LE ROLE DES VACCINATIONS DANS
LA BAISSE DE LA MORTALITÉ
DES ENFANTS AU SÉNÉGAL*
Le XXe siècle a connu une baisse générale de la mortalité des enfants dans pratiquement tous les pays. En Afrique où nous disposons d'informations à partir seulement de la seconde guerre mondiale, la mortalité des enfants, qui était encore très élevée dans les années cinquante - 30 à 40 % des enfants mouraient alors avant 5 ans [23] -, a fortement diminué depuis. Dans les années soixante-dix, cette proportion était de 10 à 25 % selon les pays, et, à l'exception des pays les plus touchés par l'épidémie de Sida, elle a continué à baisser depuis.
Le développement des services de santé a joué un rôle certain dans cette baisse de la mortalité dans ce continent. Dans un premier temps, les structures de santé en Afrique étaient organisées sur le modèle des pays industrialisés : la plupart des soins étaient délivrés dans les hôpitaux, et
* Cette étude a été réalisée dans le cadre de la convention de recherche entre le Muséum National d'Histoire Naturelle et l'Institut National d'Etudes Démographiques. Aux soutiens financiers de ces organismes, il faut ajouter ceux du Centre National de la Recherche Scientifique (UMR 152) et de l'Institut National de la santé et de la recherche médicale (INSERM, contrat n° 8588028) ainsi que le soutien logistique de l'ORSTOM de Dakar et de l'Association française des volontaires du progrès de Tambacounda. Nous tenons à remercier tout particulièrement Madame Awa Thiongane, Directrice de la Prévision et de la Statistique au Sénégal, le docteur Adama Ndoye, médecin chef de la région de Tambacounda, le médecin chef de l'hôpital de Kédougou et Monsieur Mansali, infirmier de Bandafassi. Les conseils de Peter Aaby ont été précieux pour la rédaction de cet article. ** Laboratoire d'Anthropologie Biologique (UMR 152 du CNRS), Muséum National d'Histoire Naturelle, Musée de l'Homme, 17 place du Trocadéro, 75116 Paris, France.
Population, 3, 1995, 591-620