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« Voltaire » : différence entre les versions

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{{citation|J’aimais l’auteur du livre ''de l’Esprit''. Cet homme valait mieux que tous ses ennemis ensemble ; mais je n’ai jamais approuvé ni les erreurs de son livre, ni les vérités triviales qu’il débite avec emphase. J’ai pris son parti hautement, quand des hommes absurdes l’ont condamné pour ces vérités mêmes.}}
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Voltaire en 1718.

Voltaire (21 novembre 1694 - 30 mai 1778) est un écrivain et philosophe français.

Voltaire est un philosophe des Lumières.

Contes et romans

Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable plutôt que de condamner un innocent.
  • « Zadig ou la Destinée, histoire orientale » (1747), dans Œuvres complètes de M. de Voltaire, Voltaire, éd. Sanson et compagnie, 1792, t. 64, chap. 10 (« Le ministre »), p. 27 (texte intégral sur Wikisource)


Il y avait autrefois un grain de sable qui se lamentait d'être un atome ignoré dans le désert ; au bout de quelques années il devint diamant, et il est à présent le plus bel ornement de la couronne du roi des Indes.
  • Zadig ou la Destinée, histoire orientale (1752), Voltaire, éd. Flammarion, coll. « Librio », 2004, chap. « Le Brigand », p. 43 (texte intégral sur Wikisource)


Dieu n'a créé les femmes que pour apprivoiser les hommes.
  • « L'Ingénu » (1767), dans Œuvres complètes de M. de Voltaire, Voltaire, éd. Sanson et compagnie, 1792, t. 65, chap. 13 (« La belle Saint-Yves va à Versailles »), p. 60 (texte intégral sur Wikisource)


On disputa un peu sur la multiplicité des langues, et on convint que, sans l’aventure de la tour de Babel, toute la terre aurait parlé français.
  • « L'Ingénu » (1767), dans Œuvres complètes de M. de Voltaire, Voltaire, éd. Sanson et compagnie, 1792, t. 65, chap. 1 (« Comment le prieur de Notre-Dame de la Montagne et Mademoiselle sa sœur rencontrèrent un Huron. »), p. 6 (texte intégral sur Wikisource)


Pourquoi donc, (…) citez-vous un certain Aristote en grec ? — C'est, répliqua le Sirien, qu'il faut bien citer ce qu'on ne comprend point du tout dans la langue qu'on entend le moins.


(à propos des passions) Ah ! qu'elles sont funestes. Ce sont les vents qui enflent les voiles du vaisseau : elles le submergent quelquefois ; mais sans elles l'homme ne saurait vivre.


Le mieux est l'ennemi du bien


Candide, ou l'Optimisme

Voir le recueil de citations : Candide, ou l'Optimisme

Poésie

Le fanatique aveugle, et le chrétien sincère
Ont porté trop souvent le même caractère ;
Ils ont même courage, ils ont mêmes désirs.
Le crime a ses héros ; l'erreur a ses martyrs.
Du vrai zèle et du faux vains juges que nous sommes !
Souvent les scélérats ressemblent aux grands hommes.
  • La Henriade (1723), Voltaire, éd. Lecointe, coll. « Nouvelle bibliothèque des classiques français », 1835, chant 5, p. 96, vers 169-202


Si l'homme est créé libre, il doit se gouverner
Si l'homme a des tyrans, il les doît détrôner.
  • « Discours en vers sur l'homme » (1734), dans Œuvres complètes de M. de Voltaire, Voltaire, éd. Thourneisen, 1791, t. 14, troisième discours (« De l'envie »), p. 23


Dieu ne doit point pâlir des sottises du prêtre.


Un lion mort ne vaut pas
Un moucheron qui respire.
  • « Le Précis de l’Ecclésiaste » (1759), dans Collection complète des œuvres de Monsieur de Voltaire, Voltaire, éd. Amsterdam, « aux dépens de la Compagnie », 1764, t. 18, 2e partie, p. 442


Essais

Il n'est pas étonnant qu'en tout pays l'homme se soit rendu le maître de la femme, tout étant fondé sur la force. Il a d'ordinaire beaucoup de supériorité par celle du corps et même de l'esprit. On a vu des femmes très savantes comme il en fut de guerrières; mais il n'y en a jamais eu d'inventrices.
  • Dictionnaire philosophique, Voltaire, éd. Lequien, 1829, t. 4, article « Femme », p. 354


