Across the Universe
Sortie |
|
---|---|
Enregistré |
22 au , 3 au , 26 mars au aux studios EMI |
Durée | 3:48 |
Genre | Folk psychédélique |
Auteur | Lennon/McCartney |
Producteur | Phil Spector (producteur final) |
Label | Apple |
Pistes de 1967-1970 (Disque 2)
Pistes de Let It Be... Naked
Pistes de Let It Be
Across the Universe est une chanson des Beatles, écrite par John Lennon même si elle est créditée Lennon/McCartney. Bien qu'apparue pour la première fois sur l'album caritatif No One's Gonna Change Our World (en) le (disponible depuis 1988 sur Past Masters), la version de loin la plus connue figure sur l'album Let It Be, produit par Phil Spector en 1970 avec l'ajout d'un orchestre complet et de chœurs féminins. La chanson est aussi présente sur les albums Anthology 2 (1996) et Let It Be... Naked (2003), dans deux versions différentes réalisées à partir de l'enregistrement de base datant du début . Elle a été reprise par de nombreux artistes comme Fiona Apple, Rufus Wainwright, et, notamment, David Bowie sur son album Young Americans, avec la collaboration de John Lennon.
Elle a été diffusée dans l'espace par la NASA le en direction de l'Étoile polaire.
Genèse de la chanson
[modifier | modifier le code]Les mots « Pools of sorrow, waves of joy » (« flaques de peine, vagues de joie ») vinrent à l'esprit de Lennon durant une nuit de 1967, après une dispute avec sa femme Cynthia. Énervé, il n'avait pas envie d'écrire le reste, mais dut finalement s'y résoudre, incapable qu'il était de s'endormir[1].
La chanson est fortement influencée par la brève période (fin 1967 - début 1968) durant laquelle les membres du groupe expérimentèrent la méditation transcendantale, comme l'atteste l'inclusion des paroles du mantra Jai Guru Deva Om, répété à plusieurs reprises.
John Lennon voit dans Across the Universe une de ses meilleures chansons, même s'il ne s'est jamais montré satisfait du résultat musical : c'est la pureté des paroles qui l'édifiait[2]. « Les paroles sont le fruit d'une pure inspiration, elles m'ont été offertes. Cette chanson n'est pas à moi. Elle est venue comme ça[3]. »
Enregistrement et versions de la chanson
[modifier | modifier le code]En , avant de s’envoler pour l'Inde, les Beatles se retrouvent aux studios Abbey Road pour enregistrer un single qui sera publié durant leur absence. Paul McCartney a écrit Lady Madonna ; John Lennon, Across the Universe et Hey Bulldog ; George Harrison, The Inner Light. Ces trois premiers titres sont enregistrés entre le et le tandis que l'enregistrement de la pièce à saveur indienne a été réalisé à Bombay début janvier, mais finalisé en même temps que les autres.
Premiers essais en février 1968
[modifier | modifier le code]Alors que la piste de base de Across the Universe est correctement enregistrée le , John Lennon n'est pas satisfait du résultat. Plusieurs innovations sonores sont testées, notamment souffler à travers un peigne sur une feuille de papier, ou en fredonner la mélodie bouche fermée, avant qu'on ajoute une pedal steel guitar et une tambura pour rendre la piste plus consistante. Puis, selon John Lennon, Paul McCartney le convainc d’appeler à la rescousse deux fans (les « apple scruffs », postées en permanence à la sortie du studio), Lizzy Bravo et Gayleen Pearse pour ajouter des voix sur le refrain[4]. Lennon mentionnera plus tard cet épisode comme une preuve du « sabotage inconscient » de ses compositions par Paul, expliquant que ce dernier aurait sûrement utilisé des chanteuses professionnelles s'il s’était agi de son propre travail[5]. La chanson est mixée en mono et mise de côté, les Beatles ayant décidé de publier Lady Madonna et The Inner Light en single.
