Christine Sèvres
Naissance | |
---|---|
Décès |
(à 50 ans) Marseille |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Jacqueline Amélie Estelle Boissonnet |
Nationalité | |
Activité | |
Conjoint |
Jean Ferrat (de à ) |
Label |
Temey/Teme (compilations) |
---|---|
Genre artistique |
Jacqueline Amélie Estelle Boissonnet[1], dite Christine Sèvres, née le à Paris 5e et morte le à Marseille, est une comédienne et chanteuse française.
Elle fut la compagne puis la première épouse de Jean Ferrat.
Biographie
[modifier | modifier le code]Le père de Christine Sèvres, Jacques Boissonnet, travaille à la Caisse des dépôts et consignations ; sa mère est secrétaire chez Larousse[2].
L'apprentie comédienne
[modifier | modifier le code]Elle a huit ans quand ses parents se séparent. Très affectée, elle devient une adolescente fugueuse qui s'adonne à la rime et qui rêve de faire carrière au théâtre[3]. Elle s'inscrit au cours d'art dramatique de Roger Clairval mais sous un pseudonyme afin de ne pas contrarier ses parents : ce sera Christine « Sèvres » car elle habite à l'époque en face de la station de métro Sèvres-Babylone[3],[4].
Pour gagner sa vie et, à partir de 1953 pour élever sa fille, Véronique Estel, née d'une union sans lendemain, Christine Sèvres est successivement vendeuse, mannequin, entraîneuse de cabaret, serveuse, portraitiste aux terrasses des cafés de Saint-Germain-des-Prés, dessinatrice industrielle, secrétaire d'écrivains, puis employée de bureau pendant plus de deux ans[3],[4]. Finalement, la petite Véronique est placée en nourrice, elle y restera neuf années[2].
Comme comédienne de théâtre, Christine Sèvres joue dans Cromwell de Victor Hugo, La Locandiera de Carlo Goldoni, La Cerisaie d'Anton Tchekhov… . Elle enregistre aussi des contes pour la radio.
Du théâtre aux cabarets de la Rive gauche
[modifier | modifier le code]Faute de pouvoir percer au théâtre, elle décide, au milieu des années 1950, de tout laisser tomber — emploi, proche entourage — et de se tourner vers la chanson. Au club Plein Vent où elle lit des poèmes, elle rencontre Jean-Pierre Suc, animateur du cabaret Le Cheval d’Or, qui l'engage, en décembre 1956, pour des tours de chant[2],[3].
De 1956 à 1960, elle se produit comme chanteuse dans divers cabarets (Le Vieux Colombier, L'Échelle de Jacob, Milord l'Arsouille, L'Écluse, La Colombe…)[4]. C'est là qu'elle rencontre, en 1956, l'auteur-compositeur-interprète Jean Ferrat, alors débutant[3]. Celui-ci, par la suite, lui offrira quelques-unes de ses chansons et lui en composera une sur mesure, la chanson d'amour Tu es venu (1968).
La compagne et l'épouse de Jean Ferrat
[modifier | modifier le code]Elle épouse Jean Ferrat, en 1961[5], après trois ans de vie commune d'abord rue des Pyrénées, dans la famille de Jean, puis à Ivry-sur-Seine, dans leur premier « chez soi »[3]. Jean Ferrat considère comme sa fille l'enfant qu'elle a eu en 1953 de son premier mariage[6],[7].
La chanteuse
[modifier | modifier le code]En 1959, elle enregistre trois chansons : La Marche prénuptiale, L'Auréole et Le Clown de Giani Esposito[3]. Elles paraissent en janvier 1960, sur un disque collectif 33 tours 25 cm : Paris, rive gauche[8]. Elle reçoit à cette occasion le grand prix du music-hall[2].
En octobre 1962, son premier super 45 tours (Les Nomades) sort chez Polydor[3].
En , en tournée pour plusieurs mois, elle passe en vedette américaine de Georges Brassens[3], puis, à nouveau, en , à Bobino, en invitée de Barbara[2] ; Jean Ferrat est incognito dans les coulisses.
En , elle accompagne Jean Ferrat à Cuba pour un séjour de plusieurs semaines. Celui-ci y donne une dizaine de galas[3]. Le couple revient, enthousiaste, de l'île révolutionnaire (ils sont, l'un et l'autre, sympathisants du parti communiste français sans en être adhérents[2]).
