LA POLITIQUE A L'EGARD
DE LA PETITE ENFANCE SOUS LA IIIe RÉPUBLIQUE*
Présentation d'un cahier de FINED
Dans le contexte de l'Inde moderne, Nehru a écrit :
« La nation marche sur les pieds fragiles des petits enfants ».
Majestueuse et paradoxale, cette proposition interpelle tous ceux qu'intéressent les rapports entre ressources humaines et processus de développement. Elle invite à se représenter une pyramide des âges dont la puissance assise repose et progresse sur la faiblesse même.
Mais ce qui frappe aussi dans le texte de Nehru, c'est le rapprochement entre nation et petite enfance : comme catégorie spécifique de la population, comme groupe qui peut faire l'objet d'une politique, la petite enfance n'est-elle pas une invention des nations, des Etats ?
Nous avons étudié dans cet esprit l'émergence et le développement d'une politique en faveur de la petite enfance. Par la qualité des sources et par sa spécificité démographique, la France sous la IIPme République (1870-1940) s'est particulièrement bien prêtée à ce type d'analyse conduisant à mettre en lumière la « petite enfance » comme groupe constitutif de la société globale. L'objectif a donc été de reconstituer le processus par lequel la société française, durant cette période historique, s'est donné les moyens de modifier certaines conditions de vie faites aux plus jeunes enfants (moins de trois ans).
A l'origine simple questionnement démographique sur la courbe de mortalité infantile depuis deux siècles, cette étude en effet, a pris une dimension plus large à mesure qu'étaient explorés de nouveaux champs documentaires et qu'était construite une interprétation historique globale. C'est cette démarche que recouvre le terme de « politique ».
* Cahier n° 127, Travaux et Documents, INED, 1990 par Catherine Rollet-Echalier, Préf. de Alain Girard.
Population, 2, 1991, 349-358