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eh oui....
bon w end a toi
chez moi neige et froid
bises http://lescock ersdemaryse.ce nterblog.net
Par lescockersdemaryse, le 22.11.2024
eh oui il faut ecouter les anciens.... http://lescock ersdemaryse.ce nterblog.net
Par lescockersdemaryse, le 22.11.2024
jolie fable .... http://lescock ersdemaryse.ce nterblog.net
Par lescockersdemaryse, le 22.11.2024
bonjour brigittte
il fait très très froid ce matin mais j'adore
je te souhaite un bon week-end,
bis ous htt
Par chezmitsy, le 22.11.2024
quelques journées bien chargées ma brigitte...
v ais aller au dodo.
au fait, as tu trouvé te signature chez
Par tubesetfonds, le 22.11.2024
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Date de création : 13.06.2011
Dernière mise à jour :
23.11.2024
11467 articles
Barbara Kingsolver, née le 8 avril 1955 à Annapolis dans le Maryland, est une écrivaine américaine.
Sous forme de romans, d'essais, de nouvelles ou encore de poèmes, ses écrits reflètent son intérêt pour la justice sociale et la biodiversité.
Jeunesse
Peu après la naissance de Barbara, sa famille emménage en 1956 à Carlisle, un village rural du Kentucky.
Elle a sept ans quand sa famille part pour deux ans au Congo, l'actuelle république démocratique du Congo, où son père exerce comme médecin.
Ils y vivent sans électricité ni eau courante.
Après le lycée, Barbara Kingsolver obtient une bourse pour suivre des études musicales à l'université DePauw, à Greencastle, Indiana.
Elle s'engage dans une formation classique comme pianiste.
Se rendant compte combien les débouchés sont rares, elle se réoriente vers un cursus de biologie. C'est ainsi qu'elle obtient une licence en sciences en 1977. En parallèle à ses études, elle s'investit dans le militantisme, contestant l'engagement américain au Viêt Nam, lisant Karl Marx et Betty Friedan.
Après l'obtention de sa licence, elle passe une année en France puis emménage à Tucson, en Arizona.
En 1980, elle s'inscrit à l'université d'Arizona, dont elle sort diplômée avec un mastère en écologie et biologie de l'évolution.
Carrière littéraire
Pendant ses dernières années d'études, Barbara Kingsolver se met à écrire.
Son premier roman, L'arbre aux haricots, est né de ses nuits d'insomnies.
Il raconte l'histoire d'une jeune femme quittant son Kentucky natal à la découverte de l'Ouest des États-Unis.
À peine un an plus tard, en 1989, Barbara Kingsolver publie un second ouvrage. Il s'agit d'un recueil de nouvelles qui est paru en France en 2015, sous le nom d'Une île sous le vent.
Les douze nouvelles qu'il contient racontent toutes des histoires d'amour, libératrices ou étouffantes, du point de vue de femmes.
Dans Un autre monde, elle fait vivre un jeune garçon entre Mexique et États-Unis.
Elle y évoque aussi bien les manifestations de vétérans et leur répression violente sous Hoover, que les amours de Frida Kahlo et de Léon Trotsky, son assassinat en 1940 ou que le Maccarthisme qui vient à bout du jeune héros.
Ce roman a reçu le Orange Prize for Fiction 2010.
Vie privée
Elle vit aujourd'hui dans les Appalaches.
Elle vit en milieu rural et déplore le mépris des élites envers les habitants des campagnes.
Barbara Kingsolver a deux filles : Camille, née en 1987 d'une première union avec Joseph Hoffmann, et Lily, née en 1996, de son union avec Steven Hopp, professeur en sciences de l'environnement.
