EGLISE UNIVERSELLE ET RESPUBLICA CHRISTIANA SELON GRÉGOIRE LE GRAND
« Come l'antica, la storiografia cristiana rispose ai problemi che si propose, ma non rispose, perché non se li propose, ad altri problemi formati, solo dipoi» 1. Cette réflexion de Benedetto Croce suggère une précaution de méthode, une invite à ne pas trop interroger les témoins du passé avec nos préoccupations propres ou nos instruments conceptuels. On mesurera la modestie de ces brèves remarques quand elles semblent aborder un grand sujet que l'actualité des anniversaires et celle du contexte politique contemporain paraissent privilégier. Grégoire le Grand a-t-il reconnu les nouvelles nations de l'Europe? Est-il aux «origines de l'idée de nation en Occident », comme le suggère un livre récent, au demeurant riche de matière et intéressant 2. Du reste, l'auteur pose la thèse avec une prudence dont quelques-uns de ses prédécesseurs ne se sont pas prémunis: en reconnaissant officiellement, dit-on, le roi de Kent Ethelbert, le pape Grégoire aurait pris en compte, voire cautionné une conception « wotanique » de la monarchie 3. Disons-le d'emblée: on ne cherche pas à contester ici la légitimité d'analyses qui retrouvent, dans les interventions con-
1 Dans le recueil, réédité par G. Galasso : B. Croce, Teoria e storia della storiografia, Miïan, 1989, p. 231.
2 S. Teillet, Des Goths à la nation gothique, Paris, 1984. On reprend ici le titre du onzième chapitre (IIe partie), p. 336-366, et aussi le sous-titre donné au livre.
3 Voir dans le Colloque CNRS «Grégoire le Grand», Paris, 1986, l'analyse d'E. Demouoeot, La conversion du roi germain, p. 191-203, ici, p. 192, pour revanche, à M. Reydellet, La royauté dans la littérature latine de Sidoine Apollinaire à Indore de Séviìle, BEFAR, 243, Rome, 1981, p. 479-503.
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