Le comportement social des commerçants
# Sur beaucoup d'aspects de la réalité économique et sociale des petits; commerçants, des études approfondies ont été publiées : emploi, consommation; fécondité, etc.- On a cherché ici : à synthétiser,- parfois de façon ^ trop sommaire, ces informations sectorielles pour que, s' éclairant mutuellement, elles parviennent à donner une image cohérente du comportement du petit commerçant. Cependant cette synthèse ne prétend pas à l'exhaustivité; ; sont absentes notamment deux données essentielles i : • le revenu et tout l'aspect proprement économique de l'activité commerciale.
Il s'agit donc d'un éclairage « social », au sens restreint du terme. L'article permet de tirer, , semble-t-il, trois conclusions - essentielles » : -
— les <• parents et beaux-parents - du petit . commerçant sont issus des - classes moyennes ou ouvrières. Très souvent ils étaient eux-mêmes: non salariés — que ce soit dans l'agriculture ou ailleurs. On conçoit que, . dans ce ; cas,, le petit - commerçant ait cherché '. à abandonner son . premier métier d'ouvrier ou d'employé pour tenir à son tour un fonds: de commerce;;
— une fois en possession de sa boutique, il est rare que le commerçant la quitte volontairement : la formation scolaire qu'il possède est en effet rudimentaire et ne lui permet pas d'envisager des emplois très qualifiés ou des fonctions d'encadrement dans le salariat;.
— outre son indépendance, le petit commerçant bénéficie d'une unité dans l'existence qui - justifie ! son attachement à la situation, , et que ne peuvent connaître au même degré les salariés. Travail et vie de famille sont ici intimement liés : les lieux de travail et domicile sont. souvent les mêmes, la gestion du commerce et celle du revenu du ménage souvent confondues: . C'est . fréquemment aidé de son i épouse, , de ses enfants : ou ascendants ; que - le petit; commerçant exerce son activité. , II . en « résulte sans < doute ■ une sécurité psychologique ■ qui peut parfois rendre ■ moins . inquiétantes les incertitudes qui pèsent sur cette forme artisanale de la distribution *..
Conformément à l'adage, « tel père,' tel fils » qui s'applique bien à toutes les catégories sociales, beaucoup ' de commerçants (voir encadré page 59)," avaient un père qui tenait déjà un petit- commerce ; (1 sur 4). Un: quart seulement provient- du- milieu1 agricole," cette proportion étant; évidemment- plus faible parmi les jeunes commerçants. Un sur cinq enfin est issu d'un milieu ouvrier (graphique I). Mais le vieil adage ■ est surtout vrai . si l'on se contente de la distinction -- entre > salariés ou non*: 40 % des petits commerçants f avaient un. père non salarié (artisan, commerçant, autres ■-. professions libérales) ; ce pourcentage passe : à 60 % sit l'on ajoute ceux dont : le père était î agriculteur. , Une telle : proportion , ne. se retrouve -. dans »• aucun groupe social, même : pas i chez ; les artisans. Se transmet ainsi au sein de la
famille non ». seulement '. le ; métier* — transmission » qui >.. va * souvent ■ de : pair avec celle du fonds de commerce — mais ; surtout le désir de ne dépendre d'aucun; employeur, d'être son propre ? patron;
Cet * attachement au • statut' se - manifeste a contrario dans l'origine sociale: des employés de commerce : exerçant : un métier analogue à celui des petits ; commerçants, ils sont , pourtant rares (1 sur 10) à avoir un père commerçant, et sont issus au contraire d'une famille de salariés.
Souvent agricole, commerçant* ou ouvrier, le milieu familial dans lequel baigne le ■ futur commerçant possède, , en: moyenne, peu d'instruction scolaire : 60 % des pères de commerçants n'avaienti aucun? diplôme,. 33% le. certificat; d'études,-. 2 %. seulement étaient > titulaires ; d'un •> diplôme • technique. . Faible en s soi, . cette instruction
paternelle; est; pourtant légèrement: supérieure à celle des pères d'agriculteurs,, d'ouvriers» ou d'artisans, analogue à celle des parents d'employés : de commerce.. Au total, l'instruction de la famille du futur petit commerçant est conforme au. niveau moyen de cette génération.
Leur - milieu- familial" d'origine,, tel 1 qu'il vient d'être sommairement décrit,' . le fait qu'ils soient souvent» âgés expliquent que les . commerçants possèdent; un. bagage scolaire assez léger.. Au . recensement de la : population ■- de 1968, 90 % des commerçants ne possédaient < aucun diplôme d'enseignement : général ou . lé seul certificat d'études. Dans une enquête de 1970, cette proportion- est égale • à- 66 %, pour; les commerçants ayant moins de 53 ans. Que l'on raisonne sur : l'ensemble des -.■ commerçants ou- sur ceux qui: ont; moins de 53 ans, on peut dégager les- constatations : suivantes :
• . Les : commerçants sont légèrement moins instruits i que l'ensemble - de la , population ; active, mais plus diplômés que les agriculteurs ; ;
• Ils. possèdent plus souvent un- diplôme = d'enseignement général * que ; les \ artisans ; et ouvriers, , mais moins i souvent un diplôme technique ;
• Au* totale leur instruction' se rapproche de celle -■ des * employés de commerce, même si ces derniers, plus jeunes en moyenne, sont plus souvent titulaires d'un diplôme .- technique : du ' niveau CAP.
Le futur petit' commerçant aborde donc la vie active avec une formation scolaire assez rudimentaire, mais , souvent riche d'un but à atteindre qui lui :• a i été • légué ' par son > milieu familial v : l'aspiration à » être .- soi-même . propriétaire d'un fonds , de commerce. , Trois ■ possibilités s'offrent alors à lui à l'aube de sa vie professionnelle : commencer par . être . salarié : dans « une entreprise, une administration, ou chez . un > particulier, . travailler- à la- boutiques en* aidant ses parents, ou tenir lui-même un petit commerce indépendant. Seulement 20 % des hommes et 30 % des femmes ont commencé par aider leur, père, ou- tenir1 un- commerce eux--
* Une .version <le celle, étude, légèrement différente ; parce que régionalisée sur • un certain . nombre de points, . a été publiée dans . le n° 16 île Statistique et développement, revue de la Direction régionale de l'INSEE de Nantes (mars 1975)
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