Romans
L'Arbre aux haricots, 1996 ((en) The Bean Trees, 1988)
Une rivière sur la lune, 2002 ((en) Animal Dreams, 1990)
Les Cochons au paradis, 1996 ((en) Pigs in Heaven, 1993)
Les Yeux dans les arbres, 1999 ((en) The Poisonwood Bible, 1998)
Un été prodigue, 2002 ((en) Prodigal Summer, 2000)
Un autre monde, 2010 ((en) The Lacuna, 2009)
Orange Prize for Fiction 2010
Dans la lumière, 2013 ((en) Flight Behavior, 2012)
Des vies à découvert, 2020 ((en) Unsheltered, 2018)
On m'appelle Demon Copperhead, 2024 ((en) Demon Copperhead, 2022)
Prix Pulitzer de la fiction 2023 -
L'histoire :
Dans le décor sauvage et grandiose des montagnes boisées des Appalaches méridionales, Un été prodigue tisse trois histoires parallèles.
Celle de Deanna Wolfe, spécialiste de la faune, employée par l'office des forêts, qui vit coupée du monde et observe les animaux des bois depuis l'avant-poste de son refuge de montagne.
Elle y sera surprise par un jeune chasseur venu envahir ses espaces les plus intimes, bouleversant son existence indépendante et solitaire.
Au fond de la vallée, celle de Lusa, une jeune intellectuelle citadine devenue femme de fermier qui, rapidement veuve à la mort prématuré de son mari, se trouvera mise en demeure de déclarer son attachement à la terre, décidera de rester dans la vallée et de gagner le cœur d'une famille hostile.
Un peu plus loin, deux vieux, voisins ennemis, Nannie et Garnett, gèrent chacun leur ferme et se chamaillent à propos de religion, de pesticides et des complexités d'un monde auquel aucun d'eux ne s'attendait.
Au cours d'un été particulièrement moite, où le désir de procréer s'empare d'une campagne verte et luxuriante, ces personnages découvriront les liens qui les unissent les uns aux autres ainsi qu'à la faune et à la végétation dont ils partagent nécessairement le territoire...
Dans ce roman foisonnant et généreux, Barbara Kingsolver traite du thème qui lui est le plus cher – le respect de la nature –, en maintenant un équilibre entre intrigue et idées que seul un écrivain aussi accompli pouvait atteindre avec autant de perfection.
KENTUCKY CARTE
Extraits :
Prothalame
Venez, vous tous les inconsolés, souverains d’une chambre solitaire
au papier peint d’oiseaux muets et de fleurs à la floraison factice,
aux armoires pleines de rêves morts depuis si longtemps!
Venez, parcourons les rues anciennes — telle une mariée;
écartons les feuilles mortes d’un balai impitoyable;
apprêtons-nous pour le Printemps, comme pour un fiancé
dont, impatients, nous guetterions le pas léger.
Nous effacerons les ombres, où les rats se sont longtemps nourris;
balayerons notre honte — et à sa place nous bâtirons
une demeure d’amour, une splendide couche nuptiale
parfumée de fleurs tremblantes pour le Printemps.
Et quand il viendra, nos rêves assassinés s’éveilleront;
et quand il viendra, tous les oiseaux muets chanteront.
Aaron Kramer
Deanne
"Sur ce sentier, les têtes fleuries, pleines d'espoir poussaient si serré qu'on les écrasait en marchant. Encore quelques semaines et les arbres seraient définitivement couverts de feuilles, la voûte se refermerait et cette floraison disparaîtrait. Le printemps se déplacerait plus haut pour réveiller les ours et finalement baisserait comme une flamme, absorbé par la forêt d'épinettes sombres sur le crâne du Zébulon. Mais là maintenant, le printemps s'animait en pleine période de lascivité. Partout où le regard se posait, on essayait de gagner du temps, de la lumière, de profiter du baiser d'un pollen, de l'union du spermatozoïde et de l'œuf, d'une seconde chance."
"— Ouais. En gardant un oeil sur les prédateurs, on sait ce qu'il y a à savoir sur les herbivores comme les cervidés, et sur la végétation et les détritivores, les populations d'insectes, les petits prédateurs comme les musaraignes et les campagnols. Tout l'ensemble."
