Virus respiratoire syncytial
Orthopneumovirus hominis
Realm | Riboviria |
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Règne | Orthornavirae |
Embranchement | Negarnaviricota |
Sous-embr. | Haploviricotina |
Classe | Monjiviricetes |
Ordre | Mononegavirales |
Famille | Pneumoviridae |
Genre | Orthopneumovirus |
- Human orthopneumovirus
- Human respiratory syncytial virus
- Respiratory syncytial virus
Le virus respiratoire syncytial ou Orthopneumovirus hominis (VRS, ou HRSV pour human respiratory syncytial virus ; de syncytium) est la cause la plus fréquente, dans le monde, d'infections respiratoires des jeunes enfants. Très contagieux, ce virus infecte principalement les nourrissons âgés de moins de deux ans. Chez l'adulte, l'infection à VRS est rare, bénigne (sauf chez le sujet âgé), elle est responsable d'une rhinite ou d'un syndrome pseudogrippal.
L'infection peut survenir comme surinfection après une infection primaire par SARS-CoV-2, le virus responsable de la maladie à coronavirus 2019[2]. L'infection semble aussi facilitée par l'exposition des poumons à la pollution de l'air[3]. Chez l'enfant, elle semble souvent remarquablement bien coïncider dans le temps avec la virose provoquée par le rotavirus en novembre, en décembre, et en janvier (dans l'hémisphère nord). Cette co-infection favorise l'encombrement des services pédiatriques hospitaliers en région parisienne, et conduit à plusieurs infections nosocomiales[4].
Origine
[modifier | modifier le code]Le VRS aurait franchi la barrière des espèces au cours du Néolithique dans l'est de la Turquie, passant des bovins élevés dans cette région à l'humain[5].
Découverte
[modifier | modifier le code]En 1956, Morris et al. isolent un virus d'une population de chimpanzés enrhumés ; ils le nomment CCA (Chimpanzee Coryza Agent). En 1957, ce même virus est identifié par Robert M. Chanock (en) comme étant celui ayant affecté des enfants atteints de pneumopathies et de laryngites[6]. Il le nomme virus respiratoire syncytial.
Description
[modifier | modifier le code]C'est un virus à ARN monocaténaire (un seul brin d'ARN, non fragmenté) de polarité négative, de type « enveloppé », à capside à symétrie hélicoïdale. Il appartient à la famille des Pneumoviridae, et au genre Orthopneumovirus.
Taille : de 150 à 400 nm de diamètre environ.
Données épidémiologiques
[modifier | modifier le code]Il s'agit de la cause principale des bronchiolites de l'enfant[7],[5].
La prévalence mondiale en 2005 est estimée à près de 34 millions de cas chez les enfants de moins de cinq ans, dont 10 % sont des formes graves avec environ 100 000 décès[8]. En France, on dénombre environ 460 000 cas/an chez les nourrissons. Ce virus ne semble actif qu'en saison froide (d'octobre à mars-avril en Europe de l'Ouest et Amérique du Nord).
L'incubation est de 2 à 8 jours.
Contagion
[modifier | modifier le code]La transmission est réputée se faire essentiellement par voie respiratoire, soit par particules aérosoles expulsées par la personne contagieuse lorsque qu'elle respire, parle, tousse, ou éternue. Le virus effectue sa réplication dans le rhinopharynx où il peut soit rester, soit diffuser.
Description de la maladie
[modifier | modifier le code]Une infection par le VRS peut se compliquer et devenir une bronchiolite chez le jeune enfant, qui peut entraîner dans des cas exceptionnels l'hospitalisation. La bronchiolite a une durée d'incubation courte (2 à 4 jours) elle commence par une rhinite avec une fièvre modérée. Dans la plupart des cas, on a une évolution favorable en une dizaine de jours. Dans 2/3 des cas, on a une forme récidivante. Elle peut évoluer vers des formes graves, par exemple une insuffisance respiratoire.
