1. |
La victoire de Carillon
02:54
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Un jour c’était grande fête
Près de Carillon,
Les Anglais, bannière en tête,
Sous notre canon,
S’avançaient à l’aveuglette,
Le fusil chargé,
Maluron malurette,
Maluron luré,
Maluron malurette,
Maluron luré.
Ah ah ah, ahahahah, ahahahah,
Ah ah, ah ah.
Maluron malurette,
Maluron luré.
Soudain d’une voix discrète,
Notre général
Nous dit : — La musique est prête,
Commençons le bal
Et que la danse s’arrête
Qu’au soleil couché.
Turlute et refrain
— Envoyez-leur des noisettes
Pour les rassasier ;
Ils prendront de ces pommettes
S’ils veulent dîner
Et la poudre d’escampette
À leur volonté.
Refrain
Ils se dirent en cachette :
— Faut pas l’oublier :
Notre déroute est complète,
On s’est fait rosser.
Montcalm n’est pas aussi bête
Qu’on l’a désiré.
Toute la Nouvelle-France
De Carillon à Gaspé,
Chante la gloire et la puissance
De Montcalm ce grand guerrier.
Refrain
L’un se couche sur l’herbette
Pour se reposer,
L’autre gagne sa couchette
Sans pouvoir marcher.
Not’ général en goguette
Était fatigué.
Refrain
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2. |
Dans ce petit village
03:04
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— Dans ce petit village, il ya t-un vieux couvent.
Quoi vous diriez la belle, qu’on vous placerait dedans ?
Vous apprenderiez à lire, à mieux passer vote’r temps.
Vous apprenderiez à lire, à mieux passer vote’r temps.
— Dans ce couvent ma mère, oh ! non je irai pas.
Le beau galant que j’aime, lui il m’empêchera.
Le beau galant que j’aime, il y’est pas loin d’ici,
Regardez donc ma mère, vous le voirez venir.
En disant ces paroles, le beau galant entra.
Il s’assit auprès d’elle, lui il la salua.
— C’est-y vraiment, la belle, tu t’en souviens-tu pas ?
Les promesses que tu m’as faites, tu les retiendras-t-y plus ?
— Si j’t’ai fait des promesses, oui je les soutiendrai :
Au début de ma vie, oui je t’épouserai.
Il ya seulement mon père, qui n’est pas consentant.
Aussi que i-un d’mes frères qui veut mettre empêchement.
— Oh ! r-adieu donc, la belle, oh ! r-adieu, je m’en vas ;
Y’a t-un navire sur mer-e, qui’attend pour le départ.
Quand je revienderai, si tu n’as pas changé,
Peut-être que ton vieux père aura changé d’idée.
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3. |
Le caribou
04:42
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— Comment c’t-as pu faire pour tuer ton caribou di-om ?
— J’ai pris mon fusil, je l’ai mis sus mon dos
Et là j’ai tué mon caribou di-om.
Turlute
— Comment c’t-as pu faire pour ram’ner ton caribou di-om ?
— J’ai pris mon caribou, je l’ai mis sus mon dos,
Et là j’[ai] am’né mon caribou di-om.
Turlute
— Comment c’t-as pu faire pour l’ver la peau d’ton caribou di-om ?
— J’ai pris mon couteau, je l’ai mis sus son cou,
J’ai l’vé la peau de mon caribou di-om.
Turlute
— Mais quoi c’que t’as fait avec la peau d’ton caribou di-om ?
— J’ai [é]té à la ville et j’ai vendu la peau,
J’[ai] ach’té du sel pour saler mon caribou di-om.
Turlute
— Mais quoi c’que t’as faite avec la tête du caribou di-om ?
— J’ai pris la tête, j’l’ai encroch’tée sus un clou
Et là j’ai paillé la tête de mon caribou di-om.
Turlute
— Mais quoi c’que t’as faite ’ec les sabots du caribou di-om ?
— J’ai pris les sabots et là j’les ai creusés,
Et là j’ai fait quat’ cenderiers des sabots d’mon caribou di-om.