"Savait-il que le frottement de sa manche la troublait autant que si c'avait été sa peau nue sur la sienne ? Comment en était-elle arrivée à cela, à un corps qui avait perdu tout souvenir du contact humain – était-ce donc ce qu'elle avait voulu ? Elle n'avait pas choisi de divorcer, à moins que son mari n'eût dit vrai et que ses dispositions et son goût pour la nature n'eussent pas été des choix susceptibles de retenir un homme. Un mari plus vieux, aigri par l'âge, et soudainement critique d'une épouse de plus de quarante ans, c'était une chose contre laquelle elle n'avait rien pu faire. Mais cette affectation là-haut, sur le Zébulon, où elle vivait dans un isolement parfait depuis vingt-cinq mois – oui. C'était elle qui en avait décidé. La preuve, au cas où on l'aurait observée, que le mariage ne lui avait jamais été indispensable, au départ."
"C'était, chez les humains, une haine innée, alimentée par des siècles de contes de fées : dès que l'homme occupe un endroit, il en chasse les loups et les ours. Les Européens avaient tué les leurs depuis des siècles, partout sauf dans les montagnes les plus reculées, et même ces bastions n'étaient sans doute plus qu'une légende, désormais."
"Une fois, dans une lettre, Nannie lui avait demandé comment elle supportait de vivre seule là-haut au milieu de tout ce silence et Deanna lui avait répondu que lorsque cessaient les conversations humaines, le monde était tout sauf silencieux. Elles vivait en compagnie des grives des bois."
GRIVE DES BOIS
"À son mari (déjà ex- à l'époque) qui lui demandait pourquoi elle partait vivre dans la montagne, elle avait répondu que c'était pour ne pas avoir à se faire couper les cheveux, passé la quarantaine : apparemment une coupe courte et désinvolte était de mise pour les femmes de son âge. Il n'avait sans doute pas compris la boutade, pensant y voir là un début de futilité chez sa femme, mais il n'en était rien. Ses cheveux étaient le cadet de ses soucis, sauf lorsqu'elle les dénouait une fois par semaine pour les laisser en liberté tel un chien hirsute. Elle refusait simplement de se conformer aux obligations de son âge, ou de tout âge, quel qu'il fût."
BÉBÉS COYOTE
"Ils étaient connus pour leurs solutions de repli, les fameuses ruses du coyote. De tout ce qu'il était possible de savoir sur eux, la jeune femme était au courant. Par exemple, que seule la femelle dominante avait des petits ; que le autres adultes de la meute renonçaient à se reproduire. En revanche, qu'ils aidaient la femelle dominante, en amassant de la nourriture, en montant la garde de la tanière, en jouant avec les petits, en les dressant à se débrouiller une fois les yeux ouverts, la première fois qu'ils sortaient chasser. Si les parents se faisaient tuer, les petits souffraient à peine de leur absence – il en allait ainsi dans la famille coyote. C'était tout son intérêt."
"Là où les empreintes traversaient une large étendue de boue claire, elle s'agenouilla pour les regarder de près, prenant la mesure de l'une, bien définie, à l'aide d'une phalange de l'index. Deux pouces trois quarts, de l'avant à l'arrière.
On apprend ce qu'il est en découvrant ce qu'il n'est pas, disait son père. Ce n'était ni un renard gris ni un renard rouge. Un coyote. Un grand, probablement un mâle. Le compagnon de la femelle dominante."
"Ce qui se présentait à elle, ici, dans cette montagne, c’était une occasion qui ne se reproduirait plus pour personne : le retour d’un important prédateur canidé et la réorganisation des espèces qu’il entraînerait peut-être.
D’autant plus significatif que le coyote se trouverait être ce que R. T. Paine qualifiait de prédateur clé. Elle avait lu et relu avec soin ses célèbres expériences des années 60 au cours desquelles il avait vu décroître radicalement la grande diversité des espèces après avoir retiré toutes les étoiles de mer de flaques d’eau marine. En leur absence, les moules, dont elles étaient consommatrices, avaient proliféré et dévoré presque toutes les autres espèces, ou en avaient réduit la quantité. Personne, avant ça, n’avait découvert à quel point un seul carnivore pouvait influer sur des éléments aussi éloignés de son règne. Bien entendu, l’expérience s’était reproduite indéfiniment, par hasard : l’élimination des couguars du Grand Canyon, par exemple, avait favorisé une plus grande prolifération de cervidés, plus voraces et plus féconds que d’autres herbivores, provoquant ainsi une usure du paysage jusqu’au granit. Beaucoup avaient vu et enregistré les dégâts qu’entraînait l’élimination d’un prédateur dans un système."
