Sbeïtla
Sbeïtla | |
Arc de Dioclétien. | |
Administration | |
---|---|
Pays | Tunisie |
Gouvernorat | Kasserine |
Délégation(s) | Sbeïtla |
Code postal | 1250[1] |
Démographie | |
Gentilé | Sbeïtlien |
Population | 24 597 hab. (2014[2]) |
Densité | 22 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 35° 14′ nord, 9° 08′ est |
Altitude | 525 m |
Superficie | 113 350 ha = 1 133,5 km2 |
Localisation | |
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Sbeïtla (arabe : سبيطلة Écouter), connue dans l'Antiquité sous le nom de Sufetula, est une ville du centre de la Tunisie. Dépendant du gouvernorat de Kasserine, elle regroupe 24 597 habitants en 2014[2]. Elle est le centre de la délégation du même nom qui s'étale sur une superficie de 1 133,5 km2[3]. Point d'entrée de la conquête de l'Afrique du Nord par les Arabes musulmans, elle est surtout connue pour son important site archéologique dont il subsiste de nombreux vestiges.
Géographie
[modifier | modifier le code]Sbeïtla est le centre de la délégation du même nom et d'une municipalité qui s'étend sur 113 350 hectares[3]. Située à 260 kilomètres au sud-ouest de Tunis, à 150 kilomètres à l'ouest de Sfax et à 32,7 kilomètres à l'est de Kasserine, elle se trouve sur le parcours de la route nationale 13.
Climat
[modifier | modifier le code]Le climat de Sbeïtla est semi-aride comme une grande partie du Centre-Ouest de la Tunisie[3].
Transports
[modifier | modifier le code]La ville de Sbeïtla est reliée aux villes environnantes par un réseau de louages qui ne cesse de se développer pour assurer la fluidité de la circulation des personnes. La Société nationale de transport interurbain, moins présente, offre aussi le même service. Le transport en commun est assuré par un réseau de taxis.
La ville est desservie aussi par le chemin de fer depuis le , date d'ouverture de la ligne Sbeïtla-Jilma qui s'étale sur 28,2 kilomètres, suivie par l'ouverture de la ligne Sbeïtla-Kasserine-Henchir Souatir (124 kilomètres), le . Les travaux sont réalisés par la Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma.
Histoire
[modifier | modifier le code]Antiquité
[modifier | modifier le code]La ville est fondée par l'empereur romain Vespasien, le fondateur de la dynastie des Flaviens qui règnent sur l'empire de 69 à 96. Les armées romaines viennent de pacifier la région alors en proie aux attaques berbères, et des terres sont attribuées aux vétérans qui peuvent ainsi protéger les frontières des incursions étrangères[4].
Époque musulmane
[modifier | modifier le code]À l'époque du calife Othmân ibn Affân, Sbeïtla est le point d'entrée de la conquête de l'Afrique du Nord par les Arabes musulmans, sous la conduite des sept Abdullah — Abd Allah ibn az-Zubayr, Abdullah ibn Abbas, Abdullah ibn Omar, Abdullah ibn Masud, Abdullah ibn Amr ibn al-As, Abdullah ibn Jaafar ibn Abi Talib et Abd Allâh ibn Saad ibn Sarh — qui réussissent à battre le patrice Grégoire, dans des batailles qui voient en l'an 647 la victoire de la nouvelle religion, ouvrant ainsi une nouvelle page dans l'histoire de la Tunisie en particulier et celle du Nord de l'Afrique en général[5].
Au XVIIIe siècle, les Fraichiches et les Madjer sont réunis sous la même autorité d'un caïd qui réside à Sbeïtla mais sont séparés et fractionnés après la signature du traité algéro-tunisien de 1821[6].
Époque française
[modifier | modifier le code]Au XIXe siècle, Sbeïtla figure parmi les villes prises par le 66e régiment d'infanterie de l'armée française, après le débarquement de sa 1re compagnie, le , dans le quartier de la kasbah de Tunis.