En , elle repart en tournée avec Georges Brassens.
Son premier album 30 cm, Oscar et Irma, sort chez CBS le . Il contient la chanson d'amour, Tu es venu, que Jean Ferrat a écrite et composée pour elle, ainsi qu'une reprise de Brigitte Fontaine. L'album passe inaperçu, derrière les évènements du mois, qui occupent toute l'actualité. C'est une profonde déception pour la chanteuse, déjà rendue amère par l'inégal succès de sa carrière et de celle de son époux[2].
En janvier 1969, avec Jean Ferrat, elle enregistre un duo qui débute par un dialogue chanté (leur seul duo) : La Matinée (paroles d’Henri Gougaud, musique de Jean Ferrat), chanson qui célèbre l'engagement. Il sera sur le nouvel album de Ferrat, qui sort en mars de la même année. Du 7 février au , elle passe en vedette américaine de Serge Reggiani à Bobino.
Son second album sort le , toujours chez CBS, qui comprend trois autres reprises de Brigitte Fontaine. Il est suivi de deux 45 tours extraits de l'album.
Si, par son exigence en matière de textes et la finesse de sa voix, Christine Sèvres impressionne des professionnels comme Ferrat et Brassens, par contre elle ne suscite pas l'enthousiasme du grand public. Alors que la carrière de son mari s'envole, la sienne plafonne puis décline tout au long des années 1960. Elle passe une dernière fois à L'Écluse, puis abandonne la chanson en 1972[4].
Les années ardéchoises
[modifier | modifier le code]En 1974, Christine Sèvres et Jean Ferrat décident de se retirer dans la résidence que le couple possède depuis 1964 dans la commune d’Antraigues-sur-Volane (près de Vals-les-Bains) en Ardèche. Véronique, maintenant majeure, les suit à Antraigues (et finit par s'installer plus au sud, à Aubenas)[9].
Christine Sèvres se consacre désormais à la peinture. À l'été 1975, elle expose ses toiles, en compagnie d’autres artistes, à Antraigues. Elle revient brièvement à Paris en 1980 pour réenregistrer La Matinée avec son mari. Sa belle voix est restée intacte.
Maladie et mort
[modifier | modifier le code]Jean et Christine, couple libre[10], s'éloignent mais continuent de partager la propriété d'Antraigues. Jean vit en couple avec Colette Laffont, professeure d'éducation physique et sportive rencontrée en 1971, tout en continuant de s'occuper de Christine, gravement malade[11].
Conduite à Marseille pour y recevoir des soins médicaux, celle-ci meurt d'un cancer le à l'âge de 50 ans. Elle est enterrée au cimetière d'Antraigues-sur-Volane.
Postérité
[modifier | modifier le code]Le , 40 ans après sa disparition, la salle des fêtes d'Antraygues-sur-Volane devient « espace culturel Christine Sèvres »[12].
