GIUSEPPE BETTONI
GÉOPOLITIQUE DU MSI DANS LE SUD DE L'ITALIE
Depuis 1992, le paysage politique italien a énormément changé. Le bi- polarisme qui y régnait a cédé la place à un autre. Auparavant, les deux principaux partis politiques, la Démocratie chrétienne (DC) et le Parti communiste italien (PCI), concentraient la plupart des votes. En 1987, dernière élection législative avant la transformation du PCI en PDS, ces deux partis rassemblaient 23.484.264 votes, soit 60,9% des voix. En 1992, si on additionne les votes du Parti démocratique de la gauche (PDS) et de Rifondazione comunista avec ceux de la DC on obtient encore 20.165.990, soit 51,4% des voix. Bien sûr ce «bipolarisme» s'est affaibli par rapport à la situation historique des élections de 1948, où la DC et le «Fronte democratico per la libertà, la pace e il lavoro» (une union électorale entre le PCI et le PSI) rassemblaient 79,5% des suffrages. En 1953, lorsque le PCI présentait ses candidats (donc sans le PSI), la somme de DC et PCI arrivait à 62,7%. C'était un bipolarisme très marqué, mais cela n'a pas impliqué d'alternance, ni de situation comparable à celle de la Grande-Bretagne.
Avec «Mani pulite» (l'opération des juges de Milan contre la corruption dans le milieu politique, où plus de la moitié des parlementaires ont été mis en examen) ce paysage a été bouleversé.
Si le PCI avait vécu la douloureuse scission de Rifondazione comunista, la DC a dû vivre deux scissions. La première lors de la décision du parti de revenir à l'appellation due à Don Sturzo1 au début du siècle : Partito popolare italiano (PPI). La droite du parti fait scission, fondant le Centro dei cristiani democratici (CCD), dont les leaders sont Casini, ancien dauphin de Forlani, un des leaders de la DC, et Mastella, ancien leader de la DC dans la province de Bénévent.
La deuxième scission se produit lorsque le PPI décide de s'allier avec la gauche aux élections de 1994. Le leader du PPI est alors Rocco Buttiglione, un proche du mouvement catholique conservateur «Comunione e liberazione». Il refuse de quitter la tête du PPI et de se plier à la décision de la di-
1 Luigi Sturzo, sicilien de naissance, prêtre, parlementaire et père fondateur du Parti populaire italien, premier rassemblement catholique de l'histoire italienne.
MEFRIM - 110 - 1998-2, p. 877-919.