Photographie/Personnalités/B/Hippolyte Bayard
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Bibliographie
■ préface - SOMMAIRE COMPLET ■ notions fondamentales et conseils pour les débutants ■ aspects esthétiques, thèmes photographiques ■ références scientifiques ■ photométrie, colorimétrie, optique ■ appareils, objectifs, éclairage, accessoires, entretien ■ procédés chimiques ■ procédés numériques ■ caractéristiques physiques des images, densité, netteté ■ compléments techniques et pratiques ■ photographie et vie sociale, histoire, enseignement,institutions, droit... |
Biographie
[modifier | modifier le wikicode]Le texte ci-dessous, œuvre de Jean-Pierre Buffeire, ancien Président du Photo-club des Finances de Paris et Artiste de la Fédération internationale d’art photographique (A.FIAP), nous dit à peu près tout !
Ceci est l’histoire commentée de la vie et de l’œuvre d’un fonctionnaire des Finances, inventeur de la photographie sur papier et réalisateur de la première exposition photographique.
Il était une fois un petit garçon... Cela commence comme un compte de fées mais, en réalité, celui dont il est question n’a jamais eu de chance. Jugez-en plutôt :
Le 30 nivôse de l’an IX de la République française à 3 heures du matin, c’est-à-dire le mardi 20 janvier 1801 selon l’ancien style, naît à Breteuil-sur-Noye (Oise) un garçon dénommé André, Hypolite, Bayard. Son premier prénom est rayé sur l’acte de naissance, peut-être parce qu’il est trop commun. Ne subsiste donc qu’Hypolite alors que l’orthographe exacte est : Hippolyte. Pas de chance !
Son père est le premier juge de paix élu en vertu d’un décret de juillet 1790 ; il possède un jardin à Breteuil. Dans ce jardin, il y a des pêchers, et chaque année M. BAYARD père fait des cadeaux originaux à ses amis. Lorsque les fruits commencent à grossir, il découpe les initiales de ses amis dans du papier et fixe les lettres sur les pêches. Quand celles-ci sont mûres, il enlève les lettres en papier et les initiales apparaissent sur les fruits en blanc, car cet endroit n’a pas reçu de lumière, alors que les pêches mûres sont rouges.
Le jeune Hippolyte a remarqué le phénomène et s’en servira de longues années plus tard. Après de bonnes études et avoir travaillé quelque temps comme clerc de notaire à Breteuil, il entre le 1er janvier 1825 au Ministère des Finances comme Commis de 4e classe aux Contributions Directes. Quelle était la charge de travail à l’époque, je ne sais, mais Hippolyte devait avoir du temps libre. En effet, il passait son temps à essayer de faire apparaître sur du papier l’image de certains objets.
De la fenêtre de son bureau installé sous les combles du Ministère, il disposait des objets au soleil et, avec une boîte contenant un papier spécialement préparé, il se livrait à des expériences. Avec une chambre noire primitive et un objectif lamentable, il « photogénait » les toits de Paris (le mot « photographier » ne sera élaboré que plus tard par l’Allemand von Madler).
Hippolyte avait des revenus modestes. En effet, sur l’état de ses services apparaît un revenu annuel de 1 000 francs (multipliez par 20 pour avoir des francs d’aujourd’hui) à ses débuts et de 1 900 francs en tant que Commis de 3e classe après 5 ans d’ancienneté. Avec ses premiers salaires, il décide de s’offrir un matériel plus performant (pour ne rien vous cacher, je connais quelqu’un qui aime bien aussi améliorer régulièrement son matériel photographique).
Un beau jour de l’année 1825 donc, Hippolyte Bayard se présente chez les célèbres opticiens parisiens, les Chevalier. Il se renseigne sur le prix d’une nouvelle chambre noire mais la réponse le fait pâlir : c’est un peu trop cher pour lui. Encore pas de chance ! Et pour montrer ce qu’il avait déjà réalisé, il sort de sa poche une vue des toits de Paris qui n’est ni un dessin, ni une peinture. Les frères Chevalier sont stupéfaits mais ils ne reverront plus leur visiteur. Les années passent et Hippolyte, affecté maintenant au Secrétariat Général du Ministère des Finances, fréquente des artistes, des comédiens, des peintres et des lithographes. Il poursuit tranquillement ses expériences et obtient quelques résultats intéressants, notamment à partir de 1837. Et commence l’année 1839, particulièrement faste pour la photographie mais année de malchance pour Hippolyte.