COYOTE
"Il était impossible de dire dans quelle mesure le retour d'un grand chien vorace serait capable de rétablir l'équilibre, même après une absence de deux cents ans. Des espèces rares, des espèces menacées, outre la vie de la rivière, et également des plantes trop longtemps broutées ainsi que leurs insectes pollinisateurs pourraient revivre."
"Ce géant avait dû être le plus grand, ce qu'il y avait de plus immortel sur sa montagne – jusqu'au jour où, dans un port quelconque, une maladie cryptogamique avait débarqué d'un bateau pour narguer l'Amérique en tuant tous ses châtaigniers, depuis New York jusqu'à l'Alabama. Un paysage tout entier pouvait changer comme ça, simplement."
"Il jeta un regard pénétrant à Deanna. " C'est pourquoi tu vis toute seule ici, non ? Tu ne supportes pas les gens."
Elle soupesa cette remarque, dont la vérité la frappa.
"Je refuse de le voir ainsi, dit-elle pour finir. Il y a des personnes que j'aime. Mais il y a tant d'autres formes de vie que j'aime aussi. Et les gens leur manifestent tellement de haine à toutes, à l’exception de la leur."
"Elle le regardait sérieuse. « Regarde ici, rien ne change. Je suppose que succès et échecs importants se produisent, mais de manière tellement ralentie que ça ne se remarque pas sur une durée de vie.» Elle croisa les bras autour d'elle. « C'est sans doute pourquoi j'aime ça. La nature est simplement plus sûre.»
Il se pencha en avant et l'embrassa. « Parle – moi encore du ginseng.»"
SERPENT MOCASSIN
"Elle respira à fond, tout en essayant de ne pas haïr ce serpent. Il ne faisait que son métier après tout. Vivant sa vie comme les milliers d'autres trigonocéphales de la montagne sur lesquels des yeux humains ne se poseraient jamais ; un ou deux rongeurs par mois suffisaient à leurs besoins, gages de vie, contributions à l'équilibre."
"Elle s'arracha de ses bras le temps de souffler la lampe.
Et par une habitude venue de l'enfance, se murmura en esprit une action de grâce, aussi succincte et brève que le passage de la lumière de la lampe à l'obscurité : Merci de cette journée, des oiseaux à l'abri dans leurs nids, de ce qui est, de la vie."
Lusa
"Si elle avait un certain respect pour le langage poétique de gens de la campagne, elle doutait de l'exactitude de leurs perceptions : les montagnes respirent et le serpent ne meurt qu'au coucher du soleil, même quand on lui a coupé la tête. Quand une tortue vorace s'attaque à vous, elle ne vous lâche pas tant qu'il n'y a pas d'orage. Pourtant lorsque Lusa épousa Cole et installa sa vie dans sa maison, le souffle du mont Zébulon lui caressa le visage à longueur de matinée et elle finit par comprendre."
KENTUCKY PANORAMA SUR LES MONTAGNES APPALACHES
"En moins d'une année de mariage, ils avaient déjà appris à passer d'une querelle à l'autre, exactement comme le cours d'eau qui descendait de la montagne dans cette combe débordait de ses rives pour envahir les fondrières de leur allée et regagner son lit au fond de la vallée. Les disputes pouvaient remplir un mariage comme de l'eau qui coule sans cesse partout, sans goût ni couleur, mais avec énormément de bruit."