Seconde Guerre mondiale
[modifier | modifier le code]Pendant la Seconde Guerre mondiale, qui s'inscrit en Afrique du Nord dans la campagne de Tunisie, et comme d'autres villes du gouvernorat de Kasserine, Sbeïtla est le théâtre de combats dans ce qu'on appelle la bataille de Kasserine, opposant les États-Unis sous le commandement de Lloyd Fredendall et le Troisième Reich sous le commandement d'Erwin Rommel, et qui a lieu entre le et le [7].
Printemps arabe
[modifier | modifier le code]Début 2011, Sbeïtla connaît des manifestations sanglantes lors de la révolution conduisant à la chute du président Zine el-Abidine Ben Ali[8]. En juillet de la même année, la ville, qui est fortement touchée par le chômage, est le théâtre de violences entre habitants de deux quartiers, la dispute dégénérant en affrontements entre des dizaines de personnes, faisant 17 blessés en deux jours ; ceci conduit à la promulgation par le ministère de l'Intérieur d'un décret de couvre-feu[9].
Économie
[modifier | modifier le code]L'économie de Sbeïtla repose principalement sur les activités artisanales, l'agriculture et le tourisme.
La contrebande fait également partie des activités économiques parallèles que des habitants pratiquent[10].
Industrie
[modifier | modifier le code]La ville abrite deux modestes zones industrielles. La délégation étant classée en zone de développement régional prioritaire, on accorde aux investisseurs 25 à 30 % de l'investissement global, via un fonds incluant un plafond de 1,5 à deux millions de dinars, ainsi que la prise en charge par l'État de la cotisation patronale au régime légal de la sécurité sociale pendant les dix premières années à partir de la date d'entrée en activité effective, en plus d'autres avantages[11].
Agriculture
[modifier | modifier le code]L'agriculture et des produits agroalimentaires, en particulier l'huile d'olive, représentent une part importante de l'économie de la ville. La répartition des sols selon leurs vocations est composée de 58 750 hectares de terres labourables, 40 847 hectares de forêts et d'alfa et 7 196 hectares de parcours, soit un total de 106 793 hectares[12].
Selon les statistiques de 2008, le taux d'utilisation des superficies irrigables est de 90 % ; les superficies irriguées de la délégation de Sbeïtla atteignent 2 930 hectares sur un total de 3 366 hectares irrigables. 60 % des superficies exploitées sont gérées par des privés[12].
Tourisme
[modifier | modifier le code]Grâce à son site archéologique, son complexe touristique et ses hôtels, le tourisme représente une autre part de l'économie locale.
Culture
[modifier | modifier le code]Musée archéologique
[modifier | modifier le code]La ville abrite un musée archéologique situé à côté de son site archéologique. Il est constitué de quatre salles exposant des objets archéologiques témoins des différents aspects de la vie quotidienne de la Préhistoire à l'époque chrétienne[13] et musulmane.
Le musée est fermé à partir de , et la ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine Latifa Lakhdar a promis sa réouverture et s'est engagée à allouer les financements nécessaires à la sauvegarde et à la restauration de cet édifice[14].
Festival international d'Abadla
[modifier | modifier le code]Sbeïtla célèbre depuis 1980 son festival international d'Abadla[15], une manifestation culturelle qui, malgré son ancienneté, reste en difficulté en raison des restrictions budgétaires de la part du ministère de la Culture qui lui octroie uniquement la somme de 80 000 dinars. Ce budget ne suffit pas au festival pour garantir à ses spectateurs des grands spectacles ; il se contente donc d'artistes locaux dans le cadre de la coopération culturelle[16].
Festival international du printemps de Sbeïtla
[modifier | modifier le code]La ville célèbre aussi depuis 2001 le Festival international du printemps de Sbeïtla, fondé par le poète et acteur Adnen Helali et ses amis[17], une manifestation culturelle organisée par l'association Founoun Sufetula avec la collaboration du comité culturel local[18].
