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Faisan de Colchide

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Phasianus colchicus

Le Faisan de Colchide, faisan à collier ou faisan de chasse (Phasianus colchicus), est une espèce d'oiseaux galliformes de la famille des Phasianidae originaire d'Asie occidentale et introduit en Europe dès le Moyen Âge. C'est le plus commun des faisans en Europe, et si ce terme est utilisé seul, c'est à cette espèce que l'on fait probablement référence. Il est chassé comme gibier et élevé pour sa chair.

Seules certaines variétés sont considérées comme domestiques.

Le faisan est un animal suffisamment proche de la poule domestique pour produire des hybrides, mais ceux-ci sont stériles.

Dénomination

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Sa femelle s'appelle la faisane ou poule faisane.

Le nom de « faisan » vient directement de son nom latin phasianus, lui-même issu du grec antique φασιανοός désignant « l'oiseau du fleuve Phase », cours d'eau caucasien aujourd'hui nommé Rioni, dans l'actuelle Géorgie[1]. Le qualificatif « de Colchide » et l'adjectif colchicus se réfère lui aussi à sa région d'origine, la Colchide, également située en Géorgie[2]. Bien que le faisan de Colchide ne soit pas endémique de cette région, les premiers spécimens de faisans introduits en Europe sont bien originaires de celle-ci.

On trouve le terme au XIIe siècle chez Chrétien de Troyes sous la forme les feisanz et sous sa forme actuelle au XIIIe siècle[1].

Description

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Le faisan de Colchide est un oiseau de taille moyenne, avec une petite tête et un corps plus large terminé par une longue queue assez fine. Le dimorphisme sexuel est très apparent, le mâle étant beaucoup plus coloré que la femelle, avec notamment une tête et un cou iridescent violacé ou verdâtre et un large caroncule rouge autour de l'œil. Il présente également un « collier » blanc pour la plupart des sous-espèces. La femelle possède un plumage plus brun et terne[3].

Le faisan de Colchide mesure entre 60 et 70 cm pour le mâle et 50 à 60 cm pour la femelle (queue incluse). Le mâle pèse de 0,9 à 3,0 kg alors que la femelle est entre 0,5 et 1,1 kg[4].

Répartition et habitat

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Violet : Natif ; Rose : Introduit

Répartition

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Le faisan de Colchide est originaire d'Asie, son habitat initial recouvrant une grande partie de l'est de l'Asie, et allant jusqu'à la mer Noire et la mer Caspienne. Il a été introduit en Europe, en Australie et en Amérique du Nord[5]. La population est estimée entre 45 et 300 millions d'individus[6].

Sur la plupart de son aire de répartition, les faisans sont fortement associés aux terres cultivées, en particulier dans les périodes suivant la reproduction ; cela est dû à la forte concentration d'arthropodes nécessaires à la nourriture des petits. Durant la période d'accouplement, les faisans préfèrent le couvert des fourrés ou des bois ; cette préférence vaut aussi pour l'hiver, le couvert protégeant contre le mauvais temps. Cette variation saisonnière est particulièrement marquée chez la femelle, et un peu moins chez le mâle. Ils privilégient également la proximité avec des arbres pour pouvoir se mettre à couvert en cas de besoin[7].

Les faisans sont cependant capables de s'adapter à de nombreux habitats. On peut par exemple le trouver dans les montagnes, avec des observations à 3 500 m d'altitude en Chine[8].

C'est une espèce qui a besoin de calcium et est donc plus commune dans les environnements calcaires (hors individus artificiellement introduits ou relâchés dans la nature)[9].

Écologie et comportement

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Alimentation

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Les faisans de Colchide se nourrissent principalement de végétaux, en particulier de graines et de baies, mais aussi d'invertébrés comme les insectes, les vers et les mollusques ; particulièrement, les faisans juvéniles se nourrissent majoritairement d'animaux avant de passer vers un régime plus végétarien après 5 ou 6 semaines. Ils utilisent leurs pattes pour fouiller le sol à la recherche de nourriture. Ils sont généralement actifs à l'aube et au crépuscule plutôt qu'en journée[10].