"Lusa, assise sans bouger, s'émerveillait : c'était donc ainsi que se parlaient les papillons de nuit. Qu'ils se disaient leur amour grâce à une odeur. En l'absence de bouche, les mots trompeurs sont impossibles, le partenaire est la ou non, mais s il y est, le couple se trouvera dans l'obscurité.
Pendant quelques minutes encore, elle demeura là, les mains immobiles sur son livre, à imaginer un langage qui ne transmettrait qu'amour et simple vérité."
"J'ai perdu un enfant, dit-elle, croisant d'un regard direct celui de Lusa. J'ai cru que je n'y survivrais pas. Pourtant si. On apprend à aimer l'absence que quelqu'un laisse derrière lui."
"Eh bien, dit-elle, pourquoi planter du tabac quand tous les gens essayent de s'arrêter de fumer ? Ou du moins devraient essayer, s'ils ne le font pas déjà. Le gouvernement s'est mis sur le coup maintenant qu'on a fait passer le message que le cancer tuait les gens. Et tout le monde en rejette la faute sur nous."
" Tu me regardes me démener, faire des conserves de cerises comme si tout était normal. Mais quand il n'y a personne ici, je suis quelquefois obligée de m'allonger par terre avec l'espoir que je vais continuer à respirer. Qu'est-ce que je suis censée faire, Jewel ? J'ai vingt-huit ans. Je n'ai jamais été veuve. Comment une veuve doit-elle agir ?"
"J'ai peut-être l'air de m'en sortir, mais je ne sais pas où j'en suis. La personne qui t'a parlé de mes projets en sait davantage que moi."
"Crys haussa les épaules. « Les arbres, ça repousse.
— C'est ce que tu crois. Cette forêt a demandé des centaines d'années pour devenir comme ça.
— Comme ça, quoi ?
— Simplement telle qu'elle est, une affaire très compliquée, composée d'éléments qui ont tous besoin les uns des autres, comme dans un corps vivant. Pas seulement d'arbres, mais de différentes sortes d'arbres, de toutes les tailles, dans des proportions équilibrées. Chaque animal a besoin de sa plante particulière pour vivre. Et certaines plantes ne poussent que près d'autres sortes de plantes, tu le savais, ça ?"
Garnett.
"Oh Seigneur tout – puissant ! pria-t-il en silence. Je confesse avoir sans doute péché par l'esprit, mais j'ai obéi à votre cinquième commandement. Je ne l'ai pas tuée.
"Garnett se remit sur ses jambes aussi gracieusement que possible, toutes choses considérées, et clopina le long de l'allée de gravier de Nannie Rawley, en direction de la route. Le raclement de son pas bancal évoquait une auto qui aurait un pneu crevé.
Maintenant il allait devoir parcourir péniblement une centaine de mètres sur la route pour rejoindre sa propre allée et Dieu veuille que personne ne passe en voiture à ce moment-là pour le voir en train de traîner ses quinze livres de tortue sur la grande route d'une manière totalement inédite jusqu'ici.".
"Son corps ne serait plus jamais exposé aux regards. Si le fait d'y penser l'attristait – il ne connaitrait plus jamais le réconfort d'une caresse humaine – il sentait que ce n'était guère plus qu'un affluent dans le lac de chagrin qu'un vieil homme devait traverser à la nage au terme de ses jours."
"Quiconque avait à faire sur cette route reconnaissait le pick-up de Garnett. On savait qu'il fallait passer au large. Ce n'était pas comme s'il avait été aveugle, grand Dieu ! Il éprouvait seulement des difficultés à évaluer les distances. Il y avait eu quelques incidents."
"Je me montrerai bon voisin et vous enverrai ces pensées qui, j'ose le dire, devraient suffire à alimenter votre réflexion, à vous et à vos amies unitariennes brûleuses de soutien-gorge, pour bien des jours à venir.
Bien sincèrement à vous,
Garnett S.Walker, troisième du nom
P-S . Non, je ne suis pas un vieillard aigri."