Il n'est permis qu'à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Lapons, les Chinois, les Amériques ne soient des races entièrement différentes.
  • Essai sur les mœurs, Voltaire, éd. Beuchot, 1829, t. 15, Introduction, ch.II: Des différentes races d'hommes, p. 7


L'écriture est la peinture de la voix.
  • « Dictionnaire philosophique » (1764), dans Œuvres complètes, Voltaire, éd. Elibron Classics, 2004, t. 26, article « Orthographe », p. 109


Ainsi presque tout est imitation. L’idée des Lettres persanes est prise de celle de l’Espion turc. Le Boiardo a imité le Pulci, l’Arioste a imité le Boiardo. Les esprits les plus originaux empruntent les uns des autres.
  • « Dictionnaire philosophique » (1764), dans Œuvres complètes, Voltaire, éd. Elibron Classics, 2004, t. 26, article « De Prior, du poème singulier d'Hudibras et du doyen Swift », p. 260


Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?
  • Dictionnaire philosophique, Voltaire, éd. Imprimerie nationale, coll. « La Salamandre », 1994, article « Fanatisme », p. 256


Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère.
  • Dictionnaire philosophique, Voltaire, éd. Imprimerie nationale, coll. « La Salamandre », 1994, article « Fanatisme », p. 254


J’aimais l’auteur du livre de l’Esprit. Cet homme valait mieux que tous ses ennemis ensemble ; mais je n’ai jamais approuvé ni les erreurs de son livre, ni les vérités triviales qu’il débite avec emphase. J’ai pris son parti hautement, quand des hommes absurdes l’ont condamné pour ces vérités mêmes.


La superstition est à la religion ce que l'astrologie est à l'astronomie, la fille très folle d'une mère très sage.


On peut juger du caractère des hommes par leurs entreprises.


Dans nos siècles de barbarie et d’ignorance, qui suivirent la décadence et le déchirement de l’empire romain, nous reçûmes presque tout des Arabes: astronomie, chimie, médecine, et surtout des remèdes plus doux et plus salutaires que ceux qui avaient été connus des Grecs et des Romains. L’algèbre est de l’invention de ces Arabes; notre arithmétique même nous fut apportée par eux.


Il est triste que souvent pour être bon patriote on soit l'ennemi du reste des hommes. [...] Celui qui voudrait que sa patrie ne fût jamais ni plus grande, ni plus petite, ni plus riche, ni plus pauvre, serait le citoyen de l'univers.
  • Dictionnaire philosophique (1764), Voltaire, éd. Menard et Desenne, 1827, t. 11, article « Patrie », p. 236-237


Enfin vous ne trouverez en eux [les Juifs] qu'un peuple ignorant et barbare qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition, et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et les enrichissent.
  • Dictionnaire philosophique, Voltaire, éd. Werdet et Lequien, 1829, t. 30, article "Juifs", p. 462-463


Ces mêmes Maures cultivèrent les sciences avec succès, et enseignèrent l’Espagne et l’Italie pendant plus de cinq siècles. Les choses sont bien changées. Le pays de saint Augustin n’est plus qu’un repaire de pirates.
  • Dictionnaire philosophique, Voltaire, éd. Lequien fils, 1829, t. 2, article « Augustin», p. 212


Théâtre

Zaïre : On ne peut désirer ce qu'on ne connaît pas.
  • « Zaïre » (1732), dans Théâtre de Voltaire, Voltaire, éd. Furne et compagnie, 1861, acte premier, scène 1, p. 143

(citation d'Ovide extraite de L'art d'aimer (3, 390): Ignoti nulla cupido)

Tous les genres sont bons, hormis le genre ennuyeux.


Correspondances

« Le lever de Voltaire » de Jean Huber (vers 1768-1772)
Voltaire enfile sa culotte en dictant une lettre.
Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.