Turlute
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4. |
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Comme vous savez, mes bons amis,
Je suis célibataire,
J’ai parcouru de ville en ville
Pour m’trouver ’n’jolie fille,
Ça prend du bon vin,
Donnez nous du vin,
[Oui mais] Ça prend du bon vin
Pour jourir* avec elle.
J’ai parcouru de ville en ville […]
J’en avais t-une du Michigan,
Je la trouvais fort belle.
Lorsque j’lui ai d’mandé d’venir
Avec moi sur un île,
Et là, j’me suis passé la main
Derrière sa collerette.
Et quand nous fûmes rendus sur l’île,
Demande un baiser d’elle.
— Prenez-en un, prenez-en deux,
Mais n’allez point le dire
Car si mon papa savait c’la,
Nous n’irions plus z-aux îles.
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5. |
Mon mari, ma commère
03:16
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Mon père a fait bâtir maison,
Mon mari, ma commère,
L’a fait bâtir à trois pignons,
Des choux pis des melons,
Des cocomb’ pis des oignons
Et pis des groseilles,
Ah ! du bon vin,
D’l’anguille et du boudin,
Du tabac des allumettes.
L’a fait bâtir […]
Sont trois charpentiers qui la font,
Le plus jeune c’est mon mignon.
— Qu’apportes-tu dans ton jupon ?
— C’est un pâté de trois pigeons.
— Assoyons-nous et le mangeons.
En s’assoyant il fit un bond
Qui fit trembler mer et poissons
Et les cailloux qui sont dans l’fond.
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6. |
Marie-Madeleine
06:20
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Marie-Madeleine en n’a pas douze ans,
Elle est si belle, quelle belle enfant.
Tous les jours son père lui disait :
— Ma fille, il faut t’y marier.
Prends-y un prince, prends-y un roi,
Prends-y lequel que tu voudras.
— Je veux pas prince, je veux pas roi,
Je ne veux pas m’y marier.
Mais elle a pris son grand voile long,
Parmi les prés, elle s’en allait.
Étant venue, étant n-allée,
Elle a ’contré la mer [à] passer.
— Beau batelier, beau batelier,
Aide-moi donc la mer à passer.
— Avec de l’or et de l’argent,
La mer je vous la passerai.
Le batelier prit Madeleine,
Dedans la mer il l’a jetée.
Quand elle fut au milieu de l’eau,
Elle aperçoit un èvre épine.
— Bel èvre épine, bel èvre épine,
Empêchez-moi de m’y noyer.
— Je ne suis pas un èvre épine,
Je suis la douce Vierge Marie.
— Puisque Marie, vous aimez tout,
Quelle pénitence que vous donnerez ?
— Allez là-haut dans ces châteaux,
Vous trouv’rez Jésus au dîner.
Vous mettrez-vous dessous la table
Comme une fille qui’ont ’bandonnée ?
Les pieds ’Jésus vous laverez
Avec les larmes de vos beaux yeux.
Les pieds ’Jésus vous ’ssuiyerez
Avec vos belles chev’lures ondées.
— Ah ! levez-vous, belle Madeleine,
Tous vos péchés soyent pardonnés.
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7. |
À l'abri d'une olive
04:44
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À l’abri d’une olive, ya t-un navire d’échoué;
Trois jolies demoiselles s’en vont s’y promener.
Dormez la belle, chantez le jour,
Nos jolies amourettes, je vis d’amour toujours.
La plus jeune des trois compose une chanson :
— Si j’avais ma colombe, je la ferais chanter.
Parlant d’une colombe, la belle s’est endormie,
Le bâtiment au large, la belle se réveillit.
Demande au capitaine : — Où sommes-nous donc ici ?
— Nous sommes dessur la mer-e, cent lieues de vos parents.
— Qu’est-c’que ma mère va dire qui m’attend pour souper ?
— Vous servirai de mère, avec moi vous souperez.
— Qu’est-c’que mon frère va dire qui m’attend pour danser ?
