Le maître-autel de Maubuisson.
Le maître-autel de Maubuisson. — Les fructueuses recherches de Mlle Françoise Baron lui ont permis de reconstituer le décor de l'ancien autel de Maubuisson, donné vers 1340 par la reine Jeanne d'Êvreux. On en connaissait déjà, conservé au Musée du Louvre, le fameux Ange aux burettes auquel il faut ajouter à présent le bas-relief de la Cène, encastré dans le maître-autel de Saint-Joseph des Carmes, à Paris, et trois fragments sculptés, conservés dans les réserves du Département des sculptures, au Musée du Louvre. L'abbé Guillaume
(1) On pourra se reporter sur ce point aux importantes remarques de M. Deyres qui a montré que ces chapiteaux ne se trouvaient pas à leur emplacement originel [Chronique, 1968, p. 78-79).
Milhet, qui devait finir ses jours à Maubuisson, en 1763, nous a laissé une très précieuse description de ce maître-autel qui est à la base de cette reconstitution. A droite d'un bas-relief où était figurée la Cène, on voyait les représentations de Moïse, de David et d'un prophète, taillés dans un même bloc, et la Communion de saint Denis dans sa prison, dans un autre. A gauche se voyaient trois autres prophètes sculptés également dans une même pierre, un ange portant des parfums, Charles IV, Jeanne d'Ëvreux et leurs filles, Marie et Blanche. Il n'est cependant pas certain que cette disposition soit originelle : elle s'explique mal. D'autre part, nous savons qu'il y eut dans la première moitié du xvne siècle un transfert qui en bouleversa peut-être la primitive disposition. Quoi qu'il en soit, on peut suivre ensuite les pérégrinations des différents éléments. A la Révolution, le retable fut vendu. Au début du xixe siècle, la Cène et Y Ange aux burettes se trouvaient chez les filles du Carmel de Paris, qui possédaient également les gisants des entrailles de Charles IV et de Jeanne d'Ëvreux. Ces tombeaux et l'Ange furent acquis, après la séparation des biens de l'État et de l'Église, par la Société des amis du Louvre, qui en fit don au Département des sculptures, alors que la Cène, insérée dans le décor du maître-autel de l'église, devait y demeurer. Très rapidement d'ailleurs, l'origine de ce relief devait s'estomper. L'histoire, le style et l'analyse des matériaux confirment que leur origine est la même.
A la suite de cette découverte, Mlle Baron a pu réhabiliter trois fragments sculptés, conservés au Louvre et tenus jusqu'à présent en suspicion : la Communion de saint Denis, un groupe de trois prophètes et un autre où l'on voit Moïse, David et un autre prophète. Ils ont tous trois été récupérés en 1881 dans les chantiers de Saint-Denis où se trouvaient les épaves du Musée des Monuments français. On peut en induire que Lenoir les avait acquis de l'abbaye de Maubuisson. Le style de ces œuvres, leurs dimensions, leur matière ainsi que la précieuse description de l'abbé Milhet ne peuvent que confirmer une telle origine. Seules manquent pour compléter le décor offert par Jeanne d'Ëvreux les figures royales.
Ayant ainsi reconstitué ce prestigieux ensemble, Mlle Baron aborde le délicat problème de sa paternité : on sait que le docteur Ronot, après avoir identifié en toute certitude le Saint Mammès de