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Pendant l’époque de l’entre-deux-guerres
Vit le jour un pantin peu ordinaire
Non, ce n’est pas Pinocchio
Il ne fut pas sculpté par Gepetto
Mais bien par un jongleur illuminé
Qui dans les années 20 s’était monté
Une troupe de cirque à vous remplir d’extase
Dans les contrées du Texas
Baptisé Puppetville
Roxan de son prénom
D’un pacanier fertile
À petit avorton
Sympathoche personnage
Qui aurait cru que tu allais bientôt plier bagage
Oh Roxan Puppetville,
Tout va pour le mieux dans l’meilleur des mondes possibles
Pourquoi n’pas suivre simplement ton étoile paisible?
En 41, c’est l’attaque de Pearl Harbor
Aux États-Unis, le Congrès la guerre déclare
Roxan Puppetville se fait alors embaucher
Comme superviseur en chef d’avions bombardiers
Passionné de l’Union Soviétique
Roxan saisit une occasion unique
Il s’empara d’un B-24 et puis
Dans un élan naïf mais bien senti
S’envola dans les cieux vers la Russie
L’avion prend feu et s’écrase à Stalingrad
Au milieu du chaos, des cadavres et des grenades
Roxan dérobe un uniforme à sa taille
Et pendant des mois, il doit subir la bataille
Roxan se fit bien vite repéré
On l’envoya aux travaux forcés
Il fut jeté de goulags en goulags
Pour ensuite se sauver au gré des vagues
Parvint à la nage à Nagasaki
À la bombe atomique, il survécut
Fut en psychose pendant 7 décennies
Au plus haut sommet d’une tour inconnue
En 2017, il est shippé au Saguenay
Il est accueilli par des musiciens enjoués
Qui aurait pensé, après tout c’que t’as vécu
Petit avorton, tu n’avais encore rien vu
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Olivier
03:03
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Quessé qu’tu fais là, Olivier?
À cause tu fais ça, Olivier?
Qui c'est qui se cache derrière l’image
Olivier?
D’un ambitieux aux mille visages
Olivier?
C’est la belle histoire
Du flo bien ordinaire
Sauve qui peut par le champ ou la mer
Slaque un peu mon garçon, on est tous en contradiction, entre le cœur et la raison, entre l’orgueil et la mort
Slaque un peu mon garçon, c’est pas parce que tu joues du violon, qu’t’es un exemple pour la nation, un bon vivant, un homme de bien
Où c'est qu’tu t’en vas, Olivier?
Icitte ou par là, Olivier?
Qui c'est qui a l’œil plus grand qu’la panse
Olivier?
Qui carbure à l’impertinence
Olivier?
Slaque un peu mon garçon, on est tous en contradiction, entre le cœur et la raison, entre l’orgueil et la mort
Slaque un peu mon enfant, on a tous un côté déviant, faudrait pas s’en faire un talent, surtout pas comme Orloge Simard
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3. |
Seuls contre tous
03:47
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Ayez la chienne messieurs mesdames
De ce groupe de musique de marde
De ces ti-clins, de ces timbrés
Qui valent pas plus qu’un tas d’fumier
Pas d’subvention, pas d’talent, pas de respect
Aucune considération, aucun intérêt
Christ que c’est pas reposant d’être des insignifiants
Pourquoi sont-ils aussi cons? Bonne question.
Christ que ça tire du jus d’être une gang de trou d’culs
La la la la la la, seuls contre tous
La la la la la la, seuls contre tous
Le gars qui chante y s’fait passer pour un personnage
À notre époque, le second degré a vraiment l’dos large
C’est l’genre de frustré qui s’cache en arrière d’une philosophie
Pour écrire, c’qu’on appelle, d’la mauvaise pornographie
En plus y bégaye, parle-moi de t’ça, un vrai détraqué
Il plug des noms d’écrivains pour faire semblant qu’il est cultivé
Musicalement, ça vole pas haut
Y’a juste le bassiste qui torche trop
Les autres s’adonnent à la musique
Mais y jouent comme des quadraplégiques
C’est des casseurs, des violeurs, des salauds
Qui envoient chier leur public, ils sont toujours ben chauds
Conseil aux festivals, bookez pas ces gros sales
Mais pourquoi ça marche leurs affaires, c’est pas clair
Eh bien, vois-tu mon pote, c’est parce qu’ils sont beaux as fuck
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Photo Police
02:31
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Quand j’achète Photo Police
D’un dépanneur station-service
La caissière me regarde, les yeux ronds
A doit s’dire : « Tiens! Encore un osti de colon »
J’devrais m’tourner vers la Sainte-Écriture
Faudrait p’tête que j’me mette à la vraie culture
Au lieu de lire toutes ces ordures
Ça monsieur, c’est d’la grosse pointure
Photo Police, comment veux-tu que j’te résiste?
