RÉSUMÉS ANALYTIQUES
La fortification des Croisés au temps de Saint Louis au Proche-Orient, par Jean Mesqui
Cet article a pour but de présenter une synthèse des caractères de l'architecture militaire développée par les Croisés au Proche-Orient au X1IIV siècle. Il met en évidence les grandes tendances de cette architecture, et les replace par rapport à celles de l'architecture développée à l'époque en Europe. Il est suivi d'un inventaire sommaire des sites présentant des éléments architecturaux significatifs de cette époque en Syrie, au Liban, et en Israël.
L'architecture civile franque à Césarée, Acre et Jérusalem, par Adrian Boas
Les fouilles archéologiques et relevés menés depuis plusieurs décennies en Israël ont mis au jour les restes d'un grand nombre d'édifices civils de la période franque (1099-1291), en zone urbaine comme rurale. Dans cet article, j'ai choisi de présenter certaines maisons de trois villes du royaume de Jérusalem : celle de Césarée, jadis ville portuaire d'importance dont le rôle s'est amoindri au Moyen Age, ce qui se reflète dans ses maisons très simples ; la ville portuaire d'Acre, où se trouvent les vestiges de nombreux édifices civils de belle facture ; enfin Jérusalem, où vraisemblablement assez peu de maisons ont été construites par les Francs, qui occupèrent en 1099 une cité presque intacte et vidée de sa population.
Le château d'Arsur .'forteresse côtière pentagonale du type concentrique du milieu du XHt siècle, par Israël Roll et Benjamin Arubas
La forteresse croisée est l'ensemble architectural le plus important qui a été découvert dans le site archéologique d'Apollonia-Arsouf, situé sur une falaise surplombant un havre naturel sur la côte de la mer Méditerranée, à quinzaine de kilomètres au nord de Tel Aviv. C'est une structure complexe et concentrique, composée de multiples éléments et construite sur plusieurs niveaux.
Sa fortification consistait en un système de défense échelonné allant de l'extérieur vers l'intérieur. Sa première défense était formée par un fossé large et profond qui entourait et protégeait la fortification extérieure ; celle-ci à son tour protégeait la fortification principale qui délimitait les salles intérieures. Le plan d'ensemble des constructions situées à l'intérieur du fossé était pentagonal, un facteur qui a eu une influence sur le contour de la cour intérieure et sur la forme du donjon. Le donjon n'était pas un élément fortifié en lui-même, mais une construction dominant l'ensemble, faisant partie de l'ensemble du système de fortification. La porte de la muraille principale comportait un passage pavé doté de moyens de fermeture, flanqué de deux tours semi-circulaires aux plusieurs étages. Cette porte fait partie d'un type d'ouvrages qui n'a pas d'équivalent en Israël pendant la période des croisades. Par contre, en France et en Angleterre, les portes de ce type étaient très répandues. L'apogée de ce système de défense des portes se situe en Europe au XIII siècle. On peut en déduire que la porte, de même que la forteresse d'Arsouf tout entière, reflètent non seulement un mode de vie et un système de défense, mais surtout une conception du monde occidentale.
L'enceinte de la ville franque de Jaffa, par Benjamin Z. Kedar
Cette note vise à présenter de nouvelles hypothèses relatives à l'enceinte médiévale franque de Jaffa, à partir des fouilles récentes, et d'une nouvelle interprétation des documents cartographiques du XIX siècle. Cet examen croisé permet de postuler que la ville franque débordait largement le tracé de l'enceinte ottomane, jusqu'à présent considérée comme construite sur le tracé de l'enceinte médiévale.
La ville franque de Jaffa à la lumières des fouilles récentes, par Martin Peilstocker
Les fouilles de sauvetage menées à Jaffa ont permis, durant ces dernières années, de mettre au jour de nombreux vestiges de la ville franque, en particulier des maisons, mais aussi des éléments d'enceinte. Il a été possible ainsi de mettre en évidence une chronologie de la fortification dans certaines zones — en particulier le front de mer, et d'établir que la ville franque avait une extension bien supérieure à celle qui était jusqu'à présent présumée. Cet article présente une première synthèse de ces résultats, non encore publiés.
« Eudes de Montreuil, maître des œuvres des fortifications de Jaffa, une légende franciscaine ? », par Nicolas Prouteau
Pendant près d'une année (mai 1252 à juin 1253), Saint Louis ordonna et dirigea la refortification de l'enceinte urbaine de Jaffa. L'investissement personnel du roi dans la construction et la vaste campagne de fortifications menée le long du littoral levantin sont rapportés dans différentes sources, depuis les chroniques contemporaines des événements aux compilations de l'époque moderne. Le nom d'Eudes de Montreuil, maître-maçon du roi, est traditionnellement associé à la construction de l'enceinte fortifiée de Jaffa. Bien que cet argument ait été recopié du XVIII siècle jusqu'à Paul Deschamps, un examen méticuleux de la documentation médiévale et moderne remet en cause cette idée communément admise. La participation de « l'illustre architecte » à ce chantier oriental n'est en fait qu'une « légende » mise en scène par André Thévet. Une réécriture patriotique qui est pourtant devenue réalité historique.
La commanderie de l'Ordre des Hospitaliers à Acre, par Eliezer Stern
La Commanderie Hospitalière de Saint-Jean d'Acre constituait l'un des monuments majeurs de l'ancienne ville médiévale ; on n'en connaissait guère, jusqu'à présent, qu'une à deux salles voûtées, tout le reste étant enterré ou caché par des constructions ottomanes. Les fouilles menées depuis plus d'un demi-siècle ont permis de renouveler totalement la connaissance de cet ensemble monumental de premier plan, qui comprenait salles, cuisines, latrines, dortoirs et logis d'accueil pour les pèlerins. Cette synthèse des travaux archéologiques révèle ce complexe jusqu'à présent inédit en langue française.