La tendance issue de l'art savant de la fin du xvie siècle se maintint plus longtemps encore dans le décor intérieur
des églises toulousaines. Telle est l'origine du style du grand retable des Jacobins, dressé entre 1623 et 1628, et connu par une gravure, ou encore du retable du maître-autel de la cathédrale, commandé trente ans plus tard par les chanoines de Saint-Étienne à Pierre Mercier. L'artiste alors le plus en vogue dans la région, Pierre Afïre, utilisa lui aussi le répertoire ornemental maniériste pour le retable de Notre- Dame de Garaison, une œuvre longtemps démembrée, mais que le Service des Monuments historiques s'est appliqué à reconstituer en y mettant beaucoup de persévérance et d'obstination. Il est particulièrement significatif qu'en 1662, c'est-à-dire vingt-sept ans après l'exécution de ce retable, le même Pierre Afïre proposait encore un modèle tout semblable pour l'autel de la chapelle des Carmélites de Toulouse.
Il résulte de toutes ces observations que, si une orientation vers le baroque se dessina à Toulouse vers 1610-1630, elle ne parvint jamais à s'affirmer. On doit incriminer des moyens financiers insuffisamment puissants pour donner toutes ses chances à, une architecture somptueuse et par conséquent coûteuse. C'est la raison pour laquelle la tradition maniériste continua à, s'imposer. — Yves Bruand et Bruno Tollon, L'architecture baroque toulousaine : mouvement original ou maniérisme prolongé, dans Gazette des Beaux-Arts, novembre 1972, p. 261-272.