"Il sentit son coeur cafouiller. Ça n'améliorait pas son état qu'elle fût en mesure de le terroriser ainsi. Il resta immobile, respira lentement et se dit qu'il n'y avait pas de quoi s'effrayer de ce qu'il voyait. Ce n'était pas plus rebutant qu'un bout de terrain à labourer – un minuscule terrain : une femme."
«— Il me semble que je n'ai pas vraiment le choix, dit-il. je vais guetter les failles de votre raisonnement et vous devrez vous taire une bonne fois pour toutes.»
«— Vous êtes en train de me raconter que ce que je fais avec mes châtaigniers, Dieu le fait avec le monde.»
Nannie
« Monsieur Walker, dit-elle, vous n'avez pas eu d'attaque.
— Comment ça ?
— Vous n'avez pas eu d'attaque. Vous avez chopé une tortue vorace.
— Quoi ?" Il lutta pour se remettre sur son séant. Soudainement, il se sentit moins oppressé et l'esprit parfaitement clair.
« Voyez ! Vous avez une tortue vorace accrochée à votre botte. Je parie que ce machin-là pèse au moins quinze livres».
"Cher monsieur Walker,
Puisque vous me posez la question, oui, je crois que le genre humain occupe une place particulière en ce monde. La même que celle que tient le geai (à son avis) et la salamandre (selon ce qui lui tient lieu d’esprit). Chaque être vivant en est persuadé : « Le centre de tout, c’est moi. » Chaque existence a sa propre religion, je pense, mais croyez-vous qu’une salamandre vénérerait un Dieu qui ressemblerait à un grand bonhomme sur deux pattes ? Allons ! À ses yeux, l’homme ne représente qu’un vague inconvénient (si tant est qu’il le soit), en comparaison de l’entreprise sacrée qu’est celle de trouver de la nourriture, un compagnon et d’avoir une progéniture afin de régner sur la vase pour l’éternité. Pour elle, comme pour les autres, cette vaseuse petite existence de salamandre est tout."
"Pensez donc : si on vous avait montré un tout petit arbre empoté dans une poignée de terre et arrivé d'Asie par bateau depuis des lustres, et qu'on vous avait demandé d'y jeter un coup d'oeil en vous disant : «Ces petits filaments minables de cryptogames provoqueront la mort d'un million de châtaigniers majestueux, affameront des milliers de montagnards vertueux et rempliront d'amertume Garnett Walker» auriez-vous ri ?"
"Monsieur Walker, j'ai toujours constaté que les gens vous appréciaient d'autant plus que vous saviez rire de vos propres malheurs et garder le silence sur ceux des autres."
«Ça ne va pas, observa Nannie. e n'avais pas l'intention d'entrer tout de suite dans la bagarre. Je pensais nous laisser un peu de temps pour y arriver.» Elle hésitait.
«Peut-être un verre d'eau vous serait-il utile ?»
"«Ce qu'il nous faut c'est discuter une bonne fois, calmement, de fermier à fermier, de cette histoire de pesticide.»
«— Vous voyez bien, vous êtes en train de tuer tous ceux qui me sont bénéfiques. Vous êtes en train de tuer mes pollinisateurs. Vous tuez les oiseaux chanteurs qui mangent les parasites. Vous êtes un véritable ange de la mort,» monsieur Walker.
— Je dois protéger mes châtaigniers », répondit-il avec fermeté."
"Lorsqu'elle releva la tête, elle avait les larmes aux yeux.
«– L'humanité fonctionne comme elle peut. Quand vous aurez eu une enfant née avec des chromosomes tout mal fichus et que vous aurez passé quinze ans à la regarder mourir, vous reviendrez me dire ce qui est juste et bon.»"
"«— Et ce sont les abeilles qui doivent battre des ailes nuit et jour pour le garder au frais en juillet. Sans les ouvrières pour rafraîchir la ruche, les rayons fondent et tout le miel dégouline dehors.» Elle secouait tristement la tête. «Les gens ne le savent-ils donc pas ? Est-ce que nous serions, nous autres, les vieux, les seuls à réfléchir à deux fois à l'avenir ?»