Je conviens avec vous que le néant vaut, généralement parlant, beaucoup mieux que la vie, le néant a du bon; consolons nous, nous en tâterons. Il est bien clair que nous serons après notre mort ce que nous étions avant de naître, mais pour les deux ou trois minutes de notre existence, qu'en ferons-nous ? Nous sommes de petites roues de la grande machine, de petits animaux à deux pieds et à deux mains comme les singes, moins agiles qu'eux, aussi comiques, et ayant une mesure d'idées plus grande. Nous obéissons tous au mouvement général imprimé par la nature, nous ne nous donnons rien, nous recevons tout, nous ne sommes pas plus les maîtres de nos idées que de la circulation du sang dans nos veines. Chaque être, chaque manière d'être obéit nécessairement à la loi générale.
  • « Lettre à Mme du Deffand » (22 mai 1764), dans Correspondance, Voltaire, éd. Gallimard ,Coll.Pléiade, 1977-1993, t. 7, p. 710-711


Nous sommes comme la nature nous a pétris, automates pensants faits pour aller un certain temps; et puis c'est tout.
  • « Lettre au duc de Richelieu » (31 août 1751), dans Correspondance, Voltaire, éd. Gallimard ,Coll.Pléiade, 1977-1993, t. 3, p. 473


Je prie l'honnête homme qui fera Matière de bien prouver que le je ne sais quoi qu'on nomme matière peut aussi bien penser que le je ne sais quoi qu'on appelle esprit.
  • « Lettre à d'Alembert » (été 1751), dans Correspondance, Voltaire, éd. Gallimard ,Coll.Pléiade, 1977-1993, t. 4, p. 1059


Un dictionnaire sans citations est un squelette.
  • « Lettre LXII à M. Charles Pinot Duclos » (11 août 1760), dans Œuvres complètes de M. de Voltaire, Voltaire, éd. Sanson et compagnie, 1792, t. 86, p. 123


Jamais vingt volumes in-folio ne feront de révolution ; ce sont les petits livres portatifs à trente sous qui sont à craindre. Si l'Évangile avait coûté douze cents sesterces, jamais la religion chrétienne ne se serait établie.
  • « Lettre XII à M. d'Alembert » (5 avril 1765), dans Œuvres complètes de M. de Voltaire, Voltaire, éd. Sanson et compagnie, 1792, t. 98, p. 23


Les beaux esprits se rencontrent.
  • « Lettre XXXVIII à M. Thiriot » (30 juin 1760), dans Œuvres complètes de M. de Voltaire, Voltaire, éd. Sanson et compagnie, 1792, t. 86, p. 78


J’ai dit qu’on reconnut Mahomet pour un grand homme; rien n’est plus impie, dites-vous. Je vous répondrai que ce n’est pas ma faute si ce petit homme a changé la face d’une partie du monde, s’il a gagné des batailles contre des armées dix fois plus nombreuses que les siennes, s’il a fait trembler l’empire romain, s’il a donné les premiers coups à ce colosse que ses successeurs ont écrasé, et s’il a été législateur de l’Asie, de l’Afrique, et d’une partie de l’Europe.
  • réponse de Voltaire à l'auteur qui lui reprochait de considérer Mahomet comme un grand homme
  • « Lettre civile et honnête a l’auteur malhonnête de la "Critique de l’histoire universelle de M. de voltaire" » (1760), dans Correspondances(1760-61), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 24, p. 164


Nous laisserons, vous et moi, madame, ce monde-ci aussi sot, aussi méchant que nous l'avons trouvé en y arrivant. Mais nous laisserons la France plus gueuse et plus vilipendée.
  • « Lettre à Madame la comtesse de Lutzelbourg », dans Œuvres complètes de Voltaire, éd. Garnier frères, 1877, vol. 40, 19 mars 1760, lettre 4074, p. 332 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


Tant qu’il y aura des fripons et des imbéciles, il y aura des religions. La nôtre est sans contredit la plus ridicule, la plus absurde, et la plus sanguinaire qui ait jamais infecté le monde.
  • « Lettre à Frédéric II, roi de Prusse » (5 janvier 1767), dans Correspondances(1767-68), Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 45, vol. 13, p. 11


[Le Christianisme est] la superstition la plus infâme qui ait jamais abruti les hommes et désolé la terre.
  • « Lettre à d'Argence » (11 octobre 1763), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Hachette, 1861, p. 153-154


Allez, mes Welches [Français], Dieu vous bénisse! vous êtes la chiasse du genre humain. Vous ne méritez pas d'avoir eu parmi vous de grands hommes

qui ont porté votre langue jusqu'à Moscou. C'est bien la peine d'avoir tant d'académies pour devenir barbares! Ma juste indignation, mes anges [le comte et la comtesse d'Argental], est égale à la tendresse respectueuse que j'ai pour vous, et qui fait la consolation de mes vieux jours.