— Vous servirai de frère, avec moi vous danserez.
— Qu’est-c’que ma sœur va dire qui m’attend pour coucher ?
— Vous servirai de sœur avec moi vous coucherez.
— Ma robe est trop étroite, trois points faut dégrafer.
— Mon épée sur la table, prenez garde de vous blesser.
La belle a pris l’épée, au cœur se l’est plantée.
S’écrie : — Que j’ai de peine ! Ma mignonne s’est tuée.
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8. |
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C’est un p’tit cordonnier qui voulait s’y marier,
S’en va frapp[er] à la porte, i’ dit : — Monsieur, rentrez.
Turlute
Prenez-donc une chaise, approchez vous chauffer.
— C’est pas du feu que j’cherche, je veux me marier.
Vot’ fille en mariage, à savoir si je l’aurai.
— Je n’donn’rai pas ma fille à un p’tit cordonnier.
Car avec son alène, il pourrait la piquer,
Avec son pic en or, il pourrait la picocher.
Avec son p’tit marteau, il pourrait la cogner,
Avec sa boîte de taques, il pourrait la taquer.
Avec sa grand babiche, il pourrait la babicher,
Avec son rouleau d’s’melles, il pourrait la s’meller.
Avec sa boule de ligneux, il pourrait la tarlasser,
Avec son p’tit métier, il pourrait l’ensorceler.
Cordonnier s’en a ’té, il était bien embêté.
Jette ses outils par terre, maudissant son métier.
— Sans ce fichu métier, je serais marié
Avec la plus belle fille qu’i’ya pas dans l’comté.
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9. |
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Auprès d’un pot de vin clairet,
Soutien de la faiblesse humaine,
Par un dimanche au cabaret
Après une rude semaine,
Me relevant tout en courbant
Le front, penché, touchant mon verre,
J’entendais dire à tout moment :
— Que regarde-t-il dans son verre ?
Je regardais passer le temps :
Je vois d’abord une chaumière
Et le berceau d’un jeune enfant
Que souvent berçait une mère.
Un beau matin, à mon réveil,
Je soupirais, j’appelais ma mère :
On me répond qu’elle est au ciel.
C’est ça que je vois dans mon verre
L’temps a passé, j’ai eu vingt ans,
C’est là que l’amour me domine.
Par un beau matin de printemps,
J’épouse Jeannette, ma voisine.
Le ciel a béni notre union :
Ma compagne, elle me rendit père.
La joie habite dans notre maison.
C’est ça que je vois dans mon verre
Un an se passe, c’est comme un rêve,
Comme un éclair la foudre tombe.
Le lendemain, sous un drap noir,
J’amène Jeannette dans sa tombe.
Ce fut pour moi un triste jour,
Mon enfant n’avait plus de mère
Et moi je n’avais plus d'amour.
C’est ça que je vois dans mon verre
Mon fils grandit, ce fut ma joie,
Un des plus beaux gars du village :
Il a les mains comme celles d’un roi,
Autant il a un beau visage.
Le pays eut besoin de lui,
Il se fit tuer à la guerre.
Ma vieillesse resta sans appui.
C’est ça que je vois dans mon verre.
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10. |
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Quand le roi rentit dans Paris,
Il salua ces dames ;
La première qu’il salua,
C’est marquis et sa femme.
— Marquis, t’es plus heureux qu’un roi
D’avoir un’si jolie femme,
Mais je te jure dessur ma foi
Qu’elle couchera z-avecque moi.
— Sire, vous avez tout pouvoir,
Pouvoir et la puissance,
Mais si vous étiez pas le roi,
J’en aurais la vengeance.
Le roi prend marquise par la main,
Il la mène dans sa chambre ;
Elle a pas été au deuxième degré
Que marquise ne fait que pleurer.
— Marquise, ne pleure donc pas tant,
Je te ferai princesse,
De tout mon or et mon argent
Tu y-en seras maîtresse.
La reine faisit faire un bouquet
De cent mille fleurs jolies,
Rien qu’la senteur de son bouquet
Fait mourir la marquise jolie.
