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Kurt Schwitters

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Kurt Schwitters
Kurt Schwitters.
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 60 ans)
Kendal ou AmblesideVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Kurt Hermann Eduard Karl Julius SchwittersVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Kurt Merz SchwittersVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activités
Maîtres
Carl Bantzer, Emanuel Hegenbarth (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Représenté par
Partenaire
Kate Traumann Steinitz (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieux de travail
Mouvement
Influencé par
Père
Eduard Hermann Schwitters (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Helma Schwitters (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Ernst Schwitters (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
signature de Kurt Schwitters
Signature
Vue de la sépulture.

Kurt Schwitters[1],[2] né le à Hanovre, dans l'Empire allemand, et mort le (à 60 ans), à Ambleside, en Angleterre, est un peintre, sculpteur et poète allemand qui a incarné l'esprit individualiste et anarchiste du mouvement dada, dont il fut l'un des principaux animateurs à Hanovre[3].

En parallèle à dada, il a créé un mouvement qu'il a appelé Merz[4]. Il a exercé une influence importante sur les néo-dadas américains, Robert Rauschenberg en particulier, qui lui a emprunté l'idée de ses combine-paintings et ses collages.

Kurt Schwitters étudie la peinture et le dessin de 1909 à 1914, à l'académie de Dresde, puis à celle de Berlin et participe à la revue Der Sturm de Berlin. Il est d'abord l'auteur d'œuvres figuratives, avant de subir l'influence des mouvements d’avant-garde du début du XXe siècle dans des œuvres au fusain ou à l'aquarelle. À partir de 1918, il se détourne définitivement de la peinture traditionnelle pour élaborer, entre 1918 et 1920, un vocabulaire propre fondé sur l'emploi de déchets et de détritus de toutes sortes[5] et l'utilisation des procédés de collage pour assembler des matériaux de manière « harmonieuse ».

Grand ami de Hans Arp et de Raoul Hausmann, il est pourtant refusé par le Club dada de Berlin c'est-à-dire par Richard Huelsenbeck, Schwitters réagit en fondant un mouvement parallèle qu'il nomme Merz, d'après son tableau Merzbild I (1919), dans lequel le mot Merz est ironiquement tiré de la partie centrale du mot Kommerzbank découpé dans une annonce imprimée[6]. Le mouvement Merz cherche en effet à s'approprier les rebuts de la société industrielle et urbaine, faisant entrer la réalité quotidienne dans l'art, sans idée de message politique ou d'esthétique d'opposition, mais avec la volonté, à partir de 1920, de fonder un « art total Merz », embrassant l'architecture, le théâtre et la poésie.

Kurt Schwitters et Nelly van Doesburg en 1923.

De 1920 à 1923, dans sa maison de Hanovre, Schwitters entreprend de construire une vaste structure faite de volumes blancs en plâtre aux plans imbriqués les uns dans les autres et traversé par des tiges et des poutrelles de section carrée : la Schwitters-Säule (colonne Schwitters), dans laquelle s'encastrent dans des cavités, ses œuvres et celles de ses amis. La construction envahit peu à peu pièces et étages de la maison et l'artiste lui donne le nom de Merzbau (construction Merz). Détruite lors des bombardements de Hanovre en 1943, cette œuvre unique a été reconstruite en 1990 au Sprengel Museum de Hanovre[7] puis, en 1993, dans une version réduite, par Peter Bissegger à la demande de Harald Szeemann à l'occasion de la Biennale de Lyon.

Après 1922, Schwitters se lie avec les constructivistes Theo van Doesburg et El Lissitsky. Avec eux, il publie entre 1923 et 1932 la revue Merz et crée même une centrale de publicité du même nom, qui travaille pour des firmes comme Pelikan, Opel ou Bahlsen. En 1919, il publie An Anna Blume, collage de chansonnettes, de proverbes et de citations. Son chef-d'œuvre de poésie phonétique (Ursonate, 1921-1932) sera publié dans le 24e et dernier numéro de la revue Merz. Il a été réédité en CD en 1990 et de nombreuses fois depuis.