Photo Police, comment veux-tu que j’te résiste?
Des saisies de drogue par la SQ
Criminels recherchés, le courrier d’Lisa
Où sont racontées des histoires de cul
Avec une prose digne de Zola
Et quand arrivent les photos
Je fais un méchant christ de saut
Y’a du sang dans mon nœud de baloune
C’est l’heure de sortir ma petoune
C’est pas d’ma faute si j’aime ça
Des histoires de motards pis des assassinats
Ça m’amuse pis ça me calme les nerfs
Un roi sans divertissement est un homme plein d’misères
Photo Police, quand t’es pas là, c’est un peu triste
Photo Police, comment veux-tu que j’te résiste?
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5. |
À chacun son Waterloo
02:51
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Le diable est dans ta chair
Tu y’as vendu 2 étoiles
Pour continuer à boire
Loin du motel
Après mûres réflexions, tout
En bouffant des poires d’angoisse
Pensais pas voir ton nom
Étalé dans la presse
Les gens disent qu’y a personne
Qui est prophète en son pays
Tu le seras pas plus ailleurs
Ça c’est promis
À chacun ses omelettes
À chacun ses défaites
Pavé en est l’enfer
De ton chien sale de bon vouloir
Étant donné que nous sommes nous
À chacun son Waterloo
Pour descendre aux enfers
Prends la navette pour les limbes
Ça se fait nu comme un ver
En aller simple
Tu te retrouves au milieu
De l’amphithéâtre des regrets
Torturé par les yeux
D’un public satisfait
Oh non!
Y disent que l’amour rend aveugle,
Mais oui mais, moi j’te dis que la drogue aussi mon grand OK?
C’est vrai y’a une vraie vie dans vie
C’est vrai y’a une vraie vie dans vie
C’est vrai y’a une vraie vie dans vie
Qu’est-ce qui faut faire champion?
Faut prendre tes jambes à ton cou, loin d’la civilisation
À chacun son Waterloo
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6. |
Le Sacre de Puppetville
01:51
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Tabarnak!
Faites attention à Roxan s’il-vous-plaît.
Roxan!
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7. |
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Chicoutimi en 3 jours
J’me suis promené dans tes artères
En cherchant comme toujours des éclats d’mémoire
Des fragments de ma vie coulés dans l’trottoir
Mais pour ça faut faire preuve de résignation
Les lampadaires me jugent,
Les soupirs me grugent,
Éclatent leurs sanglots sans raison
Les hypocrites sont morts
J’m’en suis fait un devoir
Les hypocrites sont morts
En dessous des belvédères
En dessous des carrés, des carrés d’sable
Y’a des fourmis, des sacs de chaux, mon filage pis mes câbles
On s’dit qu’y faut passer par-dessus l’amertume
Semble-t-il, qu’il faut chercher la lumière dans la brume
Je ne suis pas de ceux qui tombent, mes pieds sont déjà dans la tombe
Je ne suis pas de ceux qui pleurent, j’ai apprivoisé ma douleur
Je suis un flâneux des trottoirs, je suis celui qu’on veut pas voir
J’enterre le chant des hirondelles, que la vie est belle
Chicoutimi en 3 jours
À l’étage d’un bloc toute décrisse
J’fais des allers retours, j’explose des bâtisses
Des morceaux d’béton, mirage de l’artiste
J’suis en phase avec toutes mes contradictions
Les lampadaires me jugent,
Les soupirs me grugent,
Éclatent leurs sanglots sans raison
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8. |
Rivière-Éternité
05:49
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On est arrivés, on est arrivés à Rivière-Éternité
Avec la famille, c'est là qu'chu parti en vrille
Pourquoi chu venu?
Je l'sais pu, je l'sais pu
Le rang est désert, la paroisse est précaire
Le carrefour est à un mille, l'hôpital est à un mille,
la prison est à un million d'années-lumière de toé pis moé
Si jamais tu r'tournes à maison, mets ton bonnet rouge, tes culottes, un p'tit pain pour la route
Si jamais tu r'tournes à maison, creuse un trou, creuse un trou allègrement vieux compagnon
Vois-tu le fjord et ses couleurs?
Berceau du nord et du rêveur
Mangeoire ensevelie par les feuilles
Vois-tu la maison qui t'accueille?
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9. |
Race de soif
06:29
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Nous sommes d’un peuple fier, au cœur du Royaume du Saguenay
À ce flacon faisons la guerre, à boire, à boire, à boire!