«— Bien sûr que non, parce que vous êtes un homme ! Les hommes s'exhibent partout avec leur crâne chauve et leur canasson au paddock, mais ils refusent d'admettre qu'ils ne sont que du vieux bois. Alors pourquoi est-ce que moi aussi je n'en aurais pas le droit ? Quelle loi dit que je devrais être morte de honte d'avoir un corps aussi vieux ? C'est une mauvais farce des temps modernes, mais voilà. Moi, avec mes vieux genoux qui craquent et mes nénés tout desséchés et vous, avec ce que vous avez là-dessous, si ça n'est pas déjà tombé – nous restons tout de même des êtres humains.
Pourquoi ne pas simplement nous résiner à vivre jusqu'à ce que la mort s'ensuive ?»
LYNX
Mon humble avis
497 pages à savourer de part l'écriture, les sujets traités, les personnages principaux terriblement attachants notamment avec trois superbes portraits de femme.
Premier livre que je lis de cette autrice, une très belle découverte pour moi.
Ce livre m'a emmené loin et m'a fait découvrir "Le comté de Zebulon", un petit territoire sauvage des Appalaches dans le Kentucky, où la vie est dure et où l'homme doit domestiquer la nature jour après jour.
Car c'est une terre de fermiers que la crise ruine ou endette et qui tentent de résister à la mondialisation.
Il y a ceux qui ont dû vendre ou qui ont perdu leur ferme, qui se reconvertissent pour un travail à l'usine avec des horaires et des revenus fixes. Il y a ceux qui résistent et s'accrochent aux anciennes valeurs de leur enfance comme la cuture du tabac pourtant dans le collimateur du gouvernement.
Quand on lit la biographie de Barbara Kingsolver, on voit qu'elle a des connaissances approfondies et sérieuses dans les domaines de l'écologie et en biologie. C'est impressionnant comme par le truchement des personnages elle nous apprend beaucoup sur des sujets brulants d'actualité : l'utilisation des pesticides et leur conséquence sur la disparition des oiseaux et la santé, l' éradication de certains animaux ou insectes soit disant nuisibles, les cultures intensives , les élevages extensifs, les abattages d'arbres, le travail et l'importance des abeilles pour la survie de l'homme.
J'ai adoré l'implication et le rôle des prédateurs comme les loups, les lynx et les coyotes dans le maintien d'un écosystème fragilisé par l'Homme qui se veut dominant et chasseur!
" Chaque animal mort a constitué le repas de quelqu'un ou son moyen de contrôler une population.""
Dans ces pages il y a un tel amour de la nature, une telle explication de sa beauté et de sa fragilité...C'est tellement chantant et poétique !
Poétique aussi le renouveau du printemps qui éveille les sens chez les animaux mais aussi dans le corps des humains.
Et quel humour pour traiter de sujets graves avec deux personnages amusants qui s'opposent : Nannie 75 ans et Garnett 80 ans ! Leurs petits affrontements habituels, pour des petits riens parfois, sont un régal !
D'autres sujets graves comme l'handicap d'un enfant, les échecs des mariages, l'amour, la vieillesse, les changements des corps dus à l'âge, la famille, le deuil et la perte des gens aimés, la maladie et le combat contre le cancer, la reconstruction, l'acceptation de soi et la tolérance pour l'autre, les relations parents enfants, la confiance en soi...
Tellement de sujets émouvants, tendres, bouleversants.
Et dans les dernières pages, on comprendra le lien qui relie les personnages principaux...
Ce livre est une ode à la nature, à la préservation des espèces, à l'amour et à la vie.
"L'homme a l'arrogance de se croire seul. Chaque pas silencieux résonne comme le tonnerre dans la vie souterraine des insectes, une secousse sur un fil impalpable de la toile qui attire partenaire à partenaire et prédateur à sa proie, un commencement ou une fin. Tout choix offre un monde neuf à l'élu. "
Un superbe moment de lecture qui m'a enchanté.
Brigitisis
Les cartes et photos qui illustrent proviennent de divers sites du Net.
Merci pour ces partages