Kaufmann Jean-Claude, La femme seule et le Prince charmant, Paris, 2001, 281 p.
En France, en 1993-1994, la proportion des personnes vivant seules était d'environ 28 %. Elle est moins élevée qu'au Danemark (45 %), qu'en RFA (34 %), ou qu'aux Pays-Bas (32 %). Mais cet indicateur est imparfait : on ne connaît pas la situation conjugale des personnes comptabilisées. Une enquête récente estime que 32 % des hommes et 29 % des femmes de 20 à 49 ans ne vivent pas en couple. Cette proportion tend à augmenter avec l'âge : après 50 ans, elle est plus forte chez les femmes du fait de leur espérance de vie plus grande. Elle est aussi plus élevée en ville qu'à la campagne : 18 % dans les communes de moins de 10 000 habitants et 25 % dans celles de plus de 100000 habitants. Cet écart se retrouve dans les autres pays européens, mais il est cependant faible en Espagne (8 % contre 10 % en ville). C'est donc un statut qui est loin d'être exceptionnel, tout au moins en France, et pourtant il n'y a pas d'état plus anormal et décrié que celui de célibataire. Les femmes y sont particulièrement exposées. Bien souvent, elles se trouvent isolées et les moqueries et « petites phrases » ne leur sont pas épargnées quand elles ont « coiffé Sainte Catherine ». On peut se demander si cette malveillance des « gens normaux », c'est-à-dire qui vivent en couple, ne tient pas à une certaine jalousie envers celles qui y ont échappé... Les femmes célibataires sont plus nombreuses parmi celles qui ont poursuivi des études et sont devenues cadres supérieures. Leurs études puis leurs ambitions les ont en effet empêchées de lier des relations susceptibles de conduire au mariage. Puis le choix d'un conjoint s'avère difficile car elles répugnent à épouser quelqu'un de moindre niveau culturel. Le célibat les isole de leurs amies de jeunesse. Quand elles se réunissent, celles-ci ont parfois tendance à insister sur les inconvénients de la vie conjugale et