Dreyfus-Armand (Geneviève), La colonie espagnole en France, Hommes et migrations, février 1995, 6-12.
L'Espagne a été longtemps un pays d'émigration dirigée vers le pourtour de la Méditerranée et surtout vers l'Amérique latine même après son Indépendance. Jusqu'aux années 1960 cette émigration est restée plus importante que vers la France. Dès le début du siècle elle était importante vers l'Algérie en particulier en 1909 avec une forte proportion de déserteurs lors de la guerre avec le Maroc. En outre, les convulsions politiques de l'Espagne incitaient anarchistes et contestataires à chercher refuge en France. Le tableau ci-dessous indique le nombre (en milliers) des Espagnols (non naturalisés) en France aux recensements. En 1851, au premier recensement à indiquer la nationalité des étrangers, la colonie espagnole vient au quatrième rang après les Belges, les Italiens et les Allemands. Plus de la moitié des Espagnols sont concentrés dans cinq départements du Sud-Ouest. Jusqu'à la seconde guerre, ces chiffres sont probablement sous-évalués. Les emigrants agricoles pauvres, s'ils trouvent du travail, s'installent au voisinage des Pyrénées, dans le Languedoc et dans la région de Marseille. La colonie espagnole