Le vocable YéYé est utilisé pour nommer les chanteurs populaires français et québécois entre 1959 et 1968.

En 1960, les enfants issus du baby boom représentent un marché nouveau et important pour l'industrie du disque. Les jeunes artistes tels que Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Claude François, Christophe et bien d'autres côtoient les grands auteurs-compositeurs-interprètes d'alors tels que Brassens, Brel, Ferre, Aznavour.

On discerne cependant une vague d'artistes qu'on peut qualifier « d’Anti-YéYé ». Ainsi Antoine avec ses « Elucubrations », Jacques Dutronc « Et moi, et moi », Nino Ferrer et « Mirza » ou « Les Cornichons », Michel Polnareff et « L'Amour avec toi», ou « Je suis un homme ». Ces artistes anti-conformistes brisent les tabous de la bonne société française qui va exploser en 1968.

Le terme Yéyé vient d'une interjection qui ponctue les chansons anglo-saxonnes de rock et de twist par « Yeah » pour « Yes ». Ce terme fut repris par le sociologue Edgar Morin, qui baptisa les jeunes artistes de l'époque « Les Yéyé ». C'est devenu un phénomène de mode, un vrai courant musical.

Les YéYé se sont illustrés au Golf Drouot, lieu mythique et véritable tremplin pour les futurs idoles de ce courant musical, offrant une scène ouverte à tous les jeunes talents de l'époque qui viennent s'exprimer en « grattant la guitare ». S'ils parvenaient à convaincre le public, ils pouvaient gagner une séance d'enregistrement. 

Des artistes comme Dick Rivers et ses « Chats sauvages », Eddy Mitchell et ses « Chaussettes noires » et bien d'autres ont fait

leurs classes dans ce Temple du Rock baptisé « Golf Drouot ».

Les YéYé avaient aussi leurs émissions télévisées. La plus emblématique du genre, « Age tendre et tête de bois » était animée par Albert Raisner, animateur émérite et dénicheur de talents en tous genres, qui fut aussi un harmoniciste hors pair.

Cette émission de variétés, enregistrée au Moulin de La Galette, produite de 1961 à 1966 (année où elle est devenue « Tête de bois et tendres années ») était une tribune et un plateau de libre expression pour les jeunes talents que l'émission a permis de faire connaître. Ce programme télé a toujours constitué depuis sa création le rendez-vous privilégié et incontournable de nombreux téléspectateurs et ce jusqu'à sa disparition en 1968.

Cette époque d'insouciance s'illustre par la fraîcheur et les nouveaux rythmes d'une musique gaie et ludique, jeune et pleine d'entrain. De nombreux «tubes» inspirés du répertoire d'outre-Atlantique, issus des standards du Rock et du Rhythm'n'blues font l'objet de versions françaises amusantes, quoique parfois approximatives.

Les jeunes se déchaînent en dansant sur des airs de twist et de rock'n'roll. Ainsi, les « Chaussettes Noires » reprennent «Be bop a lula», Richard Anthony "Let's twist again".

Quant à Johnny Hallyday, en digne représentant de la jeunesse, interprète «L'idole des jeunes».

L'émission radiophonique de variétés "pop music" d'Europe N°1 « Salut les copains », créée et animée par Franck Thenot et Daniel Filipacchi à partir de 1959, donnera plus tard naissance au magazine mensuel éponyme (SLC). Cette revue, conçue pour les jeunes en 1962, fêtera en grande pompe son premier anniversaire le 22 juin 1963, en offrant à plus de 150.000 jeunes rassemblés sur la Place de la Nation à Paris, un spectacle gratuit où tous les invités de l'émission radio vont se produire. Une célèbre photographie de Jean-Marie Perier (photographe attitré d'SLC) les immortalisera en 1966.

1960 représente l'avènement du microsillon et notamment du 45 tours qui sera le support par excellence de la diffusion des artistes YéYé (les pochettes de disques vinyle sont devenues de véritables objets de collection très recherchés). Le disque noir fera la gloire et la fortune de quelques grandes maisons de production.

Difficile d'aborder les années 60 sans évoquer les fameux scopitones (ancêtres de nos clips vidéo) qui permettent de visionner en couleurs des petits films de 3 minutes qui reprennent les grands titres du moment, alors que la télé est encore en noir et blanc.

Ces années 60 constituent une période de grande effervescence musicale et sont à l'origine de l'éclosion de talents multiples et variés, même s'ils sont souvent éphémères. La jeunesse est conquise par ces vedettes qui évoquent dans leurs chansons les problèmes de cœur ou les sentiments rebelles à l'encontre d'une société qu'ils brocardent. Elles deviennent le véritable miroir des préoccupations d'une jeunesse en quête d'identité. La jeune classe des sixties contribue largement au développement de l'industrie du disque et achète en masse les derniers titres à succès.