Isolée au fond d’une vallée glaciaire
Il existe une race
vivant sans remords
Une race qui subsiste en buvant sa Laurentide
Ivresse matinale, ivresse brumale
Sourire de chiens interdits à Montréal
Il existe sur cette terre entourée d’un littoral
Une race
« Notre » race
Notre race de soif
Notre race inimitable
Notre race d’un destin impérissable
Inspirés par le Photo Police,
Nous nous levons dans les matins d’bière
et nous traversons les journées du calice
ancrés dans notre folie ordinaire
Notre peuple salace résiste à l’hiver comme
on mange une crème à glace.
Il s’immole dans le manque de sommeil nordique
Jamais une once de panique
Mainte fois, on se rend jusqu’où l’eau est profonde
On se laisse caler sous la glace d’la Baie
Comme un cervidea qui sait pas nager
Dans l’parc des Laurentides
On va retrouver nos ancêtres Rock ‘N’ Roll
Hantés par le diable
PCP Saguenay
Notre camion parqué dans le pavé en arrière du bar
Notre crâne nationaliste qui fend de toé bords
Il faut se le dire, on est fiers d’être rudes
Notre attitude Baroque
Rock plus que les anglais de l’ouest
Même si des fois on se trouve indigeste
Nous vivons notre vie comme un train de boucane noire
Sans regrets, sans remords, seulement à la mort
Nous vivons avec des intestins de vitres toujours saignants
Le matin quand le soleil se lève
On contemple notre paysage urbain à travers le Carrelot des amants
Et les jours sont bleus comme le ciel est chaud de nous voir saouls morts
L’amour d’une nation n’est pas dans la passion
Mais bien dans l’action d’un état providence de saoulons
Comme nos ancêtres venus de Charlevoix et du Bas-Saint-Laurent
On se promène avec nos grosses bottes au printemps
Grande bière dans la main gauche
Liberté de Sauvage sur la rue Racine
et Blaise Pascal dans l’alumine
L’intellect de brosse, voilà notre principe premier
Les croyances de nos prédécesseurs
S’élèvent encore aujourd’hui
En la présence de l’église Saint-Marc-D’Ecstasy
Notre ivresse est toujours belle auprès du patrimoine d’Alexis,
Et devant l’héritage brûlant de Mars Simard
Notre fougue de brosse, c’est l’héritage dont il est question :
Burzum dans notre masque à gaz
Respiration rock
Jack Daniels au visage
Couteau sous la gorge
Un kaleidoscope de brosse dans nos paupières
Dirige notre route vers l’hiver
Nous crions à la délivrance de notre peuple
qui carbure au Ricard
Notre psychédélisme indépendant
guide notre envie de liberté
Nous avons la volonté
de se détruire pour mieux se définir
Nous faisons du bruit pour exister
Nous laissons notre trace dans le paysage du Parc Mars
Nous volons au dessus de notre boulevard de tôle
Nous sommes croches, mais libres
Nous clamons haut et fort
que nous sommes
d’une soif qui ne sait pas mourir
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10. |
T'en souviens-tu Émilie?
03:44
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T’en souviens-tu, Émilie
D’la route qui mène jusqu’à l’oubli
Du plancher frette, des couloirs nus
Au pavillon des âmes perdues
Des cigarettes dans les flaques d’eau
Des clous éparpillés
Dans la cale du dernier bateau
Duquel tu t’es sauvée
Pourquoi faut-il que la vie vous étonne?
Pourquoi faut-il que les gens vous pardonnent?
Mélancolie, le plus long des carêmes
Pour se dessaisir de nous-même
T’en souviens-tu, Émilie
D’la route qui mène jusqu’à l’oublie
Ta silhouette au coin de la rue
S’exprime dans une langue inconnue
Le ravissement de ta personne
S’est joué en un murmure
Maintenant tu n’es plus qu’un fantôme
Un monument obscur
Pourquoi faut-il que la vie vous étonne?
Pourquoi faut-il que les gens vous pardonnent?
Mélancolie, le plus long des carêmes
Pour se dessaisir de nous-même
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11. |
La disparition de Roxan
03:16
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Orloge Simard Saguenay, Québec
Orloge Simard est depuis 2012 une formation de Rock qui prône l’irrévérence. Leur musique en est une de combat tandis que leurs textes sont le fruit d’une analyse anthropologique aucuncadriste. Pour le dixième anniversaire de leur formation, ces derniers ont lancé le 23 septembre 2022 un quatrième album en carrière intitulé « Culture du culte ». Il s'agit d'un manifeste anti-censure déjà culte. ... more