Reproduction

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Le faisan de Colchide est polygyne, les mâles formant un harem pouvant comprendre entre 2 et 18 femelles. Durant toute la période de reproduction, chaque mâle établit son territoire ; les femelles ne sont pas territoriales, et s'accouplent avec un seul mâle par saison[3].

La période de reproduction s'étale de mars à avril. Durant celle-ci, le mâle parade en redressant son corps tout en battant des ailes et en les déployant en éventail. À la suite de l'accouplement, il délaisse la femelle qui creuse un trou ou profite d'un creux du sol masqué par des herbes hautes qu'elle rembourre de feuilles sèches[11]. Elle pondra 6 à 15 œufs de couleur brun olive ou vert olive luisant, couvés de 25 à 25 jours[11]. Nidifuges, les poussins sortent du nid pour suivre leur mère peu après leur éclosion[11].

Les nids de faisans sont la proie de plusieurs mammifères, incluant en particulier le Renard roux et le blaireau, ainsi que des corvidés[12].

Le renard est également susceptible de chasser des faisans adultes[12]. Les jeunes faisans sont aussi la cible de plusieurs rapaces, particulièrement les buses mais aussi les hiboux et les éperviers[13].

Systématique

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L'espèce a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758[14]. On compte actuellement 30 sous-espèces [15],[16],[17]:

Sous-espèces
Groupe Identification Dénomination Découvreur Localisation Commentaire
colchicus Pas de collier. Ailes brunes, queue couleur rouille à châtain. Arrière rouge-marron-orange, fines barres noires sur la queue. P. c. septentrionalis Lorenz, T, 1889 Nord du Caucase
P. c. colchicus Linnaeus, 1758 Transcaucasie La sous-espèce nominale.
P. c. talischensis Lorenz, T, 1889 Sud-est de la Transcaucasie Très rare, avec probablement moins de 1000 individus en vie.
P. c. persicus Severtsov, 1875 Sud-ouest du Turkménistan et nord-est de l'Iran Ailes plutôt gris-blanc
chrysomelas/principalis Pas de collier (ou très peu visible). Ailes blanches, plumage bronze à brun.

Arrière rouge-marron-orange, fines barres noires sur la queue.

P. c. principalis Sclater, 1885 Sud-est du Turkménistan et nord-ouest de l'Afghanistan
P. c. chrysomelas Severtsov, 1875 Nord du Turkménistan et ouest de l'Ouzbékistan
P. c. zarudnyi Buturlin, 1904 Est du Turkménistan
P. c. bianchii Buturlin, 1904 Sud-est de l'Ouzbékistan, sud-ouest du Tadjikistan et nord-est de l'Afghanistan
P. c. zerafschanicus Tarnovski, 1891 Sud de l'Ouzbékistan
P. c. shawii Elliot, 1870 Ouest de la Chine
mongolicus Collier large. Ailes blanches, plumage cuivre.

Arrière rouge-marron-orange, fines barres noires sur la queue.

P. c. turcestanicus Lorenz, T, 1896 Sud du Kazakhstan
P. c. mongolicus Brandt, 1844 Sud-est du Kazakhstan et nord du Kirghizistan
tarimensis Pas de collier (ou très peu visible).

Ailes brunes, queue kaki à olive. Arrière rouge-marron-orange, fines barres noires sur la queue.

P. c. tarimensis Pleske, 1889 Bassin du Tarim jusqu'à Lop Nur (ouest de la Chine)
strauchi/vlangalii Pas de collier et de contour orbital (ou fin et incomplet). Tête vert-sombre. Poitrine châtain.

Arrière gris clair, tache orange de chaque côté de la croupe, barres noires larges sur la queue.

P. c. vlangalii Przevalski, 1876 Bassin du Qaidam (centre-ouest de la Chine)
P. c. strauchi Przevalski, 1876 Nord-est de Qinghai (centre de la Chine)
P. c. sohokhotensis Buturlin, 1908 Est de Gansu (centre de la Chine)
P. c. satscheuensis Pleske, 1892 Ouest de Gansu (centre-nord de la Chine)
P. c. hagenbecki Rothschild, 1901 Ouest de la Mongolie Tête grise, collier, contour orbital, les plumes de la poitrine ont un bord noir.
P. c. edzinensis Sushkin, 1926 Centre-sud de la Mongolie
P. c. alaschanicus Alphéraky & Bianchi, 1908 Ningxia (centre-nord de la Chine)
P. c. kiangsuensis Buturlin, 1904 Nord-est de la Chine
P. c. suehschanensis Bianchi, 1906 Nord-ouest du Sichuan et sud de Gansu (centre-ouest de la Chine)
torquatus Collier variable (de absent à large). Ailes gris à brun. Poitrine rouge-brun, tête variable (verte à gris avec ou sans contour orbital).

