MODES DE VIE
Une France un peu plus sportive qu'il y a vingt ans... grâce aux femmes
Pascal Contrairement à une idée répandue, tout le monde ne fait pas de sport. Moins
Garrigues* d'un Français sur deux a pratiqué une activité sportive au moins une fois en 1988 et seulement un sur cinq une fois par semaine.
En vingt ans, la France est seulement devenue un peu plus sportive et la palette des sports s'est agrandie. Les sports les plus pratiqués sont essentiellement des activités de loisir : vélo, ski, marche ou randonnée, tennis, gymnastique. Ces activités sont en général faciles à maîtriser et pratiquables toute l'année, à tout âge, individuellement ou en famille.
La diffusion du sport concerne de plus en plus les classes moyennes, les jeunes adultes et des groupes jusque là peu sportifs : les femmes et les adultes âgés. En revanche, les familles à revenus modestes s'investissent toujours peu dans ce genre d'activité. Finalement, le portrait-type du sportif a peu évolué depuis vingt ans : c'est toujours un étudiant de sexe masculin et issu d'un milieu aisé.
* Pascal Garrigues fait partie de la division conditions de vie des ménages de la direction des statistiques démographiques et sociales de VISSEE.
Les nombres entre crochets renvoient à la bibliographie en fin d'article.
En 1988, 21 millions de Français âgés de 14 ans ou plus ont déclaré avoir pratiqué au moins une fois une activité sportive durant l'année. Autrement dit, moins d'un Français sur deux a fait du sport en 1988; ils ne sont plus que 20 % si l'on retient comme seuil d'intensité le fait de pratiquer un sport au moins une fois par semaine [1].
Même si tout le monde ne fait pas de sport, la France est cependant un peu plus sportive qu'il y a vingt ans. Les infrastructures sportives se sont développées : construction de gymnases, de piscines, de courts de tennis et de terrains de plein air. En outre, la réduction du temps de travail, l'abaissement de l'âge de la retraite et la cinquième semaine de congés payés ont dégagé des disponibilités pour faire du sport. Le niveau de vie s'est élevé, en même temps que diminuait le coût d'accès
à la pratique de nombreux sports. Enfin, le sport est devenu l'objet de nouveaux enjeux économiques : "sponsoring", "médiatisation". Autant de facteurs favorables à une diffusion de la pratique sportive.
Malgré cela le sport n'est pas encore complètement entré dans les moeurs. Un système éducatif où le sport est relativement peu valorisé joint à des traits propres à la culture hexagonale expliquent peut-être que le nombre de non pratiquants reste élevé: Les pays Scandinaves et anglo-saxons considèrent le sport à l'école comme une matière principale et proposent en conséquence des aménagements d'horaires. Le mouvement sportif en Allemagne de l'Ouest encourage et structure l'accueil des élèves et des étudiants dans les clubs.
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ECONOMIE ET STATISTIQUE N° 224, SEPTEMBRE 1989