Le roi faisit faire un tombeau
De pierre’ et de soiries :
— Vous metterez bien z-en écrit
Le nom de la marquise jolie.
— Marquis, je te donne le pouvoir,
Pouvoir et de r’vengeance :
La première femme tu trouveras,
Prends-la pour ton épouse jolie.
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11. |
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Ah ! c’était un p’tit cordonnier
Qui revient d’la campagne.
Tout en rentrant dans cette maison,
Faisait comme un brave gentil garçon,
Disait : — Bonsoir mon maître,
J’ai v’nu voir ma maîtresse.
— Oh ! mon maître vous ne savez pas
Ce que les filles me disent ;
Elles sont toujours en me disant
Que je n’ai pas cinq sous d’argent
Pour m’acheter une veste
Pour aller voir ma maîtresse.
Son maître lui a répondu
Tout comme un honnête homme :
— Je te compterai cinq cents francs,
Ça te fera un peu d’argent
Pour t’acheter une veste
Pour aller voir ta maîtresse.
J’aime ma mie, je l’aime mieux
Que toutes ces demoiselles ;
Elle est aussi belle quand elle sourit,
Quand elle chante à mes désirs,
Autant que j’la caresse,
Je la trouve encore plus belle.
— Entrez par ici, passez par là,
Entrez beau joli homme.
Nous vous plac’rons les verres aux mains,
Ce sera pour boire avec catin ;
Buvez, la tasse est pleine,
Oh ! Marie-Madeleine.
— Marie-Madeleine, embrassons-nous,
Embrassons-nous ma mie.
Embrassons-nous autant de fois
Comme il y a de feuilles dans la forêt,
De blé dans la prairie,
Embrassons-nous ma mie.
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12. |
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Voilà la belle malade,
En danger d’y mourir.
Son amant va la voir :
— Confessez-vous, la belle.
— Non jamais j’m’y confesserai
Je n’oserais dire ma vie.
Voilà la belle qu’est morte,
Il faut plus n-en parler.
Son amant qui priait
À la douce Vierge Marie
Pour qu’elle lui fasse voir le lieu
Où repose sa mie.
Voilà t-une main blanche
Qui s’a t-apparu à lui.
— Quoi donnerais-tu, galant ?
Dis-moi-le, je t’en prie,
Si je t’y f’rais voir le lieu
Où repose ta mie ?
— Quoi veux-tu que j’t’y donne,
J’ai pas d’argent sur moi.
Je t’y donn’rai
Une bague d’or et jolie
Si tu me f’rais voir le lieu
Où repose ma mie.
Elle l’a pris par sa main blanche,
Dans sa chambre elle l’a mené ;
Elle l’a mené
Dans sa plus haute chambre
Où c’est qu’elle lui fait voir sa mie
Toute entourée de flambes.
— Ma mie, ma douce amie,
Quoi c’qui vous [a]emportée ici ?
— C’est les péchés
Qu’on a commis ensemble,
Oh ! les malheureux péchés
Aujourd’hui ’l’nous tourmentent.
— Ma mie, ma douce amie,
J’pourrais-t-y prendre un doux baiser
Sur votre bouche aimable
Comme qu’on l’était accoutumé ?
— Oh ! non, galant,
Retire-toi je t’en prie
Car la chaleur de mon corps
T’y ferait perdre la vie.
Ma mie, ma douce amie,
J’pourrais-t-y pas vous soulager
En faisant dire des messes,
Des libera chanter ?
— Oh ! non galant,
Faites-moi-z-en jamais dire,
Car cela me f’rait souffrir
Cent fois plus de martyrs-e.
— Ma mie, ma douce amie,
Auriez-vous d’quoi [à] faire demander
À vot’ chère sœur Hélène
Qui l-est p[as] encor mariée ?
— Vous lui direz, galant,
Qu’elle soye bien douce et sage,
Qu’elle ne faise pas comme moi,
Plaire aux amants volages.