Les spectacles du festival se déroulent dans le théâtre de Sbeïtla situé au sein de son site archéologique[17]. Le , la treizième édition du festival démarre avec l'organisation de la Marche des fleurs sur l'avenue Habib-Bourguiba, avec une participation des deux rives de la Méditerranée et de l'Amérique latine. L'originalité de cette édition consiste en l'organisation de cette marche qui prévoit la participation d'environ 2 000 jeunes, en provenance des différentes régions de la république, notamment des régions montagneuses[19].
Cette édition du festival est marquée aussi par la célébration du 150e anniversaire de la révolte du martyr Ali Ben Ghedhahem. D'autres manifestations culturelles ont lieu jusqu'au , date de la fin du festival[20].
Fête des bergers
[modifier | modifier le code]L'administration du festival soutient aussi la vie culturelle régionale en contribuant régulièrement à la Fête des bergers, une manifestation qui se déroule dans le djebel Semmama près de Sbeïtla. La fête, animée par des chansons pastorales et la poésie des montagnards, sert à rendre hommage aux bergers qui animent la vie de ces campagnes oubliées et à lancer une action de tourisme alternatif qui soit inspirée des spécificités de la région[21]. La troisième édition de la fête a lieu du au dans un climat tendu à la suite des attaques terroristes qui ont eu lieu dans le djebel Chambi. La fête gagne alors un nouveau rôle : peupler la montagne et chasser les terroristes[22].
En 2015, l'administration du centre culturel de montagne à Semmama, qui gère le festival, maintient le planning de sa quatrième édition malgré les obstacles et les difficultés. Il déroulera les et dans un contexte particulier, due à la présence dans la montagne de terroristes. La fête vise également à égayer, pour deux jours, le pied du djebel Semmama sinistré par l'ambiance engendrée par les terroristes[23].
Sports
[modifier | modifier le code]La ville est renommée pour son équipe de football, l'Union sportive de Sbeïtla, fondée à Sbeïtla en 1947, et active dans la poule Centre de la Ligue II durant la saison 2014-2015.
Le , l'équipe réalise le meilleur exploit de son histoire et la plus grosse surprise des quarts de finale de la coupe de Tunisie en éliminant le Stade tunisien aux tirs au but (4-2) après un match nul (1-1)[24],[25]. Le , l'équipe garantit son passage en Ligue II après avoir dominé le groupe Centre de la Ligue III et battu le club de Bembla sur un score de 3-0.
Le , au stade olympique d'El Menzah, le club remporte la coupe de la Ligue amateur Promosport aux tirs au but (3-2), aux dépens du tenant du titre, le Mouldiet Manouba, la rencontre s'étant achevée lors du temps réglementaire sur un nul (0-0)[26].
L'Association sportive féminine de Sbeïtla, club de football féminin basé dans la ville depuis 1999, est présidé par Ayachi Rebei et joue en Ligue II.
Personnalités
[modifier | modifier le code]- Ali Ben Ghedhahem, né en 1814 et décédé le , dirigeant tribal et révolutionnaire ;
- Lotfi Ben Jeddou, né le [27], ministre de l'Intérieur dans les gouvernements Larayedh et Jomaa ;
- Adnen Helali, né le , poète et acteur[28] ;
- Mongi Soussi Zarrouki, né le , athlète spécialisé en 400 mètres haies et participant aux Jeux olympiques de 1960[29] ;
- Lamine Moulahi, né le , haut fonctionnaire, professeur et homme politique, PDG de la Pharmacie centrale de Tunisie[30] ;
- Chawki Tabib, né le [31], avocat.
Références
[modifier | modifier le code]- (en) « Sbeitla », sur geopostcodes.com (consulté le ).
