BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE 779
actuelle, vine réaction contre la période de la « femme-bibelot » ou de la « femme-laissée-à-la-maison », alors que dans la vie patriarcale rurale, elle était la compagne associée journellement aux travaux de l'homme et que cet état satisfaisait en même temps son potentiel d'activité et ses besoins affectifs. Il fait une critique mesurée de l'attitude scientifique moderne concernant la vie sexuelle, l'amour, la parenté, soulignant l'importance des différences biologiques et psychologiques entre hommes et femmes, différences qu'il faut bien considérer sous peine de dommages graves pour l'individu et la société. Sans prendre une position rigide, M. pense qu'une religion s'efforçant de concilier la part animale et le côté spirituel de l'homme, ou, tout au moins, le respect de certaines valeurs, est favorable, sinon nécessaire à la bonne harmonie conjugale, Pégoïsme sans frein étant le pire ennemi de celle-ci. La guerre et l'atmosphère tendue de l'après-guerre ont eu une influence des plus néfastes, non seulement par les difficultés matérielles et les désagrégations familiales qui se sont produites, mais par le sentiment d'insécurité qui en a résulté. La proportion des divorces est passée en Angleterre de 1 pour 20 mariages avant guerre, à 1 pour 5 en 1945. L'auteur montre la contagiosité du divorce, le déséquilibre psycho-social qu'il amène et pense qu'il ne devrait être qu'un remède aux cas désespérés. L'importance sociale d'une bonne harmonie familiale est indiscutable, la famille étant le premier lieu où puisse se développer le sens sociai, et l'on sait qu'un grand nombre de jeunes délinquants sont issus de familles rompues. D'autre part, les nouvelles générations, qui ont conquis leur indépendance dans le choix du conjoint et la conduite de leurs affaires conjugales, doivent pouvoir recourir à un guide : on ne s'adresse plus au prêtre et le médecin est surchargé de tâches. Le « Marriage Guidance Centre » répond à ce besoin. Créé à Londres en 1943, il comptait déjà en avril 1947, 100 succursales dans le pays. Dans « Marriage Counselling », M. nous fait pénétrer dans le centre d'aiguillage placé entre « une source de besoins et une source d'aides » et nous explique en détail son fonctionnement. Le conseiller auprès duquel l'époux et l'épouse trouvent une aide « compétente, comprehensive et confidentielle » les dirigera, si c'est nécessaire et suivant les cas, vers un médecin, un psychologue, un prêtre, une assistante sociale ou un juriste. M. traite de la technique de l'interview dans la consultation, des catégories de difficultés conjugales les plus fréquentes — relations sexuelles, problèmes de personnalité, de parenté — de quelques cas épineux qui peuvent se présenter pour le conseiller. Il décrit les qualités psychologiques requises pour remplir cette fonction, situe la position du centre à l'égard de récents problèmes d'éthique : divorce, contraception, insémination artificielle. Il insiste sur le fait que le traitement précoce de la dysharmonie conjugale éviterait bien des désastres et qu'il faut prévenir le mal par l'éducation sexuelle et morale des jeunes. L'ambition de M. est — en effet, puisque le mariage moderne, démocratique, à base de coopération repose non sur l'idée de devoir, mais sur celle d'épanouissement — de « peupler la terre de couples heureux ».
H. B.
L'année sociologique. Troisième série : 1940-1948, I, Paris, Presses Universitaires de France, 1949, 1 vol. 488 p.
in-8°,
Cet important recueil, dont la parution coïncide avec le 50ř anniversaire du 1er tome de P « Année sociologique » fondée par Durkheim", comprend deux parties. La première « Mémoire et société » est un texte original tiré des papiers laissés par Maurice Halbwachs et qui nous apporte des fragments du grand ouvrage qu'il projetait sur le temps. En effet, les rapports de la mémoire et de la société étaient devenus le centre et le terme de sa pensée. Au cours de cette attachante étude, signalons particulièrement quelques pages — 131 à 135 —