IN AEGYPTO
Une fabrique de fausses légendes égyptiennes
Feu le P. Albert Poncelet publia en 1909 dans les Analecta Bollandiana l trois passions de martyrs égyptiens trouvées par lui dans un manuscrit du Xe siècle, lequel provenait de Bobbio 2. Ces trois pièces sont étroitement apparentées entre elles ; au jugement de l'éditeur, elles auraient été traduites du grec.
Sur leur valeur historique, le P. Poncelet n'a exprimé aucun jugement a. S'il avait eu le loisir de traiter cette question, je ne doute pas qu'il n'eût été frappé de diverses incongruités qui se rencontrent dans ces pièces, par exemple l'intervention de « ducs d'Egypte» en des affaires du temps de Dèce ou de Numérien, l'é- trangeté des supplices, l'excès du merveilleux. 11 y a là de quoi mettre en défiance contre ces récits. Mais je ne m'arrêterai pas à. les discuter en détail, car je me propose de démontrer, par des arguments extrinsèques, qu'ils n'ont pas la moindre autorité. Tout aussi volontiers je laisse à d'autres le soin de démontrer par des
1 T. XXVIII, p. 464 et auiv.
2 Maintenant à la bibliothèque nationale de Turin, F. III, 16.
Λ Le P. Delehaye .(Anal. Boll, t. XXXI, 1912) avait pensé, en ce qui regarde la passion des ss. Nieandre, Marcien. Apollonius, etc., qu'elle peut être ramenée à « une relation vraiment historique et peut-être contemporaine de l'événement ». De très ingénieuses et très sages explications sur ces textes, surtout sur le troisième, ont été publiées par M. Pio Franchi de' Cavalieri, Studi e testi, fase. 25, p. 141 et suiv.
Mélanges d'Arch. et άΊΠΜ. 1918-1919. 13