Discographie
[modifier | modifier le code]Albums studio
[modifier | modifier le code]Albums originaux 33 tours 30 cm
- Oscar et Irma (paroles de Jean Obé et musique de Marcel Yonnet)
- Salut Che (paroles d'Henri Gougaud et musique de Jean Ferrat)
- Robert le diable (poème de Louis Aragon et musique de Jean Ferrat)
- Béton armé (paroles d'Henri Gougaud et musique de Max Rongier et José Cana)
- Une fille brune (paroles et musique de Daniel Laloux)
- Et bye bye (paroles et musique de Michel Conte)
- Tu es venu (paroles et musique de Jean Ferrat[13])
- Trois cigarettes (paroles de Jacques Audiberti et musique de Jorge Milchberg)
- Les dieux sont dingues (paroles de Brigitte Fontaine et musique de Marcel Yonnet)
- Âme te souvient-il ? (poème de Paul Verlaine et musique de Léo Ferré)
- Dans les grands magasins (paroles d'Henri Tachan et musique de Jean-Paul Roseau)
- Cuba si (paroles d'Henri Gougaud et musique de Jean Ferrat)
- Vivre en flèche (paroles et musique de Jean Vasca)
- La Délaissée (Ne t'en va pas) (poème de Louis Aragon et musique de Jean Ferrat)
- Maman j'ai peur (paroles de Brigitte Fontaine et musique de Jacques Higelin)
- Heureusement qu'il y a les toros (paroles et musique de Pierre Tisserand)
- Les Mal Mariées (paroles de Christine Sèvres et musique de Marcel Yonnet)
- C'était l'bon temps (paroles et musique d'Alain Poirier)
- En do majeur (paroles et musique de Michel Conte)
- Le Beau Cancer (paroles de Brigitte Fontaine et musique d'Olivier Bloch-Lainé)
- Comme Rimbaud (paroles de Brigitte Fontaine et musique d'Olivier Bloch-Lainé)
- Berceuse pour ne pas s'endormir (paroles et musique de Gilles Vigneault)
Super 45 tours (EP)
[modifier | modifier le code]- Les Nomades (paroles de Michelle Senlis et musique de Jean Ferrat)
- La Fête aux copains (paroles de Georges Coulonges et musique de Jean Ferrat)
- L'Intelligent (paroles de Maurice Vidalin et musique de Jacques Datin)
- Le Plaisir (paroles de Michelle Senlis/Claude Delécluse et musique de Claude-Henri Vic)
- Point de vue (paroles de Martine Merri[14] et musique de Jean Arnulf)
- La Romance (paroles et musique de Joël Holmès)
- 400 enfants noirs (paroles de Michelle Senlis et musique de Jean Ferrat)
- Le Clown (paroles et musique de Giani Esposito)
45 tours
[modifier | modifier le code]- Tu es venu (paroles et musique de Jean Ferrat[13])
- Oscar et Irma (paroles de Jean Obé et musique de Marcel Yonnet)
Compilations
[modifier | modifier le code]- 1982 : Christine Sèvres, 33 tours 30 cm Disques Temey
- Oscar et Irma, paroles de Jean Obé et musique de Marcel Yonnet
- Maman j'ai peur, paroles de Brigitte Fontaine et musique de Jacques Higelin
- Les dieux sont dingues, paroles de Brigitte Fontaine et musique de Marcel Yonnet
- Robert le diable, poème de Louis Aragon et musique de Jean Ferrat
- Le Beau Cancer, paroles de Brigitte Fontaine et musique d'Olivier Bloch-Lainé
- Heureusement qu'il y a les toros, paroles et musique de Pierre Tisserand
- Tu es venu, paroles et musique de Jean Ferrat[13]
- Trois cigarettes, paroles de Jacques Audiberti et musique de Jorge Milchberg
- Âme te souvient-il, poème de Paul Verlaine et musique de Léo Ferré
- Comme Rimbaud, paroles de Brigitte Fontaine et musique d'Olivier Bloch-Lainé
- Cuba si, paroles d'Henri Gougaud et musique de Jean Ferrat
- En do majeur, paroles et musique de Michel Conte
- Vivre en flèche, paroles et musique de Jean Vasca
- 1994 : Christine Sèvres, 1 CD Disques Teme[15] TEM 74453-2/Distribution Sony Music :
- Point de vue, paroles de Martine Merri[14] et musique de Jean Arnulf
- Oscar et Irma, paroles de Jean Obé et musique de Marcel Yonnet
- Robert le diable, poème de Louis Aragon et musique de Jean Ferrat
- Béton armé, paroles d'Henri Gougaud et musique de Max Rongier et José Cana
- Comme Rimbaud, paroles de Brigitte Fontaine et musique d'Olivier Bloch-Lainé
- Trois cigarettes, paroles de Jacques Audiberti et musique de Jorge Milchberg
- En do majeur, paroles et musique de Michel Conte