Arrière gris clair, tache orange de chaque côté de la croupe, barres noires larges sur la queue.

P. c. karpowi Buturlin, 1904 Nord-est de la Chine jusqu'à la Corée
P. c. pallasi Rothschild, 1903 Sud-est de la Sibérie, nord-est de la Chine et nord-est de la Corée
P. c. decollatus Swinhoe, 1870 Centre de la Chine
P. c. takatsukasae Delacour, 1927 Sud-ouest de Guangdong (sud-est de la Chine) et nord-est du Viêt Nam
P. c. torquatus Gmelin, 1789 Est de la Chine
elegans Collier blanc, pas de contour orbital. Large bande sombre bleu-vert sur le dessous. Tête vert sombre, queue gris-bleu.

Arrière gris clair, tache orange de chaque côté de la croupe, barres noires larges sur la queue.

P. c. elegans Elliot, 1870 Ouest du Sichuan jusqu'au nord-ouest de Yunnan (centre-sud de la Chine), nord-est du Myanmar et est du Tibet
P. c. rothschildi La Touche, 1922 Sud-est de Yunnan (centre-sud de la Chine) et nord-ouest du Viêt Nam
formosanus Collier interrompu à l'avant. Plumes des flancs blanchâtres, plumes de la poitrine avec des bords noirs.

Arrière gris clair, tache orange de chaque côté de la croupe, barres noires larges sur la queue.

P. c. formosanus Elliot, 1870 Taïwan
Distribution des différentes sous-espèces de faisan de Colchide

Il était autrefois parfois considéré comme formant une même espèce avec le Faisan versicolore ; Certains auteurs estiment que les deux espèces ont divergé il y a 4,3 millions d'années[18], mais d'autres estimations proposent une séparation plus récente, il y a moins de 2 millions d'années[17]. Il a aussi été suggéré de séparer le faisan de Colchide en plusieurs espèces[19].

Les différentes sous-espèces peuvent aussi être regroupées en 5 groupes sur des critères visuels ; cependant ces groupes ne sont pas complètement associés à de véritables séparations génétiques ; il y aurait en vérité plutôt 8 groupes[19].

La sous-espèce de faisan introduite en Europe pour la première fois est celle du Caucase, P. c. colchicus, à partir de l'an 500. Les autres groupes de faisan ne seront introduits que bien plus tard, au XVIIIe siècle, avec P. c. torquatus et P. c. mongolicus[20].

On pense que le faisan est initialement originaire de Chine[16].

Le faisan de Colchide et l'humain

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Le faisan est cité dans la littérature depuis l'Antiquité : Pline (6, 13 ; 10, 132), Martial (Epigrammes, 13, 72), Conrad Gessner (H.A., 3), Pierre Belon (H.O., 5, 12). Pantaléon Thévenin écrit dans son commentaire de Du Bartas : « il a pris son nom de Phasis, fleuve renommé en Colchide, où premièrement il fut trouvé par les argonautes ».

Il s'agit d'un des oiseaux les plus chassés en France, en deuxième position derrière le Pigeon ramier avec 3 000 000 d'individus tués chaque année (soit en moyenne 2,5 par chasseur et par saison). De nombreux faisans sont élevés en captivité et relâchés pour la chasse[21]. Au Royaume-Uni, près de 83% des faisans chassés sont issus de l'élevage[22].