Après 1937, il quitte l'Allemagne pour la Norvège et s'installe à Lysaker, près d'Oslo. En Allemagne, ses œuvres sont retirées des musées et quatre d'entre elles figurent dans l'« exposition de l'Art dégénéré » à Munich. En 1940, l'invasion de la Norvège par les nazis le contraint à se réfugier en Angleterre où, après notamment un séjour dans un camp sur l'île de Man, il s'installe en 1945 à Ambleside dans le Westmoreland où il entreprend un nouveau projet dans l'esprit du Merzbau, le Merzbarn (grange Merz).

Principales œuvres

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Lofty, plâtre peint (vers 1945-1947), Tate Modern.
  • Merzbau (1923-1937), installation, Hanovre.
  • Merzbild I, le Psychiatre (1919), assemblage, Malborough-Gerson Gallery, New York.
  • Sans titre (Henpapi) (1922), collage (16,5 × 20,5 cm), galerie Gilbert Brownstone et Cie, Paris[8].
  • Breite Schnurchel (1923), relief en bois, collection Hoech, Berlin.
  • Verso F 14, recto F 15 (1924), collage (10,4 × 13 cm), MNAM, Paris[9].
  • Prikken paa I en (1939), collages, musée national d'Art moderne, Paris.
  • Hitler Gang (1944), collages (34,7 × 24,5 cm). [réf. nécessaire]
  • En Morn (1947), collage (21 × 16,7 cm), Marlborough Fine Art, Londres[10].
  • Merz, écrits choisis et présentés par Marc Dachy, suivi de Schwitters par ses amis ; Ursonate, fac-similé de la typographie originale, enregistrement de son interprétation par son auteur (CD). Textes allemands traduits par Marc Dachy et Corinne Graber ; textes anglais traduits par Marc Dachy, éditions Gérard Lebovici, Paris, 1990.
  • Anna Blume, édition établie par Marc Dachy, traduit de l'allemand par Marc Dachy et Corinne Graber, éditions Ivrea, Paris, 1994, édité avec le CD audio de l'Ursonate (« Sonate de sons primitifs »).
  • i, Manifestes théoriques et poétiques, édition établie par Marc Dachy, traduit de l'allemand par Marc Dachy et Corinne Graber, éditions Ivrea, Paris, 1994.