Version originale dite Wildlife
[modifier | modifier le code]
Sortie | |
---|---|
Enregistré |
aux studios EMI |
Durée | 3:49 |
Genre | Folk psychédélique |
Auteur | Lennon/McCartney |
Producteur | George Martin |
Label | Starline / Regal |
Pistes de Past Masters 2
Pistes de No One's Gonna Change Our World (en)
À son retour d'Inde, le groupe commence à travailler sur l'« Album blanc », enregistrant les nombreuses chansons composées durant son séjour dans ce pays, et Across the Universe reste sur les étagères. À l’automne 1968, les Beatles pensent sérieusement à publier un 45 tours en forme EP à cinq titres, incluant les quatre chansons inédites du futur album Yellow Submarine complété par Across the Universe; ils vont jusqu'à la masterisation mais le 45 tours ne verra jamais le jour[n 1]. À l'époque, John Lennon s'est détaché de la méditation transcendantale et du spiritualisme indien, et le refrain Jai Guru Deva Om en forme de mantra ne semble déjà plus d’actualité. Ses compositions sur l’« Album blanc » n’ont en effet rien à voir avec l’esprit de cette chanson.
En , Spike Milligan, le créateur du Goon Show, ayant entendu la chanson dans les studios EMI, avait suggéré qu’elle serait idéale pour figurer sur un album caritatif qu’il était en train de mettre en œuvre pour le World Wildlife Fund. Les Beatles finissent par accepter cette proposition, et la chanson est mixée en stéréo pour la première fois par George Martin. Le mixage originel (mono et stéréo) dure 3 min 37 s. Pour l’album du WWF, des effets sonores (bruits d’oiseaux s’envolant au-dessus de l’eau) sont ajoutés au début et à la fin du titre. Après cet ajout, la piste est accélérée. Résultat : malgré l'ajout de 20 secondes d’effets sonores, le titre ne dure que 3 min 49 s. La chanson est publiée pour la première fois en décembre 1969 dans l'album No One's Gonna Change Our World (en) conjointement sur étiquettes Starline et Regal, respectivement des filiales de Capitol Records et EMI Group[6]. Le titre de cette compilation d'artistes variés reprend un vers du refrain de la chanson des Beatles.
C'est cette version qui sera intégrée aux deux versions du disque Rarities, dans The Beatles' Ballads et ultimement dans la compilation Past Masters.
Production de Phil Spector pour l'album Let It Be
[modifier | modifier le code]Bien que n’ayant jamais été satisfait du résultat sonore, John Lennon reste attaché à sa chanson, et le groupe l’interprète durant les séances d'enregistrement du projet « Get Back » en . On les voit jouer Across the Universe dans le film Let It Be. Les copies pirates des enregistrements de qui ont circulé depuis plus de quarante ans permettent d’entendre la chanson jouée par tout le groupe, avec le refrain chanté à deux voix par John Lennon et Paul McCartney. Pour s’assurer que l’album en préparation s’accordera avec le film, il est alors décidé d’inclure cette chanson dans la bande son.
Glyn Johns remixe tout d’abord le titre, à partir de l’enregistrement du , lui rendant son aspect acoustique et le ramenant à la bonne vitesse. Cependant, comme le travail de Glyn Johns sur son ébauche de l’album Get Back, cette version est finalement rejeté[n 2],[7], la version la plus connue de la chanson est celle produite par Phil Spector début à partir de la huitième prise de . À l’image de son travail sur certaines des pistes de l’album, le producteur américain commence par ralentir la chanson (3 min 47 s), qui la fait passer de ré à ré bémol[8], puis ajoute un orchestre complet et des chœurs féminins au master d'origine[9]. C'est sous cette forme qu'elle paraît le dans l'album Let It Be.
Versions alternative pour Anthology 2 et épurée pour Let It Be... Naked
[modifier | modifier le code]Une version alternative des enregistrements originaux apparaît sur le disque Anthology 2 en 1996 : une autre prise, qui contient du sitar et de la tambura, et démontre à quel point le groupe hésitait sur le meilleur traitement à donner à ce titre.
Le master de 1968 est encore remixé pour l’album Let It Be... Naked en 2003, à la bonne vitesse, et débarrassé de quasiment toute l’instrumentation : ne restent essentiellement que John Lennon et sa guitare. Finalement, quelle version aurait-il préférée ? Sans doute aucune : « La chanson n’a jamais été correctement jouée. Par chance, les paroles restent » déclare-t-il en 1980, peu de temps avant sa mort[5].
