Couverture fascicule

Un cas exemplaire d’archéologie horlogère en Suisse

[compte-rendu]

Année 2013 171-1 pp. 64-65
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partie de cette vague «astronomique » dont l’origine serait à chercher plus tôt et peut-être plus à l’est. À l’origine, l’horloge se manifestait auprès de la population par le son des cloches et ne comportait pas de cadran. Parmi les plus anciennes connues, certaines ne sonnaient qu’un seul coup par heure, n’ayant pas de partie sonnerie – une cheville sur la roue 1 du mouvement déplace le levier qui libère le marteau pour frapper la cloche. Jusqu’en 1800, les horloges comtoises ont sonné les demi-heures de cette façon en utilisant un deuxième marteau pour sonner les heures. Pour les horloges plus sophistiquées, une autre roue devient nécessaire : c’est la roue de compte qui a la particularité d’être marquée sur toute sa circonférence par des encoches réparties suivant le ratio 12, 11, 10, 9 etc. un levier (la détente) se lève au début de la sonnerie, quitte l’encoche où il maintenait la roue immobile et la roue commence à tourner. le levier glisse sur le segment de roue dont la longueur correspond à l’heure à donner et la cloche sonne le nombre de coups nécessaires jusqu’à ce qu’il tombe dans l’encoche suivante. Pour l’époque considérée en normandie, la seule horloge qui nous permette de faire des observations et de discuter de la technique est le gros-horloge de rouen. l’importance de sa sonnerie, certainement d’origine et qui n’a peutêtre jamais été modifiée depuis 1389, a été particulièrement soulignée mais on sait que partout les sonneries ont peu changé entre 1400 et 1800. quoi qu’il en soit, c’est le mécanisme de l’heure qu’il faut examiner. À l’aide des photos obtenues par internet on peut voir, à l’évidence, sa transformation en mouvement à pendule en 1713. le foliot a été enlevé, la verge d’origine a été tournée à 90° pour devenir horizontale au niveau du diamètre de la roue de rencontre, des supports supplémentaires ont été créés et le lien vers le balancier mis en place. la position de la verge et celle de la roue de rencontre encore verticale sont la preuve que l’horloge existant avant 1713 a été modifiée et n’a pas été remplacée par une nouvelle. les horloges plus récentes respectent toujours le dessin de huygens avec une roue de rencontre horizontale. Mais ne quittons pas ce rouage trop vite ! nous voyons aussi que la roue de rencontre n’est pas la deuxième mais la troisième roue. À quelle époque quelqu’un at-il ajouté une troisième roue ? À l’installation d’un cadran, peut-être ? est-ce qu’ils ont remplacé toutes les roues pendant ce processus ? on commence à percevoir ici la complexité que présente la datation d’une horloge. Même pour le gros-horloge de rouen, les archives restent lacunaires, on ne dispose que des comptes de la ville et des délibérations du conseil. Mentionné pour la première fois le 19 juin 1389 dans les délibérations municipales, Jehan de Felains était chargé de construire le gros-horloge qui fut achevé le 30 septembre 1389. la construction de la tour est attestée le 5 août 1389 et la couverture du toit en plomb commença en 1396. en 1389, deux cloches furent commandées. en 1410, deux cadrans furent installés. ensuite beaucoup de transformations intervinrent au Xvie siècle. À évreux, lisieux, tancarville, Pont-audemer, harfleur et Pont-l’évêque, aurélie désannaux a effectué une exploration minutieuse des documents communaux. Je ne doute pas que nous ayons dans cet article presque toutes les informations qui subsistent concernant la construction et la modification des horloges de ces villes, ce qui est remarquable ! la condition des gardes ou gouverneurs des horloges – des gens qui travaillaient longuement et durement, de jour comme de nuit, souvent de père en fils, pour un maigre salaire – est aussi évoquée. remonter trois poids d’une centaine de kilos au bout de dix mètres de corde ou plus, plusieurs fois par jour et par nuit n’est pas une partie de plaisir, sans compter le graissage et l’entretien régulier dans le froid et la pénombre dans des