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13. |
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Si vous voulez que je chante,
Versez-moi z-un verre de vin
Qu’il soit doux, qu’il m’enchante,
Pourvu que l’amour nous rassemble.
Ah ! ah ! ah ! ne me donnez pas,
Si vous voulez que je chante,
Ah ! ah ! ah ! ne me donnez pas,
Jamais de l’eau entre les repas.
Que l’on m’y verse à boire
De ce bon vin nouveau;
Si je suis sur la terre,
C’est pour vider verres z-et les pots.
Allez don’ vite à la cave
Tirer du vin nouveau
Pour y remplir nos verres,
Les bouteilles et les pots.
La veillée est avancée,
Faut penser à s’en aller ;
Il est grand temps que je parte
Avant d’y marcher z-à quatre pattes.
Le matin quand je m’y lève,
Je suis tout friponné
D’avoir vidé verre’ et bouteilles,
De ce bon vin qui nous égaye.
J’aimerais que ces rivières,
Ces fontaines et ces ruisseaux
Viennent-y remplir nos verres,
Les bouteilles z-et les pots.
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14. |
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Mon père il m’a mariée,
En chantant maluron luré,
Un bon vieillard il m’a donné,
Sur ci, sur ça,
Et béni Nicoron
Et joli cabaret !
En passant tout le long du bois,
Marie ma mignonnette
Elle a cassé ma roulette,
Elle a fendu ma houlette,
Elle a brisé ma galette,
C'est la belle joliette !
En chantant maluron lurette,
Et en dansant maluron luré.
Qui n’a ni maille ni denier
Qu’un vieux bâton de vert pommier
Avec quoi m’en bat les côtés.
— Si vous m’battez, je m’en irai ;
Je m’en irai au bois jouer
Avec ces gentils écoliers.
Ils m’apprendront, j’leu’ z-apprendrai
Le jeu de cartes, aussi de dés,
Le jeu de dames après l’souper,
Aussi le joli jeu d’aimer.
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15. |
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Dans un jardin couvert de fleurs
Plein de douceur,
Dieu créa l’homme à son image.
Ce beau séjour,
Était la preuve et le vrai gage
De son amour.
Adam était assis tout seul
Sous un tilleul,
S’étant couché sur l’herbe tendre
Paisiblement,
Un doux sommeil vient le surprendre
En ce moment.
Pendant qu’il dort, son Créateur
Et son auteur
Lui enleva doucement t-une côte
De son côté,
Lui formant une charmante femme
Rare en beauté.
En la voyant, il s'écria :
Ah ! la voilà !
Ah ! la voilà, la celle que j’aime,
L’os de mes os
Donnez-moi la, Bonté Suprême,
Pour mon repos.
Dieu prit Adam et le conduit
Au pied du fruit,
En lui disant : — Mon fils prends garde,
Ne touche pas
De ce beau fruit que tu regardes,
Crains le trépas !
Ève s’étant écartée r-un jour
Dans un détour,
Le serpent rencontrit la belle
Et ’i parla ;
Du discours qu’il y-eut avec elle
Cher nous coûta.
— Goûte ce fruit délicieux,
Ouvre les yeux.
La gourmandise tentit la femme
Qui n-en mangea,
Elle l’emportit à son cher homme
Qui s’affligea.
—Ah ! Malheureuse, où deviens-tu ?
Nous sommes perdus !
Mon cœur devient froid comme un marbre,
Dis-moi pourquoi ?
Ne sais-tu pas quelle défense
Dieu nous a fait ?
— Adam, Adam, entends ma voix,
Sors de ce bois !
Ah ! Dis-moi pourquoi tu te caches,
Quelle raison ?
Et ne crois-tu pas que je sache
Ta trahison !
Adam, tu mangeras ton pain
Avec chagrin.
Va cultiver la terre ingrate,
Sors de ce lieu
Et n’attends plus que je te flatte :
Je suis ton Dieu !
Je te fais mes derniers adieux
Les larmes aux yeux.
Charmant jardin, joli parterre,
Quel triste sort !