Les réinfections sont fréquentes[9].
Il existe également des formes de l'adulte et de la personne âgée, se manifestant par un tableau de bronchite fébrile, avec une gravité comparable à celle de la grippe chez ces derniers[10],[11]. L'atteinte est plus fréquente chez les patients cardiaques, entraînant fréquemment des complications cardiovasculaires[12].
Diagnostic
[modifier | modifier le code]En pratique le diagnostic est clinique et aucun examen n'est nécessaire. Dans certains cas l'on peut être amené à effectuer un diagnostic de certitude, essentiellement un diagnostic direct. On dispose de plusieurs méthodes :
- détection d'antigènes par immunofluorescence (test rapide);
- culture sur cellules sanguines[Lesquelles ?], méthode facile;
- amplification du génome viral par PCR (technique la plus sensible).
La sérologie présente peu d'intérêt.
La pollution de l'air comme facteur de risque
[modifier | modifier le code]L'infection par ce virus semble facilitée par l'exposition des poumons à la pollution de l'air, et en particulier aux PM10 et au NO2 qui augmentent aussi la gravité de l'infection (plus d'hospitalisations) ainsi que sa létalité (effects cerébrovasculaires plus importants avant l'âge de 75 ans, selon une étude faite en Italie, publiée en 2016[3]).
Prévention
[modifier | modifier le code]Comme pour tous les virus, il est recommandé d'éviter le contact avec des personnes infectées (foule, transports en commun, baisers sur le visage et sur les mains de la part d'adultes et d'enfants), utiliser du matériel à usage unique ou personnel (jouets, mouchoirs), se laver les mains avant de s'occuper de l'enfant et surtout se laver les mains après s'être occupé d'un enfant malade.
Le virus peut survivre plusieurs jours sur des objets (dits « fomite »).
D'une manière générale, mais tout particulièrement lorsqu'une rhinite ou tout autre infection respiratoire est en cours chez un enfant, il faut éviter tout ce qui peut gêner la respiration ou entraîner une diminution de la capacité respiratoire ; ne pas fumer, aérer la chambre 20 minutes par jour, ne pas avoir d'atmosphère trop sèche, coucher l'enfant sur le dos, sans draps ni doudou. Chez le nourrisson, la respiration est presque exclusivement nasale ; ainsi la rhinite, bilatérale ou non, peut vite se compliquer d'une difficulté respiratoire ou dyspnée.
Depuis 1999, un traitement préventif des infections à RSV est disponible : il s'agit d'un anticorps monoclonal, le palivizumab, commercialisé sous le nom de Synagis. Compte tenu du coût élevé de cette thérapeutique, elle est réservée aux enfants à risque (prématuré de moins de 35 semaines, enfants de moins de deux ans souffrant de dysplasie bronchopulmonaire ou de cardiopathie congénitale). Ce médicament est disponible exclusivement dans les pharmacies des établissements hospitaliers[13].
Le nirsevimab est un anticorps monoclonal, ciblant la protéine de fusion du virus dans l'une de ses conformations[14], dont la demi-vie est suffisamment longue pour protéger les nouveau-nés à terme[15] ou prématurés[16] pendant tout un hiver, avec une seule injection intramusculaire.
Vaccins
[modifier | modifier le code]Trois vaccins sont disponibles :
- Arexvy de GSK : antigène RSVPreF3 (protéine F recombinante en forme préfusion) et adjuvant AS01E ;
- Abrysvo de Pfizer utilisant les formes préfusionnelles de la protéine F (protéine de fusion cellulaire) des souches A et B du virus[17],[18]. Pfizer a obtenu le statut de thérapie innovante pour ce vaccin visant la protection des nourrissons par vaccination de la femme enceinte[19]. La réduction globale des infections des voies respiratoires inférieures et des hospitalisations liées au VRS au cours des 6 premiers mois de la vie est d'environ 50 %[20] ;
- mRESVIA de Moderna utilise la technique de l'ARN messager[21].