- Tu es venu, paroles et musique de Jean Ferrat[13]
- La Fête aux copains, paroles de Georges Coulonges et musique de Jean Ferrat
- Âme te souvient-il, poème de Paul Verlaine et musique de Léo Ferré
- Maman j'ai peur, paroles de Brigitte Fontaine et musique de Jacques Higelin
- Cuba si, paroles d'Henri Gougaud et musique de Jean Ferrat
- Le Beau Cancer, paroles de Brigitte Fontaine et musique d'Olivier Bloch-Lainé
- Heureusement qu'il y a les toros, paroles et musique de Pierre Tisserand
- Les dieux sont dingues, paroles de Brigitte Fontaine et musique de Marcel Yonnet
- Vivre en flèche, paroles et musique de Jean Vasca
- Le Clown, paroles et musique de Giani Esposito
- 2011 : Christine Sèvres : Les Belles Chansons 1958-1970, 1 CD Disques Teme/Distribution Sony Music
- Oscar et Irma, paroles de Jean Obé et musique de Marcel Yonnet
- Salut Che, paroles d'Henri Gougaud et musique de Jean Ferrat
- Robert le diable, poème de Louis Aragon et musique de Jean Ferrat
- Béton Armé, paroles d'Henri Gougaud et musique de Max Rongier et José Cana
- Une fille brune, paroles et musique de Daniel Laloux
- Et bye bye, paroles et musique de Michel Conte
- Tu es venu, paroles et musique de Jean Ferrat[13]
- Trois cigarettes, paroles de Jacques Audiberti et musique de Jorge Milchberg
- Les dieux sont dingues, paroles de Brigitte Fontaine et musique de Marcel Yonnet
- Âme te souvient-il, poème de Paul Verlaine et musique de Léo Ferré
- Dans les grands magasins, paroles d'Henri Tachan et musique de Jean-Paul Roseau
- Cuba si, paroles d'Henri Gougaud et musique de Jean Ferrat
- C'était l'bon temps, paroles et musique d'Alain Poirier
- Berceuse pour ne pas s'endormir, paroles et musique de Gilles Vigneault
- Heureusement qu'il y a les toros, paroles et musique de Pierre Tisserand
- Comme Rimbaud, paroles de Brigitte Fontaine et musique d'Olivier Bloch-Lainé
- Le Beau Cancer, paroles de Brigitte Fontaine et musique d'Olivier Bloch-Lainé
- La Délaissée (Ne t'en va pas), poème de Louis Aragon et musique de Jean Ferrat
- En do majeur, paroles et musique de Michel Conte
- Maman j'ai peur, paroles de Brigitte Fontaine et musique de Jacques Higelin
- Les Mal Mariées, paroles de Christine Sèvres et musique de Marcel Yonnet
- Vivre en flèche, paroles et musique de Jean Vasca
- Le Clown, paroles et musique de Giani Esposito
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Notice d'autorité de Christine Sèvres à la Bibliothèque nationale de France.
- Sèvres Christine, Le Maitron, 2 octobre 2016.
- Christine Sèvres. Biographie d’une chanteuse culte de la « Rive gauche ».
- Sébastien Brochu, Jean Ferrat : qui était sa femme Christine Sèvres ?, TéléStar, 23 octobre 2016.
- Jean Ferrat : les origines d'un poète, sur le site rfgenealogie.com du 26 avril 2010.
- Biographie de Christine Sèvres. Sources invoquées : Je chante ! no 16, hiver 1994/1995; Paroles et musique no 23, octobre 1982, repris dans : Putain de Chanson, Fred Hidalgo, Éditions du Petit Véhicule, 1991.
- Photo intitulée « La Famille, Véronique sa fille », sur le site de Jean Ferrat (consulté le 18 mars 2010) : on les voit (en plongée) se promenant ensemble sur une route de campagne, d'où l'on aperçoit des cultures en terrasses… ; c'est probablement vers 1964 à Antraigues-sur-Volane.
- label Pacific LDP-A 1270
- Elle sera comédienne et chanteuse, elle aussi.
- Véronique Estel, documentaire TV Jean Ferrat Réalisé par Philippe Kohly 2018, diffusé sur France 3.
- Colette Ferrat : “Je n'ai rien connu de plus beau que notre amour”, parismatch.com, 7 mars 2015, consulté le 21 septembre 2016.
- Pierre-Jean Pluvy, « Antraigues : un hommage à Christine Sèvres », sur France Bleu Drôme Ardèche, (consulté le ).
- Archives INA : Jean Ferrat et Christine Sèvres, elle interprète un extrait de Tu es venu (1969)
- Alias Julie Corbet (source Sacem).
- CD Christine Sèvres chez Teme (du site de Gérard Meys : www.meys.com)
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Christine Sèvres par Véronique Estel et Hélène Hazera sur France culture