Notes et références

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  1. a et b « Faisan : Etymologie », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
  2. James A. Jobling, The Helm dictionary of scientific bird names : from aalge to zusii, Christopher Helm, (ISBN 978-1-4081-3326-2, 1-4081-3326-1 et 978-1-4081-2501-4, OCLC 659731768, lire en ligne)
  3. a et b (en) Charley Switzer, « Phasianus colchicus (common pheasant) », sur Animal Diversity Web (consulté le )
  4. (en) John H. Giudice et John T. Ratti, « Ring-necked Pheasant (Phasianus colchicus), version 1.0 », Birds of the World,‎ (DOI 10.2173/bow.rinphe.01, lire en ligne, consulté le )
  5. Carte de répartition de Phasianus colchicus sur le site de l'UICN
  6. (en) Référence UICN : espèce Phasianus colchicus
  7. Piero Genovesi, Marco Besa et Silvano Toso, « Habitat selection by breeding pheasants Phasianus colchicus in an agricultural area of northern Italy », Wildlife Biology, vol. 5, no 4,‎ , p. 193–201 (ISSN 0909-6396 et 1903-220X, DOI 10.2981/wlb.1999.024, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Ben King et Peng Ji Tai, « Some bird observations in Ganzi prefecture of extreme north-west Sichuan province, China », Forktail, no 6,‎ , p. 15-23 (lire en ligne [PDF])
  9. Harper J.A & Labisky R.F (1964) The influence of calcium on the distribution of the pheasant in North America. The Journal of Wildlife Management 28:722–731
  10. Oiseaux.net, « Faisan de Colchide - Phasianus colchicus - Common Pheasant », sur www.oiseaux.net (consulté le )
  11. a b et c Jean-Claude Chantelat, Les Oiseaux de France, Solar, coll. « Guide vert », , 13e éd. (1re éd. 1989) (ISBN 978-2-263-05796-0), p. 455
  12. a et b (en) Roger A. H. Draycott, Andrew N. Hoodless, Maureen I. A. Woodburn et Rufus B. Sage, « Nest predation of Common Pheasants Phasianus colchicus: Pheasant nest predation », Ibis, vol. 150,‎ , p. 37–44 (DOI 10.1111/j.1474-919X.2008.00851.x, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) R.E. Kenward, D.G. Hall, S.S. Walls et K.H. Hodder, « Factors affecting predation by buzzards Buteo buteo on released pheasants Phasianus colchicus: Buzzard predation on pheasants », Journal of Applied Ecology, vol. 38, no 4,‎ , p. 813–822 (DOI 10.1046/j.1365-2664.2001.00636.x, lire en ligne, consulté le )
  14. Linnaeus, C. 1758: Systema Naturae per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, Tomus I. Editio decima, reformata. Holmiæ: impensis direct. Laurentii Salvii. i–ii, 1–824 pp page 158
  15. (en-US) « Pheasants, partridges, francolins – IOC World Bird List » (consulté le )
  16. a et b (en) Hiemo et Raasch, « The subspecies of the common pheasant Phasianus colchicus in the wild and captivity », sur www.semanticscholar.org, (consulté le )
  17. a et b (en) Simin Liu, Yang Liu, Edouard Jelen et Mansour Alibadian, « Regional drivers of diversification in the late Quaternary in a widely distributed generalist species, the common pheasant Phasianus colchicus », Journal of Biogeography, vol. 47, no 12,‎ , p. 2714–2727 (ISSN 0305-0270 et 1365-2699, DOI 10.1111/jbi.13964, lire en ligne, consulté le )
  18. (en) Nasrin Kayvanfar, Mansour Aliabadian, Xiaoju Niu et Zhengwang Zhang, « Phylogeography of the Common Pheasant Phasianus colchicus », Ibis, vol. 159, no 2,‎ , p. 430–442 (DOI 10.1111/ibi.12455, lire en ligne, consulté le )
  19. a et b (en) « Genetics suggest Common Pheasant may be three species », sur BirdGuides, (consulté le )
  20. (en) Mohammad Reza Ashrafzadeh, Rasoul Khosravi, Carlos Fernandes et Cecilia Aguayo, « Assessing the origin, genetic structure and demographic history of the common pheasant (Phasianus colchicus) in the introduced European range », Scientific Reports, vol. 11, no 1,‎ , p. 21721 (ISSN 2045-2322, DOI 10.1038/s41598-021-00567-1, lire en ligne, consulté le )
  21. Céline Deluzarche, « Quels sont les animaux les plus chassés en France ? », Ouest-France,‎ , p. 9 (lire en ligne)
  22. « Pheasants - cultural heritage | Pitchcare », sur www.pitchcare.com (consulté le )

Références taxonomique

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Liens externes

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