Meurtres My Way
Les meurtres My Way sont un phénomène social des Philippines faisant référence à des algarades mortelles survenues dans des bars à karaoké à la suite d'interprétations en public de la chanson My Way, popularisée en 1969 par Frank Sinatra.
La popularité de la chanson dans les bars à karaoké philippins ou encore le contenu des paroles de My Way ont été avancés pour expliquer les causes de ces incidents.
Contexte et histoire
[modifier | modifier le code]Le karaoké est un passe-temps très répandu aux Philippines. Du fait de son coût très modique (5 pesos par chanson, soit 0,1 $ américain de 2007), il est particulièrement prisé des catégories les plus pauvres de la population, dans un pays où près de la moitié des habitants vit avec moins de 2 $ par jour ; pour bon nombre d'individus issus de ces milieux, c'est aussi une manière d'échapper aux difficultés du quotidien[1].
Malgré l'absence de statistiques précises, pas moins d'une demi-douzaine de meurtres imputables à la chanson My Way se sont produits entre 2000 et 2010, ce qui a incité les médias à qualifier ce phénomène de « meurtres My Way » (‘My Way’ killings)[2]. Le journaliste Palash Ghosh de l'International Business Times écrit quant à lui en 2012 que « la chanson phare de Frank Sinatra, My Way, a servi de bande-son à pas moins d'une douzaine de meurtres au cours de la dernière décennie »[3]. À la suite de ces événements, le New York Times note que « nombreux sont les établissements à retirer [My Way] de leur catalogue » alors que « les admirateurs de Sinatra pratiquent souvent l'autocensure par instinct de survie »[2].
Explications
[modifier | modifier le code]Le journaliste du New York Times Norimitsu Onishi écrit à propos des meurtres :
« Ces morts sont-elles la conséquence naturelle de la culture nationale de violence, mâtinée d'alcoolisme et de machisme ? Existe-t-il quelque chose de sinistre inhérent à la chanson elle-même ? […] Les Philippins, qui s'enorgueillissent de leur don pour le chant, se montrent peut-être moins tolérants envers les mauvais chanteurs. De fait, la plupart des drames liés à My Way surviennent à la fin de la prestation du chanteur, si l'assistance rit ou se moque de lui[2]. »
Selon Roland B. Tolentino, spécialiste de culture pop à l'Université des Philippines Diliman, la corrélation entre les meurtres et la chanson s'expliquerait par le fait que My Way est l'un des tubes les plus fréquemment interprétés dans les bars à karaoké du pays, ce qui augmenterait sa probabilité d'être impliqué dans des incidents violents. Tolentino admet cependant que le « triomphalisme » des paroles de My Way peut être un facteur aggravant, dans la mesure où d'autres chansons tout aussi populaires aux Philippines n'ont provoqué aucun meurtre[2].
Butch Albarracin, propriétaire d'une école de chant à Manille, pointe également du doigt le contenu des paroles, qu'il juge arrogantes et orgueilleuses[2].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « My Way killings » (voir la liste des auteurs).
- (en) « Karaoke: the great escape in Philippine slums », sur reuters.com, Reuters, (consulté le ).
- (en) Norimitsu Onishi, « Sinatra Song Often Strikes Deadly Chords », sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ).
- (en) Palash Ghosh, « Karaoke Killings: A Bizarre Phenomenon In East Asia », sur ibtimes.com, International Business Times, (consulté le ).