1. |
Soleil bas
03:19
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Quand ce vent est venu se glisser sous nos portes,
Pour nous dire de la sorte, que nous étions tenus
De charger nos fusils et d'oublier l'accorte
Saison des vignes douces et des chemins perdus.
Quand le temps est venu de calfeutrer nos portes
Et de cacher nos corps sous nombre de tissus,
Nous le savions ténu mais l'espérions encore,
Pointé au bout du champ comme un arbre perdu.
Et ce froid, et ce froid.
Soleil bas, soleil bas de l'hiver,
Mais que pouvais-tu faire pour réchauffer nos os,
Nous qui n'avons pas su échapper à nos terres
Et changé en enfer ce qu'il y avait de beau.
Soleil bas, soleil bas de l'hiver,
Mais que pouvais-tu faire pour réchauffer nos peaux,
Nous qui n'avons pas su s'arracher à nos terres
Et tourné en enfer ce qu'il y avait de beau.
Quand ce vent est venu nous chasser de la sorte
Loin des rives où ton corps me semblait si menu,
Nous ne pouvions lutter et couteau sous l'aorte
Ne restaient que nos mains et le terrain perdu.
Quand ce vent est venu comme une langue morte
Pour nous dire de ses mots et phrases décousues,
Que bientôt les oiseaux feraient comme une escorte
Qui emmèneraient nos rêves en des terres inconnues.
Loin du froid, de ce froid.
Soleil bas, soleil bas de l'hiver,
Mais que pouvais-tu faire pour réchauffer nos os,
Nous qui n'avons pas su échapper à nos terres
Et changé en enfer ce qu'il y avait de beau.
Soleil bas, soleil bas de l'hiver,
Mais que pouvais-tu faire pour réchauffer nos peaux,
Nous qui n'avons pas su s'arracher à nos terres
Et tourné en enfer ce qu'il y avait de beau.
Soleil bas, soleil bas de l'hiver,
Mais que pouvais-tu faire pour réchauffer nos os,
Nous qui n'avons pas su échapper à nos terres
Et changé en enfer ce qu'il y avait de beau.
Nous qui n'avons pas su s'arracher à nos terres
Et tourné en enfer ce qu'il y avait de beau.
Nous qui n'avons pas su s'arracher à nos terres
Et tourné en enfer ce qu'il y avait de beau.
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2. |
Les animaux sont partis
05:15
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Les animaux sont partis
On les a vus au soir au fond de la réserve,
Rassemblés par milliers, massés auprès de l'eau.
Ils passaient sans nous voir parmi les hautes herbes
Et se suivaient dociles le soleil dans le dos.
On les a vus au soir au fond de la réserve
et la lumières des phares leur faisaient les yeux fous.
Le blanc de leur ivoire et le port de leur tête
ondulaient sous la lune comme la mer sous la houle.
Et au matin, plus rien, les animaux sont partis.
Au matin, plus un bruit.
On les a vus au soir, nous voilà ce matin.
Il ne reste plus rien les carcasses rouillées.
Les voitures désossées qui ne savent plus bien,
Si quelqu'un d'autre un jour viendra s'y réfugier
On les a vus au soir au fond de la réserve
Étrangers à nos cris, silencieux jusqu'au bout.
Comme s'ils savaient déjà ce que le temps réserve
À tous ceux que les luttes ne tiennent pas debout.
Et au matin, plus rien, les animaux sont partis.
Au matin, plus un bruit.
Que le vent sur nos têtes.
Et au matin, plus rien,
Ne reste que le ciel gris.
Les animaux sont partis
Et nous laissent une dette.
Au matin, plus rien,
les animaux sont partis.
Ne nous reste que le bruit
Du sang noir dans nos veines
Au matin, plus rien
Eux seuls avaient compris
Que nous ne sommes que débris
Quand on est que soit même.
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3. |
Dix ans plus tôt
03:38
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Nos terres ne donnent plus ce qu'elles donnaient dix ans plus tôt
Ici les arbres ont disparu et seules les pierres portent beau
et si le soir, si le soir tu m'entends, ce n'est que le bruit du vent
Nos terres ne donnent plus ce qu'elles donnaient dix ans plus tôt
Les sources ont perdu leurs vertus et nous ne buvons plus leur eau.
Et si parfois dans le soir tu m'entends, ce n'est que le bruit du vent
Nos terres ne donnent plus ce qu'elles donnaient dix ans plus tôt,
Et seule la rouille des charrues nous rappelle que des mots
Dans le soir un peu froid du printemps couvrait les voix des enfants.
Nos pères ne sont plus qui ils étaient dix ans plus tôt,
Et si le pire reste tu, nous laisserons aux étourneaux
Ce tumulte, ce vacarme incessant qui couvre le bruit du vent.
Nous gagnons les villes nous brûlons les champs,
Nous quitterons les villes nous laisserons le temps
Faire son histoire à mesure que le vent chante.
Nos pères ne sont plus qui ils étaient dix ans plus tôt,
Leurs yeux nous disent le temps perdu et même leurs corps semblent de trop
Et si parfois dans le soir tu m'entends, ce n'est que le bruit du vent
Nos corps ne sont plus ce qu'ils étaient dix ans plus tôt
Et nos carcasses mises à nu, coupées de leurs oripeaux
Cèdent la place à mesure que le vent pousse les débris du temps
Nous gagnons les villes nous brûlons les champs,
Nous quitterons les villes nous laisserons le temps
Faire son histoire à mesure que le vent chante.
Nous quitterons les villes nous brûlerons les champs,
Nous brûlerons les villes nous laisserons le temps
Faire son histoire à mesure que le vent chante.
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4. |
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La balle est passée près du cœur,
a rebondi sur un os
est ressortie par le dos.
La balle est passée près du cœur.
La balle est passée près du cœur,
et fait si peu de dégâts
que j'ai poursuivi mes pas
et marché pendant des heures.
La balle est passée près du cœur,
est ressortie dans un saut
et reparti sans un mot
j'ai vu courir le tireur.
Il portait auprès de son cœur
les fruits de nos belles années
que le temps avait gelés
et arrachés sans douleur.
En arrêtant le tireur,
j'ai vu qu'il me ressemblait
en un peu moins abîmé,
comme libéré de mes peurs.
J'ai laissé fuir le tireur
avant qu'il l'ait demandé
et sans même me retourner,
j'ai oublié son odeur.
J'ai gardé auprès de mon cœur
cette marque en forme de V,
qui parfois les soirs d'été
vient me rappeler le tireur.
Et cette balle près de mon cœur
qui ne m'a pas arrêté
Et cette balle près de mon cœur
qui ne s'est pas arrêté.
Et cette balle près de mon cœur
qui ne m'a pas arrêté
Et cette balle près de mon cœur
qui ne s'est pas arrêté.
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PAIN-NOIR Clermont Ferrand, France
J'ai une nuit rêvé de deux mains sur lesquelles les mots Pain Noir étaient tatouées. Je ne sais plus à qui elles
appartenaient, mais elles apparaissaient menaçantes et pourtant familières. Au matin l'image et ces deux mots étaient toujours là.
J'ai alors su qu'il était temps pour autre chose.
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