conditions particulièrement difficiles. À cet égard, je livre l’observation récente que je viens de faire en espagne d’une petite cheminée dans un clocher où le garde pouvait venir se réchauffer. l’article aborde ensuite les aléas du fonctionnement avec l’énumération des pannes les plus fréquentes enregistrées dans les documents communaux. Souvent la réparation est importante, et demande l’intervention d’artisans spécialisés. elle n’est pas nécessairement spécifiée en détail – «remettre à point » , «rhabillage » , «remédier l’usure des dents » , des phrases qui peuvent cacher un petit limage ou une réfection complète. les détails quand ils sont listés sont les choses bien-connues des horlogers d’aujourd’hui – le remplacement des bagues pour les axes, recouper les dents usées, remplacer les cordes, remplacer les aiguilles endommagées par le vent, renforcement de la charpente, réfection des cadrans. de temps en temps les cloches aussi ont besoin de réparations. ces pages très vivantes nous informent de l’intense activité qui entourait une simple horloge et nous percevons mieux pourquoi l’identification des pièces d’origine est devenue si problématique. – aurélie désannaux, «Mesure du temps et histoire des techniques : les débuts de l’horlogerie en normandie (Xive-Xvie siècle) » , Annales de Normandie, n° 1, janvier-juin 2010, 60e année, p. 27-70. howard Bradley un caS eXeMPlaire d’archéologie horlogère en SuiSSe. – le village d’hérémence dans le canton suisse du valais possède encore une horloge du Xviiie siècle grâce à Pierre dubuis et à lucien gauye, alors conservateur du musée local dont l’action conjuguée a permis la sauvegarde lors de la démolition de l’église en 1967. c’est une occasion rare que de pouvoir ainsi combiner l’observation d’un mécanisme d’horloge complet, en état de marche et l’étude d’une documentation considérable relatant les épisodes de la vie de cette horloge depuis sa fabrication. l’auteur a en effet sillonné tout le canton pour collecter les péripéties du récit qu’il nous propose. en très bon état, cette horloge semble entièrement construite en fer forgé car si l’auteur a trouvé mention de l’achat de laiton en 1795 (puis à nouveau en 1829) c’était probablement pour remplacer les bagues – toujours en laiton –, dans lesquelles tournent les axes, qui souffrent souvent d’une usure importante. c’est une horloge à cage avec des rouages verticaux dont les fixations ne sont pas réalisées par clavettes mais par boulons. l’échappement est à ancre. elle était reliée à un cadran équipé à l’origine d’une seule aiguille. il est toujours difficile de proposer une datation précise pour ce type d’horloge dont la production s’est poursuivie pendant 150 ans ou plus, selon les régions. les boulons et l’ancre suggèrent une date relativement récente mais ils étaient souvent utilisés en remplacement d’éléments plus anciens. or, Pierre dubuis a trouvé dans le registre des comptes d’une confrérie de l’église une dépense en 1753-1754 de 25 écus, somme considérable, annotée «pour l’horloge » . c’est la première mention dans la documentation d’une horloge qui ne soit pas un cadran solaire. Je crois que c’est concluant. l’église a été rebâtie en 1768-1770, mais non la tour, si bien que l’horloge semble avoir été épargnée pendant les travaux. en 1816 la tour a été rehaussée de 12 pieds mais une fois encore sans dommage pour l’horloge. elle fut finalement mise hors service en 1932, date de son remplacement par un mouvement plus moderne, avec un cadran qui possédait alors deux aiguilles. l’histoire de son entretien, n’est pas moins intéressante ; l’auteur a trouvé dans les comptes communaux les dépenses correspondant à de nombreuses interventions. le conseil de la fabrique de l’église n’a jamais payé pour l’entretien, mais elle a acheté l’huile pour la lubrification. les réparations furent fréquentes : 1823 ; 1829, une intervention majeure ; 1830, 1837, 1844, une autre réparation importante ; 1861, 1862, 1863-1864, l’horloge a quittéhérémence pour une réfection majeure à anniviers puis la 64 Chronique

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