  • « Lettre à M. Le Comte D'Argental. » (2 septembre 1767), dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Lefèvre, 1833, t. 64, p. 351


Je crois que nous ne nous entendons pas sur l'article du peuple, que vous croyez digne d'être instruit. J'entends par peuple la populace, qui n'a

que ses bras pour vivre. Je doute que cet ordre de citoyens ait jamais le temps ni la capacité de s'instruire; ils mourraient de faim avant de devenir philosophes. Il me paraît essentiel qu'il y ait des gueux ignorants. Si vous faisiez valoir comme moi une terre, et si vous aviez des charrues, vous seriez bien de mon avis. Ce n'est pas le manœuvre qu'il faut instruire, c'est le bon bourgeois, c'est l'habitant des villes; [...] Quand la populace se mêle de raisonner, tout est perdu.

  • « Lettre à M. Damillaville » (1er avril 1766), dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Lefèvre, 1828, t. 69, p. 131


A l'égard du peuple, il sera toujours sot et barbare [...]. Ce sont des bœufs auxquels il faut un joug, un aiguillon et du foin.
  • « Lettre à M. Tabareau » (A Ferney, 3 février 1769), dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Delagrave, 1885, t. 69, p. 428


Il est à propos que le peuple soit guidé, et non pas qu'il soit instruit; il n'est pas digne de l'être.
  • « Lettre à d'Amilaville » (19 mars 1766), dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Hachette, 1862, t. 31, p. 164


Je mourrai bientôt, et ce sera en détestant le pays des singes et des tigres, où la folie de ma mère me fit naître il y a bientôt soixante et

treize ans.

  • « Lettre à d'Alembert » (7 aout 1766), dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Delagrave, 1862, t. 30, p. 233


Le système de l'égalité m'a toujours paru l'orgueil d'un fou.
  • « Lettre au Maréchal Duc de Richelieu » (11 juillet 1770), dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Hachette, 1861, t. 33, p. 209


Je ne connais guère que Jean-Jacques Rousseau à qui on puisse reprocher ces idées d'égalité et d'indépendance, et toutes ces chimères qui ne sont

que ridicules.

  • « Lettre au Maréchal Duc de Richelieu » (13 février 1771), dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Hachette, 1861, t. 33, p. 349


Je vous recommande beaucoup de courage et beaucoup de mépris pour le genre humain.
  • « Lettre à d'Alembert » (8 avril 1771), dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Hachette, 1861, t. 33, p. 385


Ceux qui crient contre ce qu'on appelle le luxe ne sont guère que des pauvres de mauvaise humeur.
  • « Lettre à Frédéric II de Prusse » (janvier 1737), dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Baudouin frères, 1828, t. 73, p. 40


Il me fallait le roi de Prusse pour maître et le peuple anglais pour concitoyen.
  • « Lettre à Frédéric II de Prusse » (29 aout 1742), dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Hachette, 1861, t. 26, p. 74


Le mensonge n'est un vice que quand il fait du mal; c'est une très grande vertu, quand il fait du bien. Soyez donc plus vertueux que jamais. Il

faut mentir comme un diable, non pas timidement, non pas pour un temps mais hardiment et toujours.

  • « Lettre à Thiriot » (21 octobre 1736), dans Œuvres de Voltaire, Voltaire, éd. Firmin Didot, 1830, t. 52, p. 326


Sottisier

Les paroles sont aux pensées ce que l'or est aux diamants : il est nécessaire pour les mettre en œuvre, mais il en faut peu.
  • Le Sottisier, Voltaire, éd. Garnier, 1883, p. 150


Si Dieu nous a faits à son image, nous le lui avons bien rendu.
  • Le Sottisier, Voltaire, éd. Garnier, 1883, p. 164


Les femmes sont comme les girouettes : elles se fixent quand elles se rouillent.
  • Le Sottisier, Voltaire, éd. Garnier, 1883, p. 241


C'est une des superstitions de l'esprit humain d'avoir imaginé que la virginité pouvait être une vertu.
  • Le Sottisier, Voltaire, éd. Garnier, 1883, p. 279


