LES SATELLITES DE TELEVISION DIRECTE : UN PROGRAMME COMMUN FRANCO-ALLEMAND
Simone COURTEIX
La prochaine révolution amenée par la technologie spatiale sera celle qui permettra la distribution de programmes de télévision directement dans les foyers, grâce à des émetteurs de grande puissance sur satellite et à de petites antennes réceptrices. Dans la compétition engendrée par cette révolution, plusieurs pays sont sur les rangs.
Le 29 avril 1980, le ministre français de l'Industrie et le ministre allemand de la Recherche et de la Technologie signaient le texte d'un accord intergouvernemental prévoyant le développement en commun de satellites de radiodiffusion (1). Cette décision s'inscrit dans le cadre général du traité de coopération du 22 janvier 1963, et plus particulièrement des dispositions relatives au développement de la coopération scientifique entre les deux Etats (cf. préambule, § 1). Elle a été prise lors des réunions au sommet des deux chefs d'Etat d'octobre 1979 et de février 1980, à la suite de nombreuses études effectuées tant en France qu'en Allemagne sur les aspects techniques et économiques d'un tel projet.
Ce nouvel accord sectoriel perpétue en fait la coopération spatiale franco- allemande commencée en 1967 avec le programme de satellites de télécommunications «Symphonie», encore en service aujourd'hui (2). Comme «Symphonie», ce projet de construction en commun de satellites de télévision directe est inspiré par des motifs politiques. L'enjeu de cette décision est en effet, non seulement d'ordre technique et commercial (car il s'agit d'occuper un créneau de vente laissé provisoirement vide par les Etats-Unis), mais aussi de nature culturelle et politique, la
(*) Simone Courtedc, Maître de recherche au Centre national de la recherche scientifique.
(1) Le règlement des radiocommunications, révisé en 1979, définit « le service de radiodiffusion par satellite » comme < un service de radiocommunication dans lequel des signaux émis ou retransmis par des stations spatiales sont destinés à être reçus directement par le public en général ». Cependant dans la terminologie courante, on emploie fréquemment l'expression « satellite de télévision directe » qui est équivalente à celle retenue officiellement par l'U.I.T..
(2) C'est en effet en juin 1967 que les gouvernements de la France et de la R.F.A. ont signé une convention pour la construction, le lancement et l'utilisation d'un satellite expérimental « Symphonie ». L'objectif fondamental du programme Symphonie, était de démontrer la compétitivité des industries françaises et allemandes dans le domaine des techniques spatiales. Depuis 1975, date de leur lancement, les deux satellites géostationnaires fonctionnent de façon satisfaisante et un important programme international d'expérimentation s'est déroulé, les deux satellites ayant été utilisés par plus de 35 pays et étant toujours en service. Sur cet accord cf. S. Courteix, Recherche Scientifique et relations internationales, Paris, L.G.D.J., 1972, pp. 75-77, 81-82.