Le 7 janvier 1839, l’astronome François Arago, secrétaire de l’Académie des sciences et futur ministre, révèle qu’un certain Daguerre a découvert une méthode pour fixer sur une plaque de métal les images obtenues avec une chambre noire. La nouvelle fait sensation et toute la presse s'en empare. C’est extraordinaire, direz-vous ? À proprement parler, non. Tout d’abord parce qu’aucune explication n’est fournie par Arago sur le procédé dont il parle. De plus, Daguerre n’a en réalité fait que reprendre les travaux de Niépce en mettant ce dernier dans l’ombre et en se plaçant lui-même en avant. Et enfin, que feriez vous aujourd’hui avec un appareil photo qui vous sort des images sur une plaque de métal : c’est un peu lourd et encombrant et, surtout, pas question d’agrandir ou de reproduire.
Le 20 janvier, stimulé par la nouvelle, Bayard se lance dans de nouvelles expériences. Quinze jours plus tard, le 5 février, il montre au physicien César Desprets ses épreuves sur papier (en 1846, dans les cours de physique qu’il donnait à la Sorbonne, Desprets faisait circuler parmi ses élèves ces étonnantes photographies de Bayard). Oui mais les photos de Bayard étaient des négatifs sur papier, donc peu lisibles. Encore une fois, pas de chance ! Quoique, comme le fait remarquer Henry Fox Talbot qui se livre à des expériences analogues en Angleterre : dans un compte-rendu au Royal Institute, le 21 février, il souligne en effet en parlant d’images négatives : « Si l’image ainsi obtenue est assez bien fixée pour subir l’action du soleil, on pourra ensuite l’utiliser comme objet à copier ». Hé oui, des photos à volonté.
Hippolyte Bayard n’a pas de chance, c’est vrai, de plus il est d’une timidité excessive, voire maladive. En tout cas, il est courageux et persévérant. Le 20 mars il montre à quelques personnalités des images directement positives et les progrès qu’il réalise sont prodigieux : pour les premières images, il lui faut une heure de pose environ. Le 6 avril, il descend à 30 ou 35 minutes. Le 10 juin, il ne lui faut plus que un quart d’heure pour les statues et vingt minutes pour les paysages. Les progrès de l’informatique, aujourd’hui, même s’ils sont rapides, ne sont pas aussi fulgurants.
Et la poisse continue. Le 20 mai, Bayard rend visite à Arago pour lui montrer ses travaux. Ce dernier, plein d’enthousiasme pour le daguerréotype, n’encourage pas Bayard et lui demande même de ne rien tenter qui puisse nuire à la découverte de Daguerre (le fait est rapporté par Lacan dans le journal « La lumière » du 2 septembre 1854). Le 14 juin, soit moins de 3 semaines après cette rencontre et grâce à Arago, le gouvernement français achète l’invention de Daguerre et Niépce dont on n’a encore pas vu le résultat et dont on ne connaît toujours pas le procédé. C’est vraiment la poisse !
Le 24 juin 1839, une vente de charité est organisée dans la salle des commissaires-priseurs, rue des Jeûneurs à Paris, au profit des victimes du tremblement de terre survenu à la Martinique en janvier de la même année. À cette occasion, Bayard expose trente épreuves d’architecture et de natures mortes de différentes tailles. Ces images ont tellement retenu l’attention du public qu’il en fut rendu compte dans plusieurs journaux comme Le Moniteur ou Le Constitutionnel. Et pendant ce temps-là, Talbot n’a que des résultats médiocres en Angleterre ; quant à Daguerre, il n’a toujours rien dit ni montré.
Le 19 août 1839, Arago révèle devant l’Académie des Sciences et des Beaux-Arts le mode d’obtention du daguerréotype et dans sa grande générosité, annonce que la France en dote libéralement le monde. Avec la même générosité, Arago obtient une somme de 600 francs au profit de Bayard pour lui permettre de s’acheter enfin (voir ce qui s’est passé quelques années auparavant) un objectif de meilleure qualité. Finie la poisse ? Pas vraiment car sachez qu’au même moment, Daguerre obtient une rente annuelle de 6 000 francs !
Les années passent, Bayard pratique assidûment la photo et se voit confier la mission, avec d’autres photographes, de conserver une trace pour l’avenir du patrimoine national. Il est plus particulièrement chargé de photographier la Seine-et-Oise et la région normande. La commission qui dirige cette mission est émerveillée par la qualité et la beauté des images réalisées. Elle félicite les photographes, reçoit les clichés... et les met sous clef. Il n’y aura aucune publicité, aucune exposition, aucune publication. Quelle déception !
Le 24 janvier 1863, un décret impérial nomme Bayard Chevalier de la Légion d’honneur, non pas pour les éminents services rendus à la photographie mais au titre de Chef de bureau au Ministère des Finances. Le 1er août 1863, il prend sa retraite et, avec un dénommé Bertall, ouvre un studio photo au 15 bis rue de la Madeleine à Paris. Parallèlement, il devient secrétaire général de la Société Française de Photographie qu’il a fondée le 10 décembre 1853 avec d’autres artistes dont le peintre Eugène Delacroix.
Il se retire en 1867 à Nemours où il décède le 14 mai 1887. Cette fois ci, la poisse c’est bien fini. Que nenni, jugez-en plutôt. Sa ville natale de Breteuil a voulu ériger un monument en son honneur et, pour rendre hommage à ce brillant citoyen, une cérémonie d’inauguration fut organisée. La date, décidée bien à l’avance, fut fixée au 2 août 1914. Ce jour-là vit le déclenchement de la 1ère guerre mondiale, mais Hippolyte, je vous le jure, n’y était pour rien. Et le socle resta donc sans buste jusqu’en 1922. C’est quand même la poisse, non ?
Venons-en à l’histoire contemporaine. En 1987, le président du Photo-club des Finances de Paris, c’est-à-dire l’auteur de ces lignes, eut l’idée de proposer la gravure d’une médaille à l’effigie de Bayard pour le 100e anniversaire de sa mort, mais il ne fut pas suivi dans sa démarche par le président de l’Association culturelle du Ministère.
Retour à la charge deux ans plus tard pour le 150e anniversaire de l’invention de la photographie, et là, les deux présidents se mirent d’accord et décidèrent de soumettre le projet à l’Administration des Monnaies et Médailles. Quoi de plus normal, en effet, qu’un service du Ministère des Finances rende hommage à l’un des siens en l’inscrivant à son programme annuel d’édition de médailles. Par lettre du 10 février 1989, le Directeur des Monnaies et Médailles fit savoir que le programme 1989 était clos. Poisse, poisse, poisse !
Qu’à cela ne tienne, les deux mêmes présidents décidèrent de faire appel à un graveur et, à la rentrée scolaire 1989, la médaille existait grâce à l’excellent travail de Jean-Luc Maréchal, graveur hors pair. C’est la raison pour laquelle la médaille en question n’est pas diffusée par le canal habituel, mais exclusivement par le biais de l’Association culturelle qui en est propriétaire.
À la fin de l’année 1989, le Salon National Interfinances de Photographie est organisé dans le hall du Ministère des Finances à Bercy. Cela promettait d’être prestigieux, jugez-en plutôt : un ministère tout neuf où l’ensemble des agents venait de s’installer quelques mois plus tôt, le 150e anniversaire de la première exposition photo organisée par un collègue des Finances, un salon qui regroupait, outre les 160 à 170 photos qu’on y trouve chaque année, des objets relatifs à Bayard et surtout une douzaine de ses photos originales prêtées par la Société Française de Photographie. Je me souviens d’ailleurs que, pendant la préparation matérielle de ce salon, les deux Ministres, celui des Finances et celui du Budget, s’étaient arrêtés à plusieurs reprises en passant dans le hall pour s’intéresser à l’ensemble de l’exposition.
Tout va bien, me direz-vous ? Si vous répondez « oui » c’est que vous ne savez pas tout : nous sommes tout à la fin de l’année 1989 et à cette époque les services des administrations financières étaient un petit peu en effervescence sociale. La veille du jour fixé pour le vernissage du salon, le Ministre décida qu’aucune manifestation officielle n’aurait lieu dans les locaux du ministère tant que les conflits sociaux n’auraient pas cessé. Il fallut donc annuler en catastrophe le vernissage, prévenir les représentants des photo-clubs (enfin presque tous) qui devaient venir de l’ensemble des départements, et c’est ainsi que le pauvre Hippolyte se retrouva seul dans le vaste hall d’un non moins vaste ministère.
Depuis, le temps a passé. À ma connaissance, Hippolyte Bayard n’a plus la poisse. Encore que... tenez-moi au courant si vous apprenez quelque chose !
Galerie de photographies
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Porche avec peinture de cheval
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Portrait de famille
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Ernest Pinard
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