Citations rapportées

Ce fut toute sa vie sa prétention d'avoir l'existence d'un écrivain gentilhomme, qui vit de son bien, s'amuse, joue la tragédie en société, s'égaie avec ses amis et se moque du monde. Bon nombre de préceptes de vie se rapportent à ce régime de gaieté auquel il dérogea souvent, mais sur lequel aussi il revient trop habituellement pour que ce ne soit pas celui qu'il préfère : Ce monde est une guerre ; celui qui rit aux dépens des autres est victorieux. — Il faut toujours s'amuser, rien n'est si sain. — Je me ruine [à bâtir], je le sais bien ; mais je m'amuse. Je joue avec la vie ; voilà la seule chose à quoi elle est bonne.
  • Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992  (ISBN 2-7056-6178-6), partie Voltaire, 20 et 27 octobre 1856. Causeries du lundi, t. XIII, p. 169


En parlant de Rousseau, Voltaire s'abandonne à toute son antipathie contre cet émule et ce puissant collaborateur, en qui il s'obstine à ne voir qu'un fou et qu'il injurie sans pitié :
Ah, monsieur! écrivait-il à M. Bordes [mars 1765], vous voyez bien que Jean-Jacques ressemble à un philosophe comme un singe ressemble à l'homme... On est revenu de ses sophismes et sa personne est en horreur à tous les honnêtes gens qui ont approfondi son caractère. Quel philosophe qu'un brouillon et qu'un délateur. Abandonnons ce malheureux à son opprobre. Les philosophes ne le comptent point parmi leurs frères [...].
Il y a un endroit qui donne tristement à réfléchir sur la faiblesse du cœur humain chez les plus grands esprits. Voltaire vient d'écrire à la duchesse de Saxe-Gotha au sujet de l'exécution du chevalier de La Barre ; il en est révolté, et avec raison ; il trouve horrible que, pour un indigne méfait et qui certes méritait (ce n'est plus lui qui parle) une correction sévère, le chevalier ait été torturé, décapité, livré aux flammes, comme on l'eût fait au douxième siècle; et tout à côté, voilà qu'il plaisante lui-même sur l'idée qu'on pourrait bien pendre Jean-Jacques Rousseau.

  • Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992  (ISBN 2-7056-6178-6), partie Voltaire, 20 et 27 octobre 1856. Causeries du lundi, t. XIII, p. 175


L'Europe me suffit, disait-il un peu impertinemment, je ne me soucie guère du tripot de Paris, attendu que ce tripot est souvent conduit par l'envie, par la cabale, par le mauvais goût et par mille petits intérêts qui s'opposent toujours à l'intérêt commun. Il croyait sincèrement à la décadence des lettres et il le dit en vingt endroits avec une amère énergie : La littérature n'est à présent qu'une espèce de brigandage. S'il y a encore quelques hommes de génie à Paris, ils sont persécutés. Les autres sont des corbeaux qui se disputent quelques plumes de cygne du siècle passé qu'ils ont volées et qu'ils ajustent comme ils peuvent à leurs queues noires.
  • Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992  (ISBN 2-7056-6178-6), partie Voltaire, 20 et 27 octobre 1856. Causeries du lundi, t. XIII, p. 180


Le poète lyrique français J.-B. Rousseau avait écrit une Ode à la postérité . Voltaire, trouvant que la valeur de l'œuvre ne justifiait nullement son titre, déclara avec esprit : « Le poème n'arrivera pas à son adresse »
  • (cité d'après K. Fischer).
  • Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient, Sigmund Freud (trad. Denis Messier), éd. Gallimard, 1988, p. 141


Citations apocryphes

Plus les hommes seront éclairés, et plus ils seront libres.
  • Condorcet attribue cette citation à Voltaire, précisant qu'elle est issue de Questions sur les miracles ; cependant, elle ne se retrouve pas dans cette œuvre. La citation suivante en est très proche.
  • « Vie de Voltaire », Condorcet (1789), dans Œuvres complètes de M. de Voltaire, Voltaire, éd. Sanson et compagnie, 1792, t. 100, p. 181


Plus mes compatriotes chercheront la vérité, plus ils aimeront leur liberté.
  • « Questions sur les miracles » (1765), dans Œuvres complètes de M. de Voltaire, Voltaire, éd. Sanson et compagnie, 1792, t. 67, lettre 11, p. 403


Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous puissiez le dire.
  • Attribuée improprement à Voltaire par Evelyn Beatrice Hall dans une biographie de 1906. Elle l'avoue et s'en excuse en 1939. Voir la note 2 de l'article Tolérance.


