REVUE DE GEOGRAPHIE DE LYON VOL 74 2/99
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Guy desplanques L'emploi public en Rhône-Alpes :
sources et mesures
INSEE, Département de la démographie
Dans une publication consacrée à la place de l'emploi public dans les systèmes locaux d'emploi, il n'est pas inutile de fournir un cadrage de cet emploi. Pour cela, tout en se limitant à la région Rhône-Alpes, on s'appuiera sur des données, certes déjà anciennes, mais assez complètes, celles des recensements, en particulier celui de 1990, qui est le dernier disponible actuellement. Cette source permet à la fois de resituer l'emploi public dans la totalité de l'emploi, dans l'ensemble de la région et dans des entités plus réduites, telles que les agglomérations. L'approche locale peut nous dire si l'emploi public occupe une place importante dans des petites villes, comparativement aux grandes villes. Elle peut aussi nous éclairer sur les qualifications comparées de l'emploi public et de l'emploi privé. D'autres sources statistiques fournissent des indications plus récentes, mais elles sont toutes partielles, ce qui ne permet pas de comparaisons aisées entre gens du public et gens du privé (voir encadré).
Quand on s'intéresse à l'emploi public, il est important de préciser de quoi on parle. Les statisticiens se sont penchés sur cette question et envisagé plusieurs façons de délimiter le champ de l'emploi public1. La première s'appuie sur le statut des personnels et conduit à considérer comme service public un établissement ou un organisme dont la majorité des personnels ont un statut de fonctionnaire ou assimilé. Une autre repose sur les principales missions exercées : est emploi public tout emploi d'un organisme qui a exercé une mission de service public. Alors que la première définition a d'abord un contenu juridique, la seconde comporte une part plus large d'appréciation.
Dans le présent article, l'emploi public désigne l'ensemble des emplois de la fonction publique, des collectivités locales et hôpitaux publics, de l'emploi de la Sécurité sociale. Ces trois ensembles seront parfois distingués.
L'emploi public en Rhône-Alpes : un peu plus d'un emploi sur cinq
Avec cette définition de l'emploi public, ce sont environ 460 000 personnes résidant en région Rhône-Alpes qui occupaient un emploi public en 1990, 240 000 dans la fonction publique au sens strict, 202 000 dans les collectivités locales ou les hôpitaux publics et 18 000 pour la Sécurité sociale (tab. 2). La part de l'emploi public dans l'ensemble de l'emploi rhônalpin est donc de 21 %. Suivant un point de vue différent, on compte près de huit emplois publics pour cent habitants. Ces deux indicateurs sont utiles à l'analyse. Le premier seul peut être trompeur : la part de l'emploi public peut sembler réduite dans une zone qui a su attirer de nombreux emplois privés ; le second indique si une zone est fortement administrée ou non. Mais
ces deux ratios dépendent de la localisation : un chef-lieu de département apparaîtra plus administré qu'une autre ville du département, parce qu'il abrite à la fois les services du Département et les services déconcentrés de l'Etat. L'emploi public localisé en Rhône-Alpes est un peu plus faible que le nombre d'emplois publics occupés par des habitants de la région Rhône- Alpes : il s'élève à 457 000. Cela tient en partie au frontaliers travaillant en Suisse. C'est cet emploi localisé en Rhône-Alpes que nous étudierons par la suite.
Une part croissante avec le temps
Au fil des années, à définition constante, l'emploi public s'est accru plus rapidement que l'emploi privé. Plus qu'un problème de statut, cette croissance s'explique par l'évolution des besoins de la société : les besoins en matière d'éducation, de santé, de sécurité se sont accrus. On suit des études plus longues, on se soigne davantage, on veut être protégé. Bien sûr, ces besoins peuvent parfois être satisfaits par de l'emploi privé et, d'un pays à l'autre, les situations de ce point de vue sont très diverses. La France fait partie des pays qui privilégient l'emploi public. De moins de 10 % en 1962, la part de l'emploi public (non compris ici l'emploi de la sécurité sociale) est passé à 14,7 % en 1975, puis 19,3 % en 1982. De 1982 à 1990, la croissance s'est poursuivie à un rythme nettement plus lent, la part passant de 19,3 à 20,1 % (tab. 1).
Moins d'emploi public en Rhône-Alpes que dans les autres régions de province
Les salariés de l'Etat regroupent 10,9 % de l'emploi rhônalpin et les collectivités locales 9,2 %. Ces deux proportions sont plus faibles que pour l'ensemble de la France, surtout le premier : 12,7 % et 9,7 % respectivement. Les emplois de la Sécurité sociale sont aussi moins représentés en Rhône-Alpes.
La situation change légèrement si on rapporte ces emplois à la population. En effet, pour les collectivité locales, le ratio est le même : 3,8 %. En revanche, la région s'avère moins administrée en ce qui concerne les emplois de l'Etat (tab. 2).
Un emploi en majorité féminin
En 1990, 276 000 femmes occupent un emploi public. Elles sont nettement plus nombreuses que les hommes et représentent près de 60 % de l'emploi public. Cette part atteint les deux tiers pour les collectivités locales et dépasse légèrement la moitié pour les emplois de la fonction publique de la région Rhône-Alpes. En dehors de l'emploi public, la part des femmes n'est que de 37 %. C'est dire la différence de recrutement des deux formes d'emploi. Comme