Les trois vaccins sont adaptés à la vaccination des seniors (en France, 75 ans et plus ou 65 ans et plus avec pathologies respiratoires ou cardiaques chroniques). Abrysvo permet la protection des nouveau-nés par vaccination de la mère entre 32 et 36 semaines d'aménorrhée[22].
L'anticorps monoclonal Beyfortus peut aussi être proposé aux nourrissons de moins d'un mois exposés au risque épidémique[23].
Traitement
[modifier | modifier le code]Il repose essentiellement sur des lavages réguliers du nez du nourrisson afin de faciliter la respiration et l'alimentation. La kinésithérapie respiratoire n'est plus recommandée dans la prise en charge des bronchiolites du nourrisson[24].
La ribavirine est utilisée en aérosol pour soigner les formes graves, permettant de réduire la durée de la ventilation mécanique et celle de l'hospitalisation[25] et est tératogène. Le palivizumab permet d'en diminuer les symptômes et est proposé en prévention chez les sujets fragiles[26].
Le ziresovir est un inhibiteur de la protéine F du virus et permet la réduction des symptômes de l'infection[27].
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Rhume
- Angine virale
- Bronchite aiguë
- Pneumonie aiguë
- Bronchiolite
- Acrodermatite papuleuse infantile de Gianotti-Crosti
- Robert M. Chanock (en), le découvreur du virus.
- Cheval de Troie (virus)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ICTV. International Committee on Taxonomy of Viruses. Taxonomy history. Published on the Internet https://talk.ictvonline.org/., consulté le 29 sptembre 2024
- (en) Lindsey Wang, Pamela B Davis, Nathan Berger et David C Kaelber, « Association of COVID-19 with respiratory syncytial virus (RSV) infections in children aged 0–5 years in the USA in 2022: a multicentre retrospective cohort study », Family Medicine and Community Health, vol. 11, no 4, , e002456 (ISSN 2305-6983 et 2009-8774, PMID 37832975, PMCID PMC10582888, DOI 10.1136/fmch-2023-002456, lire en ligne, consulté le )
- (en) Michele Carugno, Dario Consonni, Giorgia Randi et Dolores Catelan, « Air pollution exposure, cause-specific deaths and hospitalizations in a highly polluted Italian region », Environmental Research, vol. 147, , p. 415–424 (DOI 10.1016/j.envres.2016.03.003, lire en ligne, consulté le )
- J.-B. Armengaud, M.J. El Hajje, F. Moulin et E. Marc, « Coïncidence des épidémies de rotavirus et de virus respiratoire syncytial à Paris: 12 ans de surveillance », Médecine et Maladies Infectieuses, vol. 37, no 5, , p. 262–265 (DOI 10.1016/j.medmal.2007.02.005, lire en ligne, consulté le )
- Stéphane Biacchesi, Christophe Chevalier, Marie Galloux, Christelle Langevin, Ronan Le Goffic et Michel Brémont, Les virus : Ennemis ou alliés ?, Versailles, Quæ, coll. « Enjeux Sciences », , 112 p. (ISBN 978-2-7592-2627-6, lire en ligne), III. Quels sont les modes de transmission des virus ?, chap. 6 (« Les barrières d'espèces »), p. 61-62, accès libre.
- Chanock R, Roizman B, Myers R, Recovery from infants with respiratory illness of a virus related to chimpanzee coryza agent (CCA). I. Isolation, properties and characterization, Am J Hyg, 1957;66:281–290
- Smith DK, Seales S, Budzik C, Respiratory syncytial virus bronchiolitis in children, Am Fam Physician, 2017;95:94–99
- Nair H, Nokes DJ, Gessner BD et Als. Global burden of acute lower respiratory infections due to respiratory syncytial virus in young children: a systematic review and meta-analysis, Lancet, 2010;375:1545-1555
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Référence biologique
[modifier | modifier le code]- (en) Référence ICTV : Human orthopneumovirus (consulté le )