 2009

IS.05 (fin de l'article Kreativ Award)

IS.05 est l’abréviation de mon album photos de notre deuxième séjour estival en Islande.

Cette année-là j’ai découvert les miracles de la photographie. Je venais de recevoir mon premier appareil et je m’exerçais à appliquer sur des sujets passionnants le peu de fonctionnalités que j’avais apprises. Les paysages grandioses de terre, de roche et de glace n’échappaient pas à mon objectif. La flore, souvent à ras du sol, resplendissait sous cette lumière islandaise faite de contrastes toujours en changement.

Les oiseaux étaient mon but de capture-photo principal. Or, ce fut souvent une rude épreuve : volatiles craintifs parce que mon objectif n’était pas assez puissant. Ce fut ma première leçon d’humilité en tant que photographe amateur.
Devenue sceptique quant aux performances de mon appareil pour la capture des oiseaux (et non pour la macro), je renonçais parfois à le préparer à l’approche de cygnes chanteurs. C’est ainsi que j’ai manqué les images du beau garrot arlequin que je venais d’apercevoir sur des rochers de la côte est.
Le macareux moine quant à lui s’est laissé tirer le portrait, était-ce dû au fait qu’il devait se concentrer sur ses “sardines” nourricières ? Ce jour-là, j’ai appris la position plat ventre (mais pas dans la boue) pour m’approcher des macareux, non pas qu’ils aient été craintifs, mais les bourrasques de vent violent m’avaient obligée à choisir cette posture pour ne pas glisser au bas des falaises.


Enfin, la prise de vues des paysages a toujours été gratifiante pour moi : tous les angles étaient possibles, donc toutes les audaces aussi. Le cliché apparemment banal s’est révélé surprenant : une bande de brume inattendue, un vol de goélands devant l’objectif. Seule la pluie soudaine freinait régulièrement ma chasse à l’image.
..................

L’année prochaine je retourne en Islande : j’ai rendez-vous avec l’arlequin.

mercredi 22 avril 2009

B comme bâiller ou bayer!



Ne confondez pas, comme moi, bâiller et bayer, deux homonymes homophones mais pas homographes.
Le premier, bâiller, sert à exprimer un moment d’ennui ou un sentiment de fatigue alors que le sommeil vous guette déjà. Concrètement, la bouche s’étire verticalement, les yeux se ferment et un profond soupir s’échappe de vos lèvres. Votre hôte qui prenait plaisir à vous raconter ses vacances aux Seychelles interrompt son monologue et vous propose diplomatiquement un jus de fruit (pour vous aider à tenir le coup). Ne dites pas que vous n’avez jamais connu cette situation.

Le deuxième, bayer, concerne peut-être davantage les enfants. En effet, si vous surprenez votre fils, votre fille, immobile (pour une fois), les yeux dans le vague ou lisant la ligne de l’horizon, la bouche grande ouverte, c’est qu’il (elle) baye… aux corneilles !
Je cite La Puce à l’oreille, l’ouvrage de Claude Duneton, qui est une véritable mine d’or :
«… bayer, de l’ancien baer, ou béer, qui est tenir la bouche ouverte, de surprise ou d’innocente attention, lequel a donné la bouche bée, la gueule béante, les badauds (par l’occitan badar), et les bégueules (bée gueule) !»

Pourquoi aux corneilles ? Selon Duneton, ces oiseaux sont en l’air et l’expression du visage est «encore moins futé[e]».
J’aurais une autre proposition, toute personnelle et subjective, induite par l’observation des corneilles par un jour de grande chaleur. J’avais remarqué que quelques-unes, en plein midi, s’étaient posées sur le gazon d’un parc qui venait d’être humidifié. Elles s’étaient aplaties au sol, les ailes écartées et le bec ouvert : elles haletaient. Maintenant que je me remémore cet incident, je trouve qu’il y a une analogie avec l’expression bayer aux corneilles.

mardi 17 mars 2009

P comme poules






Quand les poules auront des dents !













J’étais encore enfant lorsque j’entendis pour la première fois cette expression. Mon oncle, très expert en dictons populaires et en plaisanteries langagières, avait fait usage de cette formule pour répondre à une de mes demandes très ambitieuses. Est-ce que je voulais utiliser sa moto pour faire un petit tour dans la cour ? À moins que je lui aie demandé de l’accompagner au bistrot du coin —là où il rejoignait ses copains à l’heure de l’apéritif. L’instant précis de la situation ne réapparaît pas dans ma mémoire. Il me reste toutefois le souvenir d’une grande interrogation autour de ces poules auxquelles il leur allait pousser des dents. Petite fille, je ne doutais pas de la faisabilité de l’événement. Je n’avais jamais vu l’intérieur de leur bec. La question tournait autour du moment où leurs dents allaient apparaître. J’attendais donc que la chose arrive. Ainsi, à chaque occasion, j’acceptais sagement la réponse de mon oncle car elle me semblait plausible.

Pour tenter d’expliquer le sens de l’expression, je peux me référer aux récentes tourmentes politiques qui secouent (aussi) les places financières en Suisse. Depuis des dizaines d’années (même plus de cent ans ?), le fameux secret bancaire suisse était inviolable. Il faisait partie intégrante de la culture helvétique. Nos autorités, nos banquiers, confrontés à quelques timides demandes de négociations autour de ce sacro principe, pouvaient répéter à leurs interlocuteurs:
«Remettre en question le secret bancaire ? Quand les poules auront des dents ! ».
Le secret bancaire restait intouchable. Les années passèrent, UBS grandit et se répandit par-delà l’océan.
2009. Les autorités fédérales (mises sous pression, ce n’est pas de gaîté de cœur, bien entendu) acceptent de discuter la formule binaire du secret bancaire.
Et les poules, dans cette affaire ? Elles n’ont toujours pas de dents !