CATHERINE BRICE

POUVOIRS, LITURGIES ET MONUMENTS POLITIQUES À ROME (1870-1911)

La fin du XIXe siècle constitue un moment important dans l'évolution des «signes» qui inscrivent Rome dans une dimension symbolique. Si le début du XIXe siècle a recherché - comme l'a magistralement démontré Philippe Boutry - une «restauration de Rome», une réinstallation de de la papauté en son fief1, la fin du XIXe siècle voit à partir de 1870 «l'instauration» d'un nouveau pouvoir à côté de la papauté désormais recluse au Vatican. Instauration d'un nouveau pouvoir, italien, certes, mais aussi piémontais et enfin, ne l'oublions pas, romain puisque les pouvoirs du Comune de Rome sont importants - même s'ils ne sont pas toujours suffisants. Autrement dit, un enchevêtrement de références au pouvoir, aux pouvoirs devrait-on écrire, qui se marque dans l'Urbs. Les représentations symboliques du pouvoir sont donc nombreuses, polysémiques parfois, contradictoires enfin. Mais pourquoi s'intéresser aux représentations symboliques du pouvoir en cette fin du XIXe siècle, dans une ville qui n'en manque certes pas, et ce depuis l'Antiquité? Il ne nous appartient pas ici de rentrer dans la logique de la représentation du pouvoir des siècles précédents, mais nous pouvons en revanche nous arrêter un instant sur leur rôle dans cette capitale d'un jeune Royaume avant de considérer leur fonctionnement.

Dans un premier temps, il faut préciser la signification de cet amoncellement de représentation symbolique du pouvoir. Puis essayer d'en comprendre le fonctionnement et la mise en place dans Rome, qui constitue à la fois un cas particulier et emblématique de l'Italie, et enfin de tenter d'en dresser un bilan, c'est-à-dire chercher à en apprécier l'efficacité politique.

En effet, ce dispositif symbolique a un sens, une finalité, et il répond à une fonction double de légitimation et de pédagogie. Cette