Transmission « à travers l'univers »
[modifier | modifier le code]Le , la NASA diffuse Across the Universe dans l'espace, en direction de l’étoile polaire, pour fêter trois anniversaires : les quarante ans de la chanson, le cinquantenaire du lancement du premier satellite américain, Explorer 1, et la mise au point, quarante-cinq ans plus tôt, du Deep Space Network, un réseau international d'antennes destinées à l'exploration spatiale. La NASA précise que la chanson devait traverser l'univers à la vitesse de la lumière, c'est-à-dire 186 000 miles par seconde (ou 300 000 km/s)[10].
L'agence spatiale rapporte aussi la réaction de Paul McCartney : « Incroyable, bien joué la NASA ! Envoyez mes vœux aux extra-terrestres. » (« Amazing! Well done, NASA! Send my love to the aliens. »). Yoko Ono, quant à elle, a déclaré qu'il s'agissait d'un événement significatif, un premier pas vers la communication avec les milliards de planètes de l'univers[10].
Une vidéo a été créée avec la chanson originale des Beatles et placée sur le site de la NASA afin de souligner cet évènement, mais elle ne sera pas incluse dans la compilation de clips 1+.
Fiche Technique
[modifier | modifier le code]Interprètes
[modifier | modifier le code]- John Lennon: chant, guitare acoustique
- Paul McCartney: piano
- George Harrison: tambura, guitare électrique
- Ringo Starr: maracas
Reprises
[modifier | modifier le code]- Cilla Black sur l'album Sweet Inspiration (en) (1970) ;
- David Bowie la reprend sur son album Young Americans (1975), accompagné par Lennon à la guitare et aux chœurs[11]
- Fiona Apple dans le film Pleasantville (1998) et sur la bande originale
- Lana Lane sur Ballad Collection (1998)
- Rufus Wainwright dans le film Sam, je suis Sam (2001)
- 10 cc, sur l'album live 10 cc Alive (2003)
- Laibach
- Pearl Jam
- Portable Flower Factory
- Áine Minogue
- Robyn Hitchcock
- Jim Sturgess dans le film Across the Universe et sur la bande originale.
- Roger Waters
- John Butler Trio et Robert Francis dans l'émission Taratata du .
- Brian Molko lors de la soirée I ♥ EU à Bruxelles le , pour fêter la présidence de la Belgique au Parlement européen.
- Raphael dans l'émission Taratata du .
- Scorpions sur l'album Comeblack
- Beady Eye, joué pour la première fois dans le cadre d'un concert pour le Japon à la suite du tsunami de 2011.
- Vanessa Paradis en concert privé sur Canal + en 1996
- Seether sur l'album iTunes Originals (2008)
- Evanescence en single (2021)
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Les versions monophoniques de ces chansons seront finalement placées sur le disque 2 de Mono Masters en 2009.
- Les mixages de Glyn Johns sont publiés en 2021 dans l'édition Deluxe de la réédition de l'album Let It Be.
Références
[modifier | modifier le code]- Steve Turner, L’Intégrale Beatles : les secrets de toutes leurs chansons [« A Hard Day’s Write »], Hors Collection, , 208 p. (ISBN 2-258-04079-5), p. 177
- (en) « Beatles Songwriting & Recording Database: Let It Be », sur www.beatlesinterviews.org (consulté le )
- (fr) Collectif, The Beatles Anthology, Seuil, (ISBN 2-02-041880-0), p. 319
- (en) By Fernando Duarte, « Brazilian Beatles fan Lizzie Bravo on singing with the Fab Four », sur bbc.com, BBC News, (consulté le ).
- Interview de John Lennon dans le magazine Playboy, 1980
- (en) « Various – No One's Gonna Change Our World », sur Discogs (consulté le )
- (en) Mark Smotroff, « The Beatles Let It Be Super Deluxe Editions: Part 2, Glyn Johns’ Get Back Album », Audiophile Review, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Dave Rybaczewski, « Across the Universe », sur Beatles Music History, DKR Products Toledo, Ohio. (consulté le )
- Fiche technique de Across the Universe, sur Yellow-sub.net
- (en) NASA Content Administrator, « NASA Beams Beatles' 'Across the Universe' Into Space », sur Nasa (consulté le )
- (en) Zack Sharf, « ‘Across the Universe’: Julie Taymor Asked David Bowie to Play Mr. Kite, Which Made Evan Rachel Wood Fangirl Out », Indie Wire, (lire en ligne, consulté le ).
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressources relatives à la musique :
- (en) Vidéo sur le site de la NASA