RÉSUMÉ ET CONCLUSION
I. La signification des résultats de l'enquête
Caractères des résultats
(135) Limitée aux questions économiques, l'enquête sur l'utilisation des tracteurs a été effectuée au cours de l'été 1950 et a porté sur 500 exploitations. Seuls ont été interrogés (par des enquêteurs spécialisés) les agriculteurs motorisés depuis la Libération et avant le 31 décembre 1948. On a donc éliminé de l'enquête les cultivateurs qui possédaient des tracteurs depuis de longues années et ceux qui étaient trop récemment équipés pour avoir vraiment changé leurs exploitations. Enfin, on n'a pas tenu compte nonplus des tracteurs utilisés par des entrepreneurs ou des coopératives d'utilisation du matériel agricole.
Les 500 exploitations étudiées, qui. correspondent à l'effort de motorisation individuelle entrepris dans le cadre du plan Monnet, sont situées dans quinze régions de structures agricoles très différentes. Dans les périmètres recensés de chaque région, on a interrogé tous les agriculteurs ayant des tracteurs répondant aux conditions de l'enquête.
Les résultats de l'enquête n'ont donc pas la prétention d'être représentatifs de l'utilisation des .tracteurs en France; ils apportent seulement une documentation détaillée et exacte sur l'emploi de certaines catégories de tracteurs dans des régions agricoles très diverses. Ils montrent aussi la nécessité d'entreprendre de nouvelles études, systématiques sur la motorisation, en recueillant les renseignements dans les exploitations agricoles sur une base régionale. .
En 1950, la motorisation est en pleine évolution
(136) Partie au grand galop en 1945 sur un terrain aplani par l'action du plan Monnet et le rapport favorable des prix agricoles et industriels, la motorisation rencontre aujourd'hui une série d'obstacles et ralentit son allure. Les Pouvoirs Publics, les constructeurs et
•surtout les cultivateurs hésitent.
Les résultats de l'enquête correspondent donc à une phase de transition pour passer d'une motorisation planifiée et un peu spéculative à une motorisation libre et défavorisée par la situation économique des agriculteurs.
Il est donc fort possible que l'enquête répétée au cours des prochaines années conduise à des conclusions différentes.
D'autre part, la technique du tracteur évolue sans cesse. De nouveaux modèles sont continuellement offerts aux agriculteurs. On insistera notamment sur. le fait que les tracteurs du type Pony ou Cub ont été pratiquement
exclus de l'enquête, puisque ces modèles n'ont été mis en service en quantités . industrielles qu'au cours de l'année 1949. Il est probable que ces machines faciliteront la motorisation des petites exploitations.
Le tracteur est une nouveauté technique qui appelle un apprentissage
(137) Quoi qu'il en soit, le tracteur est, en 1950, pour le plus grand nombre des agriculteurs de la plupart des régions françaises, une nouveauté; pour que ce progrès technique puisse porter tous ses fruits; il faut attendre quelques années d'apprentissage. A ceux qui s'étonneraient des médiocres résultats obtenus par certains cultivateurs avec leurs tracteurs, il convient de rappeler,jque . les engrais chimiques, largement employés depuis quelques décades, sont pourtant utilisés bien peu efficacement par de. nombreux agriculteurs.
Dans quelques années, si certaines conditions indiquées ci-dessous sont.réalisées, on pourra porter un jugement plus équitable sur l'effort des agriculteurs.
II. Tracteur et productivité agricole
(138) Dès maintenant, l'enquête met en évidence que le tracteur bien utilisé est un merveilleux et économique instrument de travail. Facilitant le travail, réduisant la main-d'œuvre et augmentant la production, il est par excellence le moyen d'accroître la productivité comme l'avaient souligné à juste titre les auteurs du plan Monnet. Dans les exploitations bien conduites, son emploi est un procédé sûr pour abaisser le prix de revient de l'unité de production. Il apparaît aussi comme un agent de progrès technique poussant l'agriculteur à moderniser son entreprise, et* comme un agent de progrès social améliorant lés conditions de vie à la campagne.
Ainsi les résultats de l'étiquete donnent un aperçu de ce que pourrait être une agriculture française à haute productivité. Peut-être aussi ces conclusions feront-elles naître de l'inquiétude pour l'avenir de certaines régions, soit parce que • celles-ci ne se sont pas encore engagées dans la voie de là motorisation, soit parce qu'elles n'pnt obtenu jusqu'à maintenant que des - avantages limités avec leur nouvel équipement?
III. Une bonne utilisation des tracteurs n'est pas réalisée dans toutes les régions étudiées
"(139) L'enquête révèle,. en effet, de grandes différences entre les modes d'utilisation des tracteurs dans les régions étudiées. La motorisation est un succès dans