Citations sur Voltaire

Vous me parlez de ce Voltaire ! Pourquoi le nom de ce baladin souille-t-il vos lettres ? Le malheureux

a perdu ma patrie ; je le haïrais davantage si je le méprisais moins. Je ne vois dans ses grands talents qu'un opprobre de plus qui le déshonore par l'indigne usage qu'il en fait. Ses talents ne lui servent, ainsi que ses richesses, qu'à nourrir la dépravation de son cœur […] Ce fanfaron d'impiété, ce beau génie et cette ame basse, cet homme si grand par ses talents, et si vil par leur usage, nous laissera de longs et cruels souvenirs de son séjour parmi nous. La ruine des mœurs, la perte de la liberté, qui en est la suite inévitable, seront chez nos neveux les monuments de sa gloire et de sa reconnaissance. S'il reste dans leur cour quelque amour pour la patrie, ils détesteront sa mémoire, et il en sera plus souvent maudit qu'admiré.

  • Œuvres complètes de J. J. Rousseau, J. J. Rousseau, éd. Dalibon, 1825, t. 23, p. 116,170


Voltaire, adroit plagiaire, qui eut l'art d'avoir l'esprit de tous ses devanciers, et qui ne montra d'originalité que dans la finesse de ses

flagorneries, écrivain scandaleux qui pervertit la jeunesse par les leçons d'une fausse philosophie, et dont le cœur fut le trône de l'envie, de l'avarice, de la malignité, de la vengeance, de la perfidie et de toutes les passions qui dégradent la nature humaine !

  • Jean-Paul Marat, 6 avril 1791, dans Ami du Peuple, paru Histoire des causes de la Révolution française, Plon, 1856, t.2, p.4, Bernard Adolphe Granier de Cassagnac.


Il est impossible que Voltaire contente, et impossible qu’il ne plaise pas.


Voltaire a introduit et mis à la mode un tel luxe, dans les ouvrages de l’esprit, qu’on ne peut plus offrir les mets ordinaires que dans des plats d’or ou d’argent. Tant d’attention à plaire à son lecteur, annonce plus de vanité que de vertu, plus d’envie de séduire que de servir, plus d’ambition que d’autorité, plus d’art que de nature, et tous ces agréments exigent plutôt un grand maître qu’un grand homme.


Le génie mérite qu'on le salue, mais il doit souffrir qu'on le juge. Il n'y a d'inviolable au monde que la justice et la vérité. Non, Voltaire n'aima pas assez le peuple. […] sa pitié n'eut jamais rien d'actif et qui vînt d'un sentiment démocratique; c'était une pitié de grand seigneur mêlé de hauteur et de mépris. […] En revanche, on sait jusqu'où il fit descendre, à l'égard des grands, l'humilité de ses hommages ; dans quelles puériles jouissances la faveur des cours retint sa vanité captive, et combien il aimait à se parer du titre de gentilhomme de la chambre. […] Calculées ou sincères , de semblables adulations étaient sans dignité ; et Voltaire ne se serait jamais abaissé jusque-là, s'il avait eu ce généreux orgueil qui se puise dans le sentiment de l'égalité. Mais né d'ailleurs avec une nature souple, il se trouva, dès son entrée dans la vie active, égaré parmi les Vendôme, les Richelieu, les Conti, les La Fare, les Chaulieu ; et dans ce cercle, où l'art du courtisan s'apprenait à l'école du bon goût, il perdit tout ce qui constitue les fiers caractères et les âmes viriles. […] Voltaire n'était pas fait, on le voit, pour chercher dans une révolution politique et sociale le salut du peuple. Changer hardiment, profondément, les conditions matérielles de l'État et de la société, il n'y songeait même pas.
  • Histoire de la révolution française, Louis Blanc, éd. Langlois et Leelereq, 1847, t. 1, p. 355-359


M. de Voltaire nous assure qu'il [Mahomet] avait une éloquence vive et forte, des yeux perçants, une physionomie heureuse, l'intrépidité d'Alexandre, la libéralité et la sobriété dont Alexandre aurait eu besoin pour être un grand homme en tout. A la beauté de ce portrait, ne prendrait-on pas Voltaire pour un petit Maimbourg ? Il nous représente Mahomet comme un homme qui a eu la gloire de tirer presque toute l'Asie des ténèbres de l'idôlatrie. Il extrait quelques paroles de divers endroits de l'Alcoran, dont il admire le Sublime. Il trouve que sa loi est extrêmement sage, ques ses lois civiles sont bonnes et que son dogme est admirable en ce qu'il se conforme avec le nôtre. Enfin pour prémunir les lecteurs contre tout ce que les Chrétiens ont dit méchamment de Mahomet, il avertit que ce ne sont guère que des sottises débitées par des moines ignorants et insensés.