Je m’en vais cultiver la terre
Jusqu’à ma mort.
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16. |
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Pierre en suivant les pas du souverain monarque,
De pêcheur de poissons devint d’hommes pêcheur
Et de vil matelot qui conduit une barque,
Le pilote et le chef
Du vaisseau du Seigneur,
Du vaisseau,
Du vaisseau du Seigneur.
Jésus prédit le soir de la Cène dernière
Que les siens cette nuit lui manqueraient de foi.
Pierre reprend alors d’une voix prompte et fière
Qu’il tiendra toujours bon,
Présumant trop de soi,
Présumant,
Présumant trop de soi.
Le Seigneur lui repart : — Devant que le coq chante,
Tu m’abandonneras m’ayant nié trois fois.
À ces mots surprenant, le troupeau s’épouvante
Et Jésus sort soudain
Pour penser à la croix,
Pour penser,
Pour penser à la croix.
Sitôt qu’il mit le pied au palais de Caïphe,
Pierre méconnaît Jésus et lui tourne le dos.
Une servante alors, porti-ère du pontife,
Le vit près du foyer
Et lui tint ce propos,
Et lui tint,
Et lui tint ce propos.
— N’es-tu pas de ceux-là qui sont sous la conduite
De ce grand criminel que tu suis pas à pas ?
Pierre ne pouvant plus recourir à la fuite,
Lui répond lâchement :
— Je ne le connais pas,
Je ne le,
Je ne le connais pas.
Par ce regard puissant, Jésus semble lui dire :
— Ah ! Pierre depuis quand ne me connais-tu pas ?
Ton infidélité m’est un plus dur martyre
Que les coups, les mépris,
Les affronts, les crachats,
Les affronts,
Les affronts, les crachats.
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17. |
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C’est par un beau jeudi matin,
Quand le soleil se lèvera,
Il s’lèvera un feu si grand,
Toutt’ passera dans une instant.
La terre sera comme un charbon,
La mer sera comme un tison ;
Beaux bâtiments, châteaux d’argent,
Toutt’ passera dans une instant
Vous voirez toutes les bêtes sauvages
Qu’ils sortiront du vert bocage,
Ils regard’ront la mer flamber
D’une air comme s’ils voudraient pleurer.
Turlute
Le bon Dieu viendra sur la terre,
C’est pour juger nos pauvres âmes ;
Les bons seront mi’ à la droite
Et les méchants mi’ à la gauche.
La sainte Vierge de son côté
Priera pour nos péchés commis ;
Les anges qui l’accompagneront,
Il’ auront peur, ils frémiront.
Le diable, il sera de son bord
Pour ramasser toutt’ les damnés :
Ils s’ront punis z-et tourmentés,
Ça sera pour l’Éternité.
Ils s’ront punis z-et tourmentés,
Ça sera pour l’Éternité.
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18. |
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Par un matin je m’suis levé,
J’avais le cœur bien attristé :
On était venu m’avertir
Que ma maîtresse allait mourir ;
Promptement je pris mes habits,
À son chevet je m’y rendis.
— Bonjour donc, amie de mon cœur,
Vous souffrez de grandes douleurs.
— Ce sont les douleurs de la mort,
Mon tendre ami, je vous déclare :
Avant qu’il soit minuit passé,
Vous prierez pour vot’ bien-aimée.
Je lui ferai faire un tombeau,
Il n’y aura rien de plus beau :
Il s’ra des plus beaux des bois francs,
Garni de soie, de rubans blancs ;
Une vitre j’y metterai,
J’la regard’rai tant que j’voudrai.
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Liette Remon Québec
LIETTE REMON, originaire de Petit-Pabos sur le côté sud de la péninsule gaspésienne et fille de violoneux, oscille avec bonheur entre tradition, renaissance, moyen-âge et musique expérimentale. Elle est récipiendaire en 2010 du prix Innovation/Tradition qui vise particulièrement à souligner l’innovation et l’originalité dans la présentation publique d’une pratique culturelle. ... more
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