Principales expositions

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Bibliographie

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  • Auguste Bolte (trad. Catherine Wermester), Paris, Allia, , 64 p. (ISBN 9782844856036)
  • La Loterie du jardin zoologique (traduit de l'allemand par Catherine Wermester, édition bilingue), Paris, Allia, , 64 p. (ISBN 9782844856029)
  • Walter Selke (de), Christian Heppner: Das Geburtshaus von Kurt Schwitters in Hannover, in: Hannoversche Geschichtsblätter, Neue Folge 70 (2016), S. 67–71
  • Roger Cardinal, Gwendolen Webster: Kurt Schwitters. Hatje Cantz, Stuttgart, 2011, (ISBN 978-3-7757-2512-5) (englisch); (ISBN 3-7757-2512-1) (deutsch).
  • (de) Karin Orchard, « Schwitters, Kurt », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 24, Berlin, Duncker & Humblot, pas encore publié, p. 90–92 (original numérisé).
  • Adrian Notz (de), Hans Ulrich Obrist (Hrsg.): Merz World – Processing the Complicated Order. JRP Ringier, August 2007, (ISBN 978-3-905701-37-1). Mt Beiträgen von Stefano Boeri, Peter Bissegger, Dietmar Elger, Yona Friedman, Thomas Hirschhorn, Hans Ulrich Obrist, Karin Orchard und Gwendolen Webster.
  • Manfred Engel (de): Collage als Karnevalisierung. Schwitters Merzkunst. In [1]: Bachtin im Dialog. Festschrift für Jürgen Lehmann. Hrsg. von Markus May und Tanja Radtke. de Gruyter, Heidelberg 2006, (ISBN 978-3-8253-5279-0), S. 271–296.
  • Georg Franzen: Das Kunstwerk als Erfahrungsraum: Assoziationen im Merzbau. In: Musik-, Tanz- und Kunsttherapie, 12, S. 72–76. Hogrefe, Göttingen 2001.
  • Dietmar Elger (de): Der Merzbau von Kurt Schwitters. Eine Werkmonographie. 2. Aufl. König, Köln 1999, (ISBN 3-88375-362-9). (Kunstwissenschaftliche Bibliothek. Bd. 12)
  • Walter Fähnders, Helga Karrenbrock: „Ich sage nämlich das Gegenteil, aber nicht immer.“ Die Avantgarde-Manifeste von Kurt Schwitters. In: Manifeste: Intentionalität. Hrsg. von Hubert van den Berg und Ralf Grüttemeier. Rodopi, Amsterdam/Atlanta 1998, (ISBN 90-420-0318-9), S. 57–90.
  • Klaus Stadtmüller: Schwitters in Norwegen. Arbeiten, Dokumente, Ansichten. Postskriptum, Hannover 1997, (ISBN 3-922382-73-8).
  • Gerhard Schaub (Hrsg.): Kurt Schwitters: „Bürger und Idiot“. Beiträge zu Werk und Wirkung eines Gesamtkünstlers. Mit unveröffentlichten Briefen an Walter Gropius. Fannei und Walz. Berlin 1993, (ISBN 3-927574-19-8).
  • Lambert Wiesing (de): Stil statt Wahrheit. Kurt Schwitters und Ludwig Wittgenstein über ästhetische Lebensformen. Wilhelm Fink Verlag, München 1991, (ISBN 3-7705-2704-6).
  • Otto Nebel: Kurt Schwitters zum Gedächtnis. In: text + kritik, Nr. 35/36, München 1972, in: Schriften zur Kunst hrsg. mit einem Geleitwort von Rene´Radrizzani. Mäander, München 1988, (ISBN 3-88219-405-7).
  • Käte Steinitz (de): Kurt Schwitters. Erinnerungen aus den Jahren 1918–1930, enthält u. a. Erinnerungen an musikalische Anlässe und Persönlichkeiten sowie Notenbeispiele in Faksimile sowie Fotos und Zeichnungen, Verlag Die Arche, Zürich 1963; einmalige Sonderausgabe zum 100. Geburtstag von Kurt Schwitters 1987, Verlag Die Arche, Zürich 1987, (ISBN 3-7160-3101-1)
  • John Elderfield: Kurt Schwitters. Claassen, Düsseldorf 1987, (ISBN 0-500-23426-4).
  • Ernst Nündel: Kurt Schwitters mit Selbstzeugnissen und Bilddokumenten. Rowohlt, Reinbek 1981, (ISBN 3-499-50296-8).
  • Bernd Scheffer: Anfänge experimenteller Literatur: das literarische Werk von Kurt Schwitters. Bouvier, Bonn 1978, (ISBN 3-416-01396-4).
  • Heinz Ludwig Arnold (Hrsg.): Kurt Schwitters. text + kritik, Nr. 35/36, Boorberg Verlag, München 1972.
  • Friedhelm Lach: Der Merzkünstler Kurt Schwitters. DuMont Dokumente, Köln 1971, (ISBN 3-7701-0577-X).
  • Werner Schmalenbach (de): Kurt Schwitters DuMont Schauberg, Köln, 1967.

Notes et références

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  1. Encyclopædia Universalis, « KURT SCHWITTERS », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  2. (en) « Kurt Schwitters | German artist », Encyclopedia Britannica,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Éditions Larousse, « Encyclopédie Larousse en ligne - Kurt Schwitters », sur www.larousse.fr (consulté le )
  4. (en) Ronald Alley, Catalogue of the Tate Gallery's Collection of Modern Art other than Works by British Artists, Londres, Tate Gallery and Sotheby Parke-Bernet, (lire en ligne), p. 676
  5. Des billets d'autobus, des lambeaux d'affiches ou de journaux, des chiffons, des boutons, des morceaux de tissu, des cigares, des bouchons…
  6. L’assemblage comporte des objets usuels disposés sur un fond peint de couleurs violentes, encore expressionnistes.
  7. Beaux Arts Magazine, no 76, février 1990, p. 16.
  8. Reproduction dans Beaux Arts magazine, no 72, octobre 1989, p. 140.
  9. Reproduction dans Beaux-Arts magazine, no 82, septembre 1990, p. 56.
  10. Reproduction dans Beaux-Arts magazine, no 69, juin 1989, p. 84.
  11. « La colle de Kurt Schwitters », sur www.lejournaldesarts.fr, (consulté le )

Liens externes

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