L'Empereur […] fait fort peu de cas de Voltaire, plein, dit-il, de boursouflure, de clinquant ; toujours faux, ne connaissant ni les hommes ni les choses, ni la vérité, ni la grandeur des passions.
  • Napoléon Bonaparte, janvier 1860, dans Mémorial de Sainte-Hélène, paru Mémorial de Sainte-Hélène, Dépot du Mémorial, 1824, t.2, p.343.


J'aime le grand Voltaire autant que je déteste le grand Rousseau […] Bref, [Voltaire] me semble ardant, acharné, convaincu, superbe. Son "Écrasons l'infâme" me fait l'effet d'un cri de croisade. Tout son intelligence était une machine de guerre. Et ce qui me le fait chérir, c'est le dégoût que m'inspirent les voltairiens, des gens qui rient sur les grandes choses. Est-ce qu'il riait, lui? Il grinçait!


Quand on ne songe qu'à l'idéal de l'agrément, à la fleur de fine raillerie et d'urbanité, on se plaît à se figurer Voltaire dans cette demi-retraite, dans ces jouissances de société qu'il rêva bien souvent, qu'il traversa quelquefois, mais d'où il s'échappait toujours. Il traversa bien souvent dans sa vie de ces cercles délicieux qui se formaient un moment autour de lui, qui se ralliaient à son brillant, dont il était le génie familier et l'âme, et il en sortait bientôt par quelque accident. L'accident au fond venait de lui : il tenait à un défaut et à une qualité. Le défaut, c'était le besoin d'action à tout prix, le besoin de bruit et de renommée qui ne se passait ni des intrigues, ni des manèges, et qui jouait avec les moyens scabreux : de là toute une suite d'indiscrétions, de déguisements, de rétractations, de désaveux, de mensonges, une infinité de misères.
  • Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992  (ISBN 2-7056-6178-6), partie Voltaire, 20 et 27 octobre 1856. Causeries du lundi, t. XIII, p. 168


A l'entendre, lui l'homme de la publicité harcelante et qui fatigua la renommée, il ne publiait jamais, presque jamais, ses livres que malgré lui, à son corps défendant : il avait un secrétaire qui le volait, un ami indiscret qui colportait ses manuscrits ; le libraire pirate s'emparait de son bien en le gâtant, en le falsifiant, et force lui était alors d'imprimer lui-même ses productions et de les livrer au public dans leur sincérité.
  • Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992  (ISBN 2-7056-6178-6), partie Voltaire, 20 et 27 octobre 1856. Causeries du lundi, t. XIII, p. 169


Voltaire est contre les majorités et les méprises ; en fait de raison, les masses lui paraissent naturellement bêtes ; il ne croit au bon sens que chez un petit nombre et c'est assez pour lui si l'on parvient à grossir peu à peu le petit troupeau.
  • Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992  (ISBN 2-7056-6178-6), partie Voltaire, 20 et 27 octobre 1856. Causeries du lundi, t. XIII, p. 178


Pas un jour se passe sans que l'on utilise le mot optimisme, forgé par Voltaire contre Leibnitz, qui avait démontré (malgré l'Ecclésiaste et avec l'approbation de l'Église) que nous vivions dans le meilleur des mondes. Voltaire, fort raisonnablement, nia cette exorbitante opinion […] Leibnitz aurait pu répliquer qu'un monde qui nous a donné Voltaire a quelque droit à être consideré le meilleur.
  • (es) No pasa un día sin que usemos la palabra optimismo, que acuñada por Voltaire contra Leibnitz, que había demostrado (a despecho del Eclesiastés y con el beneplácito de la Iglesia) que vivimos en el mejor de los mundos posibles. Voltaire, muy razonablemente, negó esa exorbitante opinión […] Leibnitz pudo haber replicado que un mundo que nos ha regalado a Voltaire tiene algún derecho a que se lo considerade el mejor.


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