Taux de sortie du chômage à l'approche de la fin des droits à l'indemnisation

Étude de périodes atypiques durant l'épisode de chômage

Les modèles de recherche d'emploi, longtemps limités au cadre stationnaire, ont récemment évolué vers la prise en compte d'un environnement changeant au cours du temps (voir par exemple Van den Berg, 1990). Le caractère non stationnaire apparaît dès que l'une des variables constituant l'environnement d'une personne en recherche d'emploi est susceptible d'évoluer au cours de l'épisode de chômage, qu'il s'agisse du taux d'arrivée des offres d'emploi, de la distribution des salaires offerts, ou du montant des indemnités perçues et de leur versement sur une durée limitée. Ce cadre théorique nous semble permettre d'enrichir les études empiriques des déterminants micro-économiques du chômage, jusqu'à présent limitées à l'évaluation instantanée des effets de Findemnisation(1), par une meilleure prise en compte des caractéristiques des divers systèmes d'indemnisations, qui proposent pour la plupart une durée limitée de versement des allocations et des montants d'indemnités variables dans le temps(2).

Notamment, et pour ce qui concerne la durée limitée du versement, les modèles de recherche non stationnaires prévoient une augmentation du taux de transition vers l'emploi à l'approche de la fin des droits (voir Mortensen, 1977). En accord avec ces prédictions, Meyer (1990) et Katz et Meyer (1990), ont mis en évidence des sauts significatifs dans les taux de retour vers l'emploi aux États-Unis ; ces sauts se présentent autour de 26 et 39 semaines, périodes correspondant aux durées d'indemnisation théoriquement accordées.

Économie et Prévision

n° 113-114 1994-2/3

Dans le cas français, le régime d'assurance chômage prévalant jusqu'en 1992 était caractérisé par la succession de deux formes d'allocations, une allocation de base dépendant du salaire précédemment perçu, puis une allocation de fin de droits correspondant au versement d'une somme forfaitaire. Nous avons récemment mesuré un effet significatif de l'approche de la fin des droits à l'indemnisation sur le taux de sortie du chômage, que l'issue en soit l'emploi ou l'inactivité (Joutard et Ruggiero, 1994). Il y aurait donc des sauts dans la fonction individuelle de risque de sortie du chômage lors de périodes privilégiées, notamment au cours des derniers mois avant un changement de régime d'indemnisation. Rappelons que le passage d'un régime à l'autre signifie toujours une baisse du revenu de remplacement, qu'il s'agisse du passage de l'allocation de base à une allocation de fin de droits, ou de l'arrêt complet de l'indemnisation. L'existence de ces sauts dans les taux de transitions nous a amenés à nous interroger sur les éventuelles modifications du comportement des chômeurs au cours de leur période d'indemnisation, en particulier juste avant une baisse attendue du montant de cette indemnisation. Nous avons cherché à dégager des profils d'individus qui, à l'approche de cette transition, voient leurs chances de quitter le chômage augmenter.

189