- (ar) « Populations, logements et ménages par unités administratives et milieux » [PDF], sur census.ins.tn (consulté le ).
- (ar) « Sbeïtla », sur gouvernorat-kasserine.gov.tn (consulté le ).
- Hédi Slim, Ammar Mahjoubi et Khaled Belkhodja, Histoire générale de la Tunisie, vol. I : L'Antiquité, Paris, Maisonneuve et Larose, , 460 p. (ISBN 978-2706816956, lire en ligne), p. 224.
- « Sbeïtla », sur nachoua.com (consulté le ).
- Gabriel Camps et André Martel, « Fraichich », dans Gabriel Camps (dir.), Encyclopédie berbère, vol. 19 : Filage – Gastel, Aix-en-Provence, Édisud, (ISBN 2-85744-994-1, lire en ligne), p. 2930–2933.
- (en) Charles R. Anderson, Tunisia 17 November 1942 to 13 May 1943, Fort McNair, United States Army Center of Military History, coll. « U.S. Army Campaigns of World War II », (ISBN 0-16-038106-1, lire en ligne).
- Olivier Piot, La Révolution tunisienne : dix jours qui ébranlèrent le monde arabe, Paris, Les Petits Matins, coll. « Volumen », , 150 p. (ISBN 978-2-915879-93-3).
- « Tunisie : couvre-feu à Sbeïtla », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
- « Sbeitla : arrestation de 5 contrebandiers », sur mosaiquefm.net, (consulté le ).
- « Gouvernorat de Kasserine »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur tunisieindustrie.nat.tn.
- « L'agriculture »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur ecolamma.com.
- « Musée archéologique de Sbeitla », sur inp.rnrt.tn (consulté le ).
- « Latifa Lakhdar promet de rouvrir le musée de Sbeïtla », sur directinfo.webmanagercenter.com, (consulté le ).
- « Les organisateurs suspendent le spectacle de Md Ali Nahdi à Sbeïtla pour ‘gestes immoraux' », sur slateafrique.com, (consulté le ).
- Asma Drissi, « International, avez-vous dit ? », La Presse de Tunisie, (ISSN 0330-9991, lire en ligne, consulté le ).
- Asma Drissi, « Un homme pas comme les autres », La Presse de Tunisie, (ISSN 0330-9991, lire en ligne).
- « Bienvenue au Printemps de Sbeïtla », sur printemps-sbeitla.com (consulté le ).
- « « La Marche des Fleurs » le 30 mars à l'avenue Habib Bourguiba », sur baya.tn, (consulté le ).
- « Culture : démarrage aujourd'hui du Printemps international de Sbeïtla avec la Marche des fleurs »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur tunivisions.net, .
- « La Fête des bergers - Les bergers ratissent leur montagne », sur hammam-ensa.com, (consulté le ).
- Selima Karoui, « Sbeïtla : Il n'y a pas que des bombes dans les montagnes… », sur nawaat.org, (consulté le ).
- « La 4e édition de la Fête des Bergers aura lieu les 25 et 26 avril à Jebel Semmama défiant tous les obstacles », sur tunisie.co, (consulté le ).
- « Coupe de Tunisie : le Stade tunisien éliminé par l'US Sbeïtla », sur mosaiquefm.net, (consulté le ).
- « Coupe de Tunisie : Sbeïtla surprend et élimine le Stade tunisien », sur tunisie-tribune.com, (consulté le ).
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- « Biographie de Lotfi Ben Jeddou, ministre de l'Intérieur », sur radioexpressfm.com, (consulté le ).
- « Adnen Helali » (présentation), sur l'Internet Movie Database.
- (en) « Mongi Soussi Zarrouki », sur sports-reference.com (consulté le ).
- « Pharmacie centrale de Tunisie – Nomination d'un nouveau PDG », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
- « Qui est Chawki Tabib, nouveau président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption ? », sur turess.com, (consulté le ).
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :