INTERNATIONAL
Le contrôle des dépenses
en médicament en Allemagne,
en France et au Royaume-Uni
Thérèse Lecomte et Valérie Paris*
* Thérèse Lecomte est directeur de recherche et Valérie Paris chargée de recherche au Centre de recherche d'études et de documentation en économie de la santé (Credes).
Les termes suivis d'un astérisque sont définis dans le lexique en fin de revue.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d'article.
L'Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont expérimenté au cours de la dernière décennie des dispositifs visant à contenir la croissance des dépenses de pharmacie assumées par la collectivité. Leur diversité reflète les profondes différences entre les systèmes de santé de ces trois pays.
Au Royaume-Uni, plusieurs réformes ont ouvert ce domaine, jusqu'ici traditionnellement réservé à l'État, à un fonctionnement de marché susceptible de développer la responsabilité des acteurs en cause. La possibilité offerte aux praticiens de gérer un budget adapté à la taille de leur clientèle constitue la principale innovation. En France, la régulation concertée du prix des spécialités se conjugue à des mesures incitant les médecins à davantage de modération dans leurs prescriptions (références médicales opposables). L'Allemagne, enfin, développe des mécanismes de concurrence à l'aide d'une régulation s'appuyant sur une approche par groupes de médicaments similaires.
Le succès de ces politiques accuse de sensibles différences d'un pays à l'autre. La France associe une dépense individuelle plus forte avec une prise en charge publique plus faible. Les différences d'un pays à l'autre ne portent pas que sur le niveau global des consommations, mais aussi sur le type de médicament : les Français consomment ainsi davantage d'anxiolytiques et les Britanniques davantage d'antalgiques. Les volumes consommés, enfin, s'avèrent plus responsables de la croissance des dépenses que les prix.
La maîtrise des dépenses de santé financées par la collectivité est depuis la fin des années 70 une préoccupation constante des pays de l'OCDE. Le médicament*, qui représente une part relativement faible de l'ensemble des dépenses publiques de santé (11 % en moyenne pour les pays de l'OCDE) et qui est souvent reconnu d'un meilleur rapport coût-
efficacité que d'autres thérapeutiques auxquelles il sert parfois d'alternatives, a lui aussi été une cible privilégiée de ces politiques.
La pluralité des acteurs intervenant dans le secteur (industrie, intermédiaires, distributeurs, prescripteurs, consommateurs, assurances et État) explique la diversité des politiques d'un